Le chant des Géants, David Bry

« La magie, c’est parler à l’oreille de géants endormis. »

Entrez, entrez.
Asseyez-vous, n’ayez pas peur. Il reste de la place, là, au fond, près de la cheminée.
Oui. C’est bien. Très bien. Commandez des bières, des pommes braisées, ce que vous voudrez, mais faites vite. Vous autres, dans la paille, rapprochez-vous, calez-vous
contre les murs, les tonneaux, les pieds des tables.
Voilà…
Le feu ronfle, les bûches craquent. La nuit est tombée. Les marmites sont vidées.
Laissez-vous aller. Fermez les yeux. Juste un peu.
Et écoutez-moi.
Je vais vous raconter une histoire.
Celle de notre île d’Oestant où dorment trois géants : Baile, aux rêves de mort et de musique, Leborcham, mère du brouillard, des collines et des plaines, et enfin le puissant Fraech aux songes de gloire et de batailles.
Je vais vous parler de guerres, d’amour et de trahisons, de cris, de sang et de larmes.
Je vais vous parler de grands espoirs, de ce qui est vain. De ce qui meurt.
Alors, fermez les yeux.
Laissez-vous aller.
Voilà.
Mon histoire commence sur la lande, en bord de mer, dans le château de l’étrange roi Lothar.


Sans doute le roman que j’attendais le plus cette année. J’ai été intriguée par les quelques lignes que David Bry a semées sur ses réseaux sociaux durant l’écriture et le travail éditorial des éditions HSN a achevé de me convaincre avec sa couverture magnifique. Sitôt acheté, sitôt lu (ou presque). Et comme chaque roman de David Bry, il a été un coup de cœur.

Comme toujours, l’écriture de l’auteur a pour moi cet effet magique de me porter dans son univers tragique, poétique où les personnages font face à leur destin, l’épée au clair. Ici ce sont deux frères qui s’affrontent selon les rêves des Géants, sous la menace de la brumenuit qui engloutit peu à peu leur monde. Une lutte sanguinaire, épique, tragique qui emprunte tout aussi bien à la tragédie antique qu’à la littérature médiévale. Des personnages hantés, empreints de doutes et de remords, des personnages humains et légendaires, dont on racontera l’histoire jusqu’à la fin des temps.
Je ne saurais vous en dire plus de peur de vous gâcher l’incroyable conte qu’est ce roman. Je vais donc m’arrêter sur ces quelques lignes et vous dire une dernière chose : lisez-le. Et à l’auteur : merci pour ce nouveau coup au cœur.

Radio Silence, Alice Oseman

“Hello.

I hope somebody is listening.”

What if everything you set yourself up to be was wrong?

Frances has been a study machine with one goal. Nothing will stand in her way; not friends, not a guilty secret – not even the person she is on the inside. Then Frances meets Aled, and for the first time she’s unafraid to be herself.


So when the fragile trust between them is broken, Frances is caught between who she was and who she longs to be. Now Frances knows that she has to confront her past. To confess why Carys disappeared…


Frances is going to need every bit of courage she has.

Après moult incitations de la part d’Amélie (De Poudlard à Anima) pour lire les romans d’Alice Oseman, j’ai profité de l’offre de Scribd qui propose un mois gratuit de livres numériques et audio pour me plonger dans le roman Radio Silence. Et comme il était proposé en numérique et audio eh bien… J’ai fait les deux !

Des personnages émouvants

Alice Oseman a beaucoup de points forts et le premier réside dans ses personnages. Dès le départ, je me suis prise d’affection pour Frances, une élève modèle à l’avenir brillant tout tracé à l’extérieur et une fan d’un podcast de science-fiction, Universe City, dont elle a dessiné de nombreux fanarts une fois qu’elle est enfermée dans sa chambre. C’est une jeune fille qui ne sait pas trop qui elle est réellement, tiraillée entre ce qu’elle montre et ce qu’elle est au fond d’elle-même. Mais dans cette façon de se créer un personnage à l’extérieur, elle devient très franche et authentique pour le lecteur et cela permet de très vite s’attacher à elle.

De l’autre côté de la rue se trouve Aled, un jeune introverti qui ne trouve sa place nulle part hormis dans son histoire, Universe City. J’ai eu un coup de cœur phénoménal pour ce personnage si beau dans sa vulnérabilité, son silence, sa tendresse… J’ai été profondément bouleversée par son histoire et son vécu.

Ces deux personnages se retrouvent l’un et l’autre au point précis de leur vie où ils ont besoin l’un de l’autre plus que jamais. J’ai adoré cette relation si atypique, si belle, si touchante et si surprenante. Les autres personnages qui gravitent autour d’eux sont tout aussi bien construits et attachants, notamment la mère de Frances qui est un soutien inébranlable pour sa fille ou encore Daniel, cet ami si particulier pour Aled puis par la suite, pour Frances.

“Everyone’s different inside their head.”

Une plume authentique et une expérience audio immersive

J’ai tout de suite été prise dans le récit et impossible de m’en détacher jusqu’à la finL’histoire dans les oreilles et sous les yeux, l’univers de Frances et Aled m’a totalement envahieJ’ai vécu de fortes émotions envers les personnages et les événements de ce livre et cela, c’est grâce à la très belle plume authentique de l’autrice. . Je n’avais qu’une envie, c’était continuer, avoir les réponses à mes questions, savoir comment allaient s’en sortir les personnages… Même en dehors de ma lecture, ma tête était envahie par les personnages et leur histoire.. Une fin qui se trouve d’ailleurs être très forte en émotion donc attention, préparez-vous à en avoir plein les yeux et surtout, plein le cœur ! J’ai passé une bonne partie de la fin à lire avidement, à pleurer et à envoyer des messages de détresse à mon amie, en PLS dans mon lit.

“I wonder- if nobody is listening to my voice, am I making any sound at all?”

Une histoire qui ne laisse pas indifférent

Je suis ressortie de ce livre grandit, changée, avec un regard neuf sur le monde. Cette histoire m’a donc surprise, émue, fait chavirer… J’ai vraiment ressenti de fortes émotions durant ma lecture et après. Alice Oseman a ce don de faire passer de magnifiques messages d’espoir et d’aborder des sujets tabous comme la bisexualité, l’asexualité, le sentiment de jouer un rôle, la solitude, la liberté de choix, la rancœur envers les parents et tant d’autres avec une plume agréable à lire. C’est comme une glace qui vous fond sur la langue.

Je remercie donc Amélie pour cette bouleversante découverte et je vais m’empresser de lire les autres livres de cette autrice si talentueuse que je vous recommande, vivement, chaudement, expressément ! Lisez lisez lisez ♥

#Difference #bisexualité #asexualité #stéréotypes #liberté #solitude #amitié

Lames vives, Livre 1 : Obédience, Ariel Holzl

« Mes tourments sont mes maîtres : je les rejette. Mes souvenirs sont ma prison : je m’en libère. Mes regrets sont mes liens : je les brise. Mon corps est ma lame : je l’aiguise. Jamais plus serviteur, jamais plus prisonnier, jamais plus esclave ! Jamais plus ! »

Le vif-argent coule dans leurs veines.

Les esclaves sont devenus les maîtres.

La République d’Obédience est née.

Six destins se croisent et se brisent comme des chaînes dans ce roman aux personnages complexes et humains. Un récit d’aventure puissant, poignant et addictif sur la liberté et la lutte pour ses idéaux.

On me dit Fantasy ? Je dis ok. On me dit Fantasy d’Ariel Holzl ? Je fonce. Ni une ni deux, je me plonge dans les Lames Vives en toute confiance même si c’est un roman qui sort de sa ligne habituelle. Et comment vous dire que c’est tout aussi génial.

Un univers oriental

Alors déjà, on m’a vendu le roman comme de la Fantasy orientale. C’est quelque chose d’assez rare dans le genre et le seul que j’ai lu est celui de Charlotte Bousquet, Shâhra, que j’avais adoré. Cela a donc forcément attisé mon attention. Ici, c’est un univers, une ambiance et une mythologie qui diffèrent de ce que j’ai déjà lu avec des golems et une magie exotiques qui contrastent avec la technologie d’Obédience, le Vif-Argent. J’ai beaucoup aimé la chaleur qui se dégage du désert et de l’île vagabonde du peuple de Minah qui s’oppose à une sorte de froideur, d’automatisme à Obédience. C’est un univers sombre, rude, sans pitié et cela se ressent dans la narration. Narration que j’ai trouvée excellente. Chaque point de vue se distingue, la personnalité du personnage transparaît dans la plume et je trouve que c’est l’un des points forts de l’auteur.

