Royaume de Vent et de Colères, Jean-Laurent Del Socorro

« Le consul est bientôt échec et mat. Il est trop tard maintenant pour changer le cours de la partie. Toi, moi, Casaulx : nous avons tous été manipulés depuis le début de cette histoire.

Mais bourreau, sais-tu ce qui me différencie du consul ? Il n’est qu’un fou condamné à rebondir en vain sur les bords du plateau jusqu’à ce qu’une pièce adverse l’élimine. Je ne suis qu’un simple pion sacrifiable – mais qui pourrait un jour devenir une reine s’il parvenait à atteindre le bord adverse de l’échiquier. »

En 1596, deux ans avant l’édit de Nantes qui met fin aux guerres de Religion, Marseille la catholique s’oppose à Henri IV, l’ancien protestant. Une rébellion, une indépendance que ne peut tolérer le roi.

 

À La Roue de Fortune se croisent des passés que l’on cherche à fuir et des avenirs incertains : un chevalier usé et reconverti, une vieille femme qui dirige la guilde des assassins, un couple de magiciens amoureux et en fuite, et la patronne, ancienne mercenaire qui s’essaie à un métier sans arme.

Les pions sont en place.

Le mistral se lève.

 

La pièce peut commencer.


Je suis tombée sous le charme de la plume de Jean-Laurent Del Socorro grâce à la lecture de Boudicca. Alors quand les éditions ActuSF m’ont de nouveau proposé cet auteur, je n’ai pas hésité. Et encore une fois, je les remercie car cela a été une très belle découverte.

 

L’auteur semble avoir un penchant prononcé pour la Fantasy historique car, cette fois, nous sommes plongés en pleine guerre de Religion, 1596, à Marseille. Cette histoire croise et entrecroise les destins de cinq personnages principaux dont dépend le sort de la ville, qui subit les assauts du roi Henri IV.

J’ai beaucoup aimé la manière dont la narration est construite, des points de vue différents par chapitre qui se répondent. J’ai particulièrement aimé le fait que le style changeait en fonction du point de vue, notamment celui de Silas, ce que je trouve vraiment ingénieux.

J’ai été totalement happée par le récit des personnages et de leur destin qui se jouent sous nos yeux captivés. La plume poétique de l’auteur m’a embarqué dans cette guerre politique et religieuse que je ne connaissais pratiquement pas, mêlée à une touche de magie et bien sûr, de l’humour. De nombreuses thématiques sont également abordées, comme la maternité, la vieillesse, l’homosexualité… Le tout avec justesse et talent.

L’histoire, mêlant le présent et le passé des personnages, est passionnante, j’ai vraiment été prise d’affection pour eux et je les ai suivi avec grand plaisir et curiosité.

 

Pour conclure, ce fut une très belle et captivante lecture et je vais me laisser tenter sans hésitation par le roman dans le même univers : Du roi je serai l’assassin.

Bouddica, Jean Laurent Del Socorro

« Je préfère encore ma folie qui nous rêve la tête haute à ta raisonnable soumission qui nous courbe l’échine « 

Angleterre, an I. Après la Gaule, l’Empire romain entend se rendre maître de l’île de Bretagne. Pourtant la révolte gronde parmi les Celtes, avec à leur tête Boudicca, la chef du clan icène. Qui est cette reine qui va raser Londres et faire trembler l’empire des aigles jusqu’à Rome ?

À la fois amante, mère et guerrière mais avant tout femme libre au destin tragique, Boudicca est la biographie historique et onirique de celle qui incarne aujourd’hui encore la révolte.

Après Royaume de vent et de colères, premier roman très remarqué qui a reçu le prix Elbakin.net 2015, Jean-Laurent Del Socorro fait son retour avec une héroïne symbole d’insoumission…

Bouddica, parfois connue sous le nom de Bodiacé, est la reine des Icènes à l’époque de l’empereur romain Claude. Dans ce roman, on découvre cette femme depuis sa jeunesse, partant de fille du roi Antédios et des deux Andrastes à Reine des Icènes, grande et insoumise. On la suit à travers son combat contre les Aigles, à savoir les Romains, pour la liberté de son peuple.

J’ai énormément apprécié ce beau personnage qu’est Boudicca. C’est une femme valeureuse, qui impose le respect de par sa simple présence. Elle a de la prestance et intimide un peu, une figure héroïque dans toute sa splendeur. Mais plus que cela également : c’est une guerrière, une princesse, une épouse, une mère, une reine… Elle représente à elle seule plusieurs facettes de la femme, ne se cantonnant pas à une seule image fixe et c’est ce que j’ai beaucoup apprécié chez elle. Mais ce que j’admire le plus, c’est son courage, sa force et sa fierté : la femme celte qui n’a pas courbé l’échine face aux Aigles. La femme qui a relevé la tête et son bouclier, qui s’est affirmée et qui a défendu ses terres et son peuple quand tout le monde se soumettait peu à peu à l’hégémonie romaine.

