Le chant des Géants, David Bry

« La magie, c’est parler à l’oreille de géants endormis. »

Entrez, entrez.
Asseyez-vous, n’ayez pas peur. Il reste de la place, là, au fond, près de la cheminée.
Oui. C’est bien. Très bien. Commandez des bières, des pommes braisées, ce que vous voudrez, mais faites vite. Vous autres, dans la paille, rapprochez-vous, calez-vous
contre les murs, les tonneaux, les pieds des tables.
Voilà…
Le feu ronfle, les bûches craquent. La nuit est tombée. Les marmites sont vidées.
Laissez-vous aller. Fermez les yeux. Juste un peu.
Et écoutez-moi.
Je vais vous raconter une histoire.
Celle de notre île d’Oestant où dorment trois géants : Baile, aux rêves de mort et de musique, Leborcham, mère du brouillard, des collines et des plaines, et enfin le puissant Fraech aux songes de gloire et de batailles.
Je vais vous parler de guerres, d’amour et de trahisons, de cris, de sang et de larmes.
Je vais vous parler de grands espoirs, de ce qui est vain. De ce qui meurt.
Alors, fermez les yeux.
Laissez-vous aller.
Voilà.
Mon histoire commence sur la lande, en bord de mer, dans le château de l’étrange roi Lothar.


Sans doute le roman que j’attendais le plus cette année. J’ai été intriguée par les quelques lignes que David Bry a semées sur ses réseaux sociaux durant l’écriture et le travail éditorial des éditions HSN a achevé de me convaincre avec sa couverture magnifique. Sitôt acheté, sitôt lu (ou presque). Et comme chaque roman de David Bry, il a été un coup de cœur.

Comme toujours, l’écriture de l’auteur a pour moi cet effet magique de me porter dans son univers tragique, poétique où les personnages font face à leur destin, l’épée au clair. Ici ce sont deux frères qui s’affrontent selon les rêves des Géants, sous la menace de la brumenuit qui engloutit peu à peu leur monde. Une lutte sanguinaire, épique, tragique qui emprunte tout aussi bien à la tragédie antique qu’à la littérature médiévale. Des personnages hantés, empreints de doutes et de remords, des personnages humains et légendaires, dont on racontera l’histoire jusqu’à la fin des temps.
Je ne saurais vous en dire plus de peur de vous gâcher l’incroyable conte qu’est ce roman. Je vais donc m’arrêter sur ces quelques lignes et vous dire une dernière chose : lisez-le. Et à l’auteur : merci pour ce nouveau coup au cœur.

Lames vives, Livre 1 : Obédience, Ariel Holzl

« Mes tourments sont mes maîtres : je les rejette. Mes souvenirs sont ma prison : je m’en libère. Mes regrets sont mes liens : je les brise. Mon corps est ma lame : je l’aiguise. Jamais plus serviteur, jamais plus prisonnier, jamais plus esclave ! Jamais plus ! »

Le vif-argent coule dans leurs veines.

Les esclaves sont devenus les maîtres.

La République d’Obédience est née.

Six destins se croisent et se brisent comme des chaînes dans ce roman aux personnages complexes et humains. Un récit d’aventure puissant, poignant et addictif sur la liberté et la lutte pour ses idéaux.

On me dit Fantasy ? Je dis ok. On me dit Fantasy d’Ariel Holzl ? Je fonce. Ni une ni deux, je me plonge dans les Lames Vives en toute confiance même si c’est un roman qui sort de sa ligne habituelle. Et comment vous dire que c’est tout aussi génial.

Un univers oriental

Alors déjà, on m’a vendu le roman comme de la Fantasy orientale. C’est quelque chose d’assez rare dans le genre et le seul que j’ai lu est celui de Charlotte Bousquet, Shâhra, que j’avais adoré. Cela a donc forcément attisé mon attention. Ici, c’est un univers, une ambiance et une mythologie qui diffèrent de ce que j’ai déjà lu avec des golems et une magie exotiques qui contrastent avec la technologie d’Obédience, le Vif-Argent. J’ai beaucoup aimé la chaleur qui se dégage du désert et de l’île vagabonde du peuple de Minah qui s’oppose à une sorte de froideur, d’automatisme à Obédience. C’est un univers sombre, rude, sans pitié et cela se ressent dans la narration. Narration que j’ai trouvée excellente. Chaque point de vue se distingue, la personnalité du personnage transparaît dans la plume et je trouve que c’est l’un des points forts de l’auteur.