Des personnages atypiques

Les personnages sont d’ailleurs très diversifiés et atypiques. J’ai adoré le personnage de Gryff qui sombre peu à peu dans la folie mais aussi le personnage de Minah et de Nazeem qui sont tous deux torturés par leurs remords et leurs espoirs. Je me suis aussi attachée au personnage d’Ellinore qui apporte une certaine douceur dans ce monde si rude. Chaque personnage possède son caractère, sa narration propre, le rendant unique en son genre. On a l’impression qu’à chaque début de chapitre, on entre littéralement dans la tête du personnage. C’est immersif, captivant et fascinant.

Une fantasy dystopique

En naviguant dans chacune de leur tête, on suit ces personnages à travers une quête, une enquête, une révélation, une révolution. Le système en vigueur est questionné, remis en question. Est-il bon ? Mauvais ? Efficace ? Juste ? On ne sait plus qui croire, quoi penser. C’est un univers non pas noir et/ ou blanc mais un monde construit sur une nuance de gris, les personnages et le système ne cessant de naviguer entre les différentes nuances. L’intrigue est difficile à résumer et je pense que je ne vais pas le faire pour tout simplement laisser le plaisir de la découvrir. Elle est complexe et perd de son charme si divulgué selon moi. Mais attendez-vous à être captif des aventures de Minah, Nazeem, Ellinore, Gryff, Saabr et de l’univers qui les entoure.

En conclusion, Lames Vives est un roman percutant, vibrant dont on ne ressort pas indifférent ni inchangé. À nouveau, Ariel Holzl a réussi à me séduire avec sa plume, son histoire et ses personnages hors du commun. Vivement la suite !

#Naos #ArielHolzl #Difference #pouvoir #maladie #résistance #liberté #magie

Le Dieu dans l’Ombre, Megan Lindholm (Robin Hobb)

« Je ne m’enfuis pas de chez moi. Je ne cherche pas à échapper à la vaisselle sale, à la lessive, à une belle-famille aux querelles envahissantes. Je ne fuis rien du tout. Je cours vers un but. Vers la forêt, l’endroit où la solitude n’a jamais pu m’atteindre. Je refuse de me demander si Pan existe vraiment, s’il y a un être vivant qui chuchote cette musique, si je cherche à fuir la réalité, si je ne suis même plus tout à fait saine d’esprit. Les bois se referment sur moi, et la flûte me montre le chemin. »

Evelyn a vingt-cinq ans, un époux, une belle famille et un enfant de cinq ans.

Quand elle était jeune fille, elle avait la compagnie des forêts de l’Alaska, de la poésie de la nature et de Pan, un faune mystique.

Un jour, il disparut.

Elle n’aurait jamais cru que la créature irréelle surgirait à nouveau dans sa vie et agiterait en elle ces émotions fantasmatiques et sensuelles.

A mi-chemin entre la civilisation et la nature, sous le couvert des arbres glacés, Evelyn devra faire face à des choix terribles. Trouvera-t-elle son chemin dans l’ombre ?

Robin Hobb est l’une de mes autrices de Fantasy préférées. Je suis tombée sous le charme de sa plume et de l’univers de l’Assassin Royal dès les premières pages et je n’ai cessé de l’aimer plus encore au fil de mes lectures. J’ai donc été très contente de voir que les éditions ActuSf proposaient un de ses romans fantastiques. C’était pour moi l’occasion de redécouvrir cette autrice sous une autre perspective. Et quelle découverte !

J’ai mis du temps à écrire cette chronique car il m’a fallu un moment pour me retrouver dans toutes les émotions et toutes les réflexions dans lesquels ce roman m’a plongé. J’ai été émerveillée, triste, révoltée, résignée, surprise… Là encore, je ne sais par où commencer quand il s’agit de parler de ce livre qui, même s’il est plus court que ceux que j’ai déjà lus de l’autrice, reste l’un des plus denses selon moi. Je vais donc commencer par ce qui m’a frappé à la sortie de cette lecture.

Un roman sur l’humain

En effet, la chose qui m’a sauté aux yeux en refermant ce livre est le fait que Évelyn est profondément humaine. Une humaine dans toute sa complexité, toutes ses nuances, de la plus foncée, obscure et ténébreuse, à la plus claire, lumineuse et rayonnante.

C’est une femme qui englobe tout ce qui définit être femme : c’est une épouse, une mère, une travailleuse… Mais malgré cela, elle ne se sent à sa place qu’au sein de la forêt. C’est un personnage à la croisée des mondes sauvages et civilisés, qui ne cesse d’osciller entre eux. Elle ne cesse de faire des efforts pour correspondre à l’image qu’on se fait d’une femme parfaite dans les années 60-70 et pour se faire accepter de sa belle-famille. Mais elle ne peut s’empêcher de revenir vers la nature, la forêt, comme si elle était appelée par elle et que cette nature souhaitait lui rappeler qui elle était vraiment. C’est en cela que je me suis retrouvée : l’idée de devoir faire un choix entre correspondre aux attentes de la société ou être soi-même, s’assumer en tant que tel. Ce combat constant est au cœur de ce roman et permet de peindre l’humain sous toutes ces facettes. Evelyn est donc un personnage auquel je me suis attachée malgré le fait qu’elle m’a aussi agacé par moments, m’ait mise en colère, attristé… L’autrice a construit son personnage de sorte à la percevoir non pas comme personnage mais comme personne que l’on côtoie, avec ses qualités et ses défauts.

« Quelqu’un, qui m’a dit un jour qu’il m’aimait, m’a comparée à un cerf. Compliment étrange, qui ne vous rassure pas sur votre féminité. Mais compliment cependant, que j’ai noté et auquel je tiens. Je me redresse et me regarde dans le miroir en cherchant à retrouver le cerf qu’il avait vu. »

Les autres personnages m’ont en revanche fait ressentir des émotions uniquement négatives. J’ai détesté les beaux parents de son mari, qui méprisent Évelyn pour être différente et qui tentent de lui imposer leur vision du monde. J’ai eu de la peine pour sa belle-sœur qui se laisse utiliser par ses parents sans jamais s’affirmer. Mais par-dessus tout, j’ai détesté le mari d’Évelyn, Tom. C’est un homme qui dit l’aimer pour ce qu’elle est, qu’il l’accepte quand ils sont seuls en Alaska, mais qui change totalement quand il se retrouve chez ses parents. Il ne la soutient à aucun moment, lui impose la vision de ses parents, la fait culpabiliser… C’est un personnage que j’ai vraiment détesté, plus que les autres.

Le seul qui apporte du baume au cœur, c’est le fils d’Évelyn, Teddy. Cette petite bouille innocente fait l’effet d’une petite lumière qui réchauffe le cœur.

Un roman engagé : condition féminine et écologie

Ce que j’ai beaucoup aimé dans ce roman, c’est qu’il aborde énormément de thématiques intéressantes.

« Adieu réalité, bonjour féminité »

La condition des femmes durant les années 60-70 est la première dont je vais vous parler. Je dis des années 60-70 mais malheureusement, j’ai retrouvé certains traits qui sont encore d’actualité.

Le combat que mène Évelyn est autant entre la civilité et la sauvagerie que la femme qu’elle est et celle qu’on veut qu’elle soit. On ne cesse de lui imposer des valeurs qu’elle doit adopter en matière de féminité mais aussi des exigences maternelles et conjugales. Ces exigences ont eu le don de me révolter. C’est une personne qu’on tente de brimer et d’insérer dans une catégorie bien définie, dans une cage et dont elle n’a pas le droit de sortir. Sa belle-famille ne cesse de lui dire ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire. Elle est jugée pour chacun de ses gestes, de ses paroles… C’est quelque chose que l’on sent beaucoup peser sur ses épaules.

Le silence d’Évelyn m’a d’abord agacé tout autant. Elle se laisse faire, elle tente de répondre aux exigences de sa belle-famille alors que l’on sent son ennui et sa lassitude à devoir rester tout le temps à la maison pour faire toujours les mêmes choses. Maison dans laquelle elle ne se sent même pas chez elle. Néanmoins, au fur et à mesure, elle s’émancipe jusqu’à reprendre une liberté totale. C’est un message puissant qui inspire de l’admiration pour Évelyn qui arrive à se défaire des convenances mais aussi du courage pour soi, une volonté nouvelle de faire comme elle. Elle finit par assumer ce qu’elle est réellement et le revendique avec fierté et force.

