« Un fil se brise, un autre se renforce. »
Stig vient d’avoir vingt ans, l’âge de porter une épée et de se rendre – enfin ! – sur le Wegg, l’étrange montagne où réside son souverain, le roi de la Clairière. Mais son premier solstice d’hiver ne se déroule pas comme il l’avait imaginé. À peine le jeune seigneur est-il arrivé que la mort répond aux augures néfastes et que les fils enchevêtrés du destin tissent un avenir que personne, ni homme ni dieu, semble pouvoir prédire. Menacé sans qu’il en comprenne la raison, Stig aura fort à faire pour découvrir ce qui se trame dans l’ombre des festivités, protéger ceux qu’il aime … et même survivre. Y parviendra-t-il ? À la croisée de l’ode initiatique et du huis-clos, Que passe l’hiver raconte le destin d’un jeune homme au pied bot et d’un roi aux longs bois de cerf, pris dans le maelstrom d’un monde qui se meurt, peut-être…
Ce livre me faisait de l’oeil depuis quelque temps déjà. Je l’ai découvert en même temps que son auteur durant un salon et j’avais été intriguée par cette histoire et ce monde enchanteur. Eh bien je peux vous dire que j’ai découvert une véritable perle.
La Clairière, un monde enchanteur
J’ai adoré l’univers de la Clairière. Pour les habitants, il n’existe qu’elle, tout ce qui est en dehors de la Lisière est un peu pour nous, ce qui est en dehors de la Terre. C’est un monde à part, plein de magie, de mystère et de poésie. Je me suis totalement laissé emporter par la féerie de cet endroit couvert d’une couche de neige et de légende.
L’auteur a su créer un monde à part entière, avec ses règles et ses lois, son fonctionnement et sa magie. Des hommes aux pouvoirs incroyables qui rendent hommage au roi de l’hiver à chaque solstice. Un roi qui d’ailleurs m’a beaucoup fait penser à l’esprit de la forêt dans la Princesse Mononoke, de par son physique de cerf mais également par son étrange silence et ses yeux ténébreux. C’est une référence qui m’a beaucoup plu. Référence que l’on retrouve également dans la thématique de l’homme qui s’oppose à la nature, qui cherche à en prendre le contrôle d’une certaine manière.
Une réflexion sur le destin
En parlant de thématique, celle que j’ai le plus appréciée est à propos de la notion de destin. Deux théories s’opposent dans ce roman : d’un côté, certains pensent que le roi sombre tisse le destin des hommes et qu’ils sont condamnés à les suivre quoi qu’il arrive. D’autres pensent que même si le roi les tisse, nous sommes libres de choisir n’importe lequel d’entre eux. La question est donc, est ce que notre destin est défini ou est-ce nous qui choisissons quel fil du destin prendre ?
Personnellement, j’ai été de l’avis de Stig qui pensent que chaque homme est libre de choisir son propre destin, qu’ils ne sont pas condamnés à n’en suivre qu’un seul, que chaque décision que nous prenons sert à construire notre avenir.
Ce fut, en tout cas, une très belle réflexion qui a donné de la profondeur à ce récit et ne l’a rendu que meilleur encore.
Une intrigue mystique
En plus d’avoir trouvé le récit profondeur, l’intrigue est également belle et mystique. En suivant un jeune seigneur au pied bot, on entre dans le Wegg et au cœur de la magie de la Clairière. Tout comme Stig, on est tout d’abord émerveillé par l’univers, puis, peu à peu, on déchante totalement. Rien ne se passe comme prévu, les bons fils se brisent, les mauvais se renforcent et on est affligé de voir le malheur peu à peu s’abattre sur le Wegg. Ce roman m’a tenu en haleine tout du long, espérant à chaque fois que les choses s’arrangeront, essayant de comprendre comme l’homme corbeau, la signification des événements et le lien entre eux, ce qui se cache derrière toute cette histoire.
L’auteur nous laisse également quelques indices en nous offrant parfois le point de vue antagoniste, et j’ai beaucoup apprécié car cela permet de mieux comprendre la situation tout en faisant monter la pression et le suspense. Ce fut un très bel équilibre, tout est pensé avec précision et enveloppé d’une belle plume poétique.
Stig, le seigneur au pied bot
Mais ce que j’ai le plus aimé, c’est le personnage de Stig. Cet infirme au pied tordu m’a profondément touché, de par sa force et la beauté qu’il transmet aux autres. Méprisé et rejeté de tous à cause de son handicap, ce jeune seigneur a su renoncer à ses rêves inaccessibles pour s’en créer d’autres. Il a appris à vivre avec les cartes (ou les fils plutôt!) qu’il avait et a su se créer sa propre personnalité, sa propre identité. C’est un poète, amoureux de la nature et de la Clairière. Il réussit à voir de la beauté partout où il va et chez n’importe quelle personne qu’il rencontre.
Les autres personnages sont également bien travaillés, chacun à son rôle et sa personnalité qui lui est propre, ses blessures, ses qualités et ses défauts.
J’ai notamment beaucoup aimé Ewald, le frère aîné de Stig ainsi que leur relation. Malgré toutes leurs différences, ils entretiennent une belle et forte relation fraternelle. Chacun pousse l’autre à être meilleur, il n’y a aucune jalousie, aucune rivalité qui vient tâcher cette relation pleine de bienveillance.
Les personnages de Johan et Gaid sont également intéressants. Ils permettent de découvrir une nouvelle facette de Stig que j’aime beaucoup.
Pour conclure, ce fut un très beau voyage féerique plein de magie et de légende. J’ai adoré parcourir le Wegg et découvrir le monde de la Clairière en compagnie de Stig. J’ai été un peu triste à la fin, mais je la trouve tout de même magnifique, pleine de beauté et de poésie. À lire absolument !
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