Des personnages atypiques

Les personnages sont d’ailleurs très diversifiés et atypiques. J’ai adoré le personnage de Gryff qui sombre peu à peu dans la folie mais aussi le personnage de Minah et de Nazeem qui sont tous deux torturés par leurs remords et leurs espoirs. Je me suis aussi attachée au personnage d’Ellinore qui apporte une certaine douceur dans ce monde si rude. Chaque personnage possède son caractère, sa narration propre, le rendant unique en son genre. On a l’impression qu’à chaque début de chapitre, on entre littéralement dans la tête du personnage. C’est immersif, captivant et fascinant.

Une fantasy dystopique

En naviguant dans chacune de leur tête, on suit ces personnages à travers une quête, une enquête, une révélation, une révolution. Le système en vigueur est questionné, remis en question. Est-il bon ? Mauvais ? Efficace ? Juste ? On ne sait plus qui croire, quoi penser. C’est un univers non pas noir et/ ou blanc mais un monde construit sur une nuance de gris, les personnages et le système ne cessant de naviguer entre les différentes nuances. L’intrigue est difficile à résumer et je pense que je ne vais pas le faire pour tout simplement laisser le plaisir de la découvrir. Elle est complexe et perd de son charme si divulgué selon moi. Mais attendez-vous à être captif des aventures de Minah, Nazeem, Ellinore, Gryff, Saabr et de l’univers qui les entoure.

En conclusion, Lames Vives est un roman percutant, vibrant dont on ne ressort pas indifférent ni inchangé. À nouveau, Ariel Holzl a réussi à me séduire avec sa plume, son histoire et ses personnages hors du commun. Vivement la suite !

#Naos #ArielHolzl #Difference #pouvoir #maladie #résistance #liberté #magie

Skin Trade, G.R.R. Martin

« Nous avons bâti cette cité en partant de rien. Le sang et le fer ont formé les fondations de cette cité : le sang et le fer l’ont nourrie, ainsi que ces habitants Les vieilles familles connaissaient le pouvoir, et elles savaient comment faire la grandeur de cette ville. Nous sommes tombés bien bas. Nous devons nous souvenir de nos origines. Le fer noir et le sang rouge. »

Il fût un temps où cette ville était au centre du monde. Un temps où sa puissance se nourrissait du sang et du fer. Mais aujourd’hui elle n’est plus que rouille et elle attend la ruine. C’est un territoire parfait pour Willie Flambeaux et Randi Wade. Lui est agent de recouvrement, elle, détective. Mais lorsqu’une série de meurtres particulièrement atroces ensanglante cette ville qu’ils croyaient si bien connaitre, ce n’est plus dans le labyrinthe des rues qu’ils auront à mener l’enquête, mais dans les recoins les plus sombres de leurs propres passés. Là où se cachent leurs plus grandes peurs.

G.R.R. Martin et moi sommes partis d’un mauvais pied. Je l’ai connu, comme une bonne majorité, grâce à la série Game of Thrones dont j’ai adoré les premières saisons. C’est donc avec beaucoup d’enthousiasme que je m’étais plongée dans le premier intégrale de cette série. Mais j’en suis ressortie mitigée, un peu déçue par la lourdeur du style et par certains personnages (si vous voulez plus de détails, je vous mets ICI ma chronique sur ce premier intégrale). Ensuite, j’ai tenté un de ses livres de SF, L’Agonie de la Lumière, et cela a été un vrai flop. Je n’ai pas du tout aimé l’ambiance ni l’univers et l’histoire m’a laissé indifférente. Alors quand les éditions ActuSF (que je remercie !) m’ont proposé Skin Trade, j’ai beaucoup hésité. Finalement, le côté un peu bit-lit avec des loups-garou a fini par me convaincre.

Skin Trade est l’histoire de Willie, un loup-garou, qui voit les gens de sa meute mourir de manière atroce les uns après les autres. Sachant qu’il est le prochain, il demande de l’aide à Randi, détective humaine, pour comprendre ce qui se passe.

L’histoire est donc très intrigante et sombre, comme on peut s’y attendre de la part de l’auteur. J’ai beaucoup aimé suivre l’enquête qui tient en haleine. Les personnages sont également attachants, notamment Randi. J’ai eu un peu plus de mal avec Willie, trouvant son humour et ses blagues sexuelles un peu lourdes à la longue. Néanmoins, il reste un personnage très atypique, un loup-garou asthmatique et un peu misérable, qui fait assez pâle figure devant la personnalité forte de Randi. Ce duo improbable possède tout de même une bonne dynamique et s’engage dans une enquête sanglante et glauque.

