La Passe-Miroir, Les Disparus du Clairdelune, Christelle Dabos

« Quand je vous ai dit que vous aviez une prédisposition surnaturelle aux catastrophes, ce n’était pas une invitation à me donner raison. »

Fraîchement promue vice-conteuse, Ophélie découvre

à ses dépens les haines et les complots qui couvent sous les plafonds dorés de la Citacielle. Dans cette situation toujours plus périlleuse, peut-elle seulement compter sur Thorn, son énigmatique fiancé ? Et que signifient les mystérieuses disparitions de personnalités influentes à la cour ? Ophélie se retrouve impliquée malgré elle dans une enquête qui l’entraînera au-delà des illusions du Pôle, au coeur d’une redoutable vérité.

Sitôt le premier tome terminé, je me suis ruée sur le deuxième. On retourne donc sous la couette, de grosses chaussettes en laine aux pieds, un thé chaud à portée de main et nous revoilà au Pôle !

Ophélie, un personnage courageux à sa manière

« Soyez impressionnante .(…) Je ne vous dit pas cela pour vous angoisser. Je vous le dis parce que vous en êtes capable, j’en ai été témoin plus d’une fois. »

Encore une fois, c’est totalement sous le charme que j’ai suivi Ophélie dans ses aventures au Pôle. Et c’est une nouvelle fois que je me suis émerveillée de son évolution. Dans ce tome, on découvre une Ophélie qui prend des initiatives, qui prend les choses en main plutôt que de se laisser ballotter par les autres. Malheureusement pour elle, tout ne se passe jamais comme prévu, elle perd le contrôle et se retrouve dans des situations totalement alambiquées. Elle se retrouve également à devoir affronter des situations qui lui font véritablement peur. On la voit beaucoup plus effrayée que dans le tome précédent mais aussi beaucoup plus malmenée. Elle est a peur pour ses proches mais surtout, elle a peur pour sa vie. Mais cela ne l’arrête jamais. C’est quelqu’un de débrouillard, qui arrive à s’en sortir avec les cartes qu’elle a, même si elle se retrouve avec un mauvais jeu entre les mains. J’ai admiré sa détermination à continuer envers et contre tout. Sous ses airs doux et naïfs, ce petit bout de femme cache une volonté de fer qu’on avait aperçue au premier tome et qui s’affirme concrètement dans ce celui-ci.

« Pour un couple si mal assorti, vous êtes décidément inséparables. »

C’est d’ailleurs elle qui prend l’ascendant dans le drôle de couple qu’elle forme avec Thorn. Elle l’affronte jusqu’à avoir ce qu’elle veut et remporte presque toutes les batailles. Leur relation se complexifie, notamment du côté de Thorn, dont on a du mal à cerner son attitude et ses sentiments envers Ophélie, ce qui a pour résultat de la troubler plus que jamais. J’ai beaucoup aimé la tournure que prend cette relation, même si cela a eu le don de me frustrer d’être tenue ainsi dans l’incertitude. Mais cela se fait d’une manière si naturelle, si fluide, qu’on ne peut envisager que cela se passe autrement.

Thorn, plus insaisissable que jamais

« Vous m’avez voulu honnête avec vous. Vous apprendrez donc que vous n’êtes pas pour moi qu’une paire de mains. Et je me contrefiche que les gens me trouvent douteux, du moment que je ne le suis pas à vos yeux. »

On a beau voir Thorn plus souvent dans ce deuxième tome, il reste pour moi encore plus insaisissable que dans le premier. On ne sait plus trop si son comportement envers Ophélie est due à son ambition ou s’il s’inquiète sincèrement pour elle. J’ai beaucoup aimé en apprendre plus sur son passé et sur lui en général, cela m’a fait tomber un peu plus sous son charme. Je me suis vraiment prise d’affection pour ce personnage toujours aussi taciturne et implacable. Quelque chose chez lui à réussi à m’atteindre en plein coeur et à m’attendrir. On voit que malgré tout, à sa manière, il tente de faire des efforts sans pour autant renoncer à ce qu’il est.

