« En matière de scandales, cela dépassait n’importe quel vaudeville au sein de l’élite londonienne, les tentacules dans le nez. »
Evelina Cooper, la nièce de Sherlock Holmes, s’apprête à vivre sa première saison dans la haute société londonienne. Mais quand de terribles meurtres secouent le manoir de son amie et hôte, la jeune femme se retrouve plongée au cœur d’un complot remettant en question le monopole des barons de la vapeur sur la ville. Une enquête à hauts risques. D’autant qu’Evelina cache un dangereux secret et qu’elle ignore auquel de ses compagnons elle peut réellement accorder sa confiance : le beau et brillant aristocrate débauché qui fait battre son cœur ou son meilleur ami forain, qui ferait n’importe quoi pour elle.
La première chose qui m’a attiré dans ce roman, c’est sa couverture qui est tout simplement magique.
La seconde, c’est son univers plein de mystères et de magie.
La troisième et la plus importante, c’est le style victorien tout droit sorti du monde de Sherlock Holmes.
Evelina, un mariage entre deux mondes
Evelina, est un personnage que j’ai beaucoup aimé. Son personnage est très intéressant et son histoire est un mélange de deux mondes très différents ce qui la rend originale. On comprend tout de suite que c’est une femme très intelligente, qui s’adapte vite et qui est d’une grande perspicacité. J’aime son côté indépendant mais pas totalement rebelle. Ce qui m’a tout de suite plu chez elle, c’est son manque de « romantisme » dans le sens où c’est une jeune femme assez terre à terre et qui voit son happy ending sur les bancs d’une université plutôt que dans les bras d’un mari. Pour son époque, c’est juste génial. C’est pour moi, un personnage très réaliste auquel je me suis très vite attaché. Son déchirement entre le monde du cirque et celui de la haute société était bien trouvé quoique parfois un peu lourd (surtout sur ses sentiments envers Nick). En effet, elle est très souvent partagée par ces deux mondes qui font chacun partie intégrante de sa personnalité. Mais cela ne reste tout de même pas trop lourd, ni trop agaçant. C’est quelqu’un d’intelligent et de loyal, elle tente de faire ce qui est juste dans la mesure du possible et de protéger les gens qu’elle aime. C’est vraiment un très bon personnage.
Tobias, le stéréotype de l’aristocrate
J’ai également beaucoup aimé Tobias. Son personnage est plutôt drôle, c’est vraiment le stéréotype du grand et beau aristocrate tombeur : il a de l’humour, il est intelligent, rebelle, il sait comment parler aux femmes et bien sûr, il n’est absolument pas comme son père. Au début donc, je l’ai vraiment apprécié, surtout pour son attachement envers Evelina qui se développe, cela lui apporte un petit côté mignon. Néanmoins, il finit un peu par me décevoir, dans le sens où je trouve qu’il est sur jouer. En effet, il incarne totalement le cliché du jeune et bel aristocrate tout le temps, il est prévisible et n’évolue pas tant que cela, ce qui est dommage. J’aurais vraiment aimé qu’il fasse quelque chose de plus surprenant. Mais peut-être changera-t-il dans le prochain tome !
Evelina et Tobias, une relation intéressante
J’ai trouvé la relation entre Evelina et Tobias plutôt intéressante. Au départ, c’est assez prévisible, la jeune fille qui tombe amoureuse du beau et riche grand frère de sa meilleure amie et lui qui tombe amoureux de la belle et intelligente meilleure amie de sa sœur. Mais j’aime beaucoup la manière dont Evelina perçoit cette relation. Elle sait qu’elle ne peut pas se permettre un tel homme mais surtout, elle sait que lui, ne la mérite pas. Elle sait ce qu’elle veut et reste fidèle à ses principes. Certes, elle finit à un moment par céder mais elle reprend très vite ses esprits. Quant à lui, pour le coup, je le trouve plus naïf qu’elle. Il la regarde et pense à elle de manière très romantique, très cliché et va même jusqu’à se rebeller contre son père. C’est mignon mais pas très réaliste. Je ne sais pas trop si je veux les voir ensemble au bout du compte. Certes, cela permettrait à Evelina d’être heureuse et de s’élever dans la société mais j’aime son côté indépendant et je trouve que ce serait dommage d’y renoncer.
