Chasseurs de flamme, Hafsah Faizal

« Ma mĂšre m’a expliquĂ© un jour que nos Ăąmes s’adaptent Ă  l’obscuritĂ©, reprit-il. Comme nos yeux s’y habituent peu Ă  peu quand il fait noir. »

Les gens vivaient parce qu’elle tuait.

Les gens mouraient parce qu’il vivait.

Zafira est la Chasseuse. Elle se dĂ©guise en homme lorsqu’elle brave la forĂȘt maudite de l’Arz pour nourrir son peuple.

Nasir est quant à lui le prince de la Mort, assassinant ceux qui sont assez stupides pour défier son tyran de pÚre, le sultan.

Si Zafira Ă©tait dĂ©masquĂ©e et sa nature fĂ©minine exposĂ©e, tous ses actes seraient dĂ©criĂ©s. Il en va de mĂȘme pour Nasir qui serait brutalement puni par son pĂšre si celui-ci dĂ©couvrait la compassion dont fait preuve son fils.

Ils sont de vĂ©ritables lĂ©gendes dans le royaume d’Arawiya, mais aucun d’entre eux ne veut de cette gloire.

Alors que la menace d’une guerre grandit et que l’Arz Ă©tend son ombre de jour en jour, Zafira et Nasir sont envoyĂ©s chacun de leur cĂŽtĂ© rĂ©cupĂ©rer un artefact perdu qui restaurerait la magie dans le royaume. Le fils du sultan est chargĂ© d’une mission supplĂ©mentaire : Ă©liminer la Chasseuse.

Mais au cours de leurs voyages respectifs, un autre mal terrifiant semble Ă©merger et l’objet qu’ils recherchent pourrait s’avĂ©rer plus dangereux qu’ils ne l’imaginent.


Ce livre me tentait depuis un bon moment dĂ©jĂ . Je n’en ai entendu que du bien, c’Ă©tait LA Fantasy sur le monde arabe Ă  lire. Mais l’occasion ne s’est jamais prĂ©sentĂ© pour moi. AprĂšs ma lecture de Sirem et l’oiseau maudit (il FAUT lire ce livre), j’ai eu envie de continuer Ă  me plonger dans des univers de Fantasy inspirĂ© par ma culture d’origine et c’est donc tout naturellement que je me suis tournĂ©e vers le premier tome des Sables d’Arawiya.

Il faut malheureusement avouer que ce fut une lecture mitigĂ©e pour moi. Il y a eu de nombreux points forts dans ce roman dont j’ai apprĂ©ciĂ© la globalitĂ© mais certaines choses m’ont quand mĂȘme assez dĂ©rangĂ© dans ma lecture, la rendant un peu longue et fastidieuse par moments.

Commençons par les points positifs. Parce que oui, j’ai globalement aimĂ© ma lecture, principalement grĂące Ă  l’ambiance orientale qui s’en dĂ©gage et l’inspiration claire du jeu Assassin’s Creed. J’ai beaucoup aimĂ© voir de l’arabe se glisser dans la narration, mĂȘme si la phonĂ©tique en français nĂ©cessite une gymnastique mentale qui est parfois un peu Ă©nergivore. J’ai aussi Ă©tĂ© agrĂ©ablement surprise de voir des crĂ©atures fantastiques des mythes du Moyen-Orient, qui ne sont pas des djinns. Cela nous change un peu et offre une originalitĂ© bienvenue. L’univers est bien construit, on visualise plutĂŽt bien Arawiya avec ses califats et les spĂ©cificitĂ©s de chacun.

Les personnages sont attachants. J’ai beaucoup aimĂ© Deen (dont j’adore le prĂ©nom) pour sa douceur, sa loyautĂ© sans failles et son respect qu’il porte aux autres et particuliĂšrement Ă  Zafira. J’ai Ă©galement apprĂ©ciĂ© cette derniĂšre, son courage mais aussi sa vulnĂ©rabilitĂ© non cachĂ©e. AltaĂŻr, dont le prĂ©nom me rappelle un certain assassin connu et qui apporte de l’humour et une certaine lumiĂšre Ă  cet univers qui s’assombrit de page en page. Malheureusement, je trouve que la plupart des agissements des personnages n’ont pas trop de sens ou s’embourbent dans des clichĂ©s, ce qui m’a un peu dĂ©rangĂ© dans ma lecture. J’avoue avoir lever les yeux au ciel quelques fois, notamment sur cette manie qu’ont les personnages Ă  savoir prĂ©cisĂ©ment, presque au mot prĂšs, ce que pense Zafira en regardant son visage. Alors oui, on peut ĂȘtre un livre ouvert m’enfin bon, il y a des limites.

Les agissements des personnages manquent parfois de cohĂ©rence, mais ce qui pĂȘche le plus pour moi, c’est la narration. J’ai eu parfois du mal avec le style de l’autrice, je trouve que certains effets tombent Ă  plat. C’est possiblement un effet de la traduction, je ne saurais dire, mais en français en tout cas, ça n’a pas un bel effet. Je trouve que cela manque aussi de subtilitĂ©. La condition des femmes dans le califat de Demenhune est abordĂ©e avec de gros sabots, de mĂȘme que les traumatismes de Nasir, ce qui rĂ©duit tout l’impact dans la lecture. Et puis l’intrigue est vraiment confuse. Je me suis perdue de nombreuses fois quand cela devait ĂȘtre clair et j’ai vu des rĂ©vĂ©lations censĂ©es surprendre Ă  trois kilomĂštres Ă  la ronde et qui retombent donc comme un soufflet. C’est vraiment dommage parce que le roman possĂšde un vrai potentiel mais malheureusement, la construction du rĂ©cit m’a fait rater le rendez-vous avec le coup de cƓur.

