Lames vives, Livre 1 : Obédience, Ariel Holzl

« Mes tourments sont mes maîtres : je les rejette. Mes souvenirs sont ma prison : je m’en libère. Mes regrets sont mes liens : je les brise. Mon corps est ma lame : je l’aiguise. Jamais plus serviteur, jamais plus prisonnier, jamais plus esclave ! Jamais plus ! »

Le vif-argent coule dans leurs veines.

Les esclaves sont devenus les maîtres.

La République d’Obédience est née.

Six destins se croisent et se brisent comme des chaînes dans ce roman aux personnages complexes et humains. Un récit d’aventure puissant, poignant et addictif sur la liberté et la lutte pour ses idéaux.

On me dit Fantasy ? Je dis ok. On me dit Fantasy d’Ariel Holzl ? Je fonce. Ni une ni deux, je me plonge dans les Lames Vives en toute confiance même si c’est un roman qui sort de sa ligne habituelle. Et comment vous dire que c’est tout aussi génial.

Un univers oriental

Alors déjà, on m’a vendu le roman comme de la Fantasy orientale. C’est quelque chose d’assez rare dans le genre et le seul que j’ai lu est celui de Charlotte Bousquet, Shâhra, que j’avais adoré. Cela a donc forcément attisé mon attention. Ici, c’est un univers, une ambiance et une mythologie qui diffèrent de ce que j’ai déjà lu avec des golems et une magie exotiques qui contrastent avec la technologie d’Obédience, le Vif-Argent. J’ai beaucoup aimé la chaleur qui se dégage du désert et de l’île vagabonde du peuple de Minah qui s’oppose à une sorte de froideur, d’automatisme à Obédience. C’est un univers sombre, rude, sans pitié et cela se ressent dans la narration. Narration que j’ai trouvée excellente. Chaque point de vue se distingue, la personnalité du personnage transparaît dans la plume et je trouve que c’est l’un des points forts de l’auteur.

Des personnages atypiques

Les personnages sont d’ailleurs très diversifiés et atypiques. J’ai adoré le personnage de Gryff qui sombre peu à peu dans la folie mais aussi le personnage de Minah et de Nazeem qui sont tous deux torturés par leurs remords et leurs espoirs. Je me suis aussi attachée au personnage d’Ellinore qui apporte une certaine douceur dans ce monde si rude. Chaque personnage possède son caractère, sa narration propre, le rendant unique en son genre. On a l’impression qu’à chaque début de chapitre, on entre littéralement dans la tête du personnage. C’est immersif, captivant et fascinant.

Une fantasy dystopique

En naviguant dans chacune de leur tête, on suit ces personnages à travers une quête, une enquête, une révélation, une révolution. Le système en vigueur est questionné, remis en question. Est-il bon ? Mauvais ? Efficace ? Juste ? On ne sait plus qui croire, quoi penser. C’est un univers non pas noir et/ ou blanc mais un monde construit sur une nuance de gris, les personnages et le système ne cessant de naviguer entre les différentes nuances. L’intrigue est difficile à résumer et je pense que je ne vais pas le faire pour tout simplement laisser le plaisir de la découvrir. Elle est complexe et perd de son charme si divulgué selon moi. Mais attendez-vous à être captif des aventures de Minah, Nazeem, Ellinore, Gryff, Saabr et de l’univers qui les entoure.

En conclusion, Lames Vives est un roman percutant, vibrant dont on ne ressort pas indifférent ni inchangé. À nouveau, Ariel Holzl a réussi à me séduire avec sa plume, son histoire et ses personnages hors du commun. Vivement la suite !

#Naos #ArielHolzl #Difference #pouvoir #maladie #résistance #liberté #magie

La machine de Léandre, Alex Evans

« Il y a quelques siècles, j’aurais été appelée une sorcière.

Une magicienne. Une jeteuse de sorts.


De nos jours, je suis professeur agrégé de sciences magiques. »

Constance Agdal est une excentrique professeure de sciences magiques qui n’aspire qu’à une chose: se consacrer entièrement à ses recherches pour oublier le passé qui la hante. Mais quand des démons se matérialisent au beau milieu de la ville, qu’un incube envahissant se prend d’affection pour elle et que son nouvel assistant agit de façon particulièrement étrange, Constance doit sortir de sa réserve… d’autant que son collègue, l’éminent Professeur Dowell, a disparu alors qu’il tentait de recréer une fabuleuse machine à magie d’après des plans vieux de plusieurs siècles. La jeune femme le remplace au pied levé en collaborant avec Philidor Magnus, un inventeur aussi séduisant qu’énigmatique, mais rien ne se passe comme prévu. Quel terrible secret se cache sous le capot de cuivre de la fameuse machine ?

