« Ma mĂšre m’a expliquĂ© un jour que nos Ăąmes s’adaptent Ă l’obscuritĂ©, reprit-il. Comme nos yeux s’y habituent peu Ă peu quand il fait noir. »

Les gens vivaient parce qu’elle tuait.
Les gens mouraient parce qu’il vivait.
Zafira est la Chasseuse. Elle se dĂ©guise en homme lorsqu’elle brave la forĂȘt maudite de l’Arz pour nourrir son peuple.
Nasir est quant à lui le prince de la Mort, assassinant ceux qui sont assez stupides pour défier son tyran de pÚre, le sultan.
Si Zafira Ă©tait dĂ©masquĂ©e et sa nature fĂ©minine exposĂ©e, tous ses actes seraient dĂ©criĂ©s. Il en va de mĂȘme pour Nasir qui serait brutalement puni par son pĂšre si celui-ci dĂ©couvrait la compassion dont fait preuve son fils.
Ils sont de vĂ©ritables lĂ©gendes dans le royaume d’Arawiya, mais aucun d’entre eux ne veut de cette gloire.
Alors que la menace d’une guerre grandit et que l’Arz Ă©tend son ombre de jour en jour, Zafira et Nasir sont envoyĂ©s chacun de leur cĂŽtĂ© rĂ©cupĂ©rer un artefact perdu qui restaurerait la magie dans le royaume. Le fils du sultan est chargĂ© d’une mission supplĂ©mentaire : Ă©liminer la Chasseuse.
Mais au cours de leurs voyages respectifs, un autre mal terrifiant semble Ă©merger et l’objet qu’ils recherchent pourrait s’avĂ©rer plus dangereux qu’ils ne l’imaginent.
Ce livre me tentait depuis un bon moment dĂ©jĂ . Je n’en ai entendu que du bien, c’Ă©tait LA Fantasy sur le monde arabe Ă lire. Mais l’occasion ne s’est jamais prĂ©sentĂ© pour moi. AprĂšs ma lecture de Sirem et l’oiseau maudit (il FAUT lire ce livre), j’ai eu envie de continuer Ă me plonger dans des univers de Fantasy inspirĂ© par ma culture d’origine et c’est donc tout naturellement que je me suis tournĂ©e vers le premier tome des Sables d’Arawiya.
Il faut malheureusement avouer que ce fut une lecture mitigĂ©e pour moi. Il y a eu de nombreux points forts dans ce roman dont j’ai apprĂ©ciĂ© la globalitĂ© mais certaines choses m’ont quand mĂȘme assez dĂ©rangĂ© dans ma lecture, la rendant un peu longue et fastidieuse par moments.
Commençons par les points positifs. Parce que oui, j’ai globalement aimĂ© ma lecture, principalement grĂące Ă l’ambiance orientale qui s’en dĂ©gage et l’inspiration claire du jeu Assassin’s Creed. J’ai beaucoup aimĂ© voir de l’arabe se glisser dans la narration, mĂȘme si la phonĂ©tique en français nĂ©cessite une gymnastique mentale qui est parfois un peu Ă©nergivore. J’ai aussi Ă©tĂ© agrĂ©ablement surprise de voir des crĂ©atures fantastiques des mythes du Moyen-Orient, qui ne sont pas des djinns. Cela nous change un peu et offre une originalitĂ© bienvenue. L’univers est bien construit, on visualise plutĂŽt bien Arawiya avec ses califats et les spĂ©cificitĂ©s de chacun.
Les personnages sont attachants. J’ai beaucoup aimĂ© Deen (dont j’adore le prĂ©nom) pour sa douceur, sa loyautĂ© sans failles et son respect qu’il porte aux autres et particuliĂšrement Ă Zafira. J’ai Ă©galement apprĂ©ciĂ© cette derniĂšre, son courage mais aussi sa vulnĂ©rabilitĂ© non cachĂ©e. AltaĂŻr, dont le prĂ©nom me rappelle un certain assassin connu et qui apporte de l’humour et une certaine lumiĂšre Ă cet univers qui s’assombrit de page en page. Malheureusement, je trouve que la plupart des agissements des personnages n’ont pas trop de sens ou s’embourbent dans des clichĂ©s, ce qui m’a un peu dĂ©rangĂ© dans ma lecture. J’avoue avoir lever les yeux au ciel quelques fois, notamment sur cette manie qu’ont les personnages Ă savoir prĂ©cisĂ©ment, presque au mot prĂšs, ce que pense Zafira en regardant son visage. Alors oui, on peut ĂȘtre un livre ouvert m’enfin bon, il y a des limites.
Les agissements des personnages manquent parfois de cohĂ©rence, mais ce qui pĂȘche le plus pour moi, c’est la narration. J’ai eu parfois du mal avec le style de l’autrice, je trouve que certains effets tombent Ă plat. C’est possiblement un effet de la traduction, je ne saurais dire, mais en français en tout cas, ça n’a pas un bel effet. Je trouve que cela manque aussi de subtilitĂ©. La condition des femmes dans le califat de Demenhune est abordĂ©e avec de gros sabots, de mĂȘme que les traumatismes de Nasir, ce qui rĂ©duit tout l’impact dans la lecture. Et puis l’intrigue est vraiment confuse. Je me suis perdue de nombreuses fois quand cela devait ĂȘtre clair et j’ai vu des rĂ©vĂ©lations censĂ©es surprendre Ă trois kilomĂštres Ă la ronde et qui retombent donc comme un soufflet. C’est vraiment dommage parce que le roman possĂšde un vrai potentiel mais malheureusement, la construction du rĂ©cit m’a fait rater le rendez-vous avec le coup de cĆur.
C’est donc une lecture globalement intĂ©ressante et rafraĂźchissante mais dont je suis un peu passĂ©e Ă cĂŽtĂ© Ă cause de la narration. Je conseille tout de mĂȘme de tenter l’expĂ©rience car je suis certaine qu’il continuera Ă trouver son public.