Diluées, Collectif

– J’étais shootée quand j’ai écris les paroles.
– Shootée ou inspirée ?
– Est-ce si différent ?

Te souviendras-tu de moi et de tous ces jours où la passion a triomphé ? J’ai pris toutes les formes et ai voyagé à toutes les époques. J’ai exploré toutes les régions, tous les silhouettes. Je suis changeant, mobile, fluide et langoureux. Les amours qui m’honorent sont diverses, elles l’ont toujours été. Laisse-moi te guider au creux de mes souvenirs, prends les formes que j’ai prises, salue les corps que j’ai enlacés. Me suivras-tu à ton tour ? Me rencontreras-tu dans cette vie-là ?


Un recueil de nouvelles assez étrange et original, qui nous a donné l’idée suivante :

une chronique exquise ! Et pour l’occasion, nous avons sorti nos couleurs préférées, Nawal le bleu, et Cassie le violet.

On remercie à cette occasion ActuSF pour l’envoi de cette oeuvre qui nous a charmé l’une et l’autre, et on espère que notre avis vous plaira.

Ereshkigal – Morgane Stankiewiez

Une nouvelle assez particulière, de la SF, ce qui n’est pas mon genre de prédilection ordinairement.

Et pourtant, l’ambiance si étrange m’a vite convaincue, avec cet univers sale, glauque, et en même temps trop aseptisé.

Le personnage, auquel on a un peu de mal à s’attacher au début, nous séduit peu à peu au fil de son étrange pérégrination.

Et quelle pérégrination ! Une catabase, rien de moins, une belle réécriture de ce topos de la littérature antique.

Topos littéraire antique qui invoque un mythe mésopotamien, d’Ishtar et d’Ereshkigal, deux sœurs rivales.

Bref, nos petits coeurs de Lettres Classiques sont comblés. D’autant plus qu’elle permet un renouveau, une redécouverte du soi : Anna se défait de ce qui la retenait attachée aux cieux, et ce n’est qu’une fois ce passage achevé, qu’elle peut redécouvrir qui elle est, qui elle veut être.

Couleur d’écume – Morgan of Glencoe

Des pirates ! Et des pirates écrites par Morgan of Glencoe ! Comment ne pas tomber amoureuse de ces reines de la mer portées par la plume d’une autrice talentueuse au langage fleuri ?

Impossible en effet, d’autant qu’elle sait manipuler ses personnages avec brio pour nous faire vivre à travers eux. Nous sommes totalement immergées et les sensations vécues par les protagonistes nous arrivent en plein visage, comme la mer se fracassant sur une falaise.

Que rajouter de plus ? Des personnages avec du caractère, des sensations qui prennent aux tripes, une intrigue qu’on ne veut pas quitter, le tout dans une plume térébrante.

Voeux électriques – Karine Rennberg

Nawal me tannait pour lire Meute, me vantant les mérites de la plume de l’autrice… Eh bah je comprends bien mieux maintenant. La narration, cette 3ème personne qui s’adresse au lecteur, qui virevolte dans l’intrigue… C’est tout simplement électrisant.

Aussi électrisant que ce que partagent les personnages entre elles. Cette divinité qui se propage autant dans la narration que dans l’air et les corps, nous guide à travers l’histoire de beaux personnages auxquels on s’attache énormément.

Elles sont si différentes, et pourtant si semblables. L’une est ingénieure dans l’âme, l’autre a soif de connaissances. Elles s’aiment, semblablement, elles s’aiment, différemment.

Bouches d’Incendie – Cordélia

Ah, le personnage de Sam… Un véritable coup de coeur. Sa fragilité, sa détermination, l’eau qui éclate de la bouche d’incendie.

Cette eau qui revient d’ailleurs sans cesse, tel le fil d’Ariane à travers le labyrinthe, et qui relie nos personnages entre eux. Sam donc, avec sa vulnérabilité et son authenticité, frappe en plein coeur.

C’est une lecture qui reste par couleurs, par impression, par son protagoniste principal. Plus que l’intrigue, c’est bien tout cela qui m’a charmée.

Vielles connaissances – Nadège Da Rocha

Des chevaleresses ! Et des chevaleresses qui n’ont pas leur langue dans leur poche si je puis me permettre !