Le résumé et l’ambiance qui s’en dégage a tout de suite attiré mon attention. Une atmosphère steampunk, un personnage principal féminin et excentrique, de la science mélangée à de la magie… Tout ce qu’il fallait pour me plaire et je remercie les éditions ActuSF de me l’avoir envoyé ! Malheureusement, ma lecture de La Machine de Léandre a été quelque peu mitigée.

Constance, un personnage principal mitigé

J’ai tout de suite beaucoup apprécié Constance. Venant d’une cité, Tourmayer, où la magie est très mal vue, Constance choisit une carrière des plus compliquées par rapport à son statut : une femme et surtout, une chamane. C’est une femme de savoir, qui a gagné une bonne place par sa seule intelligence et sa rigueur. Elle est considérée comme excentrique, ne suivant pas les normes de son époque et de sa société. Malheureusement, je n’ai pas accroché à la manière dont l’autrice fait évoluer son personnage. J’ai trouvé qu’elle retirait tout ce qui faisait de Constance un personnage original et unique. Le message qu’elle faisait tout d’abord s’est peu à peu éclipsé au profit d’un message plus répandu et j’ai trouvé cela très dommage.

Un univers intéressant

L’univers m’a, en revanche, totalement conquise. Je l’ai trouvé bien construit et bien développé pour le format du livre. Rien n’est confus, on n’est pas perdu dans une avalanche d’explications et l’on sent que l’autrice maîtrise bien son monde. Moi qui aime découvrir la mythologie et l’histoire d’un monde, j’ai été servie avec les histoires et les anecdotes que nous livrent Constance et Philidor au fil des pages. J’ai adoré le genre steampunk qui ressort de ce livre, un beau mélange de magie et de science. La manière dont l’autrice réinvente la magie, que l’on appelle « Pouvoir », est incroyable. Elle est perçue comme quelque chose de quantifiable, de scientifique et j’ai trouvé l’idée excellente et bien exploitée.

Une intrigue trop courte

Le point le plus négatif que je trouve à ce livre c’est qu’il est trop court. Pour moi, l’histoire aurait mérité plus d’approfondissement, plus d’enjeux et donc plus de temps pour se développer. Arrivée à un certain stade de la lecture, l’intrigue devient prévisible et l’on perd en suspense.

C’est d’ailleurs pour cela que j’ai fini par me détacher du personnage principal, trouvant que son évolution était maladroite mais aussi trop rapide selon moi.

Des personnages secondaires dans l’ombre

J’ai également eu du mal à m’attacher aux personnages secondaires : j’aurais aimé en savoir plus sur Albert, l’incube qui débarque par hasard et de manière percutante dans la vie de Constance, mais également qu’Arthéméis, sa meilleure amie que l’on ne voit pas assez à mon goût alors qu’elle aurait pu être intéressante.

Il en est de même pour Philidor. Même si on le voit plus souvent et qu’il est plus développé que les autres personnages, je n’ai pas réussi à m’attacher à lui. Je n’ai pas aimé son caractère même si j’ai trouvé son histoire très intéressante.

Pour conclure, je dirai que c’était une bonne lecture avec un bel univers et une intrigue intéressante mais qui aurait mérité plus d’approfondissement au niveau de ses personnages et des enjeux de l’intrigue.

#magie #disparition #ActuSF #époquevictorienne #surnaturelle #pouvoir

Six of Crows, Leigh Bardugo

« – Pas de sanglots.

– Pas de tombeaux. »

Les bas-fonds de Katterdam s’organisent en gangs rivaux.

L’homme le plus ambitieux et le plus jeune de la pègre est Kaz Brekker: aussi brillant que mystérieux, aussi charismatique que dangereux, et, surtout, connu pour être un voleur hors pair. Prêt à tout pour de l’argent, il accepte la mission du riche marchand Van Eck: délivrer un savant du plais de Glace, réputé imprenable.

Ce prisonnier est l’inventeur du « jurda parem », une drogue multipliant sans limites les pouvoirs surnaturels de la caste des magiciens: les Grishas. Une drogue qui, tombée dans les mauvaises mains, risque d’engendrer un chaos irréversible.