Farouk, la définition même de « complexe »

« Elle ne lisait dans le regard de Farouk aucun courroux, aucun dédain, rien de ce qui aurait pu se rapprocher un tant soit peu d’une émotion.

Non ce qu’il y avait au fond de ce regard, c’était un désert.

Ophélie se sentit aspirée par cet espace infini. En un battement de cœur elle mesura l’abime qui séparait leurs deux temporalités : un immortel destiné à l’éternité; une humaine condamnée à disparaître. »

La véritable découverte en ce qui concerne les personnages, c’est Farouk. Je suis admirative devant la capacité de l’autrice à créer un personnage aussi complexe et original. Tout comme Ophélie, j’ai ressenti cette pesanteur, cette pression psychique que l’on éprouve en sa présence. Il est totalement imprévisible et cela crée des situations que l’on n’aurait jamais pu imaginer. Une bonne partie de la tension de ce roman repose sur le comportement de Farouk et les décisions qu’il prend. Cet esprit de famille m’a fasciné et effrayé à la fois, créant un mélange de crainte et d’admiration pour ce personnage si particulier.

J’ai aussi beaucoup aimé l’introduction de nouveaux personnages tels que le baron Melchior ou encore sa sœur, mme Cunégonde, qui sont des personnages intéressants. On en apprend un peu plus sur la société du Pôle et sur les différentes familles qui descendent de Farouk. Je n’ai pas trop aimé les sœurs d’Archibald que j’ai trouvées un peu antipathiques. Et on retrouve également certain autre tels que Renard ou la Mère Hildegarde.

Le Pôle, un univers complexe et dangereux

Comme je le disais plus haut, on découvre la société aristocrate de la Citacielle mais également de nouveaux endroits du Pôle. J’ai beaucoup aimé l’approfondissement que fait l’autrice de son univers. On entre réellement au coeur de la Citacielle, au coeur de ses illusions et de ses dangers. On découvre un fonctionnement que j’ai beaucoup aimé décoder et tenter d’appréhender. C’est une arche que j’ai beaucoup aimée, qui contraste totalement avec la chaleur et la légèreté d’Anima.

Une parfaite maîtrise de son intrigue.

« Vous avez le sens de l’inattendu, fiancée de Thorn. »

Mais plus que l’univers lui-même, l’intrigue m’a tenu en haleine tout du long. On entre dans l’engrenage infernal que constitue le mystère du Livre des esprits de famille, de cet univers, de son origine. On passe de petit indice à petit indice, on monte en tension pour arriver à la fin, à l’apothéose qui a fait vibrer ma curiosité et qui a envolé mon imagination dans des hypothèses et des théories à n’en plus finir. Ce deuxième tome m’a totalement embarqué dans une aventure à couper le souffle. Tout comme Ophélie et Thorn, il m’a été impossible de tenir en place, je voulais tout savoir tout de suite. Comme eux, j’étais à la recherche de chaque petit détail qui puisse m’aider à comprendre et à avoir des réponses à toutes mes questions. L’intrigue est si bien menée que même lors de ma relecture, je me suis fait mener par le bout du nez encore une fois ! Ce qui bien sûr, n’a fait qu’augmenter mon plaisir de lecture.

Pour conclure, ce fut une lecture addictive, qui a attisé ma curiosité encore et encore, faisant voler mon imagination. Je suis tombée encore un peu plus amoureuse des personnages et de cet univers si particulier et si cher à mon cœur. Donc un dernier mot : lisez, lisez, lisez ! ♥

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Six of Crows, Leigh Bardugo

« – Pas de sanglots.

– Pas de tombeaux. »

Les bas-fonds de Katterdam s’organisent en gangs rivaux.

L’homme le plus ambitieux et le plus jeune de la pègre est Kaz Brekker: aussi brillant que mystérieux, aussi charismatique que dangereux, et, surtout, connu pour être un voleur hors pair. Prêt à tout pour de l’argent, il accepte la mission du riche marchand Van Eck: délivrer un savant du plais de Glace, réputé imprenable.

Ce prisonnier est l’inventeur du « jurda parem », une drogue multipliant sans limites les pouvoirs surnaturels de la caste des magiciens: les Grishas. Une drogue qui, tombée dans les mauvaises mains, risque d’engendrer un chaos irréversible.