J’ai été totalement prise par la plume de Martin cette fois, la trouvant agréable et parfaite pour ce format de novella à la mythologie réinventée et innovante.

Pour conclure, Skin Trade fut une lecture qui m’a réconcilié avec la plume de G.R.R. Martin et qui prouve son talent d’auteur. Je me plongerais donc avec confiance dans la suite du Trône de Fer et dans ses autres romans du même genre de Skin Trade.

#vengeance #monstre #surnaturelle #survie #GRRMartin #magie #Mystère #ActuSF

Engrenages et Sortilèges, Adrien Tomas

« Le respect qu’on les autres pour toi ne sera jamais aussi important que celui que tu éprouves pour toi même.

Grise et Cyrus sont élèves à la prestigieuse Académie des Sciences Occultes et Mécaniques de Celumbre. Une nuit, l’apprentie mécanicienne et le jeune mage échappent de justesse à un enlèvement. Alors qu’ils se détestent, ils doivent fuir ensemble et chercher refuge dans les Rets, sinistre quartier aux mains des voleurs et des assassins. S’ils veulent survivre, les deux adolescents n’ont d’autre choix que de faire alliance…

La première chose qui m’a attiré dans ce roman, en dehors de sa sublime couverture, a été le titre, ou plutôt ce qu’il promettait. Cette idée de mêler la technologie et la magie qui laisse présager un univers de fantasy steampunk m’a tout de suite plu. J’ai donc commencé ma lecture avec une curiosité enthousiaste.

On plonge dans cette histoire en suivant deux personnages : Grise et Cyrus. À eux deux, ils représentent la rivalité qu’entretiennent les mages et les mécaniciens. Ayant chacun un caractère bien trempé, ce qui crée des tensions mais aussi plusieurs scènes assez comiques, on s’attache assez facilement à eux. J’ai beaucoup aimé les suivre dans leur folle aventure parmi les rebelles de la société. Le duo possède une bonne dynamique et ne tombe pas dans une romance cliché, ce qui fait du bien ! J’ai surtout beaucoup aimé leur ouverture progressive d’esprit, remettant en cause tout ce qui constituait leur monde, leurs valeurs… L’auteur a réussi à faire porter de belles valeurs à son roman : la diversité, l’estime et le respect de soi et d’autrui, la tolérance… Les messages sont tous très beaux et percutants qui ont résonné en moi.

Les autres personnages sont également intéressants, même si parfois un peu stéréotypé. Mais pour une fois, cela ne m’a pas dérangé outre mesure. Petite mention spéciale pour le familier de Cyrus, le chat Quint, qui m’a vraiment bien fait rire !

C’est une histoire au scénario assez classique mais tout de même très plaisante à lire. Certaines intrigues sont prévisibles mais je n’ai pas trouvé cela gênant. La construction de l’univers arrive à gommer le côté ennuyant de la prévisibilité par son originalité. J’ai beaucoup aimé la manière dont la technologie et la magie sont mêlés. J’ai tout de même eu une petite préférence pour le côté engrenage que sortilège. Grise n’est pas une fille comme les autres, ce qui apporte un peu de fraîcheur à ce roman jeunesse/ adoet sa passion pour la mécanique est contagieuse.

Pour conclure, ce fut un roman steampunk très agréable à lire que je conseille à toute personne qui veut passer un bon moment dans un univers Fantasy/ steampunk jeunesse.

#disparition #diversité #revanche #révolte #magie #Politique #Intrigue #résistance #Rageot

Fingus Malister, tome 1 : Feux follets, mandragore et cadavre frais, Ariel Holzl

« Il avait aussi dessiné au crâne une fine moustache noire avec un morceau de charbon. Mais pas de sourcils. Parce que ça, ça aurait été vraiment trop bizarre. »

« Préparez votre soupe ! Trouvez 120g de de sève de mandragore, 80g d’or des fous. Mélangez-les dans un bocal à élixir, faites mijoter une journée à feu follet. Répandez-la sur tout cadavre frais, il reviendra à la vie en quelques minutes. Et le rituel de zombification sera accompli ! »

Apprenti seigneur maléfique, Fingus Malister sait comment éblouir les jurés de sa future académie de magie. Mais il a besoin de l’aide d’une sorcière plus têtue que lui…

Là où il y a une sortie de l’auteur Ariel Holzl, j’y suis ! Ayant a-do-ré (comprendra qui pourra !) les Soeurs Carmines, c’est les yeux fermés que je me suis lancée dans sa nouvelle sortie jeunesse. Et comme toujours… Un vrai coup de coeur !