Six of Crows a beaucoup fait parler de lui. Et généralement, c’est le genre de livre qui me fait un peu peur. On me l’a offert et une de mes amies chroniqueuse me l’a chaudement conseillé alors j’ai fini par me laisser tenter. Voici donc ce que j’en ai pensé.

Une intrigue ficelée au détail près

La première chose qui m’a énormément plus dans ce livre a été la manière dont l’intrigue a été conçue. Rien n’est laissé au hasard, les plans sont méticuleusement élaborés pour magistralement éclater à la tronche des personnages. C’est beau, c’est réaliste et ça tient en haleine. C’est vraiment tout ce que j’aime. Il n’y a pas d’incohérence, pas de grain de sable dans l’engrenage, je n’ai vraiment rien à dire concernant l’intrigue. On ne s’ennuie pas un instant, on n’arrive pas à lâcher le livre, de peur qu’il n’avance sans nous et nous laisse derrière.

On a beau savoir que le plan ne se déroulera pas comme prévu, on cherche les failles et l’adrénaline nous habite tout autant qu’elle habite les personnages. Alors merci a l’autrice pour m’avoir embarqué du début à la fin.

Un rythme aussi précis qu’une montre

Comme je le disais, on ne s’ennuie absolument pas durant toute la durée du roman. La partie que j’ai le plus aimée a été l’opération en elle-même (je en vous en dis pas plus !). Le tout est chronométré à la minute près et cela se sent dans la plume de l’autrice. Il n’y a pas de creux, tout est calculé et on sent la tension monter d’un cran à chaque étape. Une véritable course contre la montre.

Un univers sombre

Le monde dans lequel vivent ces personnages est loin d’être joyeux. Si ne n’était pas de la fantasy Young Adult, je l’aurais rangé dans la catégorie Dark Fantasy. Aucun pays, aucun personnage n’est « gentil ». On est entouré de criminels de tous côtés, de pays ambitieux qui cherchent le pouvoir à tout prix. Même le peuple persécuté est nuancé et j’ai adoré cette touche de réalisme que l’autrice a insufflé à son univers. Rien n’est tout blanc ni tout noir et notre bande ne fait pas exception. C’est une équipe de criminels qui ne le nie pas. Ils s’en vont remplir un contrat qu’ils savent illégal mais cela ne les dérange pas. Ils assument pleinement le fait de ne pas être des héros et j’aime beaucoup ce parti pris.

Le traitement des personnages

Je vous le dis d’emblée, j’ai adoré la personnalité des personnages. Je citerais surtout Kaz pour son intelligence tranchante et son audace, ainsi qu’Inej qui m’a beaucoup fait penser à Lila Bard (Shades of Magic). On s’attache aux personnages tout en essayant de les décoder, de connaitre leur passé. Les personnages sont très bien exploités, ils sont profonds et intéressants.

Mais j’ai trouvé deux petits défauts :

Le premier est que j’ai trouvé les personnages bien trop jeunes. Ils ont une personnalité qui ne colle pas avec leur âge. Cela peut paraître bizarre quand je l’explique comme cela mais j’ai dû faire l’effort à chaque fois de me rappeler qu’ils avaient tous entre 17 et 20 ans. Ils donnent l’impression d’avoir vécu bien trop de choses en si peu d’années, qu’ils n’ont jamais eu d’enfance, jamais eu d’innocence. Cela m’a quelque peu perturbé.

Le second point réside dans les relations amoureuses. Je ne fais pas trop de spoilers en disant que chacun à son amour, ce que je ne trouve pas très réaliste. Les relations sont en soi intéressantes et bien exploitées mais le fait que chaque personne du groupe trouve sa moitié est un peu irréaliste. À voir donc comment cela va évoluer dans le second tome.

Pour conclure, ce fut une très bonne lecture avec quelques petits bémols mais aussi une intrigue à couper le souffle, un jeu contre la montre qui pousse à lire encore et des personnages que l’on a envie de suivre jusqu’au bout du monde.

#Voleur #pouvoirs #Intrigue #magie #pouvoir #contrat

La Stratégie des As, Damien Snyers

« Avoir quatre as dans ma manche, c’était ça ma meilleure tactique aux échecs. »

Pour vivre, certains choisissent la facilité. Un boulot peinard, un quotidien pépère. Humains, elfes, demis… Tous les mêmes. Mais très peu pour moi. Alors quand on m’a proposé ce contrat juteux, je n’avais aucune raison de refuser. Même si je me doutais que ce n’était pas qu’une simple pierre précieuse à dérober. Même si le montant de la récompense était plus que louche. Même si le bracelet qu’on m’a gentiment offert de force risque bien de m’éparpiller dans toute la ville. Comme un bleu, j’ai sauté à pieds joints dans le piège. L’amour du risque, je vous dis. Enfin… c’est pas tout ça, mais j’ai une vie à sauver. La mienne.