Six of Crows a beaucoup fait parler de lui. Et généralement, c’est le genre de livre qui me fait un peu peur. On me l’a offert et une de mes amies chroniqueuse me l’a chaudement conseillé alors j’ai fini par me laisser tenter. Voici donc ce que j’en ai pensé.

Une intrigue ficelée au détail près

La première chose qui m’a énormément plus dans ce livre a été la manière dont l’intrigue a été conçue. Rien n’est laissé au hasard, les plans sont méticuleusement élaborés pour magistralement éclater à la tronche des personnages. C’est beau, c’est réaliste et ça tient en haleine. C’est vraiment tout ce que j’aime. Il n’y a pas d’incohérence, pas de grain de sable dans l’engrenage, je n’ai vraiment rien à dire concernant l’intrigue. On ne s’ennuie pas un instant, on n’arrive pas à lâcher le livre, de peur qu’il n’avance sans nous et nous laisse derrière.

On a beau savoir que le plan ne se déroulera pas comme prévu, on cherche les failles et l’adrénaline nous habite tout autant qu’elle habite les personnages. Alors merci a l’autrice pour m’avoir embarqué du début à la fin.

Un rythme aussi précis qu’une montre

Comme je le disais, on ne s’ennuie absolument pas durant toute la durée du roman. La partie que j’ai le plus aimée a été l’opération en elle-même (je en vous en dis pas plus !). Le tout est chronométré à la minute près et cela se sent dans la plume de l’autrice. Il n’y a pas de creux, tout est calculé et on sent la tension monter d’un cran à chaque étape. Une véritable course contre la montre.

Un univers sombre

Le monde dans lequel vivent ces personnages est loin d’être joyeux. Si ne n’était pas de la fantasy Young Adult, je l’aurais rangé dans la catégorie Dark Fantasy. Aucun pays, aucun personnage n’est « gentil ». On est entouré de criminels de tous côtés, de pays ambitieux qui cherchent le pouvoir à tout prix. Même le peuple persécuté est nuancé et j’ai adoré cette touche de réalisme que l’autrice a insufflé à son univers. Rien n’est tout blanc ni tout noir et notre bande ne fait pas exception. C’est une équipe de criminels qui ne le nie pas. Ils s’en vont remplir un contrat qu’ils savent illégal mais cela ne les dérange pas. Ils assument pleinement le fait de ne pas être des héros et j’aime beaucoup ce parti pris.

Le traitement des personnages

Je vous le dis d’emblée, j’ai adoré la personnalité des personnages. Je citerais surtout Kaz pour son intelligence tranchante et son audace, ainsi qu’Inej qui m’a beaucoup fait penser à Lila Bard (Shades of Magic). On s’attache aux personnages tout en essayant de les décoder, de connaitre leur passé. Les personnages sont très bien exploités, ils sont profonds et intéressants.

Mais j’ai trouvé deux petits défauts :

Le premier est que j’ai trouvé les personnages bien trop jeunes. Ils ont une personnalité qui ne colle pas avec leur âge. Cela peut paraître bizarre quand je l’explique comme cela mais j’ai dû faire l’effort à chaque fois de me rappeler qu’ils avaient tous entre 17 et 20 ans. Ils donnent l’impression d’avoir vécu bien trop de choses en si peu d’années, qu’ils n’ont jamais eu d’enfance, jamais eu d’innocence. Cela m’a quelque peu perturbé.

Le second point réside dans les relations amoureuses. Je ne fais pas trop de spoilers en disant que chacun à son amour, ce que je ne trouve pas très réaliste. Les relations sont en soi intéressantes et bien exploitées mais le fait que chaque personne du groupe trouve sa moitié est un peu irréaliste. À voir donc comment cela va évoluer dans le second tome.

Pour conclure, ce fut une très bonne lecture avec quelques petits bémols mais aussi une intrigue à couper le souffle, un jeu contre la montre qui pousse à lire encore et des personnages que l’on a envie de suivre jusqu’au bout du monde.

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