Steam Sailors, E.S. Green

Tu penses sûrement que la confiance est un mot curieux pour parler d’une bande de criminels, mais un serment de pirate est ce qu’il existe de plus sacré et respectable pour ceux qui s’y soumettent.

“Quatre siècles après la Grande-Fracture, les habitants du Bas-Monde traversent une ère obscure et rétrograde, tandis que le Haut-Monde, figé depuis l’extinction des Alchimistes, demeure inaccessible et fait l’objet de tous les fantasmes.
Originaire du Bas-Monde, Prudence vit en paria car elle voit l’avenir en rêves.
Une nuit, son village est attaqué par des pirates du ciel. Enlevée et enrôlée de force à bord de L’Héliotrope, un navire volant à la sinistre réputation, la jeune orpheline découvre un nouvel univers, celui du ciel et de ses pirates. Prudence fait la connaissance des membres de l’équipage, qui ne tardent pas à lui révéler leur secret : ils détiennent un indice, menant à une série de « clefs » disséminées dans le monde qui permettrait de retrouver la cité des Alchimistes…”


Au moment où j’écris ces mots, je viens tout juste de reposer le troisième tome de cette trilogie. Et je me rend compte qu’à part quelques stories sur Instagram, je ne vous ai jamais parlé de cette incroyable lecture qu’a été Steam Sailors. Alors on prépare son sac, on n’oublie pas le nécessaire et on embarque dans cet univers de ce pas !

Par où commencer ? Car oui, c’est toujours le souci avec mes coups de cœur, c’est que je les dévore, j’en pleure, j’en ris, j’en fais des petits êtres au fond de mon cœur et je tanne absolument tout mon entourage à leur propos (sorry not sorry, c’est pour la bonne cause), mais impossible de me poser et d’en parler de manière construite et cohérente.

Je pourrais peut-être commencer par la couverture ? Car, il faut l’avouer, c’est là que l’histoire d’amour à commencer. Cette incroyable couverture bleue au graphisme magnifique, à la police enchanteresse et au titre lui-même qui promet un monde pirate comme je les aime.

D’ailleurs, parlons de ces pirates. Cette bande de forbans qu’est l’équipage de l’Héliotrope, que l’on rencontre en même temps que Prudence, jeune fille venue du Bas-Monde qui se retrouve embarquée par hasard. Par hasard ? Par destin peut-être. Parce que oui, Prudence est destinée à entrer dans la famille de l’Héliotrope, à rencontrer le mystérieux capitaine Mousquet, l’impétueux Ezekiel, l’intimidant Petrus, Gareth le protecteur, Sergei le papa poule de l’équipage. Un équipage haut en couleurs, intrépides, redoutables mais brillants, honorables et solidaires. Elle en deviendra la médecin mais aussi la petite protégée de cet équipage réputé dans tout le Haut-Monde.

Très bien, ne me dis rien, dit-il en descendant de la table. Mais ici, tu es sur un navire de pirates, découvrir les secrets est notre métier. Tôt ou tard, nous percerons le tien. Avant de sortir, il la salua en inclinant la tête. – À propos, Miss, bienvenue à bord de L’Héliotrope !

Ensemble, ils vivront donc des aventures rocambolesques, à la poursuite d’une Cité Impossible, d’alchimistes perdus depuis des siècles et d’une magie ancestrale. Ils devront faire face à la flotte de Port Régal et à bien d’autres dangers encore, se retrouvant finalement à devoir se battre pour sauver leur monde.

Je ne saurais vous en dire plus quant à l’intrigue, de peur de vous spoiler l’un des tomes, mais je peux par contre vous parler de la plume d’E.S. Green qui se marie parfaitement à son univers si particulier peuplé de magie, d’alchimie, de mécanique, le tout dans un vocabulaire pirate et maritime riche. C’est entraînant, inventif, au point de ne plus vouloir lâcher sa lecture et d’en vouloir encore une fois terminer. Les trois tomes sont bien ficelés, on fait chaque fois la connaissance de personnages intéressants et attachants qu’on ne veut plus voir partir.

En vivant avec les pirates, j’ai découvert le libre arbitre, continua Prudence. J’ai connu l’équité, et le droit à la différence.

C’est donc sur ces mots que je vous conseille du fond de mon petit cœur de pirate, cette incroyable aventure au bord de l’Héliotrope, guidé par une main de maitre qu’est la plume d’E.S. Green. Embarquez, vous ne serez pas déçu.