Fingus Malister, un personnage adorablement insupportable

Si vous avez aimé Tristabelle, vous ne pouvez que tomber sous le charme de Fingus ! Personnellement, j’ai adoré ce petit chenapan qui cherche plus que tout à devenir le meilleur nécromancien et à récupérer le titre de seigneur maléfique de Bedlam que son père et son grand-père avaient avant de mourir, assassinés par les villageois en colère. Son humour et son arrogance m’ont fait sourire tout au long de ses aventures aussi loufoques les unes que les autres.

Polly, la véritable héroïne

Mais si j’ai aimé Fingus, ce n’est rien comparé à Polly. Cette petite sorcière adorable est une amie incroyable ! J’ai tout aimé chez elle, sa simplicité, sa douceur, son intelligence… C’est vraiment un très beau personnage. Si Fingus ne se rend pas compte au départ de sa valeur, il commence petit à petit par s’en apercevoir et j’espère qu’il le verra pleinement au prochain tome.

Une intrigue rocambolesque

L’intrigue se déroule sur une petite semaine dans le village de Bedlam. Fingus est à la recherche des ingrédients pour son Audition à l’académie d’Evergloom. Jusque-là, tout va bien. Mais c’est sans compter sur le caractère de feu (follet ?) de Fingus qui fonce tête baissée pour chacune de ses expéditions ! Le voilà donc empêtré dans mille et une petites aventures dont il ne doit la vie qu’au bon sens et la loyauté sans failles de Polly. Impossible de lâcher mon livre, passant d’une idée folle à une situation catastrophique ponctuée d’une touche d’intelligence de Polly qui est là pour tout remettre sur les rails.

« – Ta-da ! Voici mon Attrapeur-Récupérateur à Modulation Électromagnétique ! Ou A.R.M.E, pour faire plus court.

– C’est juste une canne à pêche, constata Polly. Avec un aimant à la place de l’hameçon.


-Ne sois pas jalouse de mon génie… »

Un univers abracadabrant

J’ai adoré suivre ces deux enfants dans leur chasse aux ingrédients assaisonnée d’un humour noir et de situations complètement loufoques. Les petits détails tels que les inventions (et surtout les noms !) de Fingus ou encore le monstre des douves qui envahit peu à peu la « maison » de Fingus… tout cela ajoute une saveur très particulière qui rend le récit encore meilleur.Vraiment, ce fut un pur bonheur de me plonger dans ce nouvel univers qui n’est pas sans rappeler Grisaille avec ses habitants si particuliers, son atmosphère gothique et cet humour décalé qui fait le charme de la plume d’Ariel Holzl.

En définitive, ce fut une lecture exquise avec des personnages fous, un univers qui l’est tout autant et une intrigue qui ne laisse pas le temps de souffler. Un vrai régal !

#magie #quête #ArielHolzl #Rageot

Âme de Pirate, Charlotte Macaron

« Ils ne sont pas seulement égarés dans le labyrinthe maritime des Mortes-Îles, ils sont ailleurs, en un lieu où ils ne devraient pas être. Ils n’ont pas leur place ici, la navigatrice le ressent jusqu’au fond de ses tripes. Ils n’ont rien à faire là. »

Naviguer dans ce labyrinthe d’îles, si proches les unes des autres qu’elles frôlent la coque des navires qui s’y aventurent, affronter le brouillard opaque qui les recouvre, et les ombres qui s’y cachent, relève de la folie furieuse ! Mais, poursuivi par la Marine Royale, l’équipage pirate du Saule pleureur n’a pas le choix. Ils ne se laisseront pas intimider par la sombre réputation des Mortes-Îles. Ils ont à leur bord les meilleurs navigateurs, et rien n’arrêtera leur soif de liberté. Pourtant ce labyrinthe leur réserve bien des épreuves et ils n’en sortiront peut-être pas indemnes…

Cela fait un moment que je suis à la recherche d’histoire sur les pirates. J’ai toujours adoré ces personnages et le monde de la piraterie me fascine. Alors quand j’ai vu ce roman sur NetGalley, je n’ai pas hésité un instant ! Je remercie d’ailleurs 404 éditions d’avoir accepté de me l’envoyer car ce fut vraiment une très belle lecture.

Une intrigue entraînante

Le roman, voire la nouvelle étant donné la longueur de l’histoire, débute par une chanson pirate. Déjà, rien que là, j’ai été conquise. Puis on enchaîne avec une entrée fracassante d’un navire pirate, le Saule Pleureur, poursuivi par des vaisseaux de l’armada royale et obligé d’entrer dans les si mystérieuses et dangereuses Mortes-Îles. J’ai donc tout de suite été captivée par ma lecture, passant d’un combat à un passage à travers deux énormes falaises, si étroit que j’ai retenu mon souffle en même temps que l’équipage. L’intrigue ne cesse de naviguer entre des moments stressants au rythme effréné, et des moments de stabilité angoissante, un calme avant la tempête qui se déchaîne. Impossible de lâcher ce livre jusqu’à la dernière ligne !