Nick, un personnage au potentiel inexploité
Quant à Nick, je l’ai tout d’abord apprécié également, mais il m’a un peu agacé. C’est l’un des points de vue que j’ai le moins apprécié. Je ne lui trouve pas réellement d’importance, à part pour en savoir un peu plus sur le Docteur Magnus mais, selon moi, le son point de vue de ce dernier aurait été plus pertinent. Je pense qu’il est surtout là pour le triangle amoureux et c’est dommage car je pense qu’il a du potentiel pour être un personnage vraiment très intéressant. À voir s’il se développe dans le prochain tome.
Evelina et Nick, une relation complexe et profonde
Je suis également tout aussi mitigé pour Evelina et Nick. En effet, on sent un lien très fort entre eux, un réel amour et on aimerait qu’ils puissent être ensemble mais tellement de choses les séparent. À commencer par leur rang dans la société : Evelina ne peut pas se permettre de suivre les traces de sa mère si elle veut entrer à l’université mais également à cause de la magie car cela les amènerait à la potence. On sent aussi qu’ils sont tout de même d’une fidélité incroyable l’un envers l’autre. Ils sont tous les deux prêts à se mettre en danger pour protéger l’autre et je trouve cela très touchant. En revanche, Nick à un côté un peu vieux jeu et possessif qui est certes réaliste surtout au vu de l’époque, mais aussi un peu agaçant.
Imogen, un personnage trop secondaire
J’ai pensé la même chose d’Imogen. En effet, j’ai trouvé que son point de vue avait encore moins d’importance que celui de Nick. Elle est également très prévisible et plutôt vide en ce qui concerne sa personnalité. Pour moi, elle est trop naïve et un peu égocentrique parfois. J’ai trouvé la fille de Keating plus intéressante par exemple. Selon moi, Imogen ne sert qu’à introduire Evelina dans la famille Roth afin qu’elle ait sa place dans l’histoire. Elle est également l’image même de la jeune femme de haute société qui fait ses débuts et qui va s’élever. Elle ne m’a pas tant marqué que cela pour ma part.
Par contre, même si son rôle n’est bien moindre qu’Imogen, j’ai plus apprécié Bucky qu’elle. C’est le meilleur ami parfait pour Tobias, il est drôle et intelligent. Il n’apparaît pas beaucoup mais c’est tout de même un personnage que j’ai bien aimé retrouvé à travers les pages. Leur romance est d’ailleurs très prévisible et très cliché je trouve. C’est mignon mais je trouve que ce n’est pas aussi réaliste que les relations qu’entretient Evelina avec Nick ou Tobias.
Pour ce qui est de sa relation avec Evelina, je les ai trouvés adorables. Elles sont comme deux sœurs, soudées et complices. Elles peuvent tout se dire et je trouve cela vraiment géniale. Evelina peut compter sur la fidélité et la discrétion d’Imogen tandis que cette dernière peut compter sur l’esprit critique et la protection d’Evelina.
Pour ce livre, j’ai remarqué qu’il y avait deux catégories bien distinctes de personnages : les « gentils » et les « méchants », sans de personnage ambigu. J’ai trouvé cela dommage et, contre toute attente, j’ai nettement préféré les personnages « méchants » aux personnages « gentils », les trouvant plus profonds, bien mieux travaillés avec Evelina ainsi que plus intéressant à étudier.
