Evil, tome 2 : Vengeful, V.E. Schwab

« Au cours des dix années précédentes, la vengeance avait obsédé Victor. Il n’avait jamais vraiment songé à l’« après ». Or, voilà qu’il avait atteint son objectif : Eli croupissait dans une cellule et lui-même était encore là. Toujours en vie. Cette quête l’avait absorbé tout entier, si bien que son absence le laissait à présent mal à l’aise, insatisfait.
Et maintenant ? »

Le combat du mal contre le mal absolu

C’est la deuxième fois que Victor Vale revient à la vie – et, il faut bien le dire, ce n’est pas le genre de chose qui devient plus facile avec le temps…

Terrible ironie du sort : cinq ans après le féroce affrontement qui a opposé les EO les plus puissants que Merit ait jamais connus, les rôles se sont totalement inversés. C’est le tour d’Eli de croupir en prison quand Victor, lui, trace son chemin macabre de ville en ville, entraînant dans son sillage sa petite famille de fortune. Et, le moins qu’on puisse dire, c’est que le prix à payer pour revenir à la vie est particulièrement élevé quand on est un EO…

Mais tandis que les deux ennemis jurés se débattent, en proie à leurs démons, émerge à Merit un nouveau maître du jeu – une maîtresse, en l’occurrence. Épouse d’un membre éminent de la mafia, Marcella Riggins n’était déjà pas une tendre avant sa mort et les conditions pour le moins contrariantes de sa disparition n’ont rien fait pour améliorer son tempérament. Car si elle n’a rien contre le meurtre, elle tolère beaucoup moins d’en être la victime. Armée de ses nouveaux pouvoirs, elle n’a désormais plus qu’une idée en tête, semer le chaos et la destruction afin de mettre la ville tout entière à ses pieds…

Le premier tome de cette série m’avait déjà conquise. C’est donc pleine d’enthousiasme et de curiosité que je me suis lancée à la suite des aventures de Victor et Ellie et surtout, à la rencontre de Marcella Riggins.

Les personnages : la virtuosité de V.E. Schwab

L’intrigue a beau être captivante, la plume excellente, les thématiques incroyables… Le point fort de ce livre réside dans les personnages. J’ai rarement vu un livre qui montre un tel panel de mauvaises personnes mais toutes dans des nuances qui nous empêchent de radicalement les condamner. On ne peut s’empêcher de compatir pour certains, d’avoir peur pour d’autres, au point de se rendre compte qu’on n’est absolument pas du côté des gentils et de la justice. Ce livre m’a donc fait me remettre en question sur beaucoup de points et cela principalement grâce aux personnages.

Victor Vale, l’homme condamné

Quelle joie de retrouver ce personnage ! Je m’étais énormément attachée à Victor durant le premier tome et c’est avec beaucoup de joie que j’ai retrouvé son point de vue. Malheureusement, si dans le premier il prenait de plus en plus d’assurance, montant en puissance au fil des pages, c’est ici une véritable descente aux enfers. Il perd peu à peu le contrôle de lui-même, de son pouvoir et on le voit se rapprocher de la mort seconde après seconde. Un sentiment d’angoisse et d’appréhension m’a suivi tout au long de ce tome concernant Victor, je n’avais qu’un souhait : qu’il s’en sorte. Cet homme est mauvais, c’est un assassin, un criminel mais j’ai voulu qu’il s’en sorte.

Eli Cardale, la perte de la foi

Si dans le premier tome, j’ai eu beaucoup de mal à m’attacher à Eli, j’ai eu un peu plus d’affection pour lui dans celui-ci. Sans oublier tout ce qu’il a fait, on ne peut que compatir à son sort actuel. Enfermé et torturé, il perd toute liberté, tout repère jusqu’à douter de sa foi qui le caractérise tant.

J’ai beaucoup aimé en apprendre plus sur son passé, son enfance. Cela lui donne une certaine nuance qui n’était pas forcément très présente dans le tome précédent. Cela permet de mieux appréhender son évolution qui particulièrement intéressante. Je ne vous en dis pas plus car cela perdrait un peu de son charme mais vraiment, ce personnage est incroyablement bien construit. C’est quelqu’un qui me met mal à l’aise, quelqu’un dont on sait qu’il faut se méfier mais dont on ne peut s’empêcher de compatir avec. Victoria Schwab a fait un excellent travail sur ses personnages et Eli est l’un des plus beaux exemples.

Sydney Clarke, une puissance endormie

J’ai été super contente de retrouver Sydney ! Elle m’avait plu dès sa première apparition dans le premier tome et mon amour pour elle s’est accrut au fil des tomes. Je me suis d’ailleurs beaucoup retrouvée en elle dans ce tome. C’est une jeune femme qui grandit dans sa tête mais son corps reste le même. Elle reste donc aux yeux du reste du monde une petite fille de 13 ou 14 ans qui n’est prise au sérieux par personne. Même Mitch et Victor n’arrivent pas à la considérer autrement qu’une jeune fille à protéger. Or, Sydney grandit, non seulement en année mais aussi en puissance. Peu à peu, elle apprend à améliorer son pouvoir et va de plus en plus loin. J’ai beaucoup aimé la manière dont elle apprend, ses essais, ses doutes, ses ratés mais aussi ses réussites qui ne sont pas des moindres. Ses nombreux doutes et questionnements lui donnent une profondeur qui nous pousse à nous attacher à elle. Je ne sais pas si l’autrice compte faire un troisième tome mais si c’est le cas, j’ai hâte de voir où Sydney va s’envoler avec les ailes qu’elle déploie dans ce tome.