Un roman de Fantasy qui parle de voleurs et de cambriolages ? Comment ne pas être tenté ! Moi en tout cas je n’ai pas pu et c’est avec enthousiasme que j’ai demandé La Stratégie des As en SP aux éditions ActuSF, que je remercie encore une fois pour cette découverte.

Une intrigue captivante

Dès les premières pages, l’auteur arrive à nous happer dans son univers et dans son intrigue pour le moins douteuse. On est tout de suite plongé dans le bain avec un coup monté digne de voleurs tels que James, Élise et Jorg. C’est d’ailleurs ce qui a attiré l’attention d’une mystérieuse personne qui les engagea pour un cambriolage très particulier… Je ne vous en dirai pas plus à ce propos mais les préparatifs de ce vol et son exécution m’ont tenu en haleine tout du long. J’ai été incapable de lâcher ce livre, il fallait que je connaisse le dénouement. Est-ce qu’ils arriveraient à voler cet objet si mystérieux ? Vont-ils doubler leur client où est-ce lui qui les arnaques ? Tellement de questions auxquelles il me fallait une réponse, et je n’ai pas été déçue ! La fin est détonante et excitante, pleine de rebondissements et de retournements de situations qui donne le vertige. J’ai tout simplement adoré !

Un trio de personnages qui sort de l’ordinaire

Le trio que forme James, Élise et Jorg ont été un coup de coeur pour moi. Trois marginaux qui se rencontrent de manière insolite et qui forgent un partenariat et une amitié sans failles. Je me suis prise d’affection pour ces trois arnaqueurs qui sortent de l’ordinaire mais dans lesquels on peut tout de même se retrouver et s’identifier. J’ai aussi beaucoup aimé apprendre l’histoire de James par touche et souvenirs, qui permettent de garder un certain mystère sur le personnage et son passé.

Un humour mordant

Un gros point positif : l’humour de ce roman ! J’ai adoré l’humour de l’auteur et des personnages, mordant, qui m’a bien fait rire tout au long de ma lecture.

Ayant rencontré l’auteur à l’occasion du Troll et Légendes, je peux vous dire que c’est la marque de fabrique de Damien Snyers avec qui j’ai eu une discussion agréable et pleine d’humour.

Pour conclure, ce livre est un véritable modèle pour tout voleur qui souhaiterait réussir son casse avec brio ! De l’humour, de l’ingéniosité et des personnages charismatiques et profonds avec qui j’ai passé un moment incroyable.

#ActuSF #pouvoir #Intrigue #liberté #Voleur

Que Passe l’Hiver, David Bry

« Un fil se brise, un autre se renforce. »

Stig vient d’avoir vingt ans, l’âge de porter une épée et de se rendre – enfin ! – sur le Wegg, l’étrange montagne où réside son souverain, le roi de la Clairière. Mais son premier solstice d’hiver ne se déroule pas comme il l’avait imaginé. À peine le jeune seigneur est-il arrivé que la mort répond aux augures néfastes et que les fils enchevêtrés du destin tissent un avenir que personne, ni homme ni dieu, semble pouvoir prédire. Menacé sans qu’il en comprenne la raison, Stig aura fort à faire pour découvrir ce qui se trame dans l’ombre des festivités, protéger ceux qu’il aime … et même survivre. Y parviendra-t-il ? À la croisée de l’ode initiatique et du huis-clos, Que passe l’hiver raconte le destin d’un jeune homme au pied bot et d’un roi aux longs bois de cerf, pris dans le maelstrom d’un monde qui se meurt, peut-être…

Ce livre me faisait de l’oeil depuis quelque temps déjà. Je l’ai découvert en même temps que son auteur durant un salon et j’avais été intriguée par cette histoire et ce monde enchanteur. Eh bien je peux vous dire que j’ai découvert une véritable perle.

La Clairière, un monde enchanteur

J’ai adoré l’univers de la Clairière. Pour les habitants, il n’existe qu’elle, tout ce qui est en dehors de la Lisière est un peu pour nous, ce qui est en dehors de la Terre. C’est un monde à part, plein de magie, de mystère et de poésie. Je me suis totalement laissé emporter par la féerie de cet endroit couvert d’une couche de neige et de légende.