C’est donc une lecture globalement intĂ©ressante et rafraĂźchissante mais dont je suis un peu passĂ©e Ă  cĂŽtĂ© Ă  cause de la narration. Je conseille tout de mĂȘme de tenter l’expĂ©rience car je suis certaine qu’il continuera Ă  trouver son public.

Six of Crows, Leigh Bardugo

« â€“ Pas de sanglots.
– Pas de tombeaux. Â»

Les bas-fonds de Katterdam s’organisent en gangs rivaux.

L’homme le plus ambitieux et le plus jeune de la pĂšgre est Kaz Brekker: aussi brillant que mystĂ©rieux, aussi charismatique que dangereux, et, surtout, connu pour ĂȘtre un voleur hors pair. PrĂȘt Ă  tout pour de l’argent, il accepte la mission du riche marchand Van Eck: dĂ©livrer un savant du plais de Glace, rĂ©putĂ© imprenable.

Ce prisonnier est l’inventeur du « jurda parem Â», une drogue multipliant sans limites les pouvoirs surnaturels de la caste des magiciens: les Grishas. Une drogue qui, tombĂ©e dans les mauvaises mains, risque d’engendrer un chaos irrĂ©versible.


Cassitrouille

J’ai dĂ©couvert cet univers Ă  travers la sĂ©rie Shadow & Bone – dont le nom me fera toujours immensĂ©ment rire Ă  ĂȘtre ainsi au singulier – et je suis directement tombĂ©e amoureuse du trio que constituait Kaz, Inej & Jesper, ainsi que des ennemis to lovers qu’étaient Nina & Matthias
 Et puis j’ai dĂ©couvert qu’il y avait une duologie exactement sur ces personnages-lĂ , et qu’en plus, les livres Ă©taient Ă©crits par Leigh Bardugo ! C’est une autrice dont je n’avais jamais lu les livres, mais dont une bookstagrameuse que je suis apprĂ©cie Ă©normĂ©ment et en fait rĂ©guliĂšrement la propagande ! Alors ni une, ni deux, je me suis jetĂ©e dans le bouquin, et j’ai entraĂźnĂ© Nawal avec moi.

Mouahahaha

Nawal

Ce livre m’a hantĂ©e. Je l’ai lu une premiĂšre fois il y a quelques annĂ©es et je l’avais adorĂ© mais le second tome n’étant pas publiĂ© en France, je me suis arrĂȘtĂ©e lĂ . Puis la sĂ©rie est sortie. J’avoue ne pas avoir prĂ©vu de la regarder. De un parce que l’autre partie du Grishaverse ne m’intĂ©ressait pas particuliĂšrement, de deux parce que je ne voulais pas me spoiler le fameux second tome jamais lu. Mais Cassie Ă©tant particuliĂšrement persuasive, je me suis lancĂ©e dans la sĂ©rie et j’ai retrouvĂ© avec une immense joie les Crows. Alors me revoilĂ , le premier tome entre les mains Ă  l’occasion du mois de la Fantasy parce que toute excuse est bonne pour lire de la Fantasy et de la BONNE Fantasy.

Cassitrouille

Il faut savoir que la Fantasy Ă  casse improbable et moi, ça remonte Ă  loin. Quand Kaz commençait Ă  ĂȘtre obsĂ©dĂ© par les magiciens de Ketterdam, j’étais plongĂ©e dans Artemis Fowl Ă  dĂ©chiffrer le gnomique, le code Ă©ternitĂ© tout en suivant les stratĂ©gies improbables de ce gĂ©nie du crime. Quel plaisir de retrouver dans un univers plus mĂąture, plus complexe aussi, ce genre de mon enfance !

Tous les Ă©lĂ©ments que j’aime y sont prĂ©sents : des personnages franchement morally grey – certains tirant plus sur le noir que sur le gris d’ailleurs -, une situation totalement rocambolesque dont le cerveau de la bande certifie que si si on va s’en sortir, de la magie, des couteaux, des MEURTRES et des corbeaux
 Incroyable.

J’avais en revanche un peu peur de la narration à six points de vue


Nawal

C’est donc une vieille histoire d’amour entre Six of Crows et moi. J’avais adorĂ© la maniĂšre dont l’autrice tisse son intrigue telle une araignĂ©e, qu’elle chronomĂštre Ă  la minute prĂšs, les personnages crĂ©ant des plans ingĂ©nieux et imparables
 jusqu’à ce qu’ils leur Ă©clatent Ă  la tronche. Et ça, c’est magistral. Les personnages portent cet univers solide et complexe, mon amour allant principalement Ă  Inej (une voleuse de secrets voulant devenir pirate, qui ne s’y attendais pas franchement ?) et Ă  Jesper, mon TDAH prĂ©fĂ©rĂ©. Ma relecture n’a fait que renforcer mon amour pour ces personnages, mon attendrissement pour le pauvre Wylan, ma fascination pour Kaz. La seule chose ayant changĂ©, c’est mon point de vue sur Nina et Matthias qui n’étaient pas mes prĂ©fĂ©rĂ©s Ă  l’époque et auxquels je me suis finalement attachĂ©e.