Quel plaisir de lire une histoire qui met en scène des femmes fortes, indépendantes, et qui pourtant ne sont pas du tout semblables. Quel plaisir également que de voir des protagonistes âgées, dont l’heure de gloire a sonné depuis longtemps !

Mais cela ne les arrête pourtant pas, les personnages restant pleine de courage et de vaillance. Ce qui m’a le plus touchée reste la certaine vulnérabilité Viviane, cachée derrière un caractère bien trempé et une personnalité bornée.

J’ai beaucoup apprécié cette réécriture et cette réinterprétation féminine des chevaliers de la table ronde… Viviane et Morgane ont choisi un autre chemin que celui imposé par des siècles de tradition, faisant des femmes des saintes ou des putains, sans nuances.

Alpha Beauty – Théodore Koshka

Si j’ai trouvé intéressant d’un point de vue linguistique les innovations de genres appliqué à la langue, le tableau était assez conséquent, et un peu indigeste pour qui n’est pas habitué à ce genre. J’avoue ne pas avoir dépassé celui-ci, parce que les A/B/O-verse ne sont vraiment pas ma tasse de thé, puisque je suis facilement heurtée par ce qui touche au (non)-consentement, ces univers franchissant ma limite personnelle.

Ce fut quant à moi ma première expérience de l’A/B/O-verse, qui m’a laissé assez perplexe, n’ayant vraiment pas l’habitude de ce genre de narration. J’ai été assez souvent perturbée dans ma compréhension, ce qui a rendu ma lecture assez difficile et assez peu agréable en fin de compte. Mais cela reste tout de même assez intéressant de s’ouvrir à une nouvelle forme d’écriture et de vision du monde.

Comme un soleil – J. M. Corrèze

Quelle poésie ! Cette nouvelle, splendide, nous plonge au plus profond du divin, nous donne un point de vue finalement peu exploré : celui de l’amour inconditionnel d’une divinité pour ses fidèles.

Une divinité attachante, qui voit les humains naître et mourir sans que jamais son amour ne s’amenuise.

Elle devient la voix de son peuple, celle qui se souvient d’eux, de leur épopée, de leurs innombrables traversées d’étendue d’eau, qu’elle redoute pourtant tant. C’est elle qui, en l’espace de quelque page, nous fait connaître son peuple, nous raconte son histoire, don divin de celle qui est louée et révérée par toute une civilisation.

Un recueil très intrigant, intéressant, multiple. Plus que de l’érotisme, c’est avant tout de belles photographies littéraires de ce que sont les amours, dans toutes leurs riches variétés.


Un petit ovni qui mélange les genres, des personnages divers et uniques, portés par des belles plumes own voice où chaque récit a sa petite patte.

Gallant, V.E. Schwab

Toute chose projette une ombre. Même notre monde. Et pour chaque ombre, il existe un endroit où elle doit prendre sa source.

Toute petite, Olivia Prior a été déposée sur les marches de l’orphelinat où elle vit désormais. Incapable de parler, elle n’en sait pas moins se faire respecter des autres pensionnaires. De sa mère, il ne lui reste plus qu’un journal intime relié de cuir, plein de dessins étranges et marqué par la folie, dont les derniers mots sont : « Tu seras à l’abri tant que tu ne t’approcheras pas de Gallant. »
Mais la jeune fille ne rêve que d’une chose : avoir, un jour, une famille. Alors, quand elle apprend que son oncle l’a enfin retrouvée et l’invite à venir vivre dans le domaine familial de Gallant, Olivia n’hésite pas une seule seconde. Sur place, elle ne trouve que deux domestiques et un cousin, Matthew – qui, de toute évidence, ne veut pas d’elle. Elle découvre surtout que son oncle est mort et enterré depuis plusieurs mois déjà… Elle remarque enfin que tous les habitants du manoir semblent éviter comme la peste le mur qui s’élève derrière la propriété, au milieu d’une nature luxuriante. Quel mal se dresse là, au fond de ce jardin niché au bout du monde ? Qu’est-il vraiment arrivé à la mère d’Olivia, toutes ces années plus tôt ?


Encore un V.E. Schwab, encore un coup de cœur. Je ne devrais plus être étonnée par l’effet qu’ont ses livres sur moi et pourtant… Quelle surprenante lecture !