L’auteur a su créer un monde à part entière, avec ses règles et ses lois, son fonctionnement et sa magie. Des hommes aux pouvoirs incroyables qui rendent hommage au roi de l’hiver à chaque solstice. Un roi qui d’ailleurs m’a beaucoup fait penser à l’esprit de la forêt dans la Princesse Mononoke, de par son physique de cerf mais également par son étrange silence et ses yeux ténébreux. C’est une référence qui m’a beaucoup plu. Référence que l’on retrouve également dans la thématique de l’homme qui s’oppose à la nature, qui cherche à en prendre le contrôle d’une certaine manière.

Une réflexion sur le destin

En parlant de thématique, celle que j’ai le plus appréciée est à propos de la notion de destin. Deux théories s’opposent dans ce roman : d’un côté, certains pensent que le roi sombre tisse le destin des hommes et qu’ils sont condamnés à les suivre quoi qu’il arrive. D’autres pensent que même si le roi les tisse, nous sommes libres de choisir n’importe lequel d’entre eux. La question est donc, est ce que notre destin est défini ou est-ce nous qui choisissons quel fil du destin prendre ?

Personnellement, j’ai été de l’avis de Stig qui pensent que chaque homme est libre de choisir son propre destin, qu’ils ne sont pas condamnés à n’en suivre qu’un seul, que chaque décision que nous prenons sert à construire notre avenir.

Ce fut, en tout cas, une très belle réflexion qui a donné de la profondeur à ce récit et ne l’a rendu que meilleur encore.

Une intrigue mystique

En plus d’avoir trouvé le récit profondeur, l’intrigue est également belle et mystique. En suivant un jeune seigneur au pied bot, on entre dans le Wegg et au cœur de la magie de la Clairière. Tout comme Stig, on est tout d’abord émerveillé par l’univers, puis, peu à peu, on déchante totalement. Rien ne se passe comme prévu, les bons fils se brisent, les mauvais se renforcent et on est affligé de voir le malheur peu à peu s’abattre sur le Wegg. Ce roman m’a tenu en haleine tout du long, espérant à chaque fois que les choses s’arrangeront, essayant de comprendre comme l’homme corbeau, la signification des événements et le lien entre eux, ce qui se cache derrière toute cette histoire.

L’auteur nous laisse également quelques indices en nous offrant parfois le point de vue antagoniste, et j’ai beaucoup apprécié car cela permet de mieux comprendre la situation tout en faisant monter la pression et le suspense. Ce fut un très bel équilibre, tout est pensé avec précision et enveloppé d’une belle plume poétique.

Stig, le seigneur au pied bot

Mais ce que j’ai le plus aimé, c’est le personnage de Stig. Cet infirme au pied tordu m’a profondément touché, de par sa force et la beauté qu’il transmet aux autres. Méprisé et rejeté de tous à cause de son handicap, ce jeune seigneur a su renoncer à ses rêves inaccessibles pour s’en créer d’autres. Il a appris à vivre avec les cartes (ou les fils plutôt!) qu’il avait et a su se créer sa propre personnalité, sa propre identité. C’est un poète, amoureux de la nature et de la Clairière. Il réussit à voir de la beauté partout où il va et chez n’importe quelle personne qu’il rencontre.

Les autres personnages sont également bien travaillés, chacun à son rôle et sa personnalité qui lui est propre, ses blessures, ses qualités et ses défauts.

J’ai notamment beaucoup aimé Ewald, le frère aîné de Stig ainsi que leur relation. Malgré toutes leurs différences, ils entretiennent une belle et forte relation fraternelle. Chacun pousse l’autre à être meilleur, il n’y a aucune jalousie, aucune rivalité qui vient tâcher cette relation pleine de bienveillance.

Les personnages de Johan et Gaid sont également intéressants. Ils permettent de découvrir une nouvelle facette de Stig que j’aime beaucoup.

Pour conclure, ce fut un très beau voyage féerique plein de magie et de légende. J’ai adoré parcourir le Wegg et découvrir le monde de la Clairière en compagnie de Stig. J’ai été un peu triste à la fin, mais je la trouve tout de même magnifique, pleine de beauté et de poésie. À lire absolument !