Cassitrouille

C’est toute la force de Leigh Bardugo ici : on peut avoir nos prĂ©fĂ©rĂ©s, bien sĂ»r, mais tous les personnages restent attachants, intĂ©ressants et leurs points de vues alternes en osmose complĂšte avec la narration. On ne passe pas arbitrairement de Kaz Ă  Jesper puis Ă  Nina parce qu’il faut donner le relais Ă  un autre narrateur pour l’équitĂ©, non. On passe de Kaz Ă  Jesper parce que Kaz a fini la premiĂšre Ă©tape permettant Ă  Jesper de mettre en place la seconde qui enclenche alors la prochaine, celle de Nina. Tout est logique, et fait donc qu’on attend, qu’on peut presque deviner quel sera le prochain point de vue, puisque le narrateur est liĂ© Ă  l’intrigue. C’est d’ailleurs pour cela qu’on a souvent une alternance de point de vue entre les diffĂ©rents duos de ce sextuor : Kaz/Inej ; Nina/Matthias notamment.

Chaque point de vue nous fait plonger, Ă  travers un style plus ou moins indirect libre, dans les pensĂ©es du personnage phare du chapitre. Comme chaque personnage est diffĂ©rent, nous entendons aussi leurs pensĂ©es de maniĂšre diffĂ©rente, et c’est une des vraies forces du roman !

Nawal

Ce que l’autrice semble Ă©galement parfaitement maĂźtriser, c’est la cinĂ©matique de son Ɠuvre. LĂ  oĂč certain.e.s auteurices ont tendance Ă  se perdre dans des actions et des plans, ne sachant parfois pas quoi montrer ou quoi taire, Leigh Bardugo sait quand et comment montrer les choses. On peut tout Ă  fait suivre le plan de Kaz Ă  la lettre, en se disant “ok c’est nickel, tous les dĂ©tails sont lĂ , on a tout suivi”, pour se rendre compte finalement que quelque chose nous a Ă©chappĂ©, alors on flippe pour les personnages
 et ils s’en sortent parce que Kaz a encore une carte dans sa manche. L’autrice est donc capable de crĂ©er de vĂ©ritables tours de magie avec sa narration, ce qui rend son roman si intriguant et si magique. Elle n’a de cesse de nous surprendre tout en ne nous laissant pas dans le flou total, occupant notre attention Ă  un endroit pour mieux nous surprendre Ă  un autre
 Un coup digne de Kaz Brekker en personne.

Cassitrouille

Les qualitĂ©s de cette autrice ne s’arrĂȘtent pas lĂ , puisqu’elle rĂ©ussit en peu de pages Ă  nous dĂ©peindre ses personnages de maniĂšre trĂšs complĂšte, ce qui nous permet d’autant plus apprĂ©cier leurs Ă©volutions, leurs contradictions, mais Ă©galement de mieux ressentir toute la tragĂ©die qu’impliquent leurs diffĂ©rentes histoires. Certains passages sont littĂ©ralement crĂšvent-coeur parce qu’un personnage attend quelque chose d’un autre, chose qui est impossible. Je pense notamment Ă  la relation si particuliĂšre entre Inej et Kaz ; Inej aimerait qu’il fasse un pas vers elle, qui lui rende l’affection physique qu’elle a envers lui
 sauf que le bĂątard du Barrel ne peut pas toucher qui que ce soit, et que le fait mĂȘme de la laisser le toucher est une preuve de son affection. Tout cela, en tant que lecteur, nous le savons, nous le mettons bout Ă  bout, mais les personnages, eux, n’ont que leur propre point de vue, et donc ont le cƓur brisĂ© parce qu’ils ne comprennent pas tous les tenants et aboutissant d’une situation. Lee tragique repose finalement dans le fait qu’ils soient juste des adolescents lambdas et non pas des personnages omniscients.

Nawal

Des adolescents qui ont vĂ©cu plus de choses que la plupart d’entre nous ne vivrons jamais. La duretĂ© de cet univers, de cette vie dans le Barrel en fait parfois oublier l’ñge des personnages qui ont dĂ» grandir bien trop vite, bien trop violemment. Des adolescents qui finissent criminels, voleurs. Mais des adolescents qui laissent libre cours Ă  leur potentiel. En effet, j’ai adorĂ© voir que certes, Kaz est le cerveau de cette bande de corbeaux, mais seul, il ne peut rien. Il a besoin du talent d’acrobate et de discrĂ©tion d’Inej, de la gĂąchette de Jesper, du savoir de Wylan, des talents de comĂ©dienne de Nina, de la force de Matthias. Le fait que chacun apporte ce que les autres manquent, que chaque potentiel est pleinement exploitĂ©, rend cette Ă©quipe imbattable et si attachante.

Cassitrouille

Et de potentiel, pour sortir son Corbeau du Palais de Glace, il va en falloir. C’est toute la beautĂ© d’un casse, finalement, que rien ne se passe comme prĂ©vu. Ici, les obstacles permettent de voir la dĂ©termination des Crows, de les voir faire face Ă  des vĂ©ritĂ©s sur eux-mĂȘmes : ce ne sont pas juste des pĂ©ripĂ©ties dont le but est de prolonger l’action, de faire tenir encore quelques pages. Non, tout est nĂ©cessaire Ă  l’intrigue, et Sankta Leigh veille Ă  ce que ses personnages en sortent grandis. Comme le dit le proverbe de Fjerda, pays d’origine de Matthias, l’eau entend et comprend mais la glace ne pardonne pas ; il va leur falloir faire face aux affreuses vĂ©ritĂ©s s’ils veulent s’en sortir vivants.

Nawal

Faire Ă©vader la personne la plus convoitĂ©e au monde de la prison la plus sĂ©curisĂ©e au monde avec pour Ă©quipe une bande d’ados dont l’ennemie jurĂ©e du pays et un dĂ©serteur…. Qu’est-ce qui pourrait mal se passer ? Comme vous vous en doutez, bien sĂ»r que tout se passe MAL. Et pourtant, nos corbeaux persĂ©vĂšrent, redoublant d’ingĂ©niositĂ© qui nous fait retenir notre souffle jusqu’à la toute fin. Aucun rĂ©pit ne leur est accordĂ©, crĂ©ant un rythme soutenu Ă  l’histoire qu’on ne peut dĂ©cidemment pas quitter des yeux (croyez-moi, j’ai essayĂ©. Deux fois.). Et c’est ce qui fait toute la beautĂ© de Six of Crows.