« Ils préfèrent manger les muscles avachis d’un animal élevé jusqu’aux jarrets dans sa propre bouse, castré, vacciné, inspecté, abattu d’une chiquenaude dans le front, réfrigéré dans une grande pièce blanche et découpé en tranches bien nettes par des machines électriques. De la viande « désanimalisée ». »

Le second point important de ce roman, et je pense d’ailleurs que c’est le cœur de celui-ci, c’est l’engagement écologique.

En effet, l’autrice, à travers l’histoire d’Évelyn, montre les dégâts que provoquent la civilisation humaine et son industrialisation sur la nature. La forêt d’enfance d’Évelyn est réduite pour installer des usines et l’entreprise de sa belle-famille est peinte comme matérialiste qui ne pense qu’au profit. Tout ne tourne qu’autour de l’entreprise familiale et on ne se soucie que très peu de la nature environnante.

La manière dont le monde des humains et le monde de la nature sont décrits, montre cela également : en effet, dès qu’on entre dans la forêt, on n’est émerveillé, on s’y sent bien, c’est un monde magique et bienveillant, tandis que le monde des hommes est plein de tensions et d’hostilité.

Pan, le dieu dans l’ombre

« Il joue Pan.

Il joue un rayon de soleil sur un flanc tavelé dans un bosquet de bouleaux, il joue des yeux marron que le rire fait scintiller de vert, il joue le galop imprudent des sabots fourchus sur la pierre glissante de glace, le souffle repris après la course dans les bois, les doigts serrés sur mon bras quand il réclame le silence, le contacte de son épaule contre la mienne quand nos têtes se penchent ensemble sur la première anémone des bois, il joue le vent dans les boucles brunes et l’eau qui ruisselle sur ses omoplates. Ma gorge se serre de toute la beauté qu’il irradie. »

Pan est l’élément principal qui fait de la forêt et de la nature, un monde magique. Non pas parce que c’est une créature merveilleuse mais de par sa singularité. Pour les lecteurs de la Passe-Miroir, ce personnage m’a fait penser à Farouk, l’esprit de famille du Pôle, de par ses silences, son aura langoureuse… Il y a quelque chose chez ce personnage qui m’a un peu mise mal à l’aise, ne sachant pas comment l’appréhender.

Ce n’est pas un personnage que j’ai réussi à apprécier pleinement. J’ai été touché par sa douceur et son amour pour Évelyn mais un je-ne-sais-quoi fait que e personne n’a pas réussi à m’atteindre. Néanmoins, il apporte une réflexion sur la transmission de la mémoire et l’héritage que je trouve importante et intéressante.

Pour conclure, ce fut un roman à la plume poétique qui aborde beaucoup de thématiques importantes et intemporelles. C’est une lecture qui m’a beaucoup fait réfléchir et remit en question beaucoup de choses. J’en suis sortie songeuse et sans doute changée.

#RobinHobb #souvenir #liberté #surnaturelle #ActuSF

La Stratégie des As, Damien Snyers

« Avoir quatre as dans ma manche, c’était ça ma meilleure tactique aux échecs. »

Pour vivre, certains choisissent la facilité. Un boulot peinard, un quotidien pépère. Humains, elfes, demis… Tous les mêmes. Mais très peu pour moi. Alors quand on m’a proposé ce contrat juteux, je n’avais aucune raison de refuser. Même si je me doutais que ce n’était pas qu’une simple pierre précieuse à dérober. Même si le montant de la récompense était plus que louche. Même si le bracelet qu’on m’a gentiment offert de force risque bien de m’éparpiller dans toute la ville. Comme un bleu, j’ai sauté à pieds joints dans le piège. L’amour du risque, je vous dis. Enfin… c’est pas tout ça, mais j’ai une vie à sauver. La mienne.

Un roman de Fantasy qui parle de voleurs et de cambriolages ? Comment ne pas être tenté ! Moi en tout cas je n’ai pas pu et c’est avec enthousiasme que j’ai demandé La Stratégie des As en SP aux éditions ActuSF, que je remercie encore une fois pour cette découverte.

Une intrigue captivante

Dès les premières pages, l’auteur arrive à nous happer dans son univers et dans son intrigue pour le moins douteuse. On est tout de suite plongé dans le bain avec un coup monté digne de voleurs tels que James, Élise et Jorg. C’est d’ailleurs ce qui a attiré l’attention d’une mystérieuse personne qui les engagea pour un cambriolage très particulier… Je ne vous en dirai pas plus à ce propos mais les préparatifs de ce vol et son exécution m’ont tenu en haleine tout du long. J’ai été incapable de lâcher ce livre, il fallait que je connaisse le dénouement. Est-ce qu’ils arriveraient à voler cet objet si mystérieux ? Vont-ils doubler leur client où est-ce lui qui les arnaques ? Tellement de questions auxquelles il me fallait une réponse, et je n’ai pas été déçue ! La fin est détonante et excitante, pleine de rebondissements et de retournements de situations qui donne le vertige. J’ai tout simplement adoré !

Un trio de personnages qui sort de l’ordinaire

Le trio que forme James, Élise et Jorg ont été un coup de coeur pour moi. Trois marginaux qui se rencontrent de manière insolite et qui forgent un partenariat et une amitié sans failles. Je me suis prise d’affection pour ces trois arnaqueurs qui sortent de l’ordinaire mais dans lesquels on peut tout de même se retrouver et s’identifier. J’ai aussi beaucoup aimé apprendre l’histoire de James par touche et souvenirs, qui permettent de garder un certain mystère sur le personnage et son passé.

Un humour mordant

Un gros point positif : l’humour de ce roman ! J’ai adoré l’humour de l’auteur et des personnages, mordant, qui m’a bien fait rire tout au long de ma lecture.

Ayant rencontré l’auteur à l’occasion du Troll et Légendes, je peux vous dire que c’est la marque de fabrique de Damien Snyers avec qui j’ai eu une discussion agréable et pleine d’humour.

Pour conclure, ce livre est un véritable modèle pour tout voleur qui souhaiterait réussir son casse avec brio ! De l’humour, de l’ingéniosité et des personnages charismatiques et profonds avec qui j’ai passé un moment incroyable.

#ActuSF #pouvoir #Intrigue #liberté #Voleur

Hunger Games, L’Embrasement, Suzanne Collins

« Gale a raison. Si les gens ont assez de courage, nous tenons peut-être une occasion unique. Il a raison aussi en affirmant que, puisque c’est moi qui ai tout déclenché, je pourrais faire beaucoup. Même si j’ignore totalement par où commencer. »

Après le succès des derniers Hunger Games, le peuple de Panem est impatient de retrouver Katniss et Peeta pour la Tournée de la victoire. Mais pour Katniss, il s’agit surtout d’une tournée de la dernière chance. Celle qui a osé défier le Capitole est devenue le symbole d’un rebellion qui pourrait bien embraser Panem. Si elle échoue à ramener le calme dans les districts, le président Snow n’hésitera pas à noyer dans le sang le feu de la révolte. A l’aube, des jeux de l’Expiation, le piège du Capitole se referme sur Katniss…

Après avoir refermé le premier tome de Hunger Games, je ne pouvais que me plonger dans le deuxième. Katniss et Peeta ont survécu aux Jeux mais Katniss a provoquer la colère du président Snow et doit tout mettre en œuvre pour éviter de déclencher une révolution qui mettrait en danger sa famille. Mais contre un régime aussi tyrannique, la révolte n’est-elle pas justement la meilleure solution ?

Katniss, un symbole malgré elle

On retrouve donc une Katniss encore traumatisée par les Jeux qu’elle a vécus. Elle ne cesse d’y penser, de revoir les scènes de l’arène, les victimes des Jeux… Elle tente comme elle peut de garder la tête hors de l’eau, d’oublier tout ce qui s’est passé. J’ai trouvé que son traumatisme était très bien retranscrit, on ressent parfaitement sa détresse et son combat intérieur pour s’en sortir.

Malheureusement, elle ne peut plus échapper au Capitole et doit subir la Tournée de la Victoire. C’est à ce moment qu’elle se rend compte que, comme lui dit Haymitch, plus jamais elle ne descendra de ce train. Ayant en plus de cela provoqué le Président Snow avec les baies, elle se doit de lui prouver qu’elle a agi par amour pour Peeta et non pour se révolter contre le système. Cette fois, Katniss ne doit pas uniquement sauver sa peau, mais celle de tous ceux qu’elle aime. On la sent oppressée par cette épée de Damoclès au-dessus de sa tête tout le long de la Tournée de la Victoire. Pourtant, alors qu’elle tente de faire de son mieux, elle ne cesse de raviver la flamme de la révolte à travers les districts, ce qui la désespère de plus en plus.

