Six of Crows, Leigh Bardugo

« – Pas de sanglots.
– Pas de tombeaux. »

Les bas-fonds de Katterdam s’organisent en gangs rivaux.

L’homme le plus ambitieux et le plus jeune de la pègre est Kaz Brekker: aussi brillant que mystérieux, aussi charismatique que dangereux, et, surtout, connu pour être un voleur hors pair. Prêt à tout pour de l’argent, il accepte la mission du riche marchand Van Eck: délivrer un savant du plais de Glace, réputé imprenable.

Ce prisonnier est l’inventeur du « jurda parem », une drogue multipliant sans limites les pouvoirs surnaturels de la caste des magiciens: les Grishas. Une drogue qui, tombée dans les mauvaises mains, risque d’engendrer un chaos irréversible.


Cassitrouille

J’ai découvert cet univers à travers la série Shadow & Bone – dont le nom me fera toujours immensément rire à être ainsi au singulier – et je suis directement tombée amoureuse du trio que constituait Kaz, Inej & Jesper, ainsi que des ennemis to lovers qu’étaient Nina & Matthias… Et puis j’ai découvert qu’il y avait une duologie exactement sur ces personnages-là, et qu’en plus, les livres étaient écrits par Leigh Bardugo ! C’est une autrice dont je n’avais jamais lu les livres, mais dont une bookstagrameuse que je suis apprécie énormément et en fait régulièrement la propagande ! Alors ni une, ni deux, je me suis jetée dans le bouquin, et j’ai entraîné Nawal avec moi.

Mouahahaha

Nawal

Ce livre m’a hantée. Je l’ai lu une première fois il y a quelques années et je l’avais adoré mais le second tome n’étant pas publié en France, je me suis arrêtée là. Puis la série est sortie. J’avoue ne pas avoir prévu de la regarder. De un parce que l’autre partie du Grishaverse ne m’intéressait pas particulièrement, de deux parce que je ne voulais pas me spoiler le fameux second tome jamais lu. Mais Cassie étant particulièrement persuasive, je me suis lancée dans la série et j’ai retrouvé avec une immense joie les Crows. Alors me revoilà, le premier tome entre les mains à l’occasion du mois de la Fantasy parce que toute excuse est bonne pour lire de la Fantasy et de la BONNE Fantasy.

Cassitrouille

Il faut savoir que la Fantasy à casse improbable et moi, ça remonte à loin. Quand Kaz commençait à être obsédé par les magiciens de Ketterdam, j’étais plongée dans Artemis Fowl à déchiffrer le gnomique, le code éternité tout en suivant les stratégies improbables de ce génie du crime. Quel plaisir de retrouver dans un univers plus mâture, plus complexe aussi, ce genre de mon enfance !

Tous les éléments que j’aime y sont présents : des personnages franchement morally grey – certains tirant plus sur le noir que sur le gris d’ailleurs -, une situation totalement rocambolesque dont le cerveau de la bande certifie que si si on va s’en sortir, de la magie, des couteaux, des MEURTRES et des corbeaux… Incroyable.

J’avais en revanche un peu peur de la narration à six points de vue…

Nawal

C’est donc une vieille histoire d’amour entre Six of Crows et moi. J’avais adoré la manière dont l’autrice tisse son intrigue telle une araignée, qu’elle chronomètre à la minute près, les personnages créant des plans ingénieux et imparables… jusqu’à ce qu’ils leur éclatent à la tronche. Et ça, c’est magistral. Les personnages portent cet univers solide et complexe, mon amour allant principalement à Inej (une voleuse de secrets voulant devenir pirate, qui ne s’y attendais pas franchement ?) et à Jesper, mon TDAH préféré. Ma relecture n’a fait que renforcer mon amour pour ces personnages, mon attendrissement pour le pauvre Wylan, ma fascination pour Kaz. La seule chose ayant changé, c’est mon point de vue sur Nina et Matthias qui n’étaient pas mes préférés à l’époque et auxquels je me suis finalement attachée.