Les royaumes immobiles, tome 1 : La princesse sans visage, Ariel Holzl

– […] Comment avez-vous survécu ?
– Comme tout le monde. Un jour après l’autre. On peut s’habituer à tout, vous savez.

Dans les Royaumes Immobiles, l’existence est contrôlée par quatre monarques. Sans eux, la réalité serait réduite à un flot d’énergie magique et chaotique. Or le trône d’Automne, vacant depuis trop longtemps, menace cet équilibre: il faut lancer un nouveau sacre. Sept jeunes femmes peuvent y prétendre. La compétition sera sans pitié. Ivy est candidate malgré elle. A 18 ans elle a passé toute sa vie cachée derrière les murs de son manoir et les parois de son masque.
Elle est une « Belle à Mourir »: quiconque voit sont visage est pris de folie meurtrière ou suicidaire. Propulsée dans le monde des Sidhes, la noblesse des feys, au cœur de manigances qui la dépassent, elle va devoir puiser dans ses ressources pour survivre. Un chemin qui la mènera bien plus loin qu’elle ne l’aurait imaginé.


Comme toujours, c’est sans peur que je me lance dans un roman écrit par Ariel Holzl. Quelle joie de voir celui-ci faire l’unanimité sur les réseaux sociaux, de voir cet auteur talentueux avoir la reconnaissance qu’il mérite ! C’est donc avec grand plaisir que j’ai plongé dans les aventures d’Ivalie de Mystfall. Vous me suivez ?

Nouveau roman, nouvelle narration. C’est l’une des choses que j’apprécie le plus chez cet auteur : chaque roman a sa voix propre, son style et par conséquent, son univers. Ici c’est celui d’Ivalie de Mystfall, une princesse bâtarde candide et naïve, qui jure dans l’Outremonde connu pour sa brutalité et son intransigeance. J’avoue avoir eu un peu peur de ne pas m’attacher à ce personnage qui semble cocher toutes les cases du stéréotype de la jeune fille douce et candide. Et pourtant, c’est ce qui fait sa force et son originalité dans cet univers si particulier des feys. Persévérante et courageuse, j’ai admiré son attachement sans faille à ses principes et ses valeurs.

Les autres personnages se sont également révélés haut en couleur, avec chacun une personnalité propre et complexe que j’ai beaucoup apprécié de découvrir. Le concept du Sacre des Saisons, que l’on pourrait, à tort, croire prévisible, s’avère beaucoup de surprises et entraîne le lecteur dans un rythme de lecture qui ne lui permet pas de s’ennuyer. En effet, les rebondissements, présents sans en faire trop, créent un effet d’attente et de surprise, qui garde le lecteur en alerte tout au long du roman.

C’est donc pleinement satisfaite de ce nouveau roman signé par Ariel Holzl que je m’en vais attendre avec impatience la suite !

Les Odyssées, tome 2, Laure Grandbesançon

Je peux vous raconter mon histoire, mais par où commencer ? Accrochez vos sandales, ça va décoiffer !

Un livre inspirant pour les enfants !
​Des mythes et légendes racontés par l’autrice des Odyssées de France Inter magnifiquement illustrés, complétés d’un cahier documentaire…
L’Iliade : au coeur de la terrible Guerre de Troie
L’Odyssée : l’aventure incroyable d’Ulysse rentrant à Ihaque
La légende du Roi Arthur : au royaume de Logres, la couronne est menacée
Robinson Crusoé : le destin extraordinaire d’un homme sur une île déserte.


J’ai beaucoup apprécié me replonger dans ces classiques de la littérature, avec une écriture pleine d’humour qui ajoute une touche de modernité. Cela permet de rapprocher ces textes complexes de la jeunesse qui les découvre pour la première fois peut-être.

Les illustrations sont toutes très belles, j’ai aimé voir le changement de typographie et d’illustration en fonction des différentes œuvres présentées.

Nous suivons donc avec humour la colère d’Achille dans l‘Iliade et les aventures merveilleuses d’Ulysse durant son voyage de retour a Ithaque dans l’Odyssée. En tant que Lettres Classiques, je n’ai pas pu m’empêcher de voir les petites ellipses mais qui restent pertinentes au vu du public visé (et puis bon, ce sont de longues œuvres !). J’ai pu découvrir pour la première fois l’intrigue complète de Robinson Crusoé, ce que j’ai beaucoup apprécié ! Il y avait plein d’éléments que je ne connaissais pas donc cela a été pour moi l’occasion d’en apprendre davantage. Et enfin, l’histoire du roi Arthur, qui fait écho à mon œuvre au programme cette année !