Lord Bancroft, un personnage dangereusement ambitieux
Dès le début, j’ai trouvé que Lord Bancroft allait être un personnage très intéressant et je ne me suis pas totalement trompé. Au départ, il est intimidant et plein de mystères, on a du mal à comprendre ce qui se passe de son côté. Mais plus on avance, plus je l’ai trouvé à l’image des grands aristocrates qui cherchent à s’élever dans la grande société, quel qu’en soit le prix. Il est très ambitieux et tente par tous les moyens de garder sa fortune à flot et à s’élever socialement, quitte à renoncer à ses talents de mécaniste et aller jusqu’à tuer. C’est un requin, qui ferait tout ce qu’il peut pour avoir sa part de richesse et de pouvoir. En revanche, j’ai trouvé qu’il se laissait beaucoup emporter par ses émotions et je pense que c’est ce qui lui a porté préjudice. J’ai donc trouvé que c’était un personnage très réaliste, c’est un méchant, qui n’en ai pas vraiment un et qui n’a pas vraiment d’excuses pour l’être mais qui est également vraiment humain, dans le sens où on n’a pas négligé sa partie émotionnelle. Il s’est laissé dépasser par les événements et se plonge donc dans l’alcool. J’ai trouvé que c’était le personnage qui se rapproche le plus de la réalité.
Les liens entre Tobias et Lord Bancroft ne sont certes pas aussi menaçants que celles entre Evelina et Magnus mais tout aussi conflictuels. En effet, ils ont une relation très tendue du début à la fin. Lord Bancroft est très dur avec son fils, il ne le tient pas en haute estime alors que pourtant, il lui ressemble beaucoup. C’est tout de même la relation typique du père trop strict et de l’enfant rebelle. C’est un peu dommage que ce ne soit pas un peu plus original mais bon, le reste l’est déjà bien assez, on ne peut pas toujours tout faire ! Ça reste tout de même une relation plutôt bien développée et l’on voit que Tobias mûrit un peu au fil du livre et qu’il prend vraiment conscience de la véritable nature de son père.
Quant à Lord Bancroft et Magnus, j’ai trouvé leur relation très intéressante mais qui m’a laissé sur ma faim. J’aimerais vraiment savoir ce qui les lie tous les deux et qu’est-ce que deux amis qui se considéraient comme des frères aient bien pu vivre pour se détester à ce point. On sent que Magnus essaye de retrouver sa relation perdue avec Bancroft mais que celui-ci a carrément peur de lui, ce qui rend leur relation encore plus intrigante. Bancroft semble également avoir peur de Keating même si j’ai l’impression qu’il craint plus Magnus que Keating. Lord B. et Keating sont plus des rivaux, c’est plutôt un combat de domination qui les lie. Ils veulent chacun une place importante dans le système et chacun refuse de se laisser doubler par l’autre.
Jasper Keating, un méchant dans toute sa superbe
J’ai pensé à peu près la même chose de Jasper Keating. En effet, c’est tout de même, à la base, le « grand méchant » de l’histoire. Il est tout aussi ambitieux que Lord Bancroft, mais un peu plus implacable. Il ne se laisse pas autant submerger par les émotions que lui et il voit beaucoup plus loin, il est plus minutieux et surtout plus vicieux. Il a également beaucoup de charisme et joue dans la cour des grands, ce n’est pas un simple petit pion sans importance, c’est vraiment quelqu’un qui a presque bâti son empire sur Londres et qui gagne de plus en plus de terrain. C’est un vrai requin ou plutôt un serpent. Certes, il se fait avoir par Lord Bancroft et son cousin mais, du côté politique, c’est lui qui a le dessus. C’est un personnage très intéressant, je ne l’ai pas apprécié car c’est le genre de personne que je ne peux pas voir en peinture, mais justement, je pense que c’est l’effet que cherche l’auteure et pour le coup, c’est bien joué.
Docteur Magnus, un personnage mystique
Quant au Docteur Magnus, je dirais qu’il se rapproche plus de Keating que de Lord Bancroft même s’il est étranger au système londonien. Il est tout aussi charismatique mais beaucoup plus mystérieux, avec son aura inquiétante qui l’entoure. On sent qu’on n’est pas en danger à ses côtés. Son côté mystique le rend vraiment difficile à cerner, on sait quelles sont ses intentions mais on a encore du mal à comprendre ce qu’il veut vraiment. Je pense que c’est la plus grande menace dans ce roman, même si Keating n’est pas loin derrière. Il m’a fait froid dans le dos à chacune de ses apparitions mais c’est ce qui fait la beauté de ce personnage. J’ai hâte d’en savoir plus à son sujet.