Cassitrouille

C’est toute la force de Leigh Bardugo ici : on peut avoir nos préférés, bien sûr, mais tous les personnages restent attachants, intéressants et leurs points de vues alternes en osmose complète avec la narration. On ne passe pas arbitrairement de Kaz à Jesper puis à Nina parce qu’il faut donner le relais à un autre narrateur pour l’équité, non. On passe de Kaz à Jesper parce que Kaz a fini la première étape permettant à Jesper de mettre en place la seconde qui enclenche alors la prochaine, celle de Nina. Tout est logique, et fait donc qu’on attend, qu’on peut presque deviner quel sera le prochain point de vue, puisque le narrateur est lié à l’intrigue. C’est d’ailleurs pour cela qu’on a souvent une alternance de point de vue entre les différents duos de ce sextuor : Kaz/Inej ; Nina/Matthias notamment.

Chaque point de vue nous fait plonger, à travers un style plus ou moins indirect libre, dans les pensées du personnage phare du chapitre. Comme chaque personnage est différent, nous entendons aussi leurs pensées de manière différente, et c’est une des vraies forces du roman !

Nawal

Ce que l’autrice semble également parfaitement maîtriser, c’est la cinématique de son œuvre. Là où certain.e.s auteurices ont tendance à se perdre dans des actions et des plans, ne sachant parfois pas quoi montrer ou quoi taire, Leigh Bardugo sait quand et comment montrer les choses. On peut tout à fait suivre le plan de Kaz à la lettre, en se disant “ok c’est nickel, tous les détails sont là, on a tout suivi”, pour se rendre compte finalement que quelque chose nous a échappé, alors on flippe pour les personnages… et ils s’en sortent parce que Kaz a encore une carte dans sa manche. L’autrice est donc capable de créer de véritables tours de magie avec sa narration, ce qui rend son roman si intriguant et si magique. Elle n’a de cesse de nous surprendre tout en ne nous laissant pas dans le flou total, occupant notre attention à un endroit pour mieux nous surprendre à un autre… Un coup digne de Kaz Brekker en personne.

Cassitrouille

Les qualités de cette autrice ne s’arrêtent pas là, puisqu’elle réussit en peu de pages à nous dépeindre ses personnages de manière très complète, ce qui nous permet d’autant plus apprécier leurs évolutions, leurs contradictions, mais également de mieux ressentir toute la tragédie qu’impliquent leurs différentes histoires. Certains passages sont littéralement crèvent-coeur parce qu’un personnage attend quelque chose d’un autre, chose qui est impossible. Je pense notamment à la relation si particulière entre Inej et Kaz ; Inej aimerait qu’il fasse un pas vers elle, qui lui rende l’affection physique qu’elle a envers lui… sauf que le bâtard du Barrel ne peut pas toucher qui que ce soit, et que le fait même de la laisser le toucher est une preuve de son affection. Tout cela, en tant que lecteur, nous le savons, nous le mettons bout à bout, mais les personnages, eux, n’ont que leur propre point de vue, et donc ont le cœur brisé parce qu’ils ne comprennent pas tous les tenants et aboutissant d’une situation. Lee tragique repose finalement dans le fait qu’ils soient juste des adolescents lambdas et non pas des personnages omniscients.

Nawal

Des adolescents qui ont vécu plus de choses que la plupart d’entre nous ne vivrons jamais. La dureté de cet univers, de cette vie dans le Barrel en fait parfois oublier l’âge des personnages qui ont dû grandir bien trop vite, bien trop violemment. Des adolescents qui finissent criminels, voleurs. Mais des adolescents qui laissent libre cours à leur potentiel. En effet, j’ai adoré voir que certes, Kaz est le cerveau de cette bande de corbeaux, mais seul, il ne peut rien. Il a besoin du talent d’acrobate et de discrétion d’Inej, de la gâchette de Jesper, du savoir de Wylan, des talents de comédienne de Nina, de la force de Matthias. Le fait que chacun apporte ce que les autres manquent, que chaque potentiel est pleinement exploité, rend cette équipe imbattable et si attachante.

Cassitrouille

Et de potentiel, pour sortir son Corbeau du Palais de Glace, il va en falloir. C’est toute la beauté d’un casse, finalement, que rien ne se passe comme prévu. Ici, les obstacles permettent de voir la détermination des Crows, de les voir faire face à des vérités sur eux-mêmes : ce ne sont pas juste des péripéties dont le but est de prolonger l’action, de faire tenir encore quelques pages. Non, tout est nécessaire à l’intrigue, et Sankta Leigh veille à ce que ses personnages en sortent grandis. Comme le dit le proverbe de Fjerda, pays d’origine de Matthias, l’eau entend et comprend mais la glace ne pardonne pas ; il va leur falloir faire face aux affreuses vérités s’ils veulent s’en sortir vivants.