Mais ce qui l’achève, c’est l’annonce des Jeux de l’Expiation. Au moment où elle apprend qu’elle retourne dans l’arène, elle perd totalement pied. J’ai trouvé ce moment très fort, on sent quelque chose se briser à l’intérieur d’elle. Mais dans le même temps, un changement s’opère. Contrairement au premier tome où elle décide de gagner pour sa petite sœur, cette fois c’est un autre but qui la motive : sauver Peeta. Malgré le fait qu’elle ait voulut l’oublier, on se rend compte qu’elle tient tout de même à lui, quitte à mourir pour le sauver. J’ai trouvé que cette décision l’a métamorphosé. En effet, après avoir pris cette décision, elle devient beaucoup plus combattante, elle a moins peur et elle devient plus provocante.

Peeta, le roc durant la tempête

Quant à Peeta, je trouve qu’il est resté fidèle à lui-même. Tout comme dans les premiers Jeux, son seul but est de sauver Katniss. J’aime vraiment beaucoup la sincérité qu’il dégage et le dévouement qu’il a pour les personnes qu’il aime. Il ne se laisse pas abattre, il met tout en œuvre pour réussir. C’est lui qui pousse Katniss et Haymitch à s’entraîner pour les Jeux et qui développe des stratégies pour gagner.

Depuis le premier tome, il donne l’impression d’être le plus faible des deux, et pourtant, quand on prend du recul, c’est celui qui est le plus déterminé. Quand Katniss a pris peur et qu’elle a pensé à s’enfuir, il a plutôt cherché une solution pour s’en sortir. Quand il a appris qu’il retournait peut être dans l’arène, son premier réflexe a été de penser à Katniss et au moyen de la sauver. Au final, c’est celui qui gère le mieux les situations de crise. C’est la voix de la raison, le roc auquel Katniss se raccroche pour ne pas perdre pied.

Katniss et Peeta, un couple pas si factice que cela

Dans ce deuxième tome, on voit Katniss commencer à se rendre compte de ses sentiments pour Peeta. Si tout le monde semble se mettre d’accord pour dire qu’ils ont tous les deux des sentiments l’un pour l’autre, on ne peut pas en dire autant des deux principaux concernés. Peeta semble persuadé que ses sentiments ne sont pas partagés tandis que Katniss se sent déchirée entre ses sentiments pour Gale et son attachement pour Peeta. Pourtant, ils se raccrochent l’un à l’autre afin de ne pas perdre pied. Ils comptent l’un sur l’autre pour repousser les cauchemars de l’autre, ils se comprennent mieux que quiconque. Mais surtout, ils sont prêts à sacrifier leur propre vie pour celle de l’autre.

Gale, un rebelle jaloux

Quant à Gale, j’ai un peu plus de mal à l’apprécier dans ce tome par rapport au précédent. Ce n’est plus le compagnon de chasse de Katniss mais plutôt le rival de Peeta. Sa jalousie ressort et il reproche injustement à Katniss son comportement dans l’arène. De plus, quand elle accepte enfin sa proposition de s’enfuir, c’est à son tour de refuser. Je l’ai donc trouvé très injuste envers Katniss, ne cherchant pas à la comprendre et à s’entêter. C’est également un personnage qui devient de plus en plus virulent par rapport à la rébellion. On sent que sa colère contre le Capitole grandit de plus en plus au point où il a du mal à la contenir en public. Si la peur est l’émotion qui caractérise Katniss dans ce tome, c’est la colère qui caractérise Gale.

Haymitch, un personnage que l’on découvre

«- Un dernier conseil ? demande Peeta.

– Restez en vie, grogne Haymitch. »

J’ai été très contente de voir le personnage d’Haymitch se développer autant dans ce deuxième tome. On en apprend plus sur son passé, ce qui nous aide à mieux comprendre son présent.

C’est un personnage tragique, moissonné deux fois de suite pour les Jeux de l’Expiation. Quand il se rend compte qu’il risque de retourner dans l’arène, quelque chose se brise de nouveau en lui. On le sent lasse et résigné. Cela m’a fait mal au cœur de voir cette nouvelle facette chez lui. On découvre également à quel point il est intelligent et surtout, à quel point il ressemble à Katniss. Ils ont beaucoup de choses en commun -leur caractère, leur expérience avec les alliés dans l’arène- et c’est pour cela qu’ils se comprennent aussi facilement mais qu’ils ont également autant de mal à s’entendre. C’est une relation profonde et compliquée qu’ils développent tous les deux et que j’ai trouvé géniale.

J’ai également été un peu déçu qu’il mente à Peeta et Katniss, même si cela était nécessaire. Mais on se rend compte aussi à quel point il tient à eux deux et que, depuis leur rencontre, son objectif est de les garder tous les deux en vie.

Cinna, le premier rebelle

De nouveau, j’ai adoré ce personnage, à la fois doux et fort. C’est un styliste hors pair, j’ai beaucoup aimé imaginer ses robes. Mais c’est surtout un ami inestimable pour Katniss. Il est toujours à ses côtés et la soutient quoiqu’il arrive.

Le message qu’il fait passer à travers la robe de mariée de Katniss est incroyablement fort. Grâce à cette robe, il montre que l’on peut se soulever contre cette tyrannie et qu’il le fait lui-même avec courage et fierté. Il ne se bat pas, il n’a pas un rang particulier dans le gouvernement et pourtant, c’est le premier à s’être levé contre le système et avoir fait signé son acte de rébellion. J’admire son intégrité et son courage qui le caractérise.

Effie, un personnage qui évolue

Effie est celle qui a le plus changé entre le premier et le deuxième tome. Même si elle reste toujours aussi pointilleuse sur les bonnes manières et l’organisation, on sent qu’elle se rend compte de l’injustice que subissent Katniss et Peeta et sa tristesse face à leur sort. J’ai beaucoup aimé ce personnage car il montre, ainsi que Cinna, que le Capitole n’est pas habités que par des moutons à l’esprit vide et qu’ils sont également capable de remettre en question le système et de prendre conscience de son injustice.

Finnick, le tribut adulé

Un tout nouveau personnage important entre en scène dans ce deuxième tome. C’est le très adulé Finnick Odair, vainqueur le plus jeune des Jeux qui nous vient du Disctrict Quatre. Je dois avouer qu’au début, j’étais aussi dubitative que Katniss. Tout comme elle, on se méfie de Finnick qui semble ne pas être digne de confiance. Mais plus elle passe de temps avec lui et plus elle apprend à lui faire confiance. C’est un personnage que j’ai beaucoup aimé découvrir. Il passe d’une célébrité adulé à une personne bien plus profonde, bien plus torturée au fur et à mesure du tome.

D’autres personnages sont également introduits, tels que Johanna, Beetee ou encore Maggs. Grâce à eux, on en apprend un peu plus sur les capacités des autres districts mais également les vainqueurs des Jeux des années précédentes. En effet, j’ai trouvé l’idée très intéressante de nous présenter les autres personnages comme Katniss, Peeta et Haymitch.

Un climat dangereux

Dans ce deuxième tome, l’ambiance est bien différente du premier. Un souffle de colère, de révolte se lève et cela n’augure rien de bon…

Un parfum de révolution

Si dans le premier tome, on se rend compte que le peuple est exploité par le Capitole, on sent qu’il est également résigné et qu’il ne cherche pas à se défendre. Or, au moment où Katniss brandit les bais, quelque chose change. Les gens voient en elle un symbole, un signe, qui montre que le Capitole ne peut pas avoir la main mise sur tout le monde impunément. Inconsciemment, Katniss devient un symbole, un exemple à suivre et cela bien malgré elle. Elle a beau essayer de calmer la foule, elle ne fait que l’enflammer de plus en plus. Même les gens du Capitole commencent à remettre en question le principe des Jeux. J’ai personnellement beaucoup apprécié voir le peuple rendre les coups, se défendre et ne plus se laisser faire. Si Katniss les a inspirés, c’est le peuple qui la pousse à se battre et se révolter à sa manière dans cette nouvelle arène.

Des Jeux pas comme les autres

« Au soixante-quinzième anniversaire, afin de rappeler aux rebelles que même les plus forts d’entre eux ne sauraient l’emporter sur le Capitole, les tributs mâles et femelles de chaque district seront moissonnés parmi les vainqueurs survivants. »

Car oui, Katniss est de retour dans l’arène. Mais cette fois-ci, tout est différent. Non seulement, elle doit combattre des vainqueurs comme elle, mais elle ne se bat plus pour gagner.

