Delirium, Lauren Oliver

« Je t’aime. Souviens-toi. Ils ne peuvent pas nous enlever ça. »

Lena vit dans un monde où l’amour est considéré comme la pire des maladies. Un monde où tous les jeunes subissent à leur majorité une opération de cerveau pour être immunisés. A quelques mois de ses dix-huit ans, Lena aspire presque à subir à son tour le Protocole car, depuis toujours, amour rime pour elle avec souffrance et danger. Jusqu’à ce qu’une rencontre inattendue fasse tout basculer.

Avant, tout était simple, tout était organisé.

Mais est-ce vraiment vivre que de laisser la société tout prévoir pour vous. Vos amis, vos amours et votre avenir ?

Delirium est l’une des premières trilogies préférées. Je l’avais lu pendant mes années collège/lycée et j’avais adoré l’univers, les personnages et surtout les idées que ce livre dégage. J’ai donc décidé de me replonger dans cet univers qui m’avait manqué.

L’univers

Je vous avoue qu’au début, j’ai eu un peu de mal à me remettre dans l’univers, je n’ai pas tout de suite accroché comme avant et j’ai eu un peu peur de ne plus autant aimer le livre qu’avant. La diabolisation de l’amour m’a encore plus frappé que durant ma première lecture, avec le recul, on se rend compte à quel point leur vision et leur système est radical. L’amour est aussi mal vu que la peste voire même la mort. Mais il faut avouer que leurs arguments ne sont pas totalement absurdes : l’amour est vu comme quelque chose qui empêche les gens d’être rationnel et responsable, qui pousse les gens à agir de manière impulsive et qui cause de mauvaises conséquences. Quand on y pense, ce n’est pas totalement faux, l’amour rend parfois aveugle, il pousse à faire des choses que l’on regrette par la suite, qui ne sont pas rationnelles et parfois, cela amène à faire des erreurs. L’amour fait également souffrir. Qui n’a jamais pleuré par amour, ne s’est jamais senti trahi ? Qui n’a jamais eu le cœur brisé par quelqu’un ? L’amour a son lot de souffrance, de douleur qui plonge certains d’entre nous dans le malheur pour un long moment voire parfois pour le reste de ses jours. Ce n’est donc pas une si mauvaise idée d’essayer de retirer ce sentiment qui peut être douloureux voire dangereux. D’ailleurs, Lena, adhère totalement à cette croyance de l’amour comme étant une maladie, un mal à éviter à tout prix. Comme tous les autres, elle essaye de fuir la douleur, elle n’a qu’une seule envie : subir le Protocole afin de pouvoir être immunisée contre ce mal. Pour elle, comme pour le reste de cette société, la fin de l’amour est la fin de la souffrance.

La remise en question de Lena

Mais Lena finit peu à peu par remettre en question ce système grâce aux sentiments qu’elle développe pour Alex. En discutant avec une amie, elle m’a expliqué qu’elle n’aimait pas le fait qu’Alex débarque et apprenne la vie à Lena. Mais personnellement, je n’ai pas ressenti cela comme ça. Pour moi, c’est Lena qui ouvre les yeux d’elle-même en développant des sentiments, des émotions qu’elle n’avait jusque-là jamais éprouvées. Pour moi, ce n’est pas Alex qui lui apprend les choses, qui la guide. Lui est là comme exemple, comme preuve. Il lui montre les choses et c’est elle qui se rend compte des failles du système, c’est elle qui remet en cause tout ce qu’on lui a appris. C’est pour cela que j’aime beaucoup ce couple.

Alex

Je trouve Alex simple et sincère (bon hormis la partie où il ment sur le fait qu’il est un Invalide pendant un petit moment…). C’est un personnage un peu mystérieux, qui ne s’ouvre pas trop (ce qui est normal compte tenu des circonstances vous me direz) mais la chose que j’ai le plus appréciée chez lui c’est qu’il n’impose pas son point de vue à Lena. Il lui explique ce qu’il pense, il lui montre, mais il ne l’oblige pas à la suivre, il ne l’oblige pas à prendre part à son combat. Il accepte le fait qu’elle soit née dans cette société et qu’à un moment donné, elle doive subir le Protocole et lui dire au revoir. Il lui raconte ce qu’il sait, lui dit la vérité mais il la laisse se faire sa propre opinion, il la laisse aller à son rythme.

Un premier amour interdit

J’ai également trouvé leur amour très beau. C’est un amour de jeunesse, un premier amour insouciant. Mais surtout un amour fort. On sent qu’ils partagent des sentiments de plus en plus fort l’un pour l’autre au point où Lena n’est plus capable de s’imaginer vivre sans lui. On pourrait penser que c’est un peu « trop beau » mais ce que j’ai beaucoup apprécié c’est que l’autrice nous montre la douleur que provoque cet amour. Lena est heureuse dans les bras d’Alex mais elle souffre également. Elle souffre quand elle se sépare de lui, elle souffre de la peur de subir le Protocole et ne plus l’aimer, elle souffre de ne pas vivre cet amour au grand jour. Mais elle s’en fiche. Elle n’en a vraiment rien à faire de cette douleur, bien au contraire, elle l’accepte car ça la rend plus vivante, plus consciente de ce qui l’entoure, consciente de ce qui est vraiment important dans la vie.

