
Une aventure bourrée d’humour que vous ne pourrez plus quitter ! Depuis la mort de son oncle, Milo se renferme sur lui, au grand désespoir d’Asha, sa meilleure amie. Mais tout change lors d’une visite au musée, quand une bague gravée de quatre étranges symboles attire son attention. Après l’avoir enfilée, impossible de l’enlever ! Plus intrigant encore, dès que Milo fait pivoter l’anneau, il devient… Achille, le célèbre héros grec ! Il apprend alors qu’il est désormais un Gardien : son rôle est de protéger le monde des humains et de renvoyer les monstres de la mythologie dans celui des dieux. Et justement, il semblerait que l’un d’eux rôde dans la ville… Accompagné d’Asha, Milo se lance dans sa première mission !
En tant qu’ado ayant grandi avec les Percy Jackson, j’étais ravie de voir qu’un auteur francophone s’essayait à ce genre mêlant monde contemporain et monde antique. La comparaison s’arrête cependant là, et c’est pour le mieux : nul besoin de faire un autre Percy Jackson, et Maxime Gillio a réussi avec brio à réinterpréter ce genre !
Déjà, il n’est pas question de demi-dieux mais de simples mortels qui, grâce à un anneau magique, deviennent des avatars de divinités ou personnages héroïques de l’Antiquité. C’est un concept que j’ai trouvé très intéressant, parce qu’il permet de mettre en lumière les différents attributs et pouvoirs mais aussi les diverses spécificités des êtres que Milo peut incarner. Dès que le jeune garçon fait appel à une divinité ou un héros, il obtient en même temps son savoir, ses compétences et sa personnalité… et c’est hilarant.
Pour la dernière fois : JE. NE. L’AI. PAS. VOLÉE !
J’ai trouvé cette bague par terre, et avant de la donner à un gardien, j’ai voulu l’essayer, simplement pour rigoler. Si on te donne une bague, c’est quoi ton premier réflexe ? Tu l’essaies, sans réfléchir, non ?
– Milo à Asha
C’était franchement très drôle de voir Milo naviguer à travers les états d’esprit qu’induisaient ses transformations, paniquer sur son physique métamorphosé ; la scène de Milo/Achille au McDo est absolument mythique. Ça l’était tout autant de lire Asha composer avec les drôles d’humeurs, d’envies ou de parler de Milo.
Les deux sont vraiment attachants, et j’ai beaucoup aimé être dans la tête du garçon, qui est un ado réfléchis, drôle et sensible. Le traitement de son personnage est vraiment très intéressant : il aime les défis, il ne recule pas devant la proposition d’une aventure aussi cool que celle de devenir un gardien, et pour autant, il ne part pas la fleur à l’anneau magique. Il est d’ailleurs pas mal critique vis-à-vis de ses mentors qui ne le guident pas vraiment et il se rend compte des changements sur sa façon d’être et sa personnalité induits à la fois par la mort de son oncle, avec qui il était très proche, et à la fois par l’invocation des Anciens à travers sa bague. Il devient plus bagarreur, plus téméraire, plus sage aussi. Il se rend compte qu’il en demande beaucoup à Asha, sa meilleure amie, à qui il tient énormément. Et pour autant, il reste un ado, avec des réactions d’ado, et c’est chouette.
Asha est, justement, loin de se laisser faire par toute cette histoire rocambolesque de métamorphoses, de monstres et de divinités. Elle est pleine de ressources et est vraiment un pilier dans l’odyssée de Milo. Maxime Gillio a, à mon sens, très bien rendu justice à ce personnage, qu’il aurait été facile de laisser glisser dans le rôle du personnage secondaire à la Hermione ou, pire, à tout ceux qui sont oubliés dès que l’aventure commence. Mais il n’en est rien, et Asha une vraie bouffée d’air frais ! Elle complète bien Milo, elle est un soutient sans faille et surtout, elle est appréciée à sa juste valeur, à la fois par Milo, par ses mentors, par l’intrigue, et ça, vraiment, ça fait plaisir.
La relation entre les deux ados est bien écrite également ; ils sont amis depuis longtemps, meilleurs amis même, et ils tiennent beaucoup l’un à l’autre. Un début de romance se profile, doucement, tendrement, du côté de Milo, qui découvre ses sentiments, et c’est tellement chouette d’avoir une romance naissante adorable d’un point de vue masculin, surtout puisque ce livre est adressé à des jeunes qui peuvent commencer à avoir leurs premières amours.
*[Note de bas de page] afin de ne pas interrompre le rythme trépidant de cette scène d’action, l’auteur rappelle à ses lecteurs qu’ils ont certainement étudié l’Odyssée en classe de 6e. Sinon, un petit tour au CDI, à la bibliothèque ou sur Internet vous apprendra les nombreuses ruses d’Ulysse.
L’intrigue est agréable, un peu sur le mode d’un jeu vidéo, une des passions de Milo, avec des créatures mythologiques comme boss à chaque mission. Pour filer la métaphore vidéoludique, la quête annexe “descente aux Enfers”, rite de passage s’il en est des héros et héroïnes de l’Antiquité, est un des moment les plus forts du roman. La thématique du deuil, si difficile à traiter, l’est ici avec tendresse, je pense.
Grâce à l’enquête que Milo et Asha mènent, ils découvrent à la fois les nouveaux pouvoirs du garçon et la mythologie qu’il adorait tant, et les lecteurs avec ! J’ai beaucoup aimé la justesse des références, les notes explicatives absolument hilarantes, et Homère à la sauce moderne. En tant qu’helléniste du côte linguistique de la force, je ne remercierai jamais assez Maxime Gillio d’avoir précisé que Homère peut être vu comme un concept, parce que c’est exactement ce qu’il est, un concept, la somme de tous les rhapsodes ayant chantés leurs épopées.
(Je suis prête à me lancer dans des explications explicativement longues mais fun pour vous prouver que l’Iliade et l’Odyssée n’ont pas été écrites par un seul et même auteur).
Bref, mon petit cœur de Lettres Classiques, de linguiste ET de lectrice est comblé face à L’Odyssée de Milo, et j’ai vraiment qu’une hâte, celle de pouvoir lire la suite !
(Cette fois-ci du point de vue d’Asha, peut-être ? 👀 ← une Cassitrouille qui veut savoir si Asha est amoureuse de Milo aussi ou pas, et voir quelle est sa manière de penser, parce que la jeune fille est son personnage préféré)
Déjà tentée, tu m’as convaincue de me lancer. Les personnages ont l’air très bien travaillés.
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