Gallant nous plonge en plein cœur de ce manoir si énigmatique et des secrets qu’il garde enfermés dans son jardin, à travers une étrange porte dans un mur solitaire. Tout comme Olivia, on est captivé par cet endroit étrange, aux relents mystérieux et dangereux qui peuplent tous les recoins obscurs.

On choisit l’endroit où l’on se sent chez soi.

Olivia Prior, jeune orpheline en quête d’une famille, a su me prendre par la main et me guider dans son univers muet plein de bruits, son monde dessiné au crayon noir, à la rencontre de la douceur mais intransigeante Hannah, du fidèle Edgar et du tempétueux Matthew. Mais surtout, à la rencontre de l’histoire de ses parents et de la famille Prior. Car c’est bien ce qui est au cœur de ce roman : le retour d’Olivia chez elle. L’autrice nous raconte cette histoire avec beaucoup d’émotion mais aussi de suspense. Moi qui n’avais pas réussi à lire un livre d’une traite depuis des mois, il m’a été difficile de lâcher celui-ci. J’y ai passé des après-midis, des soirées dans mon lit, sous la couette, à dévorer les pages de ce roman avec une avide curiosité. C’est un roman étrange et pourtant familier si l’on a déjà lu des romans de l’autrice. La patte est là, l’émotion aussi, et pourtant, tout est nouveau encore une fois.

Je ne peux pas vous en dire plus sur l’intrigue en elle-même car ce serait vous gâcher tout le plaisir de ce roman qui sent bon le secret et le mystère. En revanche, je peux vous dire que si vous cherchez un roman que même l’autrice ne saurait décrire tellement il est étrange, spécial et pourtant, si parfaitement lui-même, Gallant est celui qu’il vous faut.

Meute, Karine Rennberg

La flamme au fond de ton esprit t’entoure, et l’ambre mausolée, ambre éternité, ambre amulette s’érige tout autour de toi.

J’ai toujours aimé les histoires de loups. En tant que mon animal préféré, le loup a toujours été un élément qui faisait pencher la balance dans mon choix de lecture. Et cela m’a rarement déçue : je suis tombée sous le charme des Loups de Mercy Falls de Maggie Stiefvater, des loups dans la série Mercy Thompson et aujourd’hui, sous celui de Meute de Karine Kennberg.

La première chose qui m’a frappé dans ce roman, comme un peu tout le monde je pense, c’est sa narration. L’usage de la deuxième personne du singulier est assez rare dans mes habitudes de lecture. J’ai tendance à préférer une narration à la troisième personne et je suis un peu gênée par les autres. Or, ici, la deuxième personne est parfaitement à sa place. Agréablement surprise, cela m’a d’autant plus ouvert à cet univers que nous offre ce roman si beau, qui mélange avec finesse la douceur et la violence. Tout est dans l’ambiance, l’atmosphère, mais aussi dans les personnages et leurs relations. L’autrice nous narre l’histoire de personnages complexes, originaux, vivants et réalistes. J’ai eu un énorme coup de cœur pour les trois personnages principaux : l’adorable et déchirant petit Calame, le vaillant et protecteur Val et l’impétueux Nath. Il s’avère que j’ai néanmoins une petite préférence pour le dernier dont le côté perdu, frustré qui le pousse à la colère et la violence m’a énormément touché. Nath est un personnage qui veut faire de son mieux. C’est un homme qui veut tout faire et tout bien faire sinon rien. Et c’est ce que j’admire chez ce personnage qui nage contre le courant, qui s’acharne à vouloir tout gérer tout seul, tout encaisser, même quand il a des gens sur qui compter comme Val, l’ami fidèle et protecteur, ou encore Enzo, l’amant patient et confiant. Mais comment ne pas se donner à fond quand on doit protéger quelqu’un comme Calame ? Cet incroyable bout de chou dont la maltraitance a fait des dégâts proches de l’irrémédiable, qui voit la vie et les gens en palette de couleurs, qui aime le chocolat chaud et les gâteaux et qui refuse d’affronter le monde extérieur. A la découverte de ce personnage, une bouffée de tendresse et d’élan protecteur m’a traversé à son égard, tout comme Nath.