Des personnages attachants

En plus d’une intrigue à couper le souffle, l’autrice trouve le moyen de nous rendre ses personnages très attachants en l’espace de quelques pages. J’ai adoré Lakja, une pirate qui manie le gouvernail comme personne d’autre. Le petit Alenn et ses intuitions qui ont sauvé l’équipage bien plus souvent que n’importe quelle arme. Le capitaine Akerly, que tout pirate aimerait avoir comme capitaine… Tous les personnages ont quelque chose qui fait que l’on s’attache à eux, que l’on craint pour leur vie, refusant de les voir mourir.

Une plume incroyable

J’ai été bluffé par la plume de Charlotte Macaron. J’ai bu chacune de ses paroles, j’ai été subjuguée par sa poésie et son univers. En quelques pages, elle réussit le tour de force de créer un univers très particulier et une histoire captivante dont on n’arrive pas à se détacher.

En conclusion, cette lecture m’a totalement conquise, que cela soit l’histoire, les personnages, l’univers ou la plume de l’autrice. Il n’y a rien à redire, sauf peut-être : on en veut encore !

#pirate #magie #Mystère

La machine de Léandre, Alex Evans

« Il y a quelques siècles, j’aurais été appelée une sorcière.

Une magicienne. Une jeteuse de sorts.


De nos jours, je suis professeur agrégé de sciences magiques. »

Constance Agdal est une excentrique professeure de sciences magiques qui n’aspire qu’à une chose: se consacrer entièrement à ses recherches pour oublier le passé qui la hante. Mais quand des démons se matérialisent au beau milieu de la ville, qu’un incube envahissant se prend d’affection pour elle et que son nouvel assistant agit de façon particulièrement étrange, Constance doit sortir de sa réserve… d’autant que son collègue, l’éminent Professeur Dowell, a disparu alors qu’il tentait de recréer une fabuleuse machine à magie d’après des plans vieux de plusieurs siècles. La jeune femme le remplace au pied levé en collaborant avec Philidor Magnus, un inventeur aussi séduisant qu’énigmatique, mais rien ne se passe comme prévu. Quel terrible secret se cache sous le capot de cuivre de la fameuse machine ?

Le résumé et l’ambiance qui s’en dégage a tout de suite attiré mon attention. Une atmosphère steampunk, un personnage principal féminin et excentrique, de la science mélangée à de la magie… Tout ce qu’il fallait pour me plaire et je remercie les éditions ActuSF de me l’avoir envoyé ! Malheureusement, ma lecture de La Machine de Léandre a été quelque peu mitigée.

Constance, un personnage principal mitigé

J’ai tout de suite beaucoup apprécié Constance. Venant d’une cité, Tourmayer, où la magie est très mal vue, Constance choisit une carrière des plus compliquées par rapport à son statut : une femme et surtout, une chamane. C’est une femme de savoir, qui a gagné une bonne place par sa seule intelligence et sa rigueur. Elle est considérée comme excentrique, ne suivant pas les normes de son époque et de sa société. Malheureusement, je n’ai pas accroché à la manière dont l’autrice fait évoluer son personnage. J’ai trouvé qu’elle retirait tout ce qui faisait de Constance un personnage original et unique. Le message qu’elle faisait tout d’abord s’est peu à peu éclipsé au profit d’un message plus répandu et j’ai trouvé cela très dommage.

Un univers intéressant

L’univers m’a, en revanche, totalement conquise. Je l’ai trouvé bien construit et bien développé pour le format du livre. Rien n’est confus, on n’est pas perdu dans une avalanche d’explications et l’on sent que l’autrice maîtrise bien son monde. Moi qui aime découvrir la mythologie et l’histoire d’un monde, j’ai été servie avec les histoires et les anecdotes que nous livrent Constance et Philidor au fil des pages. J’ai adoré le genre steampunk qui ressort de ce livre, un beau mélange de magie et de science. La manière dont l’autrice réinvente la magie, que l’on appelle « Pouvoir », est incroyable. Elle est perçue comme quelque chose de quantifiable, de scientifique et j’ai trouvé l’idée excellente et bien exploitée.