Les HĂ©ritiers de Brisaine, tome 5 : Le CƓur de toutes les lĂ©gendes, David Bry

Les meilleurs amis de Fabula.
Et les héritiers de Brisaine.

Le dernier tome de la sĂ©rie Ă  succĂšs de David Bry, coup de cƓur des Imaginales, qui signe sa premiĂšre sĂ©rie jeunesse.
L’heure de la derniĂšre bataille a sonnĂ©. Pour sauver la magie de Fabula, les hĂ©ritiers de Brisaine doivent absolument retrouver le CƓur de toutes les lĂ©gendes. D’aprĂšs la SorciĂšre des saisons, il serait cachĂ© au sein mĂȘme du chĂąteau de Trois-Dragons ! Mais, de son cĂŽtĂ©, le maĂźtre du Clair-Obscur a lui aussi rassemblĂ© toutes ses forces. Dans le plus grand secret, il a Ă©laborĂ© un plan terrible !
Les cinq amis rĂ©ussiront-ils Ă  dĂ©jouer les piĂšges de l’archimage et la menace des dragons ?


Ca y est, nous y sommes, le tome ultime, la fin d’une aventure merveilleuse aux cĂŽtĂ©s d’Eguerrand, AliĂ©nor et GrĂ©goire. Quelle joie de les avoir connus et quelle tristesse de les quitter !

Encore une fois, c’est un tome trĂšs court mais riche en rebondissements qui nous embarque dans le dernier combat de ce trio pour rĂ©tablir la magie dans leur monde. J’ai Ă©tĂ© immergĂ© dans cet univers enchantĂ© oĂč l’amitiĂ©, la compassion et l’amour prennent le dessus sur la cupiditĂ©, l’ambition et la mĂ©chancetĂ©.

De belles valeurs sont transmises Ă  travers des personnages attendrissants qui m’ont inspirĂ© malgrĂ© leur trĂšs jeune Ăąge. J’admire le courage d’Enguerrand, AliĂ©nor et GrĂ©goire, leur amitiĂ© et leur bienveillance.

C’est donc un dernier tome qui clĂŽture une trĂšs belle sĂ©rie que je prendrais plaisir Ă  relire !

Galatée, Madeline Miller

Jadis, j’étais en pierre. 

Depuis l’AntiquitĂ©, le mythe de Pygmalion et GalatĂ©e n’a de cesse de fasciner et d’inspirer des artistes. Mais ce rĂ©cit millĂ©naire du sculpteur misanthrope, Ă©pris de la statue qu’il vient de rĂ©aliser, demeure inachevĂ© : lorsque GalatĂ©e est transformĂ©e en ĂȘtre vivant par les dieux, elle est rĂ©duite au silence par les hommes.
Enfin, il est temps pour elle de devenir la narratrice de sa propre histoire et ainsi de choisir elle-mĂȘme son destin.


J’ai Ă©tĂ© sĂ©duite par les Ă©crits de Madeline Miller au sujet de la mythologie. Je suis tombĂ©e sous le charme du Chant d’Achille et de CircĂ©. C’est donc avec beaucoup d’impatience que je me suis lancĂ©e dans la petite nouvelle qu’est GalatĂ©e.

C’est une lecture qui m’a dĂ©contenancĂ©. Je ne m’attendais pas Ă  ce style de narration qui m’a un peu perturbĂ©. Je m’Ă©tais attendue Ă  cette ambiance mythologique, antique et poĂ©tique Ă  laquelle l’autrice nous a habituĂ©s avec ses deux prĂ©cĂ©dents romans. Or, ici, c’est un style trĂšs actuel, moderne, parfois un peu vulgaire.

En revanche, je salue le talent de Madeline Miller pour crĂ©er une personnalitĂ© aussi propre et singuliĂšre Ă  ses personnages. GalatĂ©e est unique en son genre. Elle possĂšde un cĂŽtĂ© trĂšs rude, on peut mĂȘme dire insensible et une certaine dangerositĂ© qui se dĂ©gage de GalatĂ©e et qui renvoie Ă  son statut de pierre. Cela en fait une revisite du mythe d’un point de vue fĂ©minin et fĂ©ministe trĂšs intĂ©ressante et rafraĂźchissante.

NĂ©anmoins, je ne saurais dire si j’ai rĂ©ellement aimĂ© ma lecture ou non. C’est une lecture trĂšs dĂ©stabilisante qui m’a laissĂ© un sentiment ambigu.

La DerniĂšre Vestale, Fabien Clavel

La flamme que veulent dĂ©rober les Hirpi Sorani aujourd’hui, c’est toi…

Au retour d’un voyage scolaire, Livia dĂ©couvre sa maison incendiĂ©e. Pire : ses parents ont Ă©tĂ© enlevĂ©s !
Au milieu des ruines, un petit bonhomme de cinquante centimĂštres, Lars, prĂ©tend ĂȘtre une divinitĂ© du foyer. De son foyer. Il lui apprend qu’elle est la derniĂšre Vestale de Rome, la gardienne de la flamme sacrĂ©e, et qu’elle est poursuivie par une secte antique de prĂȘtres loups-garous !
Ça fait beaucoup Ă  digĂ©rer, non ?
D’autant que, Ă  entendre les grattements furieux contre la porte, ses adversaires sont dĂ©jĂ  de retour…

Rendez-vous avec les dieux romains, poursuites dans les Ă©gouts, invocations d’esprits des dĂ©funts… la quĂȘte de Livia pour retrouver ses parents ne sera pas de tout repos !