Je pourrais encore discourir longuement sur ces personnages, notamment Val dont je parle peu mais qui apporte tellement à ce roman et ses autres personnages. Val qui est présent, souvent dans l’ombre, mais toujours là quand on en a besoin. Mais je vais plutôt vous laisser les découvrir à travers la plume de Karine, bien plus belle et forte que la mienne, et vous parler un peu plus de l’intrigue. Intrigue qui ne cesse de monter en tension à chaque changement de point de vue, créant des effets d’attente qui nous empêche de reposer le roman. On suit en effet la difficulté de Nath à trouver un équilibre dans sa vie quand Calame y entre de manière fracassante. Loup solitaire et violent, plongé en plein cœur d’un monde de gang et de tournois de combat, le voilà en charge d’un petit louveteau traumatisé aux portes de la mort.

Vous en dire plus serait vous gâcher la lecture de ce roman si atypique et incroyablement bien écrit. Je vous laisse donc ici sur une dernière chose : lisez Meute.

Les Tisseurs de rêves, Manon Fargetton

« Tu vois ? La musique est vivante ! Il faut l’aider à déployer ses ailes, pas l’enfermer dans une prison trop étroite ! »

Manel est une Tisseur de rêves.

Grâce à son violon, elle modifie la réalité.

Mais son pouvoir suffira-t-il à repousser les cauchemars qui déferlent sur l’école ?


Aujourd’hui j’avais envie de vous parler d’un très sympathique roman fantastique jeunesse écrit par Manon Fargetton, que je connais principalement pour ses romans Fantasy adulte.

Nous suivons dans ce premier tome, Manel, petite fille violoniste et perfectionniste qui, accompagnée de ses amis, doit lutter contre les cauchemars qui s’abattent sur son école. Manel est un personnage très attachant, une petite fille qui subit une grande pression, ce qui permet un aperçu d’une relation intrafamiliale assez rare en littérature jeunesse mais très juste et réaliste, que j’ai trouvée très bien exploitée. C’est un roman court, que j’ai dévoré avec beaucoup de joie, captivé par les aventures rocambolesques de ce quatuor d’amis. Les différents pouvoirs sont originaux et correspondent aux personnalités de chaque personnage.

Donc si vous cherchez une lecture jeunesse sympathique à lire d’une traite, ce livre est fait pour vous !

Temps Mort, Ariel Holzl

« J’ai passé l’été de mes dix-sept ans à mourir. Plus exactement à me faire tuer. »

Un roman fantastique de haute volée qui vous plonge dans les ténèbres de la ville lumière.

 

Sur les traces de son grand-oncle Théobald, Léo, 17 ans, bascule dans une fontaine des catacombes et se retrouve projeté dans une réplique négative de Paris. Auréolé d’un soleil noir, le Périmonde est un territoire où le temps n’a pas de prise et où règnent des clans aux pouvoirs puissants. Léo n’a d’autre choix que de les affronter lors de la Chasse Sauvage, une course contre la montre où tous les coups sont permis. Heureusement, l’énigmatique Alma est là pour l’aider… mais peut-il vraiment lui faire confiance ?

Encore une sortie d’Ariel Holzl que je ne pouvais pas rater, je me suis plongée dans Temps Mort avec grande joie et impatience !

Sans surprise aucune, c’est une lecture que j’ai beaucoup aimée, que ce soit pour son intrigue, son univers, ses personnages et même la plume toujours aussi drôle et innovante de l’auteur. Rien que la première page envoie du lourd avec une narration à la fois drôle et intrigante. Léo est un personnage attachant, que l’on suit avec plaisir dans ses aventures au cœur de Périmonde. J’ai beaucoup aimé sa personnalité et son histoire. Les personnages secondaires sont tout aussi intéressants, notamment Alma que j’ai apprécié.

L’univers est fascinant, j’ai aimé ce concept de monde en dehors du temps et peuplé d’êtres nous protégeant des abîmes, tout comme l’idée de maisons aux pouvoirs particuliers.

Dernier petit plus à cette histoire : la présence des langues anciennes !! En tant que Lettres Classiques, j’ai été heureuse de découvrir du latin et du grec ancien dans ce roman (et justement exploitée en plus !).