L’amour, un sentiment à multiple facettes

La seconde chose que j’ai beaucoup aimée dans ce livre, c’est le fait que l’autrice nous montre l’amour sous différentes formes. Nous avons certes l’amour entre Lena et Alex qui est fort, mais il y a également celui qui lie Lena à Hana. Ces deux jeunes filles partagent une belle et forte amitié. Elles ne viennent pas du même quartier, elles n’ont pas les mêmes moyens, n’ont pas la même vie mais un lien très fort s’est tissé entre elles envers et contre tout. Elles ont beau se disputer, parfois ne pas se comprendre, elles finissent tout de même par revenir l’une vers l’autre. C’est Hana et Lena contre le reste du monde. Même une fois qu’elle rencontre Alex, elle continue à voir Hana, à l’inclure dans ses secrets. Elle va même jusqu’à prendre des risques pour prévenir Hana quand elle se retrouve en danger. Et Hana est également là pour elle. Elle la couvre, elle fait son possible pour l’aider de son mieux. C’est vraiment une très belle amitié et elle nous montre à quel point l’amour d’une amitié peut être fort et aussi important que l’amour romantique. Nous avons également l’amour envers la famille. Au départ, on a l’amour de Lena pour sa petite cousine Grace qu’elle aime énormément. Elles ont toutes les deux un lien spécial, elles partagent chacune le secret de l’autre. Mais il y a aussi l’amour que la mère de Lena lui portait. Pour moi, s’il y a bien une incarnation de l’amour dans ce livre, c’est la mère de Lena qui l’incarne. Elle a subi le Protocole plusieurs fois sans que cela n’ait en aucun cas entaché l’amour qu’elle porte à son mari et ses enfants. C’est un personnage très fort qui est défini par son amour qu’elle porte à sa famille. Elle s’est battue jusqu’au bout pour cela et elle a offert à ses enfants ce qu’aucun autre enfant n’a reçu dans cette société. J’aime beaucoup ce personnage que je trouve plein de force et de courage.

Mais en plus de nous montrer les différentes facettes de l’amour que l’on peut porter à une personne, l’autrice nous montre que l’amour se trouve aussi dans l’art. J’ai adoré retrouver cette forme d’amour dans ce livre. C’est rare qu’on y pense et pourtant, l’art est ce qui nous fait ressentir le plus de choses. Ici, c’est surtout les émotions que la musique fait ressentir qui est mis en avant. Lena ressent des choses fortes, qu’elle n’avait jamais ressenties avant et elle prend du plaisir à écouter cette musique puissante. La poésie aussi la fait rêver et lui fait ressentir des émotions fortes. Les émotions, l’amour, ne sont pas présents que chez les gens mais aussi dans les notes, les paroles, le rythme. L’amour est partout, sous différentes formes. Et puis, l’amour rend beau. Lena est une jeune fille tout ce qu’il y a de plus banale voire même pas spécialement jolie et pourtant, à travers le regard d’Alex, elle se sent belle. Elle voit également la beauté dans toutes les choses qui l’entoure, dans la musique qu’elle entend, la poésie… Les émotions rendent les choses belles et je trouve que c’est une très belle définition.

Une société dans l’erreur

Et c’est là que l’on se rend compte à quel point cette société est dans l’erreur. Non seulement, je les ai trouvés radicaux dans leur manière de régler le problème de l’amour en l’éradiquant purement et simplement alors qu’il a tout de même énormément de bienfaits, mais en plus de cela, je trouve que les conséquences de l’absence de l’amour sont alarmantes. Les gens deviennent totalement vides. Ils vivent leur vie sans aucun but, aucun rêve, aucune envie. C’est un monde qui, personnellement, me fait très peur, je ne pourrais absolument pas vivre dans un monde pareil, avoir une vie monotone, une routine où je ne pourrais rien aimer de ce que je fais ou aimer les gens qui m’entourent. Les gens sont plongés dans une totale indifférence qui est encore plus dangereuse que la haine. Et cela est très bien illustré par les Régulateurs. Ces personnes qui sont censées protéger la société des Invalides, des malades qui propagent la maladie fatale de l’amour, sont au final ceux qui blessent les gens. Ils les frappent, les attaquent, les violentent dans la plus totale indifférence. Ils sont totalement insensibles à ce que les adolescents qu’ils attaquent ressentent, ils frappent sans se soucier des conséquences que peuvent avoir ces coups. Lena est attaquée par un Régulateur et par un chien et là, retournement total de situation : c’est Alex qui la sauve. Alex l’Invalide. Alex qui est touché par l’amor deliria nervosa. Il la sauve des personnes qui étaient censées la protéger. C’est à ce moment-là je pense, que Lena se rend compte que tout ce qu’on lui a appris, toute l’éducation qu’on lui a donnée, toutes ces années qu’elle a vécu n’est qu’un tissu de mensonges. C’est une véritable prise de conscience pour elle à ce moment-là. Cette société est donc totalement dans le faux, dans l’erreur. Les gens ne sont pas heureux, ils sont tout simplement indifférents de la vie. Ils sont endormis, dans un état second et ne vivent pas réellement.

Il y a également une chose qui m’a un peu perturbé dans ce système, c’est la vision de la religion. Une religion est une croyance, principalement une croyance en un dieu. Mais ce dieu est aimé. Il est vénéré, adoré et c’est pour cela qu’on le sert. Mais cette société a éradiqué le sentiment de l’amour. Je ne vois donc pas comment fonctionne leur relation par rapport à Dieu, qu’est-ce qui les pousse à y croire ?

Voilà donc toute la réflexion que m’a apportée ce livre. Je l’ai relus avec énormément de plaisir, même si j’ai eu un peu de mal au début, je me suis remise dans le bain et j’ai dévoré la suite de l’histoire, j’ai été totalement happé par l’intrigue qui m’a fait retenir mon souffle jusqu’à la dernière ligne. Je vais donc de ce pas me plonger dans le deuxième tome !

#amour #liberté #maladie #LaurenOliver

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s