Vous ĂȘtes habituĂ©s maintenant, vous savez que j’aime les romans, notamment jeunesse, de Fabien Clavel. Surtout quand ils parlent mythologie ! Cette fois, La DerniĂšre Vestale nous plonge au cƓur de la civilisation romaine. On embarque ?

C’Ă©tait une lecture trĂšs fun !

VoilĂ , tout est dit. Les personnages ? Fun. L’histoire ? Fun. L’univers antique ? Double fun!

Ce petit livre m’a accompagnĂ© tout au long d’une journĂ©e Ă  la bibliothĂšque et a adouci mon programme chargĂ© avec son ambiance lĂ©gĂšre et son rythme effrĂ©nĂ©, qui a fait d’une intrigue assez classique, une trĂšs sympathique histoire.

On apprend tout plein de choses sur la civilisation romaine, qui a tendance Ă  ĂȘtre Ă©clipsĂ©e par la GrĂšce antique. On parle de divinitĂ©s assez peu connues, notamment les Lares et les PĂ©nates, qui permettent d’apprĂ©hender la diversitĂ© et le vaste monde de la Rome antique.

Les personnages sont attachants, j’ai beaucoup aimĂ© le caractĂšre bien trempĂ© de Livia, avec sa personnalitĂ© trĂšs boudeuse, qui ajoute beaucoup Ă  l’humour du livre. Lars est trĂšs drĂŽle Ă©galement, c’est un roman qui m’a beaucoup fait sourire. Et puis on retrouve le petit Hugo, hĂ©ros de la saga Panique dans la mythologie, que j’apprĂ©cie tout particuliĂšrement.

Je recommande si vous voulez passer un super moment !

La Machine, tome 2: Les fils du feu, Katia Lanero Zamora

La voix de Luca lui parvenait d’un autre monde; d’un monde oĂč les frĂšres n’Ă©taient plus des frĂšres et oĂč les soldats mouraient dans des combats absurdes. Il tenta d’ouvrir les yeux, mais le monde avait basculĂ© et il Ă©tait trop tard pour oublier.

AprĂšs des mois de tension, la guerre civile s’est abattue sur PanĂźm et l’enfer se dĂ©chaĂźne sur ses habitants. Les troupes de la toute jeune rĂ©publique et celles des anarchistes de La Machine tentent de rĂ©sister Ă  l’armĂ©e des royalistes mieux financĂ©e et mieux Ă©quipĂ©e. Dans ce tourbillon sanglant, la famille des Cabayol a littĂ©ralement explosĂ©. Les deux frĂšres, AndrĂ©s et Vian sont dans des camps opposĂ©s. Un face Ă  face mortel malgrĂ© l’amour qui les unit.


SitĂŽt le premier tome achevĂ©, j’ai dans la foulĂ©e dĂ©butĂ© le second. Impossible, aprĂšs la fin, de quitter cet univers, cette histoire, ces personnages pour autre chose alors que la suite se tenait dans ma bibliothĂšque. Encore merci ActuSF de m’avoir envoyĂ© les deux car l’attente aurait Ă©tĂ© insoutenable.

Deux ans sont passĂ©s depuis la fin du premier tome. La guerre fait rage, FlĂ©chistes contre Machinistes, Vian contre AndrĂšs. Quel crĂšve-cƓur de les voir dans des camps opposĂ©s ! Bien sĂ»r, l’un se persuade que son frĂšre est mort et l’autre est convaincu que le premier est dĂ©serteur, mais chacun Ɠuvre donc l’un contre l’autre sans rĂ©ellement le savoir et c’est un vrai supplice Ă  voir.

Si le premier opus avait tendance Ă  faire plus de place Ă  AndrĂšs, c’est ici Vian, totalement traumatisĂ©, qui prend peu Ă  peu le pas sur son frĂšre. Alternant encore une fois entre prĂ©sent et passĂ©, on dĂ©couvre ses traumatismes, ses combats intĂ©rieurs aussi bien anciens que rĂ©cents. C’est un personnage qui m’a profondĂ©ment touchĂ© par sa dĂ©tresse et son dĂ©sespoir de protĂ©ger sa famille, tout en accumulant les mauvais choix. Combien de fois ai-je eu envie de le secouer comme un prunier pour qu’il aille rejoindre son frĂšre ! Mais non, Ă  la place, il monte les Ă©chelons de l’armĂ©e, s’embourbant de plus en plus Ă  mesure que sa santĂ© mentale part en vrille.

Quant Ă  AndrĂšs, l’idĂ©aliste, le protecteur, l’adorable AndrĂšs, il dĂ©couvre certains mauvais aspects de son idĂ©ologie machiniste. J’ai apprĂ©ciĂ© le voir sortir de sa naĂŻvetĂ© et permettre alors une nuance entre les deux camps. Nuance qui Ă©tait certes prĂ©sente dans le premier tome avec notamment les Vieux Loups, les plus radicaux du parti machiniste, mais lĂ  vĂ©cu de l’intĂ©rieur, Ă  travers un personnage apprĂ©ciĂ© et respectĂ©, ce que j’ai trouvĂ© trĂšs judicieux. J’aurais Ă©galement apprĂ©ciĂ© un peu plus de nuances du cĂŽtĂ© des FlĂ©chistes, mĂȘme si nous avons Vian et ses compagnons d’armes.