Nawal

Faire évader la personne la plus convoitée au monde de la prison la plus sécurisée au monde avec pour équipe une bande d’ados dont l’ennemie jurée du pays et un déserteur…. Qu’est-ce qui pourrait mal se passer ? Comme vous vous en doutez, bien sûr que tout se passe MAL. Et pourtant, nos corbeaux persévèrent, redoublant d’ingéniosité qui nous fait retenir notre souffle jusqu’à la toute fin. Aucun répit ne leur est accordé, créant un rythme soutenu à l’histoire qu’on ne peut décidemment pas quitter des yeux (croyez-moi, j’ai essayé. Deux fois.). Et c’est ce qui fait toute la beauté de Six of Crows.

Le Parfum de l’impératrice, tome 1 : l’Archipel, Leslie Tanguy

« L’éloquence n’est qu’un joli coffret. Mais rien ne vous assure de la qualité de ce qu’il recèle. Il cache parfois les intentions les plus sournoises. »

La Magnus Mar, montée des eaux dévastatrice née de l’affrontement des krakens contre les léviathans, n’a laissé aux survivants que quelques îles où s’installer. Le plus vaste de ces territoires est le luxuriant archipel, où le gouvernement impérial a instauré, au fil des siècles, des lois strictes. Un jour, un concours de création de parfums visant à soulager l’esprit tourmenté de l’impératrice est organisé. Nimué, l’apprentie passionnée de la compagnie du thé, Lugen, le parfumeur taciturne, et Tydorel, l’exubérant affichiste, sont prêts à tout pour trouver la fleur légendaire qui leur permettrait de l’emporter. Même si cela implique de passer les frontières interdites par-delà les océans…


Comme toujours, les romans de Gulfstream ne cessent de m’appeler et de me tenter sur leur beau stand aux salons littéraires. C’est à l’occasion du SLPJ que j’ai fais la rencontre du Parfum de l’Impératrice, qui trône majestueusement sur ma bibliothèque depuis. Il était là, me faisant de l’œil, me rappelant à lui : “lis-moi, découvre-moi, je suis là”. C’est aujourd’hui chose faite et je ne regrette rien.

Les premiers mots qui me viennent pour ce livre c’est : Plaisant. Olfactif. Original. Ce n’est peut-être pas très parlant, ni spécifique à ce roman, mais c’est tout de même ce qui le définit à mes yeux.

Plaisant. C’est une lecture où j’ai pris du plaisir. Le style de l’autrice est beau, lyrique, on se laisse embarquer dans son univers, dans ses digressions avec délectation, c’est agréable de se plonger dans cette histoire qui nous embarque sans souci aucun.

Olfactif. Comme le titre l’indique, nous avons affaire à une intrigue centrée sur le parfum. Mais pas que. L’univers entier est centré sur ce sens, l’autrice nous décrivant les personnages et ce qui les entoure à travers ce sens assez peu invoqué en littérature, il faut le dire. Ici, l’odeur est omniprésente et permet une approche nouvelle, une vision de l’histoire intéressante et originale.

Original. Original dans son univers, à la fois post-apocalyptique, Fantasy aux légers effluves de steampunk.

L’intrigue est certes assez simple et aurait mérité quelques approfondissements, se retrouvant parfois au second plan par rapport à certaines digressions, mais les personnages sont là pour porter toute l’histoire. Lugen, jeune homme taciturne et rationnel qui n’est pas sans rappeler Thorn de La Passe Miroir. Nimué, compagnon-thé (qui a mon amour inconditionnel pour cette raison ♥), à la détermination que j’ai admirée chez Yuri dans La Dernière Geste. Tydorel, fougueux et théâtral, Rivael, optimiste et loyal, Deryn, douce et adorable… La liste des personnages, tantôt attachants tantôt intrigants, est longue.

Pour conclure, cette lecture a été particulièrement agréable et plaisante, qui réveille les sens. Le roman est porté par ses personnages attachants, qui donnent envie de connaître la suite.

Auteur/autrice coup de ♥ : Madeline Miller

Lettres Classiques de formation, Madeline Miller est une autrice anglophone qui est également enseignante de latin et grec dans le secondaire. Passionnée par l’Antiquité, elle s’est intéressée à l’Illiade et aux héros homériques. Elle a, à son actif, deux romans et une nouvelle qui ont tous pour sujet la mythologie.

