
Merryvère Carmine est une monte-en-l’air, un oiseau de nuit qui court les toits et cambriole les manoirs pour gagner sa vie. Avec ses soeurs, Tristabelle et Dolorine, la jeune fille tente de survivre à Grisaille, une sinistre cité gothique où les moeurs sont plus que douteuses. On s’y trucide allègrement, surtout à l’heure du thé, et huit familles d’aristocrates aux dons surnaturels conspirent pour le trône.
Après un vol désastreux, voilà que Merry se retrouve mêlée à l’un de ces complots ! Désormais traquées, les Carmines vont devoir redoubler d’efforts pour échapper aux nécromants, vampires, savants fous et autres assassins qui hantent les rues…
Après avoir lu – et franchement adoré – Fingus Malister, mais avoir été fortement déçue par Temps Mort, j’ai décidé de voir – enfin lire – si finalement, ce n’était pas plutôt que je préférais les romans jeunesse de Ariel Holzl. Et bah j’ai vraiment très bien fait de laisser une chance à cet auteur parce que ce premier tome a été un réel coup de cœur ! Je l’ai vraiment dévoré en un rien de temps tellement l’histoire m’a happée.
Comme toujours dans les romans d’Ariel Holzl, l’ambiance macabre est parfaitement maîtrisée, à la fois glauque et confortable. J’ai personnellement adoré le fait que les descriptions de la ville, des alentours et environs, se fassent toujours de manière un peu décalée, en utilisant des images connues de toutes et tous, tout en les réinterprétant, pour les faire coller à l’atmosphère de Grisaille. Le paysage est hostile, menaçant, vivant et il est cruel. Il en devient une sorte de personnage qui a des actions propres, même si indépendantes de l’intrigue.
En parlant d’intrigue, je l’ai trouvée réellement intéressante ! Si nous sommes, dès les premières pages, plongée au cœur de l’action et de l’ambiance lugubre du roman – il s’ouvre, après tout, avec une ouverture de cercueil, ce qui a le mérite d’être clair sur le type de livre qu’on a dans les mains – l’auteur nous donne les informations nécessaires à la compréhension de l’intrigue… quelque fois au compte-goutte. Ce jeu avec le lecteur, qui d’ailleurs rappelle le nom du repère des montes-en-l’air Le Labyrinthe, nous fait nous questionner sur les relations entre les personnages, sur ce qui se passe réellement dans cette ville, ce qui nous est caché. J’apprécie tout particulièrement les petits indices laissés ça et là pour découvrir à quelle maison les trois sœurs « appartiennent ».
Les personnages sont intéressants, intrigants et donnent envie de connaître la suite de leurs aventures. J’ai beaucoup apprécié les relations entre eux : si Merry et Trista ne peuvent pas s’encadrer, elles maintiennent en revanche un front uni devant leur petite sœur, parce qu’elles en sont devenues les figures « parentales ». De fait, les deux grandes se disputent et se battent comme des chiffonnières, se lançant des pics à tout va, mais elles sont toutes les deux d’une grande douceur avec leur cadette. De même, aucune d’entre elles n’est un personnage en deux dimensions : bien que pour ce premier tome nous ayons quasiment exclusivement le point de vue de Merry, qui déteste donc cordialement sa sœur Tristabelle, cette dernière n’est pas uniquement dépeinte comme une méchante mégère. . Elle a – même s’ils sont rares – ses bons côtés. Les personnages secondaires sont aussi très bien ficelés, et être dans la peau de Merry nous permet de sentir leur profondeur à travers ses pensées et sensations. La tension entre Merry et un certain assassin est très bien réussie, ce qui permet à la fois des situations comiques et exaltantes.
La résolution du roman a été plus qu’une surprise, et lorsque, durant les dernières pages, l’explication du titre en a été faite, j’ai bien rigolé. Tout ou presque est un jeu, une référence, du titre à la construction de l’univers, ce qui est un réel plaisir.
Voilà finalement comment, à mon sens, résumer ce premier tome ! C’est une charmante virée improbable(ment dangereuse) dans un cimetière rempli de brume, si bien que finalement, il se confond un peu avec la ville, et qu’il ne nous dévoile que par bribes l’histoire, nous laissant spéculer des é-lugubr-ations. Qui sont d’ailleurs bien souvent résolues par le carnet secret pas si secret de Dolorine, qui est absolument incroyable.
Bref, si vous hésitez à lire ce livre, ne le faites pas pendant bien longtemps, et foncez, c’est une tuerie !