En effet, cette fois le but de Katniss est différent : sauver Peeta. Pour la première fois, deux tributs se battent pour garder l’autre en vie. D’ailleurs, ils ne sont pas les seuls. Finnick sauve la vie à Peeta deux fois dans l’arène. Cette fois, les Jeux ne sont plus une question de tributs qui s’entretuent mais de tributs qui s’allient pour sortir de cet enfer. A quelques exceptions, ils veillent les uns sur les autres et tentent de faire s’échapper Katniss et Peeta. L’arène elle-même est différente. Dans les premiers Jeux, le Haut Juge n’intervenait que pour pousser un tribut vers les autres. Cette fois, on a l’impression que l’arène a pour but de les exécuter un à un. A chaque heure, un quartier de la jungle met en danger les tributs et fait des morts. Si certains meurent au combat, la plupart meurent à cause de l’arène. J’ai trouvé l’idée très intéressante car elle reflète l’objectif du Président Snow : montrer au peuple que même les vainqueurs ne sont pas en sécurité et qu’ils sont sous son pouvoir. Malheureusement pour lui, il a sous-estimé la volonté et les capacités des vainqueurs et du peuple, et ses Hunger Games volent en éclat sous la flèche de Katniss.

Pour conclure, c’est un deuxième tome explosif plein de tension. J’ai beaucoup aimé cette nouvelle ambiance et cette montée de révolte. Les personnages sont de plus en plus développés et j’ai adoré l’évolution des personnages principaux. Je n’ai maintenant qu’une envie : plonger dans la révolte du troisième tome.

#tyranie #Jeux #résistance #survie #liberté #SuzanneCollins

La Dystopie

« Dystopie, nom féminin : au contraire de l’utopie, la dystopie relate une histoire ayant lieu dans une société imaginaire difficile ou impossible à vivre, pleine de défauts et dont le modèle ne doit pas être imité. » L’Internaute.

Définition

Le mot « dystopie » vient de l’anglais dystopia, qui a été formé par l’association du préfixe dys– et du radical d’origine grecque, τόπος (topos : « lieu »). Cette association a été conçue pour rappeler le terme utopie, auquel il s’oppose.

Ce sous-genre de la Science Fiction est apparu au milieu du XXème siècle, avec Le Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, 1984 de George Orwell et Ravage de René Barjavel. Dans la dystopie, le projet utopique est présenté comme réalisé : les bonnes lois sont appliquées et tout le monde est donc censé être heureux. Mais cette réalisation n’est pas, comme dans l’utopie, une réalité. Les lois ne sont en réalité pas aussi bonnes et justes que le prétend le gouvernement qui l’a mis en place et le peuple en subit les conséquences. Un héros finit par retrouver lucidité et conscience de soi, ce qui amène à une révolte.

L’impact que ces romans ont eu sur la science-fiction à souvent amener à qualifier de dystopie toute œuvre d’anticipation sociale décrivant un avenir sombre. La dystopie, ou contre-utopie, est donc l’histoire d’un régime politique ou d’une société qui fonctionne mal.

Objectif

L’objectif principal de la Dystopie est de mettre en garde le lecteur en montrant les conséquences néfastes d’une idéologie (ou d’une pratique) présente à notre époque. Les personnages principaux sont des inadaptés qui refusent ou ne peuvent se fondre dans la société où ils vivent.

Thèmes

  • L’utilisation de moyens médicaux pour contrôler les individus violents, contestataires ou plus simplement pour endormir l’angoisse est l’un des piliers du Meilleur des mondes et il est également présent dans la série Delirium ou encore Uglies.
  • Le thème d’une société très organisée, refermée sur elle-même et séparée par des murs d’un monde chaotique (Delirium, Hunger Games, La Sélection…).
  • Le thème plus large d’un futur non plus radieux, mais inquiétant et sans espoir, ou encore celui d’une concentration de tout le pouvoir entre les mains d’une petite élite.

Les œuvres

Classiques : Le Meilleur des Mondes d’Aldous Huxley, 1984 de George Orwell, Le Passeur de Lois Lowry, La Planète des Singes de Pierre Boulle, La Servante Ecarlate de Margaret Atwood

Jeunesse : The Hunger Games de Suzanne Collins, Delirium de Lauren Oliver, Uglies de Scott Westerfeld, Les Oubliés de Léna Jomahé, Boys Out ! de Rawia Arroum, Le Joyau d’Amy Ewing, La Sélection de Kiera Cass, The Book of Ivy de Amy Engel, Forget Tomorrow de Pintip Dunn, Divergente de Veronica Roth, The Scorpion Rules d’Erin Bow, Promise d’Ally Condie

#révolte #survie #liberté #résistance #tyranie

Delirium, Livre III, Lauren Oliver

« Nous voulions la liberté d’aimer. Nous voulions la liberté de choisir. Maintenant nous devons nous battre pour l’avoir. »

Alex est revenu.

Le premier amour de Lena n’est pas mort.

Mais il a changé.

Les mois de torture, la lutte de chaque jour dans une nature hostile, la menace qui pèse sur la résistance plus grande que jamais: Alex n’est plus le même.

Hana non plus. Hana qui a été opéré.

Hana qui va se marier.

Hana qui doute.

Imaginez qu’on vous prive de tout sentiment.

Que la liberté ne soit plus qu’un vieux souvenir dénué de sens.

Jusqu’où iriez-vous pour garder le droit d’aimer?

Nous voilà donc au troisième et dernier tome de cette série. La rébellion commence à monter, on sent le changement arrivé, le doute s’installer, les croyances s’effondrer. On touche enfin au but. Voici donc mon avis sur cet ultime tome qui clôture une série qui m’est très chère.

Deux points de vues qui divergent

Cette fois, le livre est découpé non pas en deux temps différents, mais en deux points de vue différents. En effet, en plus d’avoir le point de vue de Lena, nous retrouvons également Hana, qui a subi le Protocole.

J’ai adoré la retrouver car c’est un personnage que j’aime vraiment beaucoup et j’ai été très contente d’avoir son point de vue. Non seulement, le parallèle entre les deux intrigues est vraiment très bien mené, mais en plus, cela apporte une tout autre vision des choses. En effet, Hana ayant subi le Protocole, on a maintenant le point de vue de quelqu’un qui n’a plus ce sentiment de l’amour. Cela nous aide à mieux comprendre la manière dont les Invulnérables ressentent et vivent les choses.

Le point de vue de Lena

C’est d’ailleurs grâce à la confrontation des deux points de vue que l’on voit l’ambivalence sur le bien-fondé du Protocole : du point de vue de Lena, on se rend compte que l’amour fait mal, que c’est un sentiment qui engendre de la souffrance, du malheur. Lena a le coeur brisé, elle est déchirée entre son amour pour Alex et celui pour Julian. Elle fait également l’expérience amère de la jalousie, ne supportant pas de voir Alex proche de Coral. Elle voit également de ses propres yeux ce qu’est réellement la vie dans la Nature, qui n’est en rien ce qu’elle avait imaginé et qui, étonnement, se rapproche de ce qu’on lui avait enseigné à Portland. Elle remet en question toutes ses croyances, tout ce qu’elle pensait savoir et va même jusqu’à parfois regretter de s’être enfui et de ne pas avoir subi le Protocole. Étonnement, c’est dans son point de vue que l’on a les arguments en faveur du Protocole.

Le point de vue de Hana

Du point de vue de Hana, au contraire, nous avons les arguments en défaveur du Protocole. En effet, on voit à travers elle ce qu’est la vie des Invulnérables et on se rend compte à quel point elle peut être vide et pas si tranquille que ce que l’on fait croire. On a inhibé les sentiments de Hana mais il reste une gêne, un manque. Elle ne ressent rien mais elle n’est donc heureuse. Et puis, surtout, on se rend compte que ne pas ressentir d’amour, ne rend pas les gens gentils ou méchants. Cela est illustré par le personnage de son fiancé, Fred, qui, même s’il est opéré, il reste un homme calculateur, ambitieux, manipulateur et parfois même violent. Il n’hésite pas à faire tuer son propre père pour prendre sa place, à faire interner sa première femme et à violenter Hana pour qu’elle ne pose pas de question. Finalement, le Protocole ne règle pas réellement les vrais problèmes. On dit qu’il instaure un endroit en paix et sécurisé alors qu’au final, ce n’est qu’une façade. La violence et la méchanceté restent présentes malgré l’absence de l’amour. D’ailleurs, je trouve que justement, l’amour pousse à la compassion, l’empathie et l’entraide. Les Invalides s’aident majoritairement entre eux et ils le font d’eux-mêmes, tandis que les Invulnérables ne sont guidés que par l’indifférence qui les empêche de créer de vrais liens entre eux et c’est ce qui fait, selon moi, leur faiblesse.