#magie #voyage #Mystère #destin #révolte #pouvoir #DavidBry

Red Queen, Victoria Aveyard

« N’importe qui peut trahir n’importe qui »

Mare Barrow, dix-sept ans,

tente de survivre dans une société

qui la traite comme une moins que rien.

Quand elle s’avère détenir des pouvoirs magiques

dont elle ignorait l’existence,

sa vie change du tout au tout.

Enfermée dans le palais de la famille royale,

promise à un prince,

elle va devoir apprendre à déjouer les intrigues de la cour,

à maîtriser un pouvoir qui la dépasse,

et à reconnaître ses ennemis.

C’est la seconde fois que je me plonge dans le premier tome de Red Queen. Ce qui est assez étrange (et aussi marrant), c’est que j’ai un avis différent de ma première lecture. Je vais donc vous parler de ce que j’ai pensé la première fois et de ce que j’ai ressenti cette fois ci.

Mare Barrow, la Faiseuse d’éclair

Si mon avis était mitigé la première fois, ça n’a pas été le cas la seconde : j’aime beaucoup le personnage de Mare. Comme la première fois, je me suis retrouvée en elle, en cette benjamine qui cherche l’approbation de ses parents et qui est jalouse de sa petite sœur. Et c’est aussi une jeune fille très en colère. Dès le début, on sent à quel point elle trouve son monde et sa vie injuste. Elle se rebelle un peu à sa manière. Mais ce que j’ai le plus aimé, c’est son tempérament de survivante. Elle est certes lâche (et s’en rend parfaitement compte) mais c’est surtout parce qu’elle est constamment guidée par son instinct de survie. Ne sachant pas se battre, son premier réflexe est de fuir. Je pense que c’est un caractère typiquement humain, que beaucoup d’entre nous ont, même si on a honte de l’admettre. En revanche, c’est quelqu’un qui enchaine les situations catastrophiques. Elle trouve toujours le moyen de se retrouver dans une situation impossible, ce qui la rend attachante.

Durant ma première lecture, j’ai trouvé qu’elle commençait à changer en endossant le rôle de Mareena. Je la trouvais un peu niaise et naïve. Mais en relisant, je me suis aperçu qu’elle n’était pas si naïve que cela. Elle s’est simplement battu pour une cause qui lui tenait à cœur et avec les personnes qu’elle pensait être de son côté. Elle s’est fait trahir et tout le monde serait tombé dans le même piège à sa place.

De plus, son pouvoir lui apporte la force et le pouvoir des Argents mais elle reste fidèle à son sang rouge. Au final, elle est meilleure que l’un des deux sangs en les unissant.

Maven, l’ombre de la flamme

En revanche, mon avis sur Maven n’a pas changé ! Je l’aime toujours autant. C’est un personnage très bien travaillé, tout en subtilité et élégance.

Il a beaucoup de points communs avec Mare, notamment le fait qu’il soit constamment dans l’ombre de son frère et qu’il est invisible aux yeux du monde et de ses parents. Mais même s’il est invisible, il n’en reste pas moins un jeune homme ambitieux, qui cherche à changer le monde. Il m’a beaucoup fait penser à Peeta avec sa sensibilité, son intelligence et son aisance avec les mots. Avec Mare, ils ont d’ailleurs une relation très bien travaillée. Au début, ils ne s’aiment pas du tout, on sent qu’ils n’ont aucune envie d’être promis l’un à l’autre. Ils finissent peu à peu par se lier d’amitié, par se confier des choses, se comprendre. Au fur et à mesure on sent qu’ils développent des sentiments l’un pour l’autre, de manière toujours aussi subtile. À aucun moment ce n’est dit explicitement, tout est fait au fur et à mesure, de manière très réaliste. La fin est un véritable tournant. On ne s’attend absolument pas à cela. Je n’en dirai pas plus à part que j’ai tout simplement adoré leur relation et la manière dont elle évolue.

C’est aussi le personnage qui m’a le plus surpris. Je n’en dirai pas plus pour vous laisser le suspense mais c’est un personnage qui se révèle être très surprenant. Ce personnage est un véritable coup de cœur.

Cal, le prince enflammé

Là encore, mon avis sur Cal diffère de ma première lecture. Contrairement à la première fois, je me suis rendu compte que c’était un personnage plein de profondeur. S’il semble parfait aux yeux du monde et même aux yeux de Mare parfois, il n’en reste pas moins un jeune garçon perdu. En effet, on se rend compte au fur et à mesure de l’histoire que Cal est bien conscient de l’injustice du système de son pays mais il pense que le coût à payer pour faire changer les choses est trop grand. C’est quelqu’un qui est partagé entre la réalité et son éducation, entre Mare et son père.