Pour conclure, c’est encore une très belle lecture passée en compagnie de la plume d’Ariel Holzl et de ses personnages si particuliers. Je recommande encore et toujours !

Bouddica, Jean Laurent Del Socorro

« Je préfère encore ma folie qui nous rêve la tête haute à ta raisonnable soumission qui nous courbe l’échine « 

Angleterre, an I. Après la Gaule, l’Empire romain entend se rendre maître de l’île de Bretagne. Pourtant la révolte gronde parmi les Celtes, avec à leur tête Boudicca, la chef du clan icène. Qui est cette reine qui va raser Londres et faire trembler l’empire des aigles jusqu’à Rome ?

À la fois amante, mère et guerrière mais avant tout femme libre au destin tragique, Boudicca est la biographie historique et onirique de celle qui incarne aujourd’hui encore la révolte.

Après Royaume de vent et de colères, premier roman très remarqué qui a reçu le prix Elbakin.net 2015, Jean-Laurent Del Socorro fait son retour avec une héroïne symbole d’insoumission…

Bouddica, parfois connue sous le nom de Bodiacé, est la reine des Icènes à l’époque de l’empereur romain Claude. Dans ce roman, on découvre cette femme depuis sa jeunesse, partant de fille du roi Antédios et des deux Andrastes à Reine des Icènes, grande et insoumise. On la suit à travers son combat contre les Aigles, à savoir les Romains, pour la liberté de son peuple.

J’ai énormément apprécié ce beau personnage qu’est Boudicca. C’est une femme valeureuse, qui impose le respect de par sa simple présence. Elle a de la prestance et intimide un peu, une figure héroïque dans toute sa splendeur. Mais plus que cela également : c’est une guerrière, une princesse, une épouse, une mère, une reine… Elle représente à elle seule plusieurs facettes de la femme, ne se cantonnant pas à une seule image fixe et c’est ce que j’ai beaucoup apprécié chez elle. Mais ce que j’admire le plus, c’est son courage, sa force et sa fierté : la femme celte qui n’a pas courbé l’échine face aux Aigles. La femme qui a relevé la tête et son bouclier, qui s’est affirmée et qui a défendu ses terres et son peuple quand tout le monde se soumettait peu à peu à l’hégémonie romaine.

La plume de l’auteur crée une ambiance qui navigue entre Histoire et mythe. C’est fluide, c’est mystique, poétique… J’ai été captivée tout du long. En tant qu’étudiante en Lettres Classiques, cela m’a fait énormément plaisir de retrouver cette époque et de découvrir une figure que je ne connaissais alors que de nom.

J’ai trouvé le récit assez court étant donné le fait que l’on retrace toute sa vie, j’aurais voulu en savoir plus. Mais finalement, l’auteur construit tellement bien sa narration que cela m’a semblé juste. Il y avait tout ce qu’il fallait, ni plus ni moins. La conclusion est magnifique quoiqu’un peu triste.

En conclusion, j’ai adoré découvrir l’histoire de Bouddica, grande reine des Icènes. Si vous ne la connaissez pas encore, c’est le moment.

Cassidy Blake, tome 2 : Plongée dans les Catacombes, V.E. Schwab

« Appeler les Tuileries un jardin, c’est comme appeler Poudlard une école. Techniquement, les termes sont corrects, mais ils ne leur rendent pas du tout justice. »

Cassidy, accompagnée de son meilleur ami Jacob, fantôme de son état, a quitté Édimbourg pour se rendre sur le prochain lieu de tournage de l’émission télévisée de ses parents : Paris ! Entre deux dégustations de viennoiseries au chocolat et de délicieux macarons, la jeune fille visite les lieux les plus emblématiques de la capitale française. Et surtout, bien sûr, les plus inquiétants – à commencer par les catacombes ! Le gigantesque cimetière souterrain, qui serpente sous les rues et les parcs de la ville, abrite des milliers d’ossements (rien que ça !) et presque autant d’âmes errantes.

Mais voilà qu’après être remontée des profondeurs de ce macabre sanctuaire, la jeune chasseuse de fantômes éprouve la désagréable impression d’être suivie. Et que penser des accidents de plus en plus fréquents qui mettent Paris sens dessus dessous ? Tout porte à croire que Cassidy a réveillé un puissant esprit frappeur qui prend un malin plaisir à semer le désordre dans le monde des vivants.