Nous avons donc une véritable réflexion à propos du bien et du mal qu’engendrent l’amour et une remise en question dans les deux camps. J’ai trouvé cela vraiment intéressant, surtout que cela donne à réfléchir sur la position que l’on prend de base et, personnellement, j’ai commencé à penser que les arguments en faveur du Protocole ne sont pas si erronés que cela. Mais finalement, je reste sur ma position initiale et je pense que l’amour est un moteur pour la survie de l’humanité et qu’il est nécessaire.

L’intrigue

Du point de vue de l’intrigue, j’ai trouvé qu’elle était très bien menée, les deux points de vue s’emboîtent à merveille. Julian est un peu moins mis en avant dans ce tome, même si l’on voit son évolution au sein de la Nature. Je trouve qu’il s’en sort d’ailleurs très bien, il fait de son mieux pour s’intégrer et il est très compréhensif envers Lena en ce qui concerne Alex. En parlant de ce dernier, j’ai été vraiment très heureuse de le retrouver même si cela m’a fait mal au coeur de le voir aussi brisé. Même si c’est un peu agaçant de le voir aussi dur et froid avec Lena, je comprends le fait qu’il n’arrive pas à supporter de la voir passer à autre chose, de l’entendre dire que penser à lui était trop dur, que cela faisait trop mal alors que pour lui, c’est justement ce qui le maintenait en vie.

Les personnages

Beaucoup de personnages sont également développés dans ce dernier tome et chacun à sa manière de voir les choses, chaque personne à sa personnalité, est unique. Le personnage que l’on découvre notamment, est la mère de Lena. On finit par la retrouver au sein de la rébellion et j’ai beaucoup aimé l’évolution de sa relation avec Lena, le fait qu’elle ne s’attendait pas du tout à ce genre de retrouvailles, qu’elle était en colère contre elle. Cela a quelque chose de très vrai, très réel.

J’avais oublié la mort de Raven et c’est une nouvelle fois que j’ai le coeur brisé. C’est vraiment triste de la voir mourir comme ça, dans les bras de Tack. Mais elle est morte pour ses idées, ses croyances. Elle a préféré mourir que de vivre soumise à quelque chose à laquelle elle ne croit pas. Mais je trouve cela tellement injuste qu’elle meurt aussi vite, comme ça, comme si de rien n’était, même si cela accentue le réalisme de la chose.

L’autrice nous accorde également une dernière rencontre entre Hana et Lena que tout sépare à présent mais qui n’empêche pas le fait qu’elles restent intimement liées l’une à l’autre, que malgré tout cela, un lien fort les unies toutes les deux et que l’amour qu’elles partagent domine tout.

Une fin poétique et magistrale

En plus de tout cela, l’autrice nous offre une fin magistrale selon moi. De toutes les fins que j’avais imaginées, je ne m’attendais absolument pas à celle-ci. Au début, j’ai été un peu choquée puis déçue, n’ayant pas les réponses à mes questions. Mais finalement, en y repensant et en en parlant, je me suis rendu compte qu’il ne pouvait pas y avoir de meilleure fin que celle-ci, car, après tout, c’est vrai que le plus important n’est pas la fin, mais le combat en lui-même. C’est le fait de se battre pour ce que l’on croit, pour sa liberté qui est le plus important. On peut mourir comme Raven, en se battant et mourir, ou se battre et gagner, le plus important, c’est de le faire.

C’était donc un troisième et dernier tome qui monte crescendo et qui se termine en beauté et tout en poésie, une fin qui ne pouvait être mieux faite.

« Faites tomber les murs. C’est la seule chose qui importe en fin de compte. Personne ne sait ce qui arrivera une fois qu’ils seront abattus : on ne voit pas ce qu’il y a derrière, on ignore si on trouvera la liberté ou le malheurs, le bonheur ou le chaos. Le paradis ou l’enfer. Faites tomber les murs. Sinon, vous mènerez une vie étriquée, une vie de peur, vous vous barricaderez contre l’inconnu, vous réciterez des prières contre les ténèbres, vous laisserez parle la crainte et l’étroitesse d’esprit. Vous pourriez, bien sûr, ne jamais connaître l’enfer. Mais, dans ce cas, vous vous condamneriez ainsi à ne jamais connaître le paradis. Vous ne feriez jamais l’expérience du vide et de l’envol. Vous tous, où que vous soyez : vos grandes villes enrobées de barbelés ou dans vos petits trous paumés. Trouvez-les, ces obstacles, ces liens qui vous étouffent, ces cailloux qui pèsent lourd dans votre ventre. Et libérez-vous, libérez-vous, libérez-vous… Je vous propose un marché : je m’engage à le faire, jour après jour, si vous aussi. Faites tomber les murs. »

#amour #liberté #maladie #Nature #résistance #LaurenOliver

Delirium, Livre II, Lauren Oliver

« L’avenir se bâtit sur n’importe quoi.

Une poussière, une étincelle. Un désir d’avancer, lentement, un pied devant l’autre.

On peut construire une ville magnifique à partir de ruines. »

Lena a découvert avec Alex ce sentiment interdit qu’est l’amour. Ensemble ils se sont enfuis, déterminés à gagner la Nature pour vivre leur passion. Mais seule Lena est parvenue à franchir la frontière. Sans savoir si Alex est encore vivant. Aujourd’hui Lena a rejoint la résistance. Elle se voit confier une mission qui pourrait bien lui coûter la vie. Mais une nouvelle rencontre vient remettre en question tous ses principes. Se battre pour avoir le droit d’aimer : cela a-t-il vraiment un sens ?

Après m’être replongée dans le premier tome de Delirium, j’ai tout de suite enchaîné avec le deuxième tome. Je pense que c’est celui que je préfère de la saga, même si je ne pourrais l’affirmer que quand j’aurais lu le troisième tome. Mais pour le moment, laissez-moi vous parler de celui-ci.

Le premier chapitre est assez perturbant. J’avoue de pas m’être souvenus de ce passage et c’est donc avec surprise qu’on se demande où est-ce que Lena a atterri. Mais malheureusement, on n’a pas tout de suite la réponse car le second chapitre nous transporte au moment où le premier tome se termine. J’ai d’ailleurs adoré l’idée du « Avant » et «Maintenant», ça donne du suspense, de l’intensité et de la profondeur à l’intrigue. Mais je reviendrais là-dessus un peu plus tard.

Je vais d’ailleurs séparer mon avis en ces deux parties « Avant » et «Maintenant» car pour moi ce sont deux intrigues distinctes et qu’elles ont chacune leurs propres points.

Avant

On retrouve donc une Lena aux portes de la mort. Totalement perdue, elle a fait la seule chose qu’elle a toujours su faire : courir. Elle court, court, jusqu’à ne plus pouvoir bouger. Et à ce moment-là, elle attend la mort. On sait qu’elle ne meurt pas grâce au premier chapitre (et aussi au fait que c’est le personnage principal…) mais on est quand même inquiet pour elle, on se demande comment elle va faire pour survivre. C’est là qu’on assiste à sa renaissance. À chaque pas, à chaque souffle, elle laisse l’ancienne Lena mourir et se forge une nouvelle Lena, une battante, une fille de la Nature. J’ai trouvé ce moment très poétique et très intense.

Une nouvelle vie

Et c’est également là qu’arrivent nos nouveaux personnages. Lena se fait secourir par des Invalides qui vont l’accepter au sein de leur grande famille. J’ai beaucoup aimé ce groupe et sa dynamique. Chacun a son rôle, chacun à une utilité et œuvre pour le bien commun. Lena finit peu à peu par y trouver sa place, en tentant de se surpasser, de faire de son mieux pour survivre. Elle devient de plus en plus forte, autant physiquement que mentalement. Ce que j’ai trouvé super intéressant dans ce personnage c’est comment elle arrive à maîtriser ses émotions, à maîtriser ses souvenirs, son passé et de le refouler afin d’aller de l’avant, de vivre le moment présent et de se concentrer uniquement sur cela. Pour ce faire, elle prend beaucoup exemple sur Raven. C’est un personnage très profond également, une jeune femme qui s’est sauvé dans la Nature et qui a vécu là-bas depuis, qui a mené ce groupe d’Invalides à travers la Nature et a tout fait pour les maintenir en vie. Elle porte un poids énorme, une grande responsabilité envers ce groupe. Raven est quelqu’un de très dur en revanche, je trouve que sa responsabilité envers le groupe l’empêche de s’épanouir vraiment, de vivre comme elle l’entend alors qu’au final, c’est le but de la Nature. Et j’ai trouvé cela un peu dommage que Lena devienne un peu comme elle au début.