Cette autrice m’a attirée pour plusieurs raisons. La première, la plus évidente, est son sujet. Étant moi-même étudiante en Lettres Classiques, je partage sa passion pour l’Antiquité et les héros mythiques. Quel bonheur donc de retrouver leurs noms dans leur prononciation grecque quand cela était possible, les épithètes homériques et autres hellénismes qui prouvent l’expertise de l’autrice sur son sujet.

Ce que j’apprécie également beaucoup, c’est la plume. À la fois mystérieuse, poétiquement antique, son style instaure une ambiance en adéquation avec l’univers. Nous avons aussi des personnages extrêmement bien travaillés, à qui on rend une certaine part d’humanité que le mythe a tendance à effacer.

Si on connaît déjà les histoires que Madeline Miller nous narre, c’est tout de même un regard neuf, plus intime qui se pose sur ces hauts faits de la mythologie. Le regard de personnages secondaires, qui n’ont qu’une petite place dans les œuvres originales et qui sont pourtant d’une richesse infinie.

Bibliographie

  • Romans
    • Le Chant d’Achille
    • Circé

  • Nouvelle
    • Galatée

Quelqu’un se souviendra de nous, Nadège Da Rocha

« C’est l’avantage d’être au cœur d’un mythe : mon histoire me précède toujours où que j’aille. Qu’ils essayent de nous attaquer s’ils le veulent, nous verrons bien qui seront les perdants. »

Elles ne pardonneront jamais à l’Olympe. Les dieux vont enfin payer !
L’ère des faux-semblants est révolue. Pandore est prête à traverser le monde pour se venger de Zeus et des dieux qui l’ont condamnée à la honte et à la culpabilité. À ses côtés, elles trouvera deux alliés inattendues, piégées comme elle par la malice de l’Olympe : Méduse et Arachné, deux monstres qui veulent prouver qu’elles sont bien plus que cela. Leur épopée vengeresse les mènera jusqu’aux Enfers, où elle comprendront que les dieux disparaissent déjà mystérieusement… Le temps leur est compté !


Le jour même de sa sortie, je terminais ce roman. Ce roman que j’attendais avec énormément d’impatience, moi l’étudiante en Lettres Classiques passionnée par la mythologie et le monde hellénique. J’en attendais donc beaucoup de cette sortie, signé chez ActuSF qui me déçoivent pratiquement jamais. Mais comme toute chose dont on attend beaucoup, il y a parfois des petites déceptions, même si ma lecture fut principalement agréable.

Commençons d’abord par le positif. Parce que malgré tout, cela a été une belle lecture, avec des points forts, et le premier est la diversité. Merci Nadège Da Rocha de rétablir la couleur de peau des dieux et déesses ! Parce que oui, les divinités grecques ne sont pas aussi blanches que le marbre de leurs statues. Ce sont des divinités du monde méditerranéen, peuple qui n’est pas réputé pour leur peau blanche comme neige….

Ils la disaient victime.

Merci également de mettre les femmes à l’honneur, parce que oui, la mythologie grecque ce n’est pas uniquement Zeus, Poséidon, Hercule ou Achille. C’est aussi Pandore, Héra, Artémis, Méduse, Arachnée et bien d’autres femmes qui ont été traitées de manière misogyne pendant des siècles et des siècles, les réduisant au silence et au statut de simple objet, de récompense ou de monstre.

Ils la disaient belle. C’est bien tout ce qu’ils retinrent d’elle.

Et c’est bien là le point fort de ce roman. Quelqu’un se souviendra de nous met à l’honneur les figures féminines qui peuplent cette mythologie en leur rendant leur voix, et en remettant en question le regard masculin posé sur ces femmes réduites à l’état de ressort narratif. On ne connaît que trop bien l’histoire de Méduse, monstre à têtes de serpents que le valeureux Persée décapite. On en connaît que trop bien l’histoire de Pandore, la Porteuse de maux, qui fait s’abattre sur les mortels tous les maux du monde à cause de sa curiosité. Mais connaît-on la Pandore aux Mille Cadeaux ? Que savons-nous de Galatée, hormis le fait que ce ne soit que l’objet de l’amour de Pygmalion ? L’histoire d’Arachnée est-elle connue de tous ? Connaissez-vous Héra autrement que la femme jalouse et revancharde de Zeus ?