Le petit dossier sur chaque œuvre a la fin permet une ouverture sur les textes originaux ainsi que sur les différentes histoires dans le même univers, ce que je trouve très chouette !

En résumé, ce livre est une très belle découverte qui permet la présentation de mythes et récits légendaires avec une touche d’humour pour petits et grands !

Les Héritiers de Brisaine, tome 2 : La cour du Clair-Obscur, David Bry

Nous sommes tes amis, insiste Enguerrand, et les amis des Cours.

Aventure, magie, frissons, créatures fantastiques…une série de fantasy adaptée aux 9-12
Enguerrand, Grégoire et Aliénor enquêtent sur les dangereux personnages masqués qui fouillent le Bois d’Ombres, à la recherche des Clés ouvrant le Cœur de toutes les légendes.
Les trois amis apprennent l’existence de la Cour du Clair-Obscur, constituée des traitres des deux autres Cours.
Aidé de Lusin le gnome, Enguerrand, Aliénor et Grégoire doivent à tout prix retrouver la Clé des Sources pour la mettre à l’abri. Mais Gauthier, leur ennemi juré, risque de leur compliquer la tâche !
Les enfants réussiront-ils à sauver la Clé des sorciers maléfiques ?


Encore un très beau tome ! David Bry ne cesse de m’émerveiller avec des romans qui me font voyager en compagnie de personnages attachants.

Le livre en lui-même est un bel objet avec de belles illustrations (la couverture ♥) et un beau texte qui souligne des personnages attendrissants et une intrigue qui captive. J’aime beaucoup l’ambiance ainsi que l’univers de légende et de magie qui se dégage de ce roman pour jeunesse.

On continue notre petite aventure avec nos trois compagnons à la recherche des Clés ouvrant le Cœur de toutes les légendes afin de les protéger de la Cour du Clair-Obscur que l’on découvre dans ce tome. Le tout commence à prendre un tournant plus enfiévré, les enjeux se font plus grands et la tension monte.

Je le trouve un peu trop court à mon goût d’ailleurs, j’aurais aimé un peu plus de temps avec les personnages et une intrigue un peu plus longue mais il reste parfait pour le public ciblé initialement. J’ai profité du salon du livre pour me procurer la suite que j’ai vraiment hâte de commencer, que l’auteur m’a promis d’être fort en rebondissements !

Gallant, V.E. Schwab

Toute chose projette une ombre. Même notre monde. Et pour chaque ombre, il existe un endroit où elle doit prendre sa source.

Toute petite, Olivia Prior a été déposée sur les marches de l’orphelinat où elle vit désormais. Incapable de parler, elle n’en sait pas moins se faire respecter des autres pensionnaires. De sa mère, il ne lui reste plus qu’un journal intime relié de cuir, plein de dessins étranges et marqué par la folie, dont les derniers mots sont : « Tu seras à l’abri tant que tu ne t’approcheras pas de Gallant. »
Mais la jeune fille ne rêve que d’une chose : avoir, un jour, une famille. Alors, quand elle apprend que son oncle l’a enfin retrouvée et l’invite à venir vivre dans le domaine familial de Gallant, Olivia n’hésite pas une seule seconde. Sur place, elle ne trouve que deux domestiques et un cousin, Matthew – qui, de toute évidence, ne veut pas d’elle. Elle découvre surtout que son oncle est mort et enterré depuis plusieurs mois déjà… Elle remarque enfin que tous les habitants du manoir semblent éviter comme la peste le mur qui s’élève derrière la propriété, au milieu d’une nature luxuriante. Quel mal se dresse là, au fond de ce jardin niché au bout du monde ? Qu’est-il vraiment arrivé à la mère d’Olivia, toutes ces années plus tôt ?


Encore un V.E. Schwab, encore un coup de cœur. Je ne devrais plus être étonnée par l’effet qu’ont ses livres sur moi et pourtant… Quelle surprenante lecture !

Gallant nous plonge en plein cœur de ce manoir si énigmatique et des secrets qu’il garde enfermés dans son jardin, à travers une étrange porte dans un mur solitaire. Tout comme Olivia, on est captivé par cet endroit étrange, aux relents mystérieux et dangereux qui peuplent tous les recoins obscurs.

On choisit l’endroit où l’on se sent chez soi.