J’ai trouvé la relation entre Evelina et Magnus très sombre et inquiétante. On sent que Magnus la convoite et l’admire comme on peut admirer une déesse et c’est plutôt inquiétant pour Evelina qui ne se sent d’ailleurs jamais en sécurité en sa présence. On a peur pour elle et on sent que même si Magnus a besoin d’elle, il n’hésitera pas à lui faire du mal. Je trouve que ce genre de relation est assez rare dans les livres, ce qui l’a donc rendue très intéressante.
Tobias et le Docteur Magnus ont une relation presque père-fils mais tout à fait différente de celle entre Tobias et son vrai père. En effet, on sent que le Docteur Magnus veut le prendre sous son aile, qu’il voit et admire le talent de Tobias qui reflète celui de son père autrefois. Quant à Tobias, on voit qu’il considère Magnus comme son père spirituel, son mentor. Au départ, on est plutôt content pour lui mais une fois qu’on comprend qu’il se fait utilisé, on a un peu de peine pour lui. J’ai bien aimé cette relation car elle était plutôt surprenante et bien trouvée.
Sherlock Holmes, fidèle à lui-même
J’ai adoré retrouver mon cher Sherlock Holmes ! Je l’ai placé à la fin car c’est un personnage repris d’un autre auteur et que, pour moi, c’est tout simplement quelqu’un qu’il faut mettre à part ! Je l’ai donc trouvé fidèle au personnage d’origine, toujours aussi en marge de l’étiquette, indépendant et redoutablement perspicace et intelligent. J’étais tout de même un peu déçu au départ qu’il se fasse avoir par Keating, ça ne lui ressemble absolument pas de marcher sous la menace. On retrouve néanmoins son attachement et sa relation très spéciale avec le Docteur Watson que j’ai retrouvé avec grand plaisir également. Ils ne sont pas très présents, plutôt là vers la fin en tant que figurants, mais c’est quand même une touche que j’ai beaucoup appréciée.
Pour ce qui est de sa relation avec sa nièce, Evelina, je l’ai trouvé géniale. Ils ne sont pas très sentimentaux l’un comme l’autre mais on sent tout de même qu’ils sont attachés l’un à l’autre. On remarque aussi que Sherlock respecte beaucoup l’intelligence de sa nièce et qu’il en est très fier. Ils se ressemblent énormément tous les deux. Quant à Evelina, on voit qu’elle l’admire beaucoup. C’est vraiment une relation que j’ai beaucoup appréciée.
Un univers minutieux
Tout d’abord, j’ai trouvé l’univers très bien construit. Il est complet sans aucune incohérence, ce qui est plutôt impressionnant vu sa complexité. L’histoire et l’univers sont très bien travaillés, il y a beaucoup de détails et d’informations. C’est vraiment un travail minutieux.
Une intrigue complexe
L’intrigue commence par du suspense, du mystère et de la perplexité. C’est un bon point, cela donne tout de suite envie de continuer et attire l’attention du lecteur. En revanche, j’ai parfois trouvé le fil rouge trop complexe, on s’y perd un peu et on a du mal à comprendre ce qui se passe. Mais cela reste tout de même bien mené, on a peu à peu des indices afin de comprendre, et cela se précise au fur et à mesure, tout en subtilité.
L’auteure nous présente son monde petit à petit, en commençant par décrire Evelina et j’ai bien aimé cela. Ce n’est pas décalé par rapport au fil rouge et ce n’est pas lourd non plus. Par contre, le fait d’avoir autant de point de vue ralentit pas mal l’histoire. En effet, on se rend compte au final qu’il ne s’est passé qu’une simple semaine en environ 600 pages et je trouve cela énorme. Surtout que c’est un livre grand format et avec une petite police, il se passe beaucoup de choses mais en très peu de temps au final. Chaque journée est détaillée par chaque point de vue ou presque, ce qui rend l’histoire très dense et très lente. Il y a à la fois trop d’informations mais pas assez. Et malgré ce point de vue omniscient, on est la plupart du temps dans le flou, on ne sait pas vraiment ce qui se passe, le suspense et le mystère sont là jusqu’au bout, c’est à la fois troublant et ingénieux.
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