L’adolescente et ses amis sauront-ils arrêter ce spectre perturbateur avant qu’il ne sème le chaos dans toute la capitale ? Victoria Schwab poursuit avec brio la série jeunesse Cassidy Blake et s’amuse à nous faire peur en nous entraînant dans les mystérieux souterrains nichés sous les pavés parisiens. Oserez-vous franchir les portes de l’empire de la Mort ?

Je ne m’arrête jamais avec les romans de V.E. Schwab ! Je la présente comme l’une des autrices favorites et je lis assez souvent ses livres. Cette fois, je vais vous parler du tome deux de Cassidy Blake.

Cassidy est une petite fille au premier abord tout à fait normale. Elle a néanmoins la particularité d’avoir frôlé la mort et depuis, de pouvoir traverser ce qu’elle nomme le Voile, sorte de rideau entre notre monde et celui des fantômes. Elle a d’ailleurs pour meilleur ami, Jacob, le fantôme qui lui a sauvé la vie. Tous deux se retrouvent embarqués par les aventures des parents de Cassidy, qui voyagent à travers le monde pour visiter les villes les plus hantées dans le cadre d’une émission tv. Dans ce tome, les voici au cœur de Paris et notamment de ses catacombes où Cassidy va par erreur réveiller un esprit frapper, causant quelques dégâts…

J’ai beaucoup aimé déambuler dans cette ville que je connais bien. Le roman nous offre une belle visite guidée des lieux hantés de Paris. C’est également l’occasion d’en apprendre plus sur le passé de Jacob, véritable mystère depuis le début. Le côté jeunesse est rafraîchissant, cela m’a permis d’avoir un temps de lecture léger et agréable avec pourtant une intrigue et un contexte complexe et bien mené.

En bref, un nouveau coup de cœur Schwab et une furieuse envie de lire le troisième tome !

Un reflet de lune, Estelle Faye

« Sais-tu pourquoi nous racontons des histoires ? Pourquoi nous continuons, jour après jour ? Parce que les mots nous forgent et nous réconfortent, parce que les histoires nous aident à ne pas oublier nos forces. Et nos erreurs, aussi. »

Quand j’ai vu la couverture du roman sur les réseaux sociaux d’ActuSF, cela a été le coup de foudre. J’ai adoré la couleur et l’illustration de la couverture et j’ai trouvé le titre poétique. Puis j’ai lu le résumé qui m’a vendu une histoire post-apo au cœur de Paris et j’ai été définitivement hypée par ce livre.

J’ai tout de suite été attachée au personnage de Chet/Thaïs. Il est atypique, en plus de représenter la communauté transgenre, et attachant. Je pense que le mot qui le décrit le mieux serait fluide. Un personnage fluide. Fluide dans son genre, dans son orientation sexuelle, dans son errance à travers sa ville et dans son esprit… La plume de l’autrice a réussi à mimer sa personnalité très particulière et j’ai beaucoup aimé cela.

C’est également un héros de roman assez atypique dans le sens où il n’est pas proactif. Contrairement à la majorité des personnages principaux, il réagit plutôt qu’il n’agit, voyant s’abattre sur lui toutes sortes d’événements et n’ayant que rarement les moyens de s’en sortir tout seul. C’est un personnage qui se laisse emporter par le courant et je l’ai trouvé très intéressant pour cela.

Malheureusement, cela crée un petit souci vis-à-vis de l’intrigue que j’ai eu du mal à comprendre et à suivre. Peu familière avec cet univers car je n’ai pas lu Un éclat de givre, ni avec le style de l’autrice, j’ai été parfois un peu perdue et j’ai senti m’échapper des références. J’ai eu du mal à comprendre comment les différentes branches de l’intrigue s’articulaient et donc trouvé la fin un peu précipitée à mon goût. C’est, je pense, ce qui m’a le plus dérangé : ne pas être capable de suivre l’enquête, de rassembler les différents fils pour comprendre le tableau général.

Cela est tout de même resté une lecture poétique et intéressant pour la construction des différents personnages et plus particulièrement celui de Chet/ Thaïs.