Olivia Prior, jeune orpheline en quête d’une famille, a su me prendre par la main et me guider dans son univers muet plein de bruits, son monde dessiné au crayon noir, à la rencontre de la douceur mais intransigeante Hannah, du fidèle Edgar et du tempétueux Matthew. Mais surtout, à la rencontre de l’histoire de ses parents et de la famille Prior. Car c’est bien ce qui est au cœur de ce roman : le retour d’Olivia chez elle. L’autrice nous raconte cette histoire avec beaucoup d’émotion mais aussi de suspense. Moi qui n’avais pas réussi à lire un livre d’une traite depuis des mois, il m’a été difficile de lâcher celui-ci. J’y ai passé des après-midis, des soirées dans mon lit, sous la couette, à dévorer les pages de ce roman avec une avide curiosité. C’est un roman étrange et pourtant familier si l’on a déjà lu des romans de l’autrice. La patte est là, l’émotion aussi, et pourtant, tout est nouveau encore une fois.

Je ne peux pas vous en dire plus sur l’intrigue en elle-même car ce serait vous gâcher tout le plaisir de ce roman qui sent bon le secret et le mystère. En revanche, je peux vous dire que si vous cherchez un roman que même l’autrice ne saurait décrire tellement il est étrange, spécial et pourtant, si parfaitement lui-même, Gallant est celui qu’il vous faut.

Meute, Karine Rennberg

La flamme au fond de ton esprit t’entoure, et l’ambre mausolée, ambre éternité, ambre amulette s’érige tout autour de toi.

J’ai toujours aimé les histoires de loups. En tant que mon animal préféré, le loup a toujours été un élément qui faisait pencher la balance dans mon choix de lecture. Et cela m’a rarement déçue : je suis tombée sous le charme des Loups de Mercy Falls de Maggie Stiefvater, des loups dans la série Mercy Thompson et aujourd’hui, sous celui de Meute de Karine Kennberg.

La première chose qui m’a frappé dans ce roman, comme un peu tout le monde je pense, c’est sa narration. L’usage de la deuxième personne du singulier est assez rare dans mes habitudes de lecture. J’ai tendance à préférer une narration à la troisième personne et je suis un peu gênée par les autres. Or, ici, la deuxième personne est parfaitement à sa place. Agréablement surprise, cela m’a d’autant plus ouvert à cet univers que nous offre ce roman si beau, qui mélange avec finesse la douceur et la violence. Tout est dans l’ambiance, l’atmosphère, mais aussi dans les personnages et leurs relations. L’autrice nous narre l’histoire de personnages complexes, originaux, vivants et réalistes. J’ai eu un énorme coup de cœur pour les trois personnages principaux : l’adorable et déchirant petit Calame, le vaillant et protecteur Val et l’impétueux Nath. Il s’avère que j’ai néanmoins une petite préférence pour le dernier dont le côté perdu, frustré qui le pousse à la colère et la violence m’a énormément touché. Nath est un personnage qui veut faire de son mieux. C’est un homme qui veut tout faire et tout bien faire sinon rien. Et c’est ce que j’admire chez ce personnage qui nage contre le courant, qui s’acharne à vouloir tout gérer tout seul, tout encaisser, même quand il a des gens sur qui compter comme Val, l’ami fidèle et protecteur, ou encore Enzo, l’amant patient et confiant. Mais comment ne pas se donner à fond quand on doit protéger quelqu’un comme Calame ? Cet incroyable bout de chou dont la maltraitance a fait des dégâts proches de l’irrémédiable, qui voit la vie et les gens en palette de couleurs, qui aime le chocolat chaud et les gâteaux et qui refuse d’affronter le monde extérieur. A la découverte de ce personnage, une bouffée de tendresse et d’élan protecteur m’a traversé à son égard, tout comme Nath.

Je pourrais encore discourir longuement sur ces personnages, notamment Val dont je parle peu mais qui apporte tellement à ce roman et ses autres personnages. Val qui est présent, souvent dans l’ombre, mais toujours là quand on en a besoin. Mais je vais plutôt vous laisser les découvrir à travers la plume de Karine, bien plus belle et forte que la mienne, et vous parler un peu plus de l’intrigue. Intrigue qui ne cesse de monter en tension à chaque changement de point de vue, créant des effets d’attente qui nous empêche de reposer le roman. On suit en effet la difficulté de Nath à trouver un équilibre dans sa vie quand Calame y entre de manière fracassante. Loup solitaire et violent, plongé en plein cœur d’un monde de gang et de tournois de combat, le voilà en charge d’un petit louveteau traumatisé aux portes de la mort.