Une intrigue trop courte

Le point le plus négatif que je trouve à ce livre c’est qu’il est trop court. Pour moi, l’histoire aurait mérité plus d’approfondissement, plus d’enjeux et donc plus de temps pour se développer. Arrivée à un certain stade de la lecture, l’intrigue devient prévisible et l’on perd en suspense.

C’est d’ailleurs pour cela que j’ai fini par me détacher du personnage principal, trouvant que son évolution était maladroite mais aussi trop rapide selon moi.

Des personnages secondaires dans l’ombre

J’ai également eu du mal à m’attacher aux personnages secondaires : j’aurais aimé en savoir plus sur Albert, l’incube qui débarque par hasard et de manière percutante dans la vie de Constance, mais également qu’Arthéméis, sa meilleure amie que l’on ne voit pas assez à mon goût alors qu’elle aurait pu être intéressante.

Il en est de même pour Philidor. Même si on le voit plus souvent et qu’il est plus développé que les autres personnages, je n’ai pas réussi à m’attacher à lui. Je n’ai pas aimé son caractère même si j’ai trouvé son histoire très intéressante.

Pour conclure, je dirai que c’était une bonne lecture avec un bel univers et une intrigue intéressante mais qui aurait mérité plus d’approfondissement au niveau de ses personnages et des enjeux de l’intrigue.

#magie #disparition #ActuSF #époquevictorienne #surnaturelle #pouvoir

Passing Strange, Ellen Klages

« – Les risques du métier de professeur.
– J’aimerais bien. Je ne suis que maître de conférences. Il semblerait que mon doctorat en mathématiques compte moins que mes ovaires. »

San Francisco, 1940. Six femmes, avocate, artiste ou scientifique, choisissent d’assumer librement leurs vies et leur homosexualité dans une société dominée par les hommes. Elles essayent de faire plier la ville des brumes par la force de leurs désirs… ou par celle de l’ori-kami. Mais en science comme en magie, il y a toujours un prix à payer quand la réalité reprend ses droits.

Roman sociétal autant que fantastique, Passing Strange est complété par la nouvelle Caligo Lane qui nous dévoile un peu plus les mystères de l’ori-kami.

C’est le speech de ce roman qui a tout de suite attiré mon attention. Une histoire de femmes dans un San Francisco des années 40, cela m’a beaucoup intrigué. Il y a quelques jours, bloquée dans le deuxième tome du Seigneur des Anneaux, j’avais besoin d’une petite lecture qui sorte du genre et c’est sur ce roman que mon attention s’est portée. Je l’ai donc sorti de ma bibliothèque et j’ai passé l’après-midi entière à le lire.

J’ai tout d’abord été surprise par la structure du roman. Il est séparé en ce que j’appellerais des nouvelles plutôt que des parties qui forment tout même une cohérence dans la narration, qui ne sont pas détachées les unes des autres.

On commence par le point de vue d’Helen Young, sur la fin de sa vie. Tout est un peu flou, on a du mal à comprendre la signification de ces actes et cela nous pousse à continuer la lecture. Puis débute réellement l’histoire en 1940 où l’on rencontre les personnages principaux, pour ensuite revenir sur le « présent ». Si au début, c’était surprenant, on finit par comprendre le choix de l’autrice qui s’avère très astucieux et que j’ai personnellement beaucoup aimé.

Durant cette fameuse histoire principale, on rencontre Haskel et Émilie qui tombent chacune sous le charme de l’autre. J’ai beaucoup aimé ces deux personnages, notamment Haskel. Ce sont des femmes qui n’entrent pas dans les clichés de lesbiennes qu’on a l’habitude de voir dans la littérature ou au cinéma et cela fait plaisir. Leur histoire est peut-être un peu rapide pour moi mais elle se fait de manière tellement naturelle, tellement évidente que je n’ai pas été plus dérangée que cela par ce défaut, hormis sur la fin. C’est donc un beau mélange de naturel et d’extraordinaire, de marginal que l’autrice a réussi à créer. J’ai également apprécié les autres personnages, que je trouve très bien travaillé. Elles n’ont rien de véritablement spéciales, ce sont des femmes ordinaires, certaines scientifiques, d’autres artistes. Mais elles ont la particularité d’être douées dans leur domaine. Elles sont intelligentes, passionnées, indépendantes, dans une époque où le rôle d’une femme se cantonne à celui d’épouse et de mère. À cela s’ajoute leur orientation sexuelle qui les pousse à devoir se cacher. L’oppression, le jugement qu’elles subissent est affligeant et fait malheureusement écho à notre société actuelle par certains aspects.