Pour conclure, ce fut une lecture intéressante, principalement pour les personnages et l’univers mais un peu perturbant au niveau de l’intrigue. Je conseillerai de lire Un éclat de givre avant, même s’ils sont indépendants l’un de l’autre.

La Princesse au visage de nuit, David Bry

« Dans les bois vit

La princesse au visage de nuit,

Ses yeux sont étoiles,

Ses cheveux l’obscur.

Dans les bois gît

La princesse au visage de nuit,

Dans sa main pâle,

Meurent les cœurs purs. »

Vingt ans après avoir quitté son village natal, vingt ans après avoir essayé de trouver – en vain – la princesse au visage de nuit pour qu’elle le sauve de ses parents, Hugo revient sur les traces de son enfance.

Un étrange accident de voiture, l’orage qui gronde sans cesse, des noms d’enfants dans le vent, une mystérieuse présence dans les bois et les lucioles qui volettent, toujours. Comme avant, au temps de la princesse au visage de nuit.

Devenu adulte, Hugo ira-t-il jusqu’à la trouver ?

Il se souvient, maintenant. La tristesse de Sophie, la détresse de Pierre, les jeux dans les champs, près de la rivière, leurs rires le soir alors que la nuit tombait et menaçait de les engloutir. Il se rappelle les promesses d’enfant, le serment dans la clairière, la course dans les bois, les lucioles autour d’eux, la grotte immense et l’ombre plus grande encore ; la magie qui devait les protéger puisque rien d’autre, rien d’autre ne le pouvait.

C’est sans doute le livre que j’attendais le plus en 2020 et je remercie les éditions HSN d’avoir bien voulu me l’envoyer. Depuis ma première lecture et mon premier coup de cœur pour Que Passe l’Hiver, j’attends toujours avec impatience les sorties des romans de David Bry. Et comment vous dire que ce livre m’a littéralement hanté.

Un roman qui m’a conquis

Ce n’est généralement pas le genre de livres que j’apprécie. Les histoires qui font peur n’ont jamais été ma tasse de thé, ça me met mal à l’aise et je ne retire aucun plaisir dans le frisson de peur que certains aiment avoir devant un film d’horreur ou un livre qui fait peur. Mais là, les personnages, l’ambiance, la plume… tout était parfait. J’ai été prise dans le récit dès les premières lignes et j’ai eu beaucoup de mal à m’en détacher pour dormir ou travailler, grappillant quelques minutes entre deux cours pour lire ne serait-ce qu’un petit passage.

J’ai été bouleversé par l’histoire de Hugo. Ce passé si lourd et horrible d’enfant battu qu’il traîne avec lui, cette nuit où tout a basculé, dont il ne se souvient pas mais qui le hante, à la limite de sa conscience, m’a fait ressentir un élan de compassion et de tendresse pour ce personnage brisé. On le suit alors que son passé refait surface malgré lui, l’obligeant à y faire face, à se rappeler ses parents qui le maltraitaient, l’énigmatique et effrayante princesse au visage de nuit mais aussi la jolie petite Sophie et l’adorable petit Pierre, ses deux compagnons d’enfance sans qui il est revenu ce sinistre jour.

Un récit de légende

J’ai retrouvé cette ingéniosité dans la construction du récit qui était déjà présente dans Que Passe l’Hiver et qui m’avait conquise. L’auteur joue avec la chronologie, comme des pièces de puzzle qui s’emboîtent au fur et à mesure que l’orage gronde. Le passé et le présent se mêlent, des zones d’ombre s’éclairent à la lumière des lucioles pour ensuite s’obscurcir à l’arrivée de sombres nuages, nous plongeant dans une soif de savoir, de comprendre ce qui s’est passé cette fameuse nuit où trois petits enfants sont entrés dans la forêt et dont un seul en est ressorti.

J’ai adoré suivre l’enquête de la mort intrigante des parents de Hugo tout comme tous les événements étranges qui se sont passés avant et après ce moment et qui semble lié à la mystérieuse légende de la princesse au visage de nuit. Saint-Cyr n’est pas un village comme les autres, plongé dans une sphère de mystère et de danger mais surtout, de silence, où tout le monde comprend que quelque chose ne va pas mais dont personne n’ose parler. Personne mise à part la vieille sorcière Lisenne qui ne répond à nos questions que pour engendrer d’autres questions encore : simple légende, réalité ? Souvenir, véritable fantôme ? Accident, meurtre ? Toutes ces questions hante nos personnages et nos propres cœurs à mesure que l’intrigue suit fatalement son cours.