Vous en dire plus serait vous gâcher la lecture de ce roman si atypique et incroyablement bien écrit. Je vous laisse donc ici sur une dernière chose : lisez Meute.

Les Tisseurs de rêves, Manon Fargetton

« Tu vois ? La musique est vivante ! Il faut l’aider à déployer ses ailes, pas l’enfermer dans une prison trop étroite ! »

Manel est une Tisseur de rêves.

Grâce à son violon, elle modifie la réalité.

Mais son pouvoir suffira-t-il à repousser les cauchemars qui déferlent sur l’école ?


Aujourd’hui j’avais envie de vous parler d’un très sympathique roman fantastique jeunesse écrit par Manon Fargetton, que je connais principalement pour ses romans Fantasy adulte.

Nous suivons dans ce premier tome, Manel, petite fille violoniste et perfectionniste qui, accompagnée de ses amis, doit lutter contre les cauchemars qui s’abattent sur son école. Manel est un personnage très attachant, une petite fille qui subit une grande pression, ce qui permet un aperçu d’une relation intrafamiliale assez rare en littérature jeunesse mais très juste et réaliste, que j’ai trouvée très bien exploitée. C’est un roman court, que j’ai dévoré avec beaucoup de joie, captivé par les aventures rocambolesques de ce quatuor d’amis. Les différents pouvoirs sont originaux et correspondent aux personnalités de chaque personnage.

Donc si vous cherchez une lecture jeunesse sympathique à lire d’une traite, ce livre est fait pour vous !

Le chant des Géants, David Bry

« La magie, c’est parler à l’oreille de géants endormis. »

Entrez, entrez.
Asseyez-vous, n’ayez pas peur. Il reste de la place, là, au fond, près de la cheminée.
Oui. C’est bien. Très bien. Commandez des bières, des pommes braisées, ce que vous voudrez, mais faites vite. Vous autres, dans la paille, rapprochez-vous, calez-vous
contre les murs, les tonneaux, les pieds des tables.
Voilà…
Le feu ronfle, les bûches craquent. La nuit est tombée. Les marmites sont vidées.
Laissez-vous aller. Fermez les yeux. Juste un peu.
Et écoutez-moi.
Je vais vous raconter une histoire.
Celle de notre île d’Oestant où dorment trois géants : Baile, aux rêves de mort et de musique, Leborcham, mère du brouillard, des collines et des plaines, et enfin le puissant Fraech aux songes de gloire et de batailles.
Je vais vous parler de guerres, d’amour et de trahisons, de cris, de sang et de larmes.
Je vais vous parler de grands espoirs, de ce qui est vain. De ce qui meurt.
Alors, fermez les yeux.
Laissez-vous aller.
Voilà.
Mon histoire commence sur la lande, en bord de mer, dans le château de l’étrange roi Lothar.


Sans doute le roman que j’attendais le plus cette année. J’ai été intriguée par les quelques lignes que David Bry a semées sur ses réseaux sociaux durant l’écriture et le travail éditorial des éditions HSN a achevé de me convaincre avec sa couverture magnifique. Sitôt acheté, sitôt lu (ou presque). Et comme chaque roman de David Bry, il a été un coup de cœur.

Comme toujours, l’écriture de l’auteur a pour moi cet effet magique de me porter dans son univers tragique, poétique où les personnages font face à leur destin, l’épée au clair. Ici ce sont deux frères qui s’affrontent selon les rêves des Géants, sous la menace de la brumenuit qui engloutit peu à peu leur monde. Une lutte sanguinaire, épique, tragique qui emprunte tout aussi bien à la tragédie antique qu’à la littérature médiévale. Des personnages hantés, empreints de doutes et de remords, des personnages humains et légendaires, dont on racontera l’histoire jusqu’à la fin des temps.
Je ne saurais vous en dire plus de peur de vous gâcher l’incroyable conte qu’est ce roman. Je vais donc m’arrêter sur ces quelques lignes et vous dire une dernière chose : lisez-le. Et à l’auteur : merci pour ce nouveau coup au cœur.

Royaume de Vent et de Colères, Jean-Laurent Del Socorro

« Le consul est bientôt échec et mat. Il est trop tard maintenant pour changer le cours de la partie. Toi, moi, Casaulx : nous avons tous été manipulés depuis le début de cette histoire.