La tension s’installe donc au sein du pays et monte crescendo en fonction du terrain gagnĂ© par tel ou tel parti, qui crĂ©e une urgence pour le lecteur de savoir comment se dĂ©nouera ce conflit sanglant. Personne n’est Ă©pargnĂ©, personne n’est Ă  l’abri d’une blessure, d’un traumatisme, d’une mort. Et nous, lecteurs, nous souffrons avec eux, envahis par la tension et l’angoisse de voir nos personnages prĂ©fĂ©rĂ©s souffrir et priant pour qu’ils s’en sortent.

Mais comme tout bon livre fondĂ© sur le pathos, tous ne s’en sortent pas. Ce roman m’a donc bien sĂ»r arrachĂ© des larmes, dĂ©vastĂ©e par la mort de certains personnages. Je suis passĂ©e par toutes sortes d’Ă©motions en ces quelques heures qu’il m’a fallut pour dĂ©vorer ce roman.

Alors pour finir, j’aimerais remercier Katia Lanero Kamora pour cette incroyable histoire qu’elle m’a offerte et qui m’a fait vibrer comme rarement j’ai pu vibrer ces derniers temps. La Machine est indĂ©niablement l’une de mes meilleures lectures de l’annĂ©e.

La Machine, Katia Lanero Zamora

Une utopie, c’est fragile. Plus on s’en approche, plus il faut ĂȘtre prudent.

NĂ©s dans le confort de la famille noble des Cabayol, Vian et AndrĂšs sont deux frĂšres insĂ©parables. Mais dans un pays oĂč la rĂ©volution gronde et oĂč les anciens royalistes fourbissent leurs armes pour renverser la toute jeune RĂ©publique, ils vont devoir choisir leur camp



Mais quelle lecture ! Quel coup de cƓur ! Je ressors tout juste de cette incroyable expĂ©rience dans laquelle je me suis plongĂ©e avec dĂ©lice.

Par oĂč commencer ? Les personnages. Mon dieu les personnages de ce roman. Incroyablement humains, chaleureux, captivants. DĂšs le dĂ©but, AndrĂšs et son frĂšre Vian se sont logĂ©s dans mon petit cƓur de lectrice, l’un grĂące Ă  sa passion, l’autre grĂące Ă  sa douceur. Et surtout, grĂące Ă  leur amour inconditionnel qu’ils se vouent. Ils sont d’un charme fou, on ne peut que les aimer et les comprendre, on veut les suivre.

On plonge donc avec eux au cƓur d’un pays en tension, d’une colĂšre qui monte entre l’élite et le peuple qui souffre. Univers de Fantasy Ă  l’accent espagnol, notre rĂ©cit prend place dans une pĂ©riode historique rĂ©elle de l’Espagne. Je ne m’y connais pas du tout, donc je n’ai pas d’avis particulier Ă  donner Ă  ce sujet, mais je me suis sentie baignĂ©e dans une chaleureuse culture qui subit un changement politique primordial : le Roi a fui le pays, la RĂ©publique s’installe. Mais cela ne suffit pas. L’élite n’en dĂ©mord pas, refusant de laisser la place au reste du peuple qui meurt de faim.

Cette thĂ©matique est abordĂ©e Ă  travers la cellule familiale des Cabayol, famille d’Ongles Sales qui a su s’élever sur l’échelle sociale. NĂ©anmoins, cela n’empĂȘche pas AndrĂšs de revendiquer ses origines populaires, s’engageant dans la Machine, cette idĂ©ologie politique qui reprĂ©sente la RĂ©publique. A contrario, Vian s’efforce de remplir les attentes de son pĂšre, s’engageant dans l’armĂ©e afin de rendre fiĂšre sa famille et d’ĂȘtre digne de son rang. Chacun des deux s’affronte et s’épaule Ă  la fois, crĂ©ant une dynamique qui rythme le roman.

Mais les frĂšres ne sont pas seuls. Ils sont entourĂ©s d’Augustina, leur gouvernante sĂ©vĂšre mais aimante et loyale, de LĂ©a, le grand amour d’AndrĂšs mais surtout une rĂ©volutionnaire accrochĂ©e Ă  ses principes et ses valeurs, qu’elle n’hĂ©site pas Ă  cracher Ă  la figure de l’élite. Olympia, jeune femme torera, qui aurait pu faire belle carriĂšre mais qui doit y renoncer pour son “devoir de femme de bonne famille”. Amaia Magister, enfin, PremiĂšre Machiniste et figure d’inspiration d’AndrĂšs.

Je pense que je pourrais discourir encore longtemps sur ce roman que j’ai dĂ©vorĂ© en quelques jours, de maniĂšre tout Ă  fait dĂ©cousu mais avec toujours autant de plaisir et de ferveur, mais cela ne serait pas trĂšs pertinent. A la place, une derniĂšre parole : Sang et Sueur !

Ici et seulement ici, Christelle Dabos

Ici ne ressemble Ă  nulle part. Ici n’obĂ©it qu’Ă  ses propres rĂšgles. Ici il y a des Bas, des Hauts, des pairs et des impairs. Et quoi qu’il arrive tout le monde passe par Ici.

Par-dessous la peinture, le plĂątre et le ciment, Ă  l’intĂ©rieur des murs, au fond de l’invisible, je perçois quelque chose que j’arrive pas encore Ă  nommer, quelque chose de foutrement fĂ©roce qui habite le bĂątiment tout entier et qui me rentre dans les os. Qui fera bientĂŽt partie de moi.
Ici ne ressemble Ă  nulle part.
Ici n’obĂ©it qu’Ă  ses propres rĂšgles.
Ici, il y a des Bas, des Hauts, des pairs et des impairs.
Et quoi qu’il arrive, tout le monde passe par Ici.


