Je ne hais pas la mort. Ce n’est pas une personne. Oubliez ces histoires de squelette armé d’une faux. J’essaye de ne pas détester les concepts abstraits, c’est une perte de temps et d’énergie.

Johannes Cabal n’a jamais prétendu être un héros. Qu’y a-t-il d’héroïque, après tout, dans le fait de piller des tombes, de voler des ouvrages occultes ou d’entretenir de bons rapports avec les démons ?
Son but, cependant, n’est pas dénué de noblesse : toutes ses recherches visent à ressusciter les morts, à les ranimer tels qu’ils étaient de leur vivant. Sauf que pareil accomplissement demande certains sacrifices – parmi lesquels son âme, que Cabal aimerait finalement bien récupérer, non seulement pour ses recherches, mais aussi pour son propre bien.
Malheureusement, ladite âme est désormais prisonnière de la bureaucratie de l’Enfer. Or Satan est peut-être cruel et capricieux, mais surtout il s’ennuie – ce qui peut s’avérer plus dangereux encore. Surtout lorsque le Prince des Ténèbres propose au nécromancien une offre qu’il ne peut pas refuser.
En échange de son âme, Cabal va devoir lui en récupérer cent autres. Placé aux commandes d’une fête foraine diabolique – où tout est fait pour pousser à la querelle, au blasphème et au meurtre – et armé de sa seule intelligence, d’une très grosse arme de poing et d’une absence totale de fantaisie, Johannes Cabal dispose d’un an pour y parvenir…
Ce titre traîne depuis une éternité dans ma PAL. Reçu pour sa sortie en novembre 2021, je me le suis gardée pour le Pumkin Autumn Challenge, parfait pour la saison et l’ambiance halloweenesque. Malheureusement, je n’ai pas réussi à aller au bout de ce challenge et Johannes Cabal est tristement resté dans ma PAL… Jusqu’au challenge Fais Vriller ta PAL où je me suis dit “cette fois, c’est la bonne !” Ni une ni deux, je termine le petit essai de Tolkien pour débuter cette lecture qui me fait envie depuis un an maintenant. Nous voilà donc embarqués pour une fête foraine en diable !
La première chose qui m’a marqué dans ce roman : le style de l’auteur. Armé de détails, d’un enchaînement à la fois logique et alambiqué, l’auteur nous envoie dans la face son univers dans lequel on plonge aussi soudainement que dans le trou du lapin blanc. Si je l’ai trouvé un peu brute de décoffrage, cela m’a permis tout de même de saisir l’ambiance et de m’y accrocher. Une fois le premier chapitre passé, on s’y habitue et cela en devient très agréable. On se retrouve baigné dans une ambiance diabolique et fantasque digne des fêtes foraines tout droit sorties de l’enfer et pour cause ! Celle-ci sort tout droit de la boîte de Satan en personne.
On suit donc Johannes Cabal, scientifique et nécromancien sans âme (littéralement parlant), qui souhaite revoir son contrat avec Satan et se laisse embarquer dans un pari : récupérer cent âmes en un an contre la sienne. Pour cela, Satan, dans son incroyable générosité, lui donne un coup de pouce : une fête foraine. Or, avez-vous déjà vu un scientifique asocial à la tête d’une fête foraine ? Non, moi non plus, et ce n’est pas pour rien. À deux doigts du désastre, Cabal trouve tout de même de l’aide auprès de son frère…. vampire.
Frère vampire que j’ai personnellement beaucoup apprécié, c’est un personnage très attachant et charismatique. Mais je dois avouer que c’est tout de même Johannes Cabal qui, malgré sa froideur et l’aura antipathique qu’il dégage au premier abord, m’a touché. Malgré sa morale qui tire plus vers le noir que le gris, c’est un personnage auquel je me suis attachée au fil du roman. Par ailleurs, les autres personnages sont également assez attachants mais aussi particulièrement rocambolesques. En effet, Cabal n’hésite pas à se servir de la nécromancie ou des invocations infernales pour faire tourner sa fête foraine, qui rencontre, assez étonnamment, un bon succès.
J’ai également beaucoup apprécié la manière dont l’auteur gère son intrigue et sa timeline, évitant avec brio que le lecteur se lasse en tombant dans la redondance. L’intrigue est parsemée de petits obstacles et surprises qui mettent du piment dans cette course contre la montre, déjouant les calculs et les graphiques établis par Johannes Cabal. La question de sa réussite se pose jusqu’à la fin et…. je vous laisse la découvrir.
En bref, ce fut donc une très belle découverte ! J’ai beaucoup apprécié le style de l’auteur qui impose une ambiance infernale à cette chasse aux âmes et à ces personnages hauts en couleur que l’on suit avec un malin plaisir. Une lecture parfaite pour l’automne, sans nul doute !