L’ambiance, l’atmosphère que dégage cette histoire m’a beaucoup plu. C’est un mélange d’ordinaire et de mystique, dans une ville connue pour son côté magique. Ce fut un beau voyage qui me rappela beaucoup la série Charmed dans une certaine mesure.

Ce fut donc une très belle et intéressante lecture qui présente des personnages féminins évoluant dans une société où elles ne sont pas les bienvenues. Cette lecture pousse à la réflexion de l’image et la place d’une femme dans la société, à la différence entre ce qu’elle veut être et ce qu’elle doit être. C’est donc une lecture captivante que je recommande, autant aux femmes qu’aux hommes.

#ActuSF #diversité #harcèlement #résistance #amour #magie

Six of Crows, Leigh Bardugo

« – Pas de sanglots.

– Pas de tombeaux. »

Les bas-fonds de Katterdam s’organisent en gangs rivaux.

L’homme le plus ambitieux et le plus jeune de la pègre est Kaz Brekker: aussi brillant que mystérieux, aussi charismatique que dangereux, et, surtout, connu pour être un voleur hors pair. Prêt à tout pour de l’argent, il accepte la mission du riche marchand Van Eck: délivrer un savant du plais de Glace, réputé imprenable.

Ce prisonnier est l’inventeur du « jurda parem », une drogue multipliant sans limites les pouvoirs surnaturels de la caste des magiciens: les Grishas. Une drogue qui, tombée dans les mauvaises mains, risque d’engendrer un chaos irréversible.

Six of Crows a beaucoup fait parler de lui. Et généralement, c’est le genre de livre qui me fait un peu peur. On me l’a offert et une de mes amies chroniqueuse me l’a chaudement conseillé alors j’ai fini par me laisser tenter. Voici donc ce que j’en ai pensé.

Une intrigue ficelée au détail près

La première chose qui m’a énormément plus dans ce livre a été la manière dont l’intrigue a été conçue. Rien n’est laissé au hasard, les plans sont méticuleusement élaborés pour magistralement éclater à la tronche des personnages. C’est beau, c’est réaliste et ça tient en haleine. C’est vraiment tout ce que j’aime. Il n’y a pas d’incohérence, pas de grain de sable dans l’engrenage, je n’ai vraiment rien à dire concernant l’intrigue. On ne s’ennuie pas un instant, on n’arrive pas à lâcher le livre, de peur qu’il n’avance sans nous et nous laisse derrière.

On a beau savoir que le plan ne se déroulera pas comme prévu, on cherche les failles et l’adrénaline nous habite tout autant qu’elle habite les personnages. Alors merci a l’autrice pour m’avoir embarqué du début à la fin.

Un rythme aussi précis qu’une montre

Comme je le disais, on ne s’ennuie absolument pas durant toute la durée du roman. La partie que j’ai le plus aimée a été l’opération en elle-même (je en vous en dis pas plus !). Le tout est chronométré à la minute près et cela se sent dans la plume de l’autrice. Il n’y a pas de creux, tout est calculé et on sent la tension monter d’un cran à chaque étape. Une véritable course contre la montre.

Un univers sombre

Le monde dans lequel vivent ces personnages est loin d’être joyeux. Si ne n’était pas de la fantasy Young Adult, je l’aurais rangé dans la catégorie Dark Fantasy. Aucun pays, aucun personnage n’est « gentil ». On est entouré de criminels de tous côtés, de pays ambitieux qui cherchent le pouvoir à tout prix. Même le peuple persécuté est nuancé et j’ai adoré cette touche de réalisme que l’autrice a insufflé à son univers. Rien n’est tout blanc ni tout noir et notre bande ne fait pas exception. C’est une équipe de criminels qui ne le nie pas. Ils s’en vont remplir un contrat qu’ils savent illégal mais cela ne les dérange pas. Ils assument pleinement le fait de ne pas être des héros et j’aime beaucoup ce parti pris.

Le traitement des personnages

Je vous le dis d’emblée, j’ai adoré la personnalité des personnages. Je citerais surtout Kaz pour son intelligence tranchante et son audace, ainsi qu’Inej qui m’a beaucoup fait penser à Lila Bard (Shades of Magic). On s’attache aux personnages tout en essayant de les décoder, de connaitre leur passé. Les personnages sont très bien exploités, ils sont profonds et intéressants.

Mais j’ai trouvé deux petits défauts :

Le premier est que j’ai trouvé les personnages bien trop jeunes. Ils ont une personnalité qui ne colle pas avec leur âge. Cela peut paraître bizarre quand je l’explique comme cela mais j’ai dû faire l’effort à chaque fois de me rappeler qu’ils avaient tous entre 17 et 20 ans. Ils donnent l’impression d’avoir vécu bien trop de choses en si peu d’années, qu’ils n’ont jamais eu d’enfance, jamais eu d’innocence. Cela m’a quelque peu perturbé.