La Nature

Dans ce tome, on voit donc à quoi ressemble la vie dans la Nature. Dans le précédent, on idéalise un peu cet endroit, on se représente la liberté, la joie, l’amour. Mais finalement, c’est plus compliqué que cela. Dans la Nature, la chose la plus importante, c’est la survie. À travers cela, on nous montre également la douleur que provoque l’amour. Lena souffre. Elle souffre de son amour perdu, elle souffre de la séparation de ses proches, de sa vie d’avant et de l’avenir incertain. Elle a totalement changé d’univers, elle est en pleine remise en question sans avoir non plus le temps de s’adapter.

Maintenant

Parallèlement, la résistance est introduite. Lena est en colère contre le système qui lui a enlevé Alex et sa famille et elle cherche à se venger. Pour cela, elle veut participer activement au sein de la résistance.

Ce que j’aime chez la résistance, c’est le fait qu’ils se battent pour le droit de choisir, pour le libre arbitre. Ce n’est pas une question de vouloir aimer ou non, comme dit Lena c’est la question d’avoir le choix de prendre le mauvais chemin. Je comprends l’idée de vouloir éviter aux gens de prendre de mauvaises décisions et de souffrir mais le fait de choisir est ce qui nous définit, le libre arbitre est une part importante de l’humain et on ne devrait pas la lui retirer. Je suis donc d’accord avec la résistance sur ce point-là. En revanche, je suis en total désaccord avec la manière dont ils mènent le combat. Je suis d’accord avec Lena quand elle dit qu’au fond, ils ne valent pas mieux que l’APASD.

L’APASD

L’APASD pense qu’il vaut mieux sacrifier une minorité pour le bien-être commun. Je ne suis pas d’accord. Pour moi, toute vie humaine est aussi importante que la vie de l’humanité tout entière. Mais eux, cela ne les dérange pas de faire des essais sur des enfants, afin d’éradiquer ce mal si fatal qu’est l’amour. Leur peur les pousse à devenir de plus en plus radical jusqu’à ne plus être rationnel du tout selon moi. Ils n’ont aucun recul sur les conséquences qu’engendrent leur pratique, au lieu de l’améliorer, on a l’impression qu’ils ne font qu’aggraver les choses. J’ai été assez choquée par ce que proposait Thomas Finnerman et encore plus par le fait qu’il rassemblait un grand nombre autour de lui qui partage son opinion. C’est à ce moment que l’on rencontre également son fils, Julian, la figure même de l’APASD. Il est tout ce que Lena déteste. Il est pour le fait d’éradiquer le mal qu’est l’amour quitte à y laisser la vie. J’ai eu beaucoup de mal à comprendre pourquoi il était aussi engagé, je sais bien qu’il a été éduqué de manière à craindre l’amour et à vouloir subir le Protocole pour son bien, mais de là à tenter au risque de mourir, j’ai du mal à savoir pourquoi. Lena avait peur de cela car sa mère était « malade » et qu’elle avait peur de l’avoir contracté à son tour et de subir le même sort que sa mère. Mais lui n’a pas eu un exemple aussi fort.

Une histoire qui se répète

Mais bon, il se retrouve néanmoins coincé avec Lena pendant une bonne partie du livre et commence à douter du bien-fondé du Protocole à son tour. J’ai trouvé que c’était une bonne idée de mettre Lena à la place d’Alex, de la voir faire douter quelqu’un comme on l’avait fait douter avant. C’est un changement de rôle intéressant, elle passe de celle qui met en doute, qui découvre, à celle qui sait et qui ouvre les yeux des autres. J’ai donc bien aimé le fait qu’il y a des références à ce qu’elle avait vécu avec Alex. En revanche, je n’ai pas aimé que l’histoire d’amour se répète. J’ai trouvé que cela n’apportait rien à l’histoire et donnait une généralité qui n’a pas lieu d’être. Je comprends le fait de faire ressentir de l’amour à une personne pour qu’elle comprenne que ce n’est pas un mal mais je pense qu’il aurait été encore plus intéressant de voir une autre forme d’amour se développer (l’amitié ou une relation fraternelle par exemple).

Avant VS Maintenant

D’ailleurs, j’ai trouvé que l’intrigue du « Maintenant » n’est pas aussi bien développée que celle du « Avant ». Pour moi, elle ne sert pas à grand-chose hormis pour introduire la résistance et je trouve cela dommage. L’intrigue n’est pas très bien ficelée, c’est un peu tiré par les cheveux selon moi. En revanche, j’ai bien aimé le fait de nuancer le groupe de résistants. En effet, on se rend compte que même s’ils ont une belle cause, ils agissent de la même manière que les Invulnérables, ils se permettent de sacrifier des personnes pour leur cause. Je comprends le fait de se porter volontaire, d’être prêt à mourir pour la cause que l’on défend, mais je ne comprends pas le fait que l’on sacrifie autrui pour sa propre cause. Personnellement, j’aurais trouvé leur cause plus noble et plus impactant si, justement, ils avaient refusé de sacrifier des gens, de ne pas tuer et de montrer que l’amour n’est justement pas un mal, l’amour ce n’est pas tuer, ce n’est pas détruit, que l’amour c’est sauver.

Voilà donc mon avis sur ce deuxième tome de Delirium. J’ai beaucoup aimé ce tome, particulièrement la partie « Avant » que je trouve très belle et très profonde. Let’s go pour le tome trois !

#liberté #Nature #maladie #amour #résistance #LaurenOliver

Delirium, Lauren Oliver

« Je t’aime. Souviens-toi. Ils ne peuvent pas nous enlever ça. »

Lena vit dans un monde où l’amour est considéré comme la pire des maladies. Un monde où tous les jeunes subissent à leur majorité une opération de cerveau pour être immunisés. A quelques mois de ses dix-huit ans, Lena aspire presque à subir à son tour le Protocole car, depuis toujours, amour rime pour elle avec souffrance et danger. Jusqu’à ce qu’une rencontre inattendue fasse tout basculer.

Avant, tout était simple, tout était organisé.

Mais est-ce vraiment vivre que de laisser la société tout prévoir pour vous. Vos amis, vos amours et votre avenir ?

Delirium est l’une des premières trilogies préférées. Je l’avais lu pendant mes années collège/lycée et j’avais adoré l’univers, les personnages et surtout les idées que ce livre dégage. J’ai donc décidé de me replonger dans cet univers qui m’avait manqué.

L’univers

Je vous avoue qu’au début, j’ai eu un peu de mal à me remettre dans l’univers, je n’ai pas tout de suite accroché comme avant et j’ai eu un peu peur de ne plus autant aimer le livre qu’avant. La diabolisation de l’amour m’a encore plus frappé que durant ma première lecture, avec le recul, on se rend compte à quel point leur vision et leur système est radical. L’amour est aussi mal vu que la peste voire même la mort. Mais il faut avouer que leurs arguments ne sont pas totalement absurdes : l’amour est vu comme quelque chose qui empêche les gens d’être rationnel et responsable, qui pousse les gens à agir de manière impulsive et qui cause de mauvaises conséquences. Quand on y pense, ce n’est pas totalement faux, l’amour rend parfois aveugle, il pousse à faire des choses que l’on regrette par la suite, qui ne sont pas rationnelles et parfois, cela amène à faire des erreurs. L’amour fait également souffrir. Qui n’a jamais pleuré par amour, ne s’est jamais senti trahi ? Qui n’a jamais eu le cœur brisé par quelqu’un ? L’amour a son lot de souffrance, de douleur qui plonge certains d’entre nous dans le malheur pour un long moment voire parfois pour le reste de ses jours. Ce n’est donc pas une si mauvaise idée d’essayer de retirer ce sentiment qui peut être douloureux voire dangereux. D’ailleurs, Lena, adhère totalement à cette croyance de l’amour comme étant une maladie, un mal à éviter à tout prix. Comme tous les autres, elle essaye de fuir la douleur, elle n’a qu’une seule envie : subir le Protocole afin de pouvoir être immunisée contre ce mal. Pour elle, comme pour le reste de cette société, la fin de l’amour est la fin de la souffrance.