Wow. Je suis soufflĂ©e. J’attendais ce roman avec autant d’impatience que d’apprĂ©hension. Impatience parce que c’est Christelle Dabos et que je suis tombĂ©e amoureuse de la Passe-Miroir dĂšs les premiĂšres pages. ApprĂ©hension parce que je savais que ce livre n’avait rien Ă  voir avec la Passe-Miroir. Et bien laissez-moi vous dire que : Wow. C’Ă©tait gĂ©nial.

Ici c’est le collĂšge de Pierre, de Guy, d’Iris, de Madeleine. Ici, c’Ă©tait le collĂšge de La Remplaçante. Ici c’est mon collĂšge. Ton collĂšge. Ici est un huis clos qui enferme les Ă©lĂšves dans une mini-sociĂ©tĂ© rĂ©gie par des rĂšgles tacites et cruelles. On est confrontĂ© Ă  des guerres, des alliances, des traĂźtrises. Chacun tente de survivre Ă  sa maniĂšre, plus ou moins facilement.

Ici et seulement ici est un roman Ă©trange. Clairement fantastique, dans le sens que lui donne Todorov, on navigue entre rĂ©alisme et surnaturel, avec un lieu Ă  la fois familier et Ă©tranger, qui semble prendre vie et s’enveloppe d’une atmosphĂšre inquiĂ©tante. Il arrive tout plein de choses Ă©tranges aux Ă©lĂšves : l’une devient invisible, l’un fantĂŽme, l’autre prĂȘtresse d’une entitĂ©… Et pourtant, ce sont des Ă©lĂšves. Ils vont en cours, ont des devoirs, des heures de colle. Ca s’amourache, ça se jalouse, ça s’engueule, ça se rĂ©concilie… Ce sont des gosses, paumĂ©s, mal dans leur peau, avides de sĂ©curitĂ© et d’amour.

Ce roman a touchĂ© des cordes sensibles en moi. La premiĂšre, celle de la future professeure que j’aspire Ă  devenir. Voir cette souffrance partagĂ©e de jeunes adolescents, cette impuissance des professeurs face Ă  cela, a quelque chose de cynique, de dur Ă  accepter et pourtant criant de rĂ©alisme. La seconde, celle de l’ancienne Ă©lĂšve de collĂšge. J’ai eu, comme beaucoup je pense, des annĂ©es de collĂšge difficiles et ce roman a rĂ©veillĂ© d’anciens souvenirs.

Et ce qui a permis une telle magie de s’opĂ©rer, c’est la plume de l’autrice, cette plume ingĂ©nieuse qui ne cesse de se renouveler. Encore une fois, Christelle Dabos nous prouve son talent pour manier les mots et les phrases. Reproduisant Ă  la perfection le phrasĂ© des jeunes collĂ©giens, les fautes de syntaxe et les expressions dĂ©tournĂ©es nous agressent et crient toute la peur et tout le mal-ĂȘtre de ces jeunes que l’on suit Ă  travers cette annĂ©e scolaire. Certaines expressions reviennent sans cesse, tel un refrain Ă  ce cycle infernal que semblent ĂȘtre les annĂ©es collĂšge et dans lequel les personnages s’enlisent inlassablement.

Vous en dire plus serait vous ĂŽtĂ© une partie du mystĂšre qu’est ce roman si unique en son genre. Je vais donc vous laissez sur cette derniĂšre parole : Wow. Merci Christelle Dabos.

Bpocalypse, Ariel Holzl

DĂ©cidĂ©ment, les adolescents Ă©taient plus mystĂ©rieux que les mutants…

Pour se rendre au lycĂ©e, Samsara n’oublie jamais sa batte de baseball, ses talismans et son couteau de chasse. Tout ce dont elle a besoin pour affronter les animaux mutants, fantĂŽmes et autres crĂ©atures qui ont envahi les rues de Concordia aprĂšs l’Apocalypse. Aujourd’hui, la ville vient de lever la quarantaine de l’ancien parc public et s’apprĂȘte Ă  accueillir ses habitants, rĂ©putĂ©s avoir mutĂ©. Les deux jumeaux que Sam voit dĂ©barquer dans sa classe sont loin d’avoir un physique standard. TrĂšs vite, ceux qui se moquent d’eux ou les prennent Ă  partie sont les victimes d’incidents inexpliquĂ©s. Tout semble accuser les nouveaux venus. Mais dans une ville comme Concordia, peut-on se fier aux apparences ?


Encore et toujours, c’est sans apprĂ©hension que je me plonge dans un roman d’Ariel Holzl. AprĂšs avoir adorĂ© l’univers burtonnien de sa fantasy urbaine Les Soeurs Carmines, m’ĂȘtre plongĂ© dans sa fantasy jeunesse rocambolesque qu’est Fingus Malister, puis sa dark fantasy La Princesse sans visage, me voilĂ  plongĂ©e dans son roman post-apo jeunesse. Et ça dĂ©pote !

J’admire sincĂšrement la capacitĂ© de l’auteur Ă  changer de style en fonction de ses romans. Et surtout, j’admire le fait que ce soit toujours une plume agrĂ©able, dynamique et inventive. Ici, elle correspond parfaitement au caractĂšre sarcastique et revĂȘche de Samsara, jeune fille rebelle qui prĂ©fĂšre taper sur du mutant que de se casser la tĂȘte sur des maths (je la comprends).