Des personnages à se briser le cœur

Les personnages sont brisés, désœuvrés, s’accrochant les uns aux autres avec la force du désespoir. Désespoir qui s’abat sur tout le monde comme la pluie sur tout le village. Personne n’est heureux, adultes comme enfants, ils ont tous leur casserole, leur fardeau à porter. Mais les enfants sont ceux qui m’ont le plus touché. L’indignation, la colère ne m’ont pas quitté face à chacune de leur histoire tragique. La détresse de Sophie, la tristesse de Pierre, la culpabilité et la perte que subit Anne… Tout cela m’a brisé le cœur. Heureusement, l’auteur offre une petite brise, un petit rayon de soleil d’espoir qui traverse les sombres nuages de tristesse et de désespoir, montrant qu’il est possible d’avancer, d’aller de l’avant malgré tout.

Pour conclure, ce fut un véritable coup de cœur. Ni plus ni moins. J’ai adoré la plume toujours aussi poétique de l’auteur, ces personnages aux blessures profondes, ce récit navigant entre réalité et magie… C’est à lire de toute urgence. Merci David Bry pour cette histoire.

Cuits à point, Élodie Serrano

« Sa blessure à la cuisse n’était probablement que la première d’une collection qu’elle espérait longue. »

Gauthier Guillet et Anna Cargali parcourent la France pour résoudre des mystères qui relèvent plus souvent d’arnaques que de véritables phénomènes surnaturels. Mais leur nouvelle affaire est d’un tout autre calibre : pourquoi la ville de Londres subit-elle une véritable canicule alors qu’on est en plein hiver et que le reste de l’Angleterre ploie sous la neige ? Se pourrait-il que cette fois des forces inexpliquées soient vraiment en jeu ?

Un roman fantastique dans un Londres victorien, je dis oui tout de suite ! C’est donc plein d’enthousiasme que j’ai attendu Cuits à Point dans ma boîte aux lettres et je l’ai entamé avec grand plaisir.

J’ai tout de suite apprécié le personnage d’Anna, une Italienne au sang chaud et au caractère affirmé. C’est un personnage très libre dans une société où cela n’est pas courant pour les femmes mais également quelqu’un d’intelligent, une femme de savoir et de science. J’ai donc beaucoup aimé cette touche de féminisme, cette manière dont Anna, veuve, reprend en main sa vie en se lançant dans la résolution des mystères “surnaturels” (ou plutôt d’arnaques) aux côtés de Gauthier, un démystificateur français bougon.

Le duo possède d’ailleurs une bonne dynamique. L’un à l’opposé de l’autre, leur scepticisme et leur caractère borné est ce qui les rapproche. J’ai aimé l’amitié sans ambiguïté empreinte de respect entre les deux personnages, même si Gauthier ne le montre pas toujours.

Pour ce qui est de l’intrigue, on est plongé au cœur d’une enquête pour déterminer ce qui cause une chaleur extraordinaire dans la ville de Londres, en plein milieu de l’hiver, avec pour guide et compagnon, Anton Lloyd, un confrère british qui, lui, croit dur comme fer au surnaturel. Leurs opinions divergentes les poussent à mener l’enquête en cherchant à la fois une cause scientifique et une cause surnaturelle. Mysticisme et science s’affrontent donc au fil du roman, ce que j’ai beaucoup aimé. En tant que lecteur, on ne sait qui croire et on se retrouve à enquête de concert avec cette équipe peu commune.

Si le roman est court, je n’en ai néanmoins ressenti aucun sentiment de précipitation. L’histoire et l’univers sont développés, tout comme les personnages, qui reposent certes sur des stéréotypes, mais amener avec tellement d’humour et pointé d’ironie que cela ne m’a pas beaucoup dérangé, même si j’aurais aimé un peu plus de nuances concernant les personnages ou encore un peu plus d’aperçu de leur passé.

Ce fut donc un très bon moment de lecture, divertissante et captivante, même si cela aurait mérité un peu plus d’approfondissement au niveau des personnages et de leur histoire personnelle.