Ils la disaient sauvage

Si la réponse est non, l’autrice vous livre ici leur histoire, selon leur point de vue, avec leur voix propre. Elle convoque toutes les divinités et les figures féminines (ou presque, je déplore l’absence de l’incroyable Médée !) dans une épopée révolutionnaire qui va s’abattre sur un patriarcat subi depuis bien trop longtemps.

Ils la disaient folle et menteuse.
Princesse, oracle, destructrice.

Néanmoins, comme dit plus haut, il y a eut quelques petites déceptions.

Le style d’écriture m’a laissé perplexe. Il y a un quelque chose d’ancien, d’antique, mélangé à du moderne, qui, pour moi, ne fait pas bon ménage. Il y aurait un parti à prendre, comme Percy Jackson qui modernise totalement le style et l’univers de la mythologie ou alors, comme Madeline Miller le fait pour Circé et le Chant d’Achille, gardé une poétique antique. Ici, le mélange est assez étrange et déstabilisant, qui ne fonctionne pas pour moi.

Mais ce qui m’a le plus dérangé c’est que l’on retombe dans un schéma assez manichéen. On oppose systématiquement les femmes aux hommes. Alors oui, il y a quelques exceptions, mais qui font office de figurants et c’est bien dommage. Une écriture plus nuancée, plus approfondie aurait été bienvenue dans ce beau projet féministe. Car, pour moi, le féminisme n’est pas la revanche des femmes sur les hommes mais l’égalité entre les deux, l’union sincère et équitable et ce n’est pas vraiment ce que j’ai retrouvé dans ce roman.

L’intrigue m’a également souvent laissé perplexe, la trouvant tantôt simpliste, tantôt brouillée, notamment sur la fin où l’enchainement des événements s’est accélérée, ce qui a compliqué ma compréhension, de même que certains mots de vocabulaire qui aurait été pertinent, je pense, de mettre en note ou de faire un glossaire à la fin. Baignant dans le latin et le grec depuis cinq ans maintenant, cela n’a pas trop dérangé ma compréhension, mais ce n’est pas le cas de tout le monde.

Ils la disaient épouse. Ils la disaient jalouse.

Néanmoins, malgré ces quelques déceptions, cela reste un beau roman avec une belle volonté de redonner voix au chapitre à des femmes qui ont autant de belles histoires à raconter qu’Achille et Ulysse.

Les royaumes immobiles, tome 1 : La princesse sans visage, Ariel Holzl

– […] Comment avez-vous survécu ?
– Comme tout le monde. Un jour après l’autre. On peut s’habituer à tout, vous savez.

Dans les Royaumes Immobiles, l’existence est contrôlée par quatre monarques. Sans eux, la réalité serait réduite à un flot d’énergie magique et chaotique. Or le trône d’Automne, vacant depuis trop longtemps, menace cet équilibre: il faut lancer un nouveau sacre. Sept jeunes femmes peuvent y prétendre. La compétition sera sans pitié. Ivy est candidate malgré elle. A 18 ans elle a passé toute sa vie cachée derrière les murs de son manoir et les parois de son masque.
Elle est une « Belle à Mourir »: quiconque voit sont visage est pris de folie meurtrière ou suicidaire. Propulsée dans le monde des Sidhes, la noblesse des feys, au cœur de manigances qui la dépassent, elle va devoir puiser dans ses ressources pour survivre. Un chemin qui la mènera bien plus loin qu’elle ne l’aurait imaginé.


Comme toujours, c’est sans peur que je me lance dans un roman écrit par Ariel Holzl. Quelle joie de voir celui-ci faire l’unanimité sur les réseaux sociaux, de voir cet auteur talentueux avoir la reconnaissance qu’il mérite ! C’est donc avec grand plaisir que j’ai plongé dans les aventures d’Ivalie de Mystfall. Vous me suivez ?

Nouveau roman, nouvelle narration. C’est l’une des choses que j’apprécie le plus chez cet auteur : chaque roman a sa voix propre, son style et par conséquent, son univers. Ici c’est celui d’Ivalie de Mystfall, une princesse bâtarde candide et naïve, qui jure dans l’Outremonde connu pour sa brutalité et son intransigeance. J’avoue avoir eu un peu peur de ne pas m’attacher à ce personnage qui semble cocher toutes les cases du stéréotype de la jeune fille douce et candide. Et pourtant, c’est ce qui fait sa force et son originalité dans cet univers si particulier des feys. Persévérante et courageuse, j’ai admiré son attachement sans faille à ses principes et ses valeurs.