La remise en question de Lena

Mais Lena finit peu à peu par remettre en question ce système grâce aux sentiments qu’elle développe pour Alex. En discutant avec une amie, elle m’a expliqué qu’elle n’aimait pas le fait qu’Alex débarque et apprenne la vie à Lena. Mais personnellement, je n’ai pas ressenti cela comme ça. Pour moi, c’est Lena qui ouvre les yeux d’elle-même en développant des sentiments, des émotions qu’elle n’avait jusque-là jamais éprouvées. Pour moi, ce n’est pas Alex qui lui apprend les choses, qui la guide. Lui est là comme exemple, comme preuve. Il lui montre les choses et c’est elle qui se rend compte des failles du système, c’est elle qui remet en cause tout ce qu’on lui a appris. C’est pour cela que j’aime beaucoup ce couple.

Alex

Je trouve Alex simple et sincère (bon hormis la partie où il ment sur le fait qu’il est un Invalide pendant un petit moment…). C’est un personnage un peu mystérieux, qui ne s’ouvre pas trop (ce qui est normal compte tenu des circonstances vous me direz) mais la chose que j’ai le plus appréciée chez lui c’est qu’il n’impose pas son point de vue à Lena. Il lui explique ce qu’il pense, il lui montre, mais il ne l’oblige pas à la suivre, il ne l’oblige pas à prendre part à son combat. Il accepte le fait qu’elle soit née dans cette société et qu’à un moment donné, elle doive subir le Protocole et lui dire au revoir. Il lui raconte ce qu’il sait, lui dit la vérité mais il la laisse se faire sa propre opinion, il la laisse aller à son rythme.

Un premier amour interdit

J’ai également trouvé leur amour très beau. C’est un amour de jeunesse, un premier amour insouciant. Mais surtout un amour fort. On sent qu’ils partagent des sentiments de plus en plus fort l’un pour l’autre au point où Lena n’est plus capable de s’imaginer vivre sans lui. On pourrait penser que c’est un peu « trop beau » mais ce que j’ai beaucoup apprécié c’est que l’autrice nous montre la douleur que provoque cet amour. Lena est heureuse dans les bras d’Alex mais elle souffre également. Elle souffre quand elle se sépare de lui, elle souffre de la peur de subir le Protocole et ne plus l’aimer, elle souffre de ne pas vivre cet amour au grand jour. Mais elle s’en fiche. Elle n’en a vraiment rien à faire de cette douleur, bien au contraire, elle l’accepte car ça la rend plus vivante, plus consciente de ce qui l’entoure, consciente de ce qui est vraiment important dans la vie.

L’amour, un sentiment à multiple facettes

La seconde chose que j’ai beaucoup aimée dans ce livre, c’est le fait que l’autrice nous montre l’amour sous différentes formes. Nous avons certes l’amour entre Lena et Alex qui est fort, mais il y a également celui qui lie Lena à Hana. Ces deux jeunes filles partagent une belle et forte amitié. Elles ne viennent pas du même quartier, elles n’ont pas les mêmes moyens, n’ont pas la même vie mais un lien très fort s’est tissé entre elles envers et contre tout. Elles ont beau se disputer, parfois ne pas se comprendre, elles finissent tout de même par revenir l’une vers l’autre. C’est Hana et Lena contre le reste du monde. Même une fois qu’elle rencontre Alex, elle continue à voir Hana, à l’inclure dans ses secrets. Elle va même jusqu’à prendre des risques pour prévenir Hana quand elle se retrouve en danger. Et Hana est également là pour elle. Elle la couvre, elle fait son possible pour l’aider de son mieux. C’est vraiment une très belle amitié et elle nous montre à quel point l’amour d’une amitié peut être fort et aussi important que l’amour romantique. Nous avons également l’amour envers la famille. Au départ, on a l’amour de Lena pour sa petite cousine Grace qu’elle aime énormément. Elles ont toutes les deux un lien spécial, elles partagent chacune le secret de l’autre. Mais il y a aussi l’amour que la mère de Lena lui portait. Pour moi, s’il y a bien une incarnation de l’amour dans ce livre, c’est la mère de Lena qui l’incarne. Elle a subi le Protocole plusieurs fois sans que cela n’ait en aucun cas entaché l’amour qu’elle porte à son mari et ses enfants. C’est un personnage très fort qui est défini par son amour qu’elle porte à sa famille. Elle s’est battue jusqu’au bout pour cela et elle a offert à ses enfants ce qu’aucun autre enfant n’a reçu dans cette société. J’aime beaucoup ce personnage que je trouve plein de force et de courage.

Mais en plus de nous montrer les différentes facettes de l’amour que l’on peut porter à une personne, l’autrice nous montre que l’amour se trouve aussi dans l’art. J’ai adoré retrouver cette forme d’amour dans ce livre. C’est rare qu’on y pense et pourtant, l’art est ce qui nous fait ressentir le plus de choses. Ici, c’est surtout les émotions que la musique fait ressentir qui est mis en avant. Lena ressent des choses fortes, qu’elle n’avait jamais ressenties avant et elle prend du plaisir à écouter cette musique puissante. La poésie aussi la fait rêver et lui fait ressentir des émotions fortes. Les émotions, l’amour, ne sont pas présents que chez les gens mais aussi dans les notes, les paroles, le rythme. L’amour est partout, sous différentes formes. Et puis, l’amour rend beau. Lena est une jeune fille tout ce qu’il y a de plus banale voire même pas spécialement jolie et pourtant, à travers le regard d’Alex, elle se sent belle. Elle voit également la beauté dans toutes les choses qui l’entoure, dans la musique qu’elle entend, la poésie… Les émotions rendent les choses belles et je trouve que c’est une très belle définition.

Une société dans l’erreur

Et c’est là que l’on se rend compte à quel point cette société est dans l’erreur. Non seulement, je les ai trouvés radicaux dans leur manière de régler le problème de l’amour en l’éradiquant purement et simplement alors qu’il a tout de même énormément de bienfaits, mais en plus de cela, je trouve que les conséquences de l’absence de l’amour sont alarmantes. Les gens deviennent totalement vides. Ils vivent leur vie sans aucun but, aucun rêve, aucune envie. C’est un monde qui, personnellement, me fait très peur, je ne pourrais absolument pas vivre dans un monde pareil, avoir une vie monotone, une routine où je ne pourrais rien aimer de ce que je fais ou aimer les gens qui m’entourent. Les gens sont plongés dans une totale indifférence qui est encore plus dangereuse que la haine. Et cela est très bien illustré par les Régulateurs. Ces personnes qui sont censées protéger la société des Invalides, des malades qui propagent la maladie fatale de l’amour, sont au final ceux qui blessent les gens. Ils les frappent, les attaquent, les violentent dans la plus totale indifférence. Ils sont totalement insensibles à ce que les adolescents qu’ils attaquent ressentent, ils frappent sans se soucier des conséquences que peuvent avoir ces coups. Lena est attaquée par un Régulateur et par un chien et là, retournement total de situation : c’est Alex qui la sauve. Alex l’Invalide. Alex qui est touché par l’amor deliria nervosa. Il la sauve des personnes qui étaient censées la protéger. C’est à ce moment-là je pense, que Lena se rend compte que tout ce qu’on lui a appris, toute l’éducation qu’on lui a donnée, toutes ces années qu’elle a vécu n’est qu’un tissu de mensonges. C’est une véritable prise de conscience pour elle à ce moment-là. Cette société est donc totalement dans le faux, dans l’erreur. Les gens ne sont pas heureux, ils sont tout simplement indifférents de la vie. Ils sont endormis, dans un état second et ne vivent pas réellement.

Il y a également une chose qui m’a un peu perturbé dans ce système, c’est la vision de la religion. Une religion est une croyance, principalement une croyance en un dieu. Mais ce dieu est aimé. Il est vénéré, adoré et c’est pour cela qu’on le sert. Mais cette société a éradiqué le sentiment de l’amour. Je ne vois donc pas comment fonctionne leur relation par rapport à Dieu, qu’est-ce qui les pousse à y croire ?

Voilà donc toute la réflexion que m’a apportée ce livre. Je l’ai relus avec énormément de plaisir, même si j’ai eu un peu de mal au début, je me suis remise dans le bain et j’ai dévoré la suite de l’histoire, j’ai été totalement happé par l’intrigue qui m’a fait retenir mon souffle jusqu’à la dernière ligne. Je vais donc de ce pas me plonger dans le deuxième tome !

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