L’atmosphĂšre instaure un sentiment de fin du monde digne de la sĂ©rie The Last of Us, oĂč le danger rĂŽde Ă  chaque coin de rue. Mais cela n’empĂȘche pas les habitants de Concordia de vivre. Et surtout, cela n’empĂȘche pas les problĂ©matiques sociales, aussi vieilles que le monde, de continuer Ă  sĂ©vir : lutte des classes, racisme… L’auteur aborde ici plusieurs thĂ©matiques de maniĂšre trĂšs rĂ©alistes et intĂ©ressantes. J’ai beaucoup aimĂ© le regard tout d’abord erronĂ© puis Ă©clairĂ© de Sam, qui Ă©volue au fil du roman, grĂące notamment Ă  l’aide d’Yvette et de Danny, ses deux meilleurs amis. Yvette est un personnage trĂšs drĂŽle et intelligente, qui apporte de l’humour et une certaine fraĂźcheur Ă  Concordia. Danny, un peu plus discret et en retrait, n’en reste pas moins un bon ami loyal et attachant

Dans une sorte de huis clos Ă  l’Ă©chelle d’une ville, la sociĂ©tĂ© s’est reconstruite sur de nouvelles bases et de nouvelles rĂšgles. J’ai Ă©tĂ© trĂšs amusĂ©e par le fait que la nouvelle monnaie devient le CD ! Exemple, encore une fois, de l’inventivitĂ© de l’auteur. Par ailleurs, les diffĂ©rentes rĂ©fĂ©rences Ă  la culture populaire et les vibes Ă  la Supernatural m’ont beaucoup plu.

Donc, encore et toujours, je vous recommande les romans d’Ariel Holzl, auteur qui sait se renouveler et nous offrir de belles histoires Ă  chaque fois !

Sirem et l’oiseau maudit, Yasmine Djebel

Tout ce qui est perdu n’est pas vouĂ© Ă  ĂȘtre retrouvé  (…) Mais tout ce qui disparaĂźt n’est pas forcĂ©ment perdu.

Si tu poursuis ta quĂȘte, par trois fois, tu retrouveras ce que tu as perdu.
Une flamme brûlera pour toi dans un écrin de cuivre.
Un esprit brillant et une lame oubliĂ©e empĂȘcheront tes fantĂŽmes de crier victoire.
Ainsi l’éclat d’une reine renaĂźtra grĂące au nom d’une Ă©toile.
Mais méfie-toi des combats de fumée.
Autrement, seule la mort triomphera à lumiùre de l’Astre trahi.


Ce roman m’a attirĂ© dĂšs sa promotion par Rageot et par Bookstagram. Un roman de Fantasy sur mes origines et Ă©crit par une autrice francophone Ă©tait justement ce que je cherchais depuis un moment, sans grand succĂšs. J’ai donc suivi la sortie de ce roman de prĂšs et c’est Ă  l’annonce de la prĂ©sence de Yasmine Djebel Ă  Ouest hurlant que je me suis procurĂ©e Sirem et l’oiseau maudit. Vous m’accompagnez Ă  la rencontre de Sirem?

La premiĂšre chose que j’ai envie de dire Ă  ce roman et cette autrice c’est : merci. Merci pour ce voyage dans un monde qui baigne dans ma culture, merci pour ces personnages si familiers, si proches de moi. Merci de m’offrir le sentiment d’ĂȘtre vue, d’ĂȘtre reprĂ©sentĂ©e.

Ce n’est gĂ©nĂ©ralement pas un obstacle Ă  ma lecture, de ne pas ĂȘtre reprĂ©sentĂ©e en tant que femme arabe et berbĂšre. Si vous me suivez depuis un moment, vous savez que je trouve souvent des points communs entre les personnages et moi-mĂȘme, que je peux me sentir proche d’eux malgrĂ© la diffĂ©rence de genre, d’ñge, de culture
 Mais c’est tout de mĂȘme un sentiment tout Ă  fait unique que de voir un personnage aussi proche physiquement et culturellement de soi. Surtout quand ce personnage est aussi touchant que l’est Sirem. Cette jeune fille, orpheline, effrayĂ©e, seule, trouve la force et le courage de se lancer Ă  la rescousse de son pĂšre adoptif, son protecteur. Elle se sent lĂąche lĂ  oĂč elle fait preuve d’une immense force morale.

Les autres personnages sont attachants : Tanit avec son sarcasme et sa tĂ©nacitĂ©, Kamil avec son excentricitĂ© si sincĂšre et son humour, Nadjim avec sa bonne humeur et son espiĂšglerie
 Chacun a son caractĂšre, son charme. J’ai Ă©galement beaucoup apprĂ©ciĂ© Ziri et Nora, les deux seuls Ă  avoir recueilli Sirem quand tout le monde l’a exclue.

L’histoire est classique, une quĂȘte afin de lever une malĂ©diction, mais baignĂ©e dans une culture qui sort du carcan occidental et qui offre un vent de fraĂźcheur au genre. J’ai aimĂ© retrouver des mots de la langue arabe, les vĂȘtements typiques, les tatouages, que j’ai dĂ©jĂ  rencontrĂ©s dans mon entourage mais dont je ne connaissais pas spĂ©cialement le symbolisme, mais aussi la cuisine (les crĂȘpes fourrĂ©es ♄)
 La mythologie de l’univers, fondĂ©e sur les Astres, rappelle aussi l’importance de la lune et des Ă©toiles dans les pays arabo-berbĂšres.

Mais tout en Ă©tant typique de la culture arabo-berbĂšre, le gros point fort de Yasmine Djebel et de son univers, c’est de ne pas tomber dans le clichĂ©. Les personnages ne sont pas des caricatures, il y a une vraie profondeur de la culture dans l’univers et l’histoire ne repose pas uniquement sur cela. Sirem et l’oiseau maudit est une belle histoire qui parle d’espoir, de rĂ©demption, de tolĂ©rance.

Je recommande donc fortement les aventures de Sirem et sa fine Ă©quipe si vous recherchez un bel univers de Fantasy jeunesse immersif Ă  l’univers travaillĂ© et riche.