« Richard savait qu’il se bâtait pour sa vie, et il était terriblement heureux. »
Richard Saint-Vière est le plus fameux des tueurs des Bords-d’Eau, le quartier des pickpockets et des prostituées. Aussi brillant qu’impitoyable, violent à ses heures, ce dandy scandaleux gagne sa vie comme mercenaire en vendant ses talents de bretteur au plus offrant, sans trop se soucier de morale. Mais tout va se compliquer lorsque, pour de mystérieuses raisons, certains nobles de la Cité décident de se disputer ses services exclusifs ; Saint-Vière va dès lors se retrouver au cœur d’un inextricable dédale d’intrigues politiques et romanesques qui pourraient bien finir par lui coûter la vie… Au-delà du roman d’aventures mâtiné de mélodrame, au-delà de l’hommage savoureux rendu à Dumas et aux grands récits de cape et d’épée, À la pointe de l’épée est une œuvre forte, profondément dérangeante, sur la nature de la réalité et la moralité de la violence. Une inoubliable galerie de personnages plus grands que nature, désespérés au point de tout risquer.
Les Éditions ActuSF promettent avec À la Pointé de l’épée un roman de cape et d’épée et ont tenu parole. Cette sublime édition hardback collector renferme des nouvelles en plus du roman principal autour du personnage de Richard Saint-Vière, meilleur duelliste de Bords-d’Eaux.
Ce roman est, je crois, la première histoire de cape et d’épée que je lis. J’ai beaucoup aimé les premières nouvelles, qui retracent l’enfance et le début de carrière de Saint-Vière en tant que bretteur. Le style est très prenant, plein d’humour et agréable à lire, on se laisse porter par le récit et l’ambiance. Le roman débute sur la même dynamique et j’ai pris beaucoup de plaisir à lire la première moitié où l’on découvre l’univers et les personnages, que je trouve très bien développés et diversifiés. Le duo principal, Saint-Vière et Alec, m’a fait penser à Seregil et Alec de Nightrunner (le nom d’Alec n’y est pas pour rien je crois…). Leur relation est intéressante à suivre et Alec est un personnage particulièrement complexe auquel je me suis beaucoup attaché. C’est un jeune homme très torturé aux pulsions suicidaires qui donne lieu à des scènes très intenses que l’autrice retranscrit parfaitement. J’ai vraiment été fasciné par ce personnage. Quant à Saint-Vière, il m’a surtout fait penser à Geralt du Sorceleur dans sa manière d’être impassible et sombre. Les autres personnages sont également très intéressants. J’ai beaucoup aimé la mère de Saint-Vière, Octavia, qui se trouve être une femme de savoir et qui mène sa vie telle qu’elle l’entend. Michael est aussi intéressant dans sa manière de se remettre en question ainsi que sa société.
L’univers est également bien développé, tout en subtilité. J’ai beaucoup aimé la différence entre le quartier riche et pauvre de la ville de Bords-d’Eaux qui semblent être deux mondes totalement différents, qui ne se comprennent pas trop et qui vivent chacun de leur côté.
Malheureusement, arrivé au milieu du roman, mon enjouement pour l’histoire a commencé à décroître. J’ai eu du mal à continuer ma lecture, étant un peu perdu dans les différentes intrigues politiques et la manière dont elles s’entremêlent. Je n’ai pas tout de suite compris les enjeux de ce qui se passait et cela m’a un peu gâché ma lecture. Ellen Kushner joue beaucoup sur les sous-entendus et les non-dits, mais peut-être un peu trop pour une intrigue aussi complexe. Heureusement, le brouillard se dissipe sur la fin et fait la lumière sur les événements passés. Le rythme s’accélère et la tension est palpable. Mon attention a été de nouveau captivée et ce jusqu’à la fin. Fin que j’ai trouvée très poétique et symbolique.
Pour conclure, ce fut une lecture un peu mitigée avec un début très enthousiaste, un milieu où l’enjouement est retombé mais qui se rattrape bien sur la fin. Les personnages sont complexes et bien développés, comme je les aime et la plume pleine d’humour et de poésie d’Ellen Kushner a fini par me convaincre.
#Intrigue #diversité #Politique #ActuSF