La plume de l’auteur crée une ambiance qui navigue entre Histoire et mythe. C’est fluide, c’est mystique, poétique… J’ai été captivée tout du long. En tant qu’étudiante en Lettres Classiques, cela m’a fait énormément plaisir de retrouver cette époque et de découvrir une figure que je ne connaissais alors que de nom.

J’ai trouvé le récit assez court étant donné le fait que l’on retrace toute sa vie, j’aurais voulu en savoir plus. Mais finalement, l’auteur construit tellement bien sa narration que cela m’a semblé juste. Il y avait tout ce qu’il fallait, ni plus ni moins. La conclusion est magnifique quoiqu’un peu triste.

En conclusion, j’ai adoré découvrir l’histoire de Bouddica, grande reine des Icènes. Si vous ne la connaissez pas encore, c’est le moment.

La petite communiste qui ne souriait jamais, Lola Lafon

« La seule façon d’éviter les malentendus, les interprétations, me dit-elle, c’est de ne prononcer aucun mot qui puisse être déformé. Alors je me taisais. Beaucoup. »

Présentation

Titre : La petite communiste qui ne souriait jamais

Auteure : Lola Lafon

Maison d’édition : Acte Sud

Prix : 11 euros

Nombre de pages : 318 pages

Genre : Roman

Jeux Olympiques de Montréal. 1976. La perfection se tient sous les yeux du jury de gymnastique. La perfection est divulguée par un seul être. La perfection est faite de courbes et d’arabesques, de saltos et de pointes tendues. La perfection, c’est cette jeune gymnaste, c’est cette âme âgée de quatorze ans. La perfection, c’est la petite communiste qui ne souriait jamais. La perfection, c’est Nadia Comăneci.

Mon avis

Jeux Olympiques de Montréal. 1976. La perfection se tient sous les yeux du jury de gymnastique. La perfection est divulguée par un seul être. La perfection est faite de courbes et d’arabesques, de saltos et de pointes tendues. La perfection, c’est cette jeune gymnaste, c’est cette âme âgée de quatorze ans. La perfection, c’est la petite communiste qui ne souriait jamais. La perfection, c’est Nadia Comăneci.

Mon avis : Ayant entendu parler auparavant de Nadia Comăneci, j’ai été curieuse d’ouvrir les pages de ce roman et de me plonger dans une formidable aventure.

Avant toutes choses, le roman parle de Nadia Comăneci et de son entraînement, de sa vie jusqu’à ses vingt-cinq ans. En tournant les pages du livre, ne vous étonnez donc pas de ne point trouver d’exercices de gymnastique !

Premièrement, le roman est agréable à lire, notamment grâce au fait que le roman est séparé en deux parties : une qui est présentée sous forme de roman « classique » et une seconde sous forme d’échanges téléphoniques fictifs entre l’auteur et la célèbre gymnaste. J’ai pensé qu’il était dommage que ce dernier soit seulement imaginaire, mais il aurait été difficile de procéder autrement. Cependant, cette seconde partie qui sépare chaque chapitre est intéressante, donne des détails et du réalisme, ainsi que de la dynamique à l’ensemble, car la première partie est dépourvue de dialogue.

Les deux cents premières pages traitent de la jeunesse de Nadia et de son entraînement, tandis que la deuxième partie est plus ciblée sur l’Histoire de la Roumanie et beaucoup moins sur Nadia. J’ai été surprise de ce soudain changement, quoique pas désagréable.

Ensuite, malgré les efforts de l’auteur pour tenter d’insérer un certain rythme à l’histoire, il m’a semblé que Nadia Comăneci était une machine, reproduisant et suivant les gestes de son entraîneur, avec de l’acharnement, certes, mais sans aucune passion, ni intérêt. La gymnaste est présentée comme impassible, intouchable et sans vie, sans sourire. Peut-être l’auteur a-t-elle souhaité cet effet ? Cela expliquerait le mystérieux titre…

Cependant, je n’ai pas apprécié cet aspect, et, lorsque je suis allée chercher une vidéo de ses performances lors des jeux de Montréal, j’ai été époustouflée par la beauté des gestes de la jeune roumaine. Pourquoi donc la représenter sans âme ? C’est pour moi un mystère…

Le roman réserve beaucoup de réflexions que ce soit sur les rapports entre l’Europe de l’Ouest et l’Est, sur le jugement du corps féminin et de la femme, sur la guerre froide ou encore sur le communisme, vos méninges n’ont pas fini de tourner !

De plus, j’ai beaucoup appris sur la Roumanie, son histoire et sur la Révolution roumaine, que je connaissais extrêmement mal.

Je voudrais avant de finir, vous montrer une petite grille d’évaluation que j’ai réalisé pour que mon avis soit plus clair.

Fluidité

4,5/5

Pédagogie

5/5

Style d’écriture

3/5

Originalité

3/5

Total

15,5/20

C’est en conclusion, un bon roman dans lequel j’ai beaucoup appris. Malheureusement, ce ciel bleu est troublé par le manque de chaleur du style de Lola Lafon… Cependant, je conseille la lecture de ce livre !

#Politique #JeuxOlympiques #Roumanie #GuerreFroide