Si à ma première lecture, le fait de le voir aussi résigné sur la fin m’avait agacé, cette fois, cela m’a fais mal au cœur. D’un côté je trouve cela dommage qu’il ait les moyens de faire en sorte que les choses changent, mais d’un autre, je comprends sa peur et sa résignation. Il est également utilisé par tout le monde : Évangeline se sert de lui pour devenir reine, son père pour avoir un héritier, Mare pour la révolte… À aucun moment il ne fait quelque chose de surprenant, c’est un personnage prévisible. Néanmoins, je me suis tout de même attaché à lui et j’espère que dans le deuxième tome, il arrive à se détacher de tout cela et prendre sa vie en main.

Kilorn, l’ami sauvé

Mon avis sur Kilorn n’a pas beaucoup changé. J’ai encore un peu de mal à l’apprécier, me faisant un peu trop penser au personnage de Gale dans Hunger Games. C’est le meilleur ami d’enfance de l’héroïne, celui qu’elle veut sauver à tout prix mais qui décide quand même de se lancer dans la révolte. Sauf que contrairement à Gale, Kilorn n’a pas vraiment l’étoffe d’un combattant. C’est plutôt le petit garçon que Mare à sauver la vie et qui la suit comme un petit chiot depuis ce jour. Dans la relation qu’il entretient avec elle, c’est lui qui est en position de « faiblesse » : elle le sauve de la faim et veille sur lui, elle le sauve de la guerre… et puis c’est elle qui a des pouvoirs, contrairement à lui. D’un côté j’ai bien aimé le fait que ce soit une femme qui soit en position de force dans une amitié femme/ homme et qu’elle soit protectrice. J’attends donc de voir comment le personnage de Kilorn va évoluer dans le second tome.

Farley, le visage de la révolte

Comme pour Kilorn, mon avis sur Farley est le même. Je l’admire toujours autant pour son courage et sa force. C’est une femme qui a des convictions, des idéaux et qui est prête à mourir pour eux. C’est une femme qui refuse de plier le genou, qui se bat jusqu’à son dernier souffle. Elle a un sang-froid remarquable.

Julian, un allié inestimable

Julian est l’un des personnages que je préfère. C’est un homme intelligent, reclus et plongé dans son monde. Il est très attachant, avec un côté triste et nostalgique. Il se révèle être un véritable atout et un ami précieux pour Mare. J’ai beaucoup aimé l’amitié qui les lie. On sent dès le début qu’ils vont s’apprécier et on ne se trompe pas. Ils sont francs l’un envers l’autre et se font peu à peu confiance, se confiant chacun un peu sur lui-même et son passé. Elle l’aide à se sentir moins seule et à le faire agir, il se relève grâce à elle et elle trouve en lui un précieux allié et ami. C’est une relation très touchante.

Une cour royale stéréotypée

Par contre, j’ai trouvé la Cour ainsi que la famille royale, un peu trop cliché et prévisibles. En effet, la Reine ou Évangeline sont les stéréotypes de la femme vicieuse et manipulatrice qui ne souhaite que le pouvoir. Le Roi est l’image même du souverain froid et implacable. La Cour ne vit que pour s’attirer les bonnes grâces de la famille royale, ils sont tous vicieux, manipulateurs, sans aucune pitié entre eux. J’aurais aimé avoir une nouvelle image de la cour d’un roi ainsi que la famille royale même si j’avoue que ce n’est pas chose facile.

La famille Barrow

J’ai beaucoup aimé les relations entre les membres de la famille Barrow. Ce sont des relations réalistes mais d’un côté un peu originales, car finalement assez rare dans les livres. Cette fois, l’histoire est centrée sur une benjamine, qui s’entend avec tous ses frères mais qui est jalouse de sa petite sœur. Elle est plus proche de son père que de sa mère, une relation silencieuse mais complice. C’est une relation simple et qu’on voit partout mais tout de même unique je pense, je ne sais pas trop comment l’expliquer mais elle m’a touché sans pour autant être spéciale.

La famille Calore

J’ai également plutôt bien aimé la fraternité entre Maven et Cal. Même si beaucoup de choses les séparent et les différencient, on sent qu’ils s’aiment tout de même et qu’ils peuvent se montrer très complices.