Mais bourreau, sais-tu ce qui me différencie du consul ? Il n’est qu’un fou condamné à rebondir en vain sur les bords du plateau jusqu’à ce qu’une pièce adverse l’élimine. Je ne suis qu’un simple pion sacrifiable – mais qui pourrait un jour devenir une reine s’il parvenait à atteindre le bord adverse de l’échiquier. »

En 1596, deux ans avant l’édit de Nantes qui met fin aux guerres de Religion, Marseille la catholique s’oppose à Henri IV, l’ancien protestant. Une rébellion, une indépendance que ne peut tolérer le roi.

 

À La Roue de Fortune se croisent des passés que l’on cherche à fuir et des avenirs incertains : un chevalier usé et reconverti, une vieille femme qui dirige la guilde des assassins, un couple de magiciens amoureux et en fuite, et la patronne, ancienne mercenaire qui s’essaie à un métier sans arme.

Les pions sont en place.

Le mistral se lève.

 

La pièce peut commencer.


Je suis tombée sous le charme de la plume de Jean-Laurent Del Socorro grâce à la lecture de Boudicca. Alors quand les éditions ActuSF m’ont de nouveau proposé cet auteur, je n’ai pas hésité. Et encore une fois, je les remercie car cela a été une très belle découverte.

 

L’auteur semble avoir un penchant prononcé pour la Fantasy historique car, cette fois, nous sommes plongés en pleine guerre de Religion, 1596, à Marseille. Cette histoire croise et entrecroise les destins de cinq personnages principaux dont dépend le sort de la ville, qui subit les assauts du roi Henri IV.

J’ai beaucoup aimé la manière dont la narration est construite, des points de vue différents par chapitre qui se répondent. J’ai particulièrement aimé le fait que le style changeait en fonction du point de vue, notamment celui de Silas, ce que je trouve vraiment ingénieux.

J’ai été totalement happée par le récit des personnages et de leur destin qui se jouent sous nos yeux captivés. La plume poétique de l’auteur m’a embarqué dans cette guerre politique et religieuse que je ne connaissais pratiquement pas, mêlée à une touche de magie et bien sûr, de l’humour. De nombreuses thématiques sont également abordées, comme la maternité, la vieillesse, l’homosexualité… Le tout avec justesse et talent.

L’histoire, mêlant le présent et le passé des personnages, est passionnante, j’ai vraiment été prise d’affection pour eux et je les ai suivi avec grand plaisir et curiosité.

 

Pour conclure, ce fut une très belle et captivante lecture et je vais me laisser tenter sans hésitation par le roman dans le même univers : Du roi je serai l’assassin.

Opération Pantalon, Cat Clarke

« On devrait être libres de porter les habits qui expriment qui nous sommes. »

L’uniforme, oui ! La jupe, non ! Liberté, égalité, pantalon !

 

Liv (ne l’appelez pas Olivia, il déteste ça) sait depuis toujours qu’il est un garçon et non une fille, mais le règlement très strict de son collège en matière d’uniforme lui interdit de porter un pantalon. Il lui faudra donc porter des jupes.

 

Commence alors l’Opération Pantalon. La seule manière pour Liv d’obtenir ce qu’il veut, c’est de mener la bataille lui-même. Et il ne compte pas seulement changer les règles : il veut changer sa vie, un combat loin d’être gagné d’avance !


J’ai toujours beaucoup aimé les romans YA de Cat Clarke. Je les trouve captivants, le traitement psychologique des personnages est incroyable et j’aime énormément sa plume. Alors quand la Collection R a publié son roman jeunesse, il m’a tout de suite tenté.

Ce roman a beau avoir été publié dans une catégorie jeunesse, je l’ai trouvé tout aussi mature et réfléchie que les autres romans YA de l’autrice, même si bien moins sombre que les précédents. Cette histoire traite d’un sujet très important, le transgenre, dont je n’ai que très peu de savoirs à ce sujet. Je ne peux donc pas me permettre de dire si l’autrice traite bien ou non ce sujet mais je peux vous dire en tout cas que je me suis attachée au personnage de Liv ainsi que celui de Jacob, son nouvel ami, ou encore Enzo, le petit frère de Liv.

Son combat contre l’obligation du port de la jupe pour les filles peut paraître au premier abord un peu puéril, comme beaucoup de personnages peuvent le penser, mais la manière dont cela lui tient à cœur, ce que cela soulève comme problème dans notre société s’avère finalement très important.

J’ai également beaucoup aimé la relation qu’entretient Liv avec ses deux mamans et son petit frère. C’est un lien fort, c’est une belle famille pleine d’amour et de soutien.

Pour conclure, ce fut une très belle découverte, un roman qui explore des sujets très importants avec bienveillance et une volonté d’ouvrir les yeux sur des problématiques de société.