La voix de Luca lui parvenait d’un autre monde; d’un monde où les frères n’étaient plus des frères et où les soldats mouraient dans des combats absurdes. Il tenta d’ouvrir les yeux, mais le monde avait basculé et il était trop tard pour oublier.

Après des mois de tension, la guerre civile s’est abattue sur Panîm et l’enfer se déchaîne sur ses habitants. Les troupes de la toute jeune république et celles des anarchistes de La Machine tentent de résister à l’armée des royalistes mieux financée et mieux équipée. Dans ce tourbillon sanglant, la famille des Cabayol a littéralement explosé. Les deux frères, Andrés et Vian sont dans des camps opposés. Un face à face mortel malgré l’amour qui les unit.
Sitôt le premier tome achevé, j’ai dans la foulée débuté le second. Impossible, après la fin, de quitter cet univers, cette histoire, ces personnages pour autre chose alors que la suite se tenait dans ma bibliothèque. Encore merci ActuSF de m’avoir envoyé les deux car l’attente aurait été insoutenable.
Deux ans sont passés depuis la fin du premier tome. La guerre fait rage, Fléchistes contre Machinistes, Vian contre Andrès. Quel crève-cœur de les voir dans des camps opposés ! Bien sûr, l’un se persuade que son frère est mort et l’autre est convaincu que le premier est déserteur, mais chacun œuvre donc l’un contre l’autre sans réellement le savoir et c’est un vrai supplice à voir.
Si le premier opus avait tendance à faire plus de place à Andrès, c’est ici Vian, totalement traumatisé, qui prend peu à peu le pas sur son frère. Alternant encore une fois entre présent et passé, on découvre ses traumatismes, ses combats intérieurs aussi bien anciens que récents. C’est un personnage qui m’a profondément touché par sa détresse et son désespoir de protéger sa famille, tout en accumulant les mauvais choix. Combien de fois ai-je eu envie de le secouer comme un prunier pour qu’il aille rejoindre son frère ! Mais non, à la place, il monte les échelons de l’armée, s’embourbant de plus en plus à mesure que sa santé mentale part en vrille.
Quant à Andrès, l’idéaliste, le protecteur, l’adorable Andrès, il découvre certains mauvais aspects de son idéologie machiniste. J’ai apprécié le voir sortir de sa naïveté et permettre alors une nuance entre les deux camps. Nuance qui était certes présente dans le premier tome avec notamment les Vieux Loups, les plus radicaux du parti machiniste, mais là vécu de l’intérieur, à travers un personnage apprécié et respecté, ce que j’ai trouvé très judicieux. J’aurais également apprécié un peu plus de nuances du côté des Fléchistes, même si nous avons Vian et ses compagnons d’armes.
La tension s’installe donc au sein du pays et monte crescendo en fonction du terrain gagné par tel ou tel parti, qui crée une urgence pour le lecteur de savoir comment se dénouera ce conflit sanglant. Personne n’est épargné, personne n’est à l’abri d’une blessure, d’un traumatisme, d’une mort. Et nous, lecteurs, nous souffrons avec eux, envahis par la tension et l’angoisse de voir nos personnages préférés souffrir et priant pour qu’ils s’en sortent.
Mais comme tout bon livre fondé sur le pathos, tous ne s’en sortent pas. Ce roman m’a donc bien sûr arraché des larmes, dévastée par la mort de certains personnages. Je suis passée par toutes sortes d’émotions en ces quelques heures qu’il m’a fallut pour dévorer ce roman.
Alors pour finir, j’aimerais remercier Katia Lanero Kamora pour cette incroyable histoire qu’elle m’a offerte et qui m’a fait vibrer comme rarement j’ai pu vibrer ces derniers temps. La Machine est indéniablement l’une de mes meilleures lectures de l’année.