« C’est l’avantage d’être au cœur d’un mythe : mon histoire me précède toujours où que j’aille. Qu’ils essayent de nous attaquer s’ils le veulent, nous verrons bien qui seront les perdants. »

Elles ne pardonneront jamais à l’Olympe. Les dieux vont enfin payer !
L’ère des faux-semblants est révolue. Pandore est prête à traverser le monde pour se venger de Zeus et des dieux qui l’ont condamnée à la honte et à la culpabilité. À ses côtés, elles trouvera deux alliés inattendues, piégées comme elle par la malice de l’Olympe : Méduse et Arachné, deux monstres qui veulent prouver qu’elles sont bien plus que cela. Leur épopée vengeresse les mènera jusqu’aux Enfers, où elle comprendront que les dieux disparaissent déjà mystérieusement… Le temps leur est compté !
Le jour même de sa sortie, je terminais ce roman. Ce roman que j’attendais avec énormément d’impatience, moi l’étudiante en Lettres Classiques passionnée par la mythologie et le monde hellénique. J’en attendais donc beaucoup de cette sortie, signé chez ActuSF qui me déçoivent pratiquement jamais. Mais comme toute chose dont on attend beaucoup, il y a parfois des petites déceptions, même si ma lecture fut principalement agréable.
Commençons d’abord par le positif. Parce que malgré tout, cela a été une belle lecture, avec des points forts, et le premier est la diversité. Merci Nadège Da Rocha de rétablir la couleur de peau des dieux et déesses ! Parce que oui, les divinités grecques ne sont pas aussi blanches que le marbre de leurs statues. Ce sont des divinités du monde méditerranéen, peuple qui n’est pas réputé pour leur peau blanche comme neige….
Ils la disaient victime.
Merci également de mettre les femmes à l’honneur, parce que oui, la mythologie grecque ce n’est pas uniquement Zeus, Poséidon, Hercule ou Achille. C’est aussi Pandore, Héra, Artémis, Méduse, Arachnée et bien d’autres femmes qui ont été traitées de manière misogyne pendant des siècles et des siècles, les réduisant au silence et au statut de simple objet, de récompense ou de monstre.
Ils la disaient belle. C’est bien tout ce qu’ils retinrent d’elle.
Et c’est bien là le point fort de ce roman. Quelqu’un se souviendra de nous met à l’honneur les figures féminines qui peuplent cette mythologie en leur rendant leur voix, et en remettant en question le regard masculin posé sur ces femmes réduites à l’état de ressort narratif. On ne connaît que trop bien l’histoire de Méduse, monstre à têtes de serpents que le valeureux Persée décapite. On en connaît que trop bien l’histoire de Pandore, la Porteuse de maux, qui fait s’abattre sur les mortels tous les maux du monde à cause de sa curiosité. Mais connaît-on la Pandore aux Mille Cadeaux ? Que savons-nous de Galatée, hormis le fait que ce ne soit que l’objet de l’amour de Pygmalion ? L’histoire d’Arachnée est-elle connue de tous ? Connaissez-vous Héra autrement que la femme jalouse et revancharde de Zeus ?
Ils la disaient sauvage
Si la réponse est non, l’autrice vous livre ici leur histoire, selon leur point de vue, avec leur voix propre. Elle convoque toutes les divinités et les figures féminines (ou presque, je déplore l’absence de l’incroyable Médée !) dans une épopée révolutionnaire qui va s’abattre sur un patriarcat subi depuis bien trop longtemps.
Ils la disaient folle et menteuse.
Princesse, oracle, destructrice.
Néanmoins, comme dit plus haut, il y a eut quelques petites déceptions.
Le style d’écriture m’a laissé perplexe. Il y a un quelque chose d’ancien, d’antique, mélangé à du moderne, qui, pour moi, ne fait pas bon ménage. Il y aurait un parti à prendre, comme Percy Jackson qui modernise totalement le style et l’univers de la mythologie ou alors, comme Madeline Miller le fait pour Circé et le Chant d’Achille, gardé une poétique antique. Ici, le mélange est assez étrange et déstabilisant, qui ne fonctionne pas pour moi.
Mais ce qui m’a le plus dérangé c’est que l’on retombe dans un schéma assez manichéen. On oppose systématiquement les femmes aux hommes. Alors oui, il y a quelques exceptions, mais qui font office de figurants et c’est bien dommage. Une écriture plus nuancée, plus approfondie aurait été bienvenue dans ce beau projet féministe. Car, pour moi, le féminisme n’est pas la revanche des femmes sur les hommes mais l’égalité entre les deux, l’union sincère et équitable et ce n’est pas vraiment ce que j’ai retrouvé dans ce roman.
L’intrigue m’a également souvent laissé perplexe, la trouvant tantôt simpliste, tantôt brouillée, notamment sur la fin où l’enchainement des événements s’est accélérée, ce qui a compliqué ma compréhension, de même que certains mots de vocabulaire qui aurait été pertinent, je pense, de mettre en note ou de faire un glossaire à la fin. Baignant dans le latin et le grec depuis cinq ans maintenant, cela n’a pas trop dérangé ma compréhension, mais ce n’est pas le cas de tout le monde.
Ils la disaient épouse. Ils la disaient jalouse.
Néanmoins, malgré ces quelques déceptions, cela reste un beau roman avec une belle volonté de redonner voix au chapitre à des femmes qui ont autant de belles histoires à raconter qu’Achille et Ulysse.
Ce roman me tente énormément, partageant également une passion pour la mythologie grecque. Les avis que je vois passer sont positifs et me donnent d’autant plus envie de me le procurer rapidement. Merci pour cette belle chronique.
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Avec grand plaisir ! C’était vraiment une chouette lecture malgré quelques petits bémols.
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