Les autres personnages se sont également révélés haut en couleur, avec chacun une personnalité propre et complexe que j’ai beaucoup apprécié de découvrir. Le concept du Sacre des Saisons, que l’on pourrait, à tort, croire prévisible, s’avère beaucoup de surprises et entraîne le lecteur dans un rythme de lecture qui ne lui permet pas de s’ennuyer. En effet, les rebondissements, présents sans en faire trop, créent un effet d’attente et de surprise, qui garde le lecteur en alerte tout au long du roman.

C’est donc pleinement satisfaite de ce nouveau roman signé par Ariel Holzl que je m’en vais attendre avec impatience la suite !

Meute, Karine Rennberg

La flamme au fond de ton esprit t’entoure, et l’ambre mausolée, ambre éternité, ambre amulette s’érige tout autour de toi.

J’ai toujours aimé les histoires de loups. En tant que mon animal préféré, le loup a toujours été un élément qui faisait pencher la balance dans mon choix de lecture. Et cela m’a rarement déçue : je suis tombée sous le charme des Loups de Mercy Falls de Maggie Stiefvater, des loups dans la série Mercy Thompson et aujourd’hui, sous celui de Meute de Karine Kennberg.

La première chose qui m’a frappé dans ce roman, comme un peu tout le monde je pense, c’est sa narration. L’usage de la deuxième personne du singulier est assez rare dans mes habitudes de lecture. J’ai tendance à préférer une narration à la troisième personne et je suis un peu gênée par les autres. Or, ici, la deuxième personne est parfaitement à sa place. Agréablement surprise, cela m’a d’autant plus ouvert à cet univers que nous offre ce roman si beau, qui mélange avec finesse la douceur et la violence. Tout est dans l’ambiance, l’atmosphère, mais aussi dans les personnages et leurs relations. L’autrice nous narre l’histoire de personnages complexes, originaux, vivants et réalistes. J’ai eu un énorme coup de cœur pour les trois personnages principaux : l’adorable et déchirant petit Calame, le vaillant et protecteur Val et l’impétueux Nath. Il s’avère que j’ai néanmoins une petite préférence pour le dernier dont le côté perdu, frustré qui le pousse à la colère et la violence m’a énormément touché. Nath est un personnage qui veut faire de son mieux. C’est un homme qui veut tout faire et tout bien faire sinon rien. Et c’est ce que j’admire chez ce personnage qui nage contre le courant, qui s’acharne à vouloir tout gérer tout seul, tout encaisser, même quand il a des gens sur qui compter comme Val, l’ami fidèle et protecteur, ou encore Enzo, l’amant patient et confiant. Mais comment ne pas se donner à fond quand on doit protéger quelqu’un comme Calame ? Cet incroyable bout de chou dont la maltraitance a fait des dégâts proches de l’irrémédiable, qui voit la vie et les gens en palette de couleurs, qui aime le chocolat chaud et les gâteaux et qui refuse d’affronter le monde extérieur. A la découverte de ce personnage, une bouffée de tendresse et d’élan protecteur m’a traversé à son égard, tout comme Nath.

Je pourrais encore discourir longuement sur ces personnages, notamment Val dont je parle peu mais qui apporte tellement à ce roman et ses autres personnages. Val qui est présent, souvent dans l’ombre, mais toujours là quand on en a besoin. Mais je vais plutôt vous laisser les découvrir à travers la plume de Karine, bien plus belle et forte que la mienne, et vous parler un peu plus de l’intrigue. Intrigue qui ne cesse de monter en tension à chaque changement de point de vue, créant des effets d’attente qui nous empêche de reposer le roman. On suit en effet la difficulté de Nath à trouver un équilibre dans sa vie quand Calame y entre de manière fracassante. Loup solitaire et violent, plongé en plein cœur d’un monde de gang et de tournois de combat, le voilà en charge d’un petit louveteau traumatisé aux portes de la mort.

Vous en dire plus serait vous gâcher la lecture de ce roman si atypique et incroyablement bien écrit. Je vous laisse donc ici sur une dernière chose : lisez Meute.