Le second point réside dans les relations amoureuses. Je ne fais pas trop de spoilers en disant que chacun à son amour, ce que je ne trouve pas très réaliste. Les relations sont en soi intéressantes et bien exploitées mais le fait que chaque personne du groupe trouve sa moitié est un peu irréaliste. À voir donc comment cela va évoluer dans le second tome.

Pour conclure, ce fut une très bonne lecture avec quelques petits bémols mais aussi une intrigue à couper le souffle, un jeu contre la montre qui pousse à lire encore et des personnages que l’on a envie de suivre jusqu’au bout du monde.

#Voleur #pouvoirs #Intrigue #magie #pouvoir #contrat

Le Dernier Souffle, tome 1 : Le Don, Fiona McIntoch

« Le coup allait être mortel. Il le sut à la seconde même où il capta la lueur menaçante de la lame à l’entame du mouvement ; et il l’accepta. »

Encore adolescent, Wyl Thirsk doit assumer le rôle pour lequel on le destinait depuis sa naissance : commandant en chef des armées de Morgravia! Une responsabilité qui le conduit à la cour du prince Celimus, un despote sadique. Là, un geste de bonté envers une sorcière condamnée au bûcher vaudra à Wyl un don miraculeux, ainsi que la colère de son seigneur et maître.

Contraint de lui obéir, Wyl est envoyé au Nord où la guerre menace, pour une mission suicidaire à la cour ennemie… avec pour seule arme un mystérieux pouvoir dont il ne soupçonne pas même l’existence. Or, s’il n’embrasse pas le Dernier Souffle, il signera sa perte… et celle du pays qu’il a juré de défendre.

J’ai toujours beaucoup entendu parler de la saga Le Dernier Souffle, que l’on voit un peu comme une incontournable de la Fantasy. L’ayant reçu pour Noël, je me suis plongée dedans à l’occasion du challenge le Mois de la Fantasy. Ce fut malheureusement un gros flop pour moi et je vous explique pourquoi.

Des personnages peu profonds

Si j’ai tout d’abord éprouvé de l’affection pour le personnage principal, Wyl, j’ai tout de même fini par être déçue par son évolution. J’ai trouvé sa personnalité et sa psychologie traitée en surface, sans réelle profondeur, et c’est un défaut que j’ai retrouvé dans de nombreux personnages. Celimus est un méchant car il est… méchant. C’est une vision manichéenne, superficielle qui manque de nuance à mon goût ainsi que de réalisme. Les changements qui s’opèrent chez les personnages, notamment chez Wyl sont trop soudains, l’autrice va un peu vite en besogne selon moi. On ne s’attarde pas assez sur la psychologie des personnages alors que son univers offre de belles occasions de le faire. Le personnage que j’ai vraiment apprécié a été Cailech qui montre bien plus de nuance, un roi bon avec son peuple et ambitieux mais qui se trouve également être intransigeant avec les étrangers, voire impitoyable.

Une vision des femmes décevante

Mais la chose qui m’a le plus déçue a été la vision des femmes qu’offre ce tome. Si j’ai tout d’abord été contente de découvrir le personnage de Valentyna, une princesse au caractère bien trempé et solide, qui ne s’embête pas de choses futiles et qui va droit au but, indépendante et imposante. Malheureusement, elle devient très vite une jeune fille qui se pâme devant le premier bel homme aux allures de bad boy qu’elle rencontre. Ce fut pour moi une énorme déception qui m’a un peu énervé. Quant à la sœur de Wyl, Ylenna, n’a été qu’une demoiselle en détresse qui n’a fait que subir tous les événements, sans jamais être dans l’action. La déception est d’autant plus grande que c’est une femme qui écrit.

Une intrigue difficilement construite

L’intrigue fut pour moi aussi décevante que les personnages. Je l’ai trouvé décousue, un peu brouillon. On ne comprend pas tout à fait toutes les motivations de Wyl, il va à gauche et à droite sans réelle raison. Les événements s’enchaînent bien trop vite et de manière peu réaliste. J’ai donc finit par décrocher vers le milieu du livre, ce qui est fort dommage.

Pour conclure, ce fut une déception sur beaucoup de points et il n’y a pas eu assez de points positifs pour que je continue la série. Je pense donc que ce sera le premier et dernier livre que je lirai de cette trilogie.

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