On voit néanmoins tout de suite que c’est Cal qui a le « dessus » dans le sens où c’est lui qui attire tous les regards, qui est le plus apprécié. J’aime beaucoup la métaphore de la flamme et de son ombre que l’auteure utilise, elle reflète à la perfection leur relation : l’un dans l’ombre de l’autre mais l’un ne va pas sans l’autre.

Une intrigue surprenante

Ce livre a été une petite surprise pour moi. Je ne m’attendais pas à une fin pareille ! Mais parlons tout d’abord du début de l’histoire…

L’ambiance de ce livre était un peu différente de ce que j’ai l’habitude de lire même si j’ai retrouvé beaucoup de ressemblances avec Hunger Games. On découvre un personnage féminin qui fait partie d’un peuple exploité et qui s’en révolte. Elle prend ensuite beaucoup d’importance et devient dangereuse pour le maintien du système en place et un atout inestimable pour la résistance. Sans oublier bien sûr le triangle amoureux entre son meilleur ami d’enfance et le prince qui est à ses côtés au palais. L’idée d’assimiler une couleur à une Maison est plutôt pas mal même si elle me rappelle les factions dans Divergente. Néanmoins, l’histoire se détache de ses ressemblances pour créer un univers différent.

J’ai beaucoup aimé la manière subtile dont le don de Mare a été mis en place ainsi que la manière dont il se dévoile. Plus on avance dans l’histoire et plus on prend conscience de son pouvoir tout comme elle, c’est tout en subtilité et détail. L’auteure a maîtrisé cela avec talent.

Un sang qui fait la différence

Dans cette société, votre vie est définie par votre sang. Si vous êtes de sang argent, vous avez la chance d’avoir une vie libre et paisible ainsi que de faire partie de l’aristocratie. Mais, si vous êtes de sang rouge, un sans pouvoir, vous êtes condamnés à mener une vie pauvre et soumis aux Argents. C’est un système dur, inégal et injuste. Mais c’est surtout un système très bien construit et exploité par l’autrice.

Le concept de la différence du sang est original quand on y pense. Contrairement à la plupart des autres univers où la différence repose sur des pouvoirs, des valeurs ou une idéologie, là c’est le fondement de l’homme, sa nature propre qui fait la différence. Ce n’est pas une question de ce que l’on pense, de comment on est éduqué, mais une question purement biologique et, dans ce cas, inaltérable.

Inaltérable en tout cas, jusqu’à ce que Mare apparaisse. Une jeune fille rouge avec des pouvoirs dont seuls les argents sont dotés. Elle défie la logique et la biologie même. J’ai trouvé l’idée vraiment excellente.

Force et Pouvoir

Le système Argent repose sur la force. Le concept du Choix de la Reine illustre d’ailleurs très bien cela : la future reine est choisie en fonction de la force et de la puissance de son pouvoir et non pas par rapport à des critères de sociabilité comme on a tendance à le voir dans le reste de la littérature. La reine est choisie comme est choisit un soldat, un combattant. J’ai donc beaucoup aimé la manière dont les femmes sont perçues dans cette société. Ce ne sont pas de petites minettes en robes majestueuses mais des femmes fortes et puissantes à l’image des Argents. Si le sang détermine qui vous êtes, la force et le pouvoir déterminent votre grandeur et votre valeur. Le concept est vraiment très intéressant et très bien développé.

Un roman sur la trahison

N’importe qui peut trahir n’importe qui. Cette seule phrase résume à merveille ce livre. C’est un thème assez récurrent dans les livres mais pourtant, rarement le thème principal. Dans ce livre, c’est le cas. La trahison est à chaque coin de rue, derrière chaque porte close, chaque détour d’un couloir… Le sentiment d’insécurité est présent durant toute la durée de l’intrigue. Cela rend l’histoire encore plus prenante, ne sachant pas à qui accorder sa confiance, ne sachant pas ce qu’il risque d’arriver. On s’attend à ce que les plans soient contrecarrés, et on tente de savoir qui est ce qui va trahir la confiance de Mare. J’ai beaucoup aimé cette dimension du livre qui rajoute une bonne dose de piment à l’histoire.

Pour conclure, je dirais que ce livre est encore mieux que lors de ma première lecture. J’ai adoré me replonger dans ce monde et redécouvrir les personnages sous un nouveau jour. Et puis quelle fin ! Une fin qui ne donne qu’une envie : commencer le deuxième tome !

#pouvoir #révolte #VictoriaAveyard