Marcella Riggins, la prise du pouvoir

Comme tous les autres personnages, Marcella est également très intéressante et très bien construite. Nous avons la joie et surtout, la grande surprise, de la rencontrer dans ce tome. Personnellement, j’ai eu beau lire ce roman un peu après tout le monde et avoir été prévenue, je ne m’attendais absolument pas à cela.

Par de nombreux aspects, Marcella m’a rappelé Médée. Cette force qu’elle a et qu’elle exploite pour nourrir ses ambitions. Cet homme qu’elle assiste par amour mais aussi par ambition et qui finit par la trahir mais qui s’en mord les doigts par la suite… Marcella n’hésite pas à prendre le pouvoir qu’elle estime lui revenir de droit et elle s’en sert avec intelligence.

J’ai d’ailleurs trouvé son pouvoir original et intéressant. C’est un pouvoir qui, au final, la reflète bien.

Je pourrais continuer avec tous les autres personnages tels que Mitch, June, Dominic ou encore Stell. Tous ont quelque chose de singulier qui mériterait qu’on s’attarde sur eux mais la chronique deviendrait beaucoup trop longue !

« Elle en avait sa claque de suivre des règles édictées par d’autres. Assez de se cacher. Quand on vivait dans l’ombre, on mourait dans l’ombre, En revanche, lorsqu’on se tenait dans la lumière, il devenait bien plus difficile de vous faire disparaître.

Et Marcella Renne Morgan entendait bien rester sous le feu des projecteurs. »

La thématique du contôle

L’autrice, dans une rencontre, parlait de la série Evil comme d’un livre qui parle du contrôle. Dans le premier tome, Victor et Elli prennent le contrôle, gagne du pouvoir. Dans ce second tome, ils commencent à le perdre. Et tandis qu’ils le perdent, les femmes – Marcella, Sydney, June – le reprennent. Et c’est exactement comme cela que j’ai perçu ce roman et c’est cela qui m’a fait adorer ce livre. La manière dont le contrôle, représenté par le pouvoir qu’il soit magique ou non, est acquis chez certains pour ensuite être perdue, la manière dont il fluctue, qu’il échappe au contrôle de l’un pour atterrir dans les mains de l’autre… C’est ce qui permet de tenir en haleine le lecteur tout au long de sa lecture. Impossible de s’arrêter de lire, d’être témoin de la descente aux enfers de Victor et Éli tout en étant témoin de l’ascension de Marcella et l’évolution de Sydney.

Pour conclure, ce second tome est l’apothéose de ce que prépare le premier tome. J’ai été bluffé par le talent de Victoria Schwab, sa manière de toujours nous surprendre encore et encore sans qu’on se lasse. J’espère qu’un troisième tome sera possible même si cette fin est déjà incroyable.

#VESchwab #vengeance #pouvoirs #EO #LumenEdition

La Passe-Miroir, La Mémoire de Babel, Christelle Dabos

« Il sera une fois, dans pas si longtemps, un monde qui vivra enfin en paix.

En ce temps-là, il y aura de nouveaux hommes et il y aura de nouvelles femmes.

Ce sera l’ère des miracles. »

Deux ans et sept mois qu’Ophélie se morfond sur son arche d’Anima. Aujourd’hui il lui faut agir, exploiter ce qu’elle a appris à la lecture du Livre de Farouk et les bribes d’informations divulguées par Dieu. Sous une fausse identité, Ophélie rejoint Babel, arche cosmopolite et joyau de modernité. Ses talents de liseuse suffiront-ils à déjouer les pièges d’adversaires toujours plus redoutables ? A-t-elle la moindre chance de retrouver la trace de Thorn ?

Me revoilà donc comme promis pour vous parler du troisième tome de la Passe-Miroir. Ma relecture était censée durer jusqu’à la sortie du quatrième et dernier tome (J-8 à l’heure où je vous parle !!) mais j’ai été tellement emporté par les aventures d’Ophélie que je l’ai finalement dévoré en l’espace de trois jours. Il m’a fallu ensuite trois autres jours pour me remettre de mes émotions et me voici donc pour vous en parler !

Ophélie, un personnage qui se découvre

« Elle se sentit mourir. Elle allait enfin pouvoir vivre »

Si dans les deux premiers tomes j’ai admiré Ophélie pour son courage et sa détermination, ce n’était finalement rien comparé à ce tome-ci. Mon amour pour ce personnage ne cesse de grandir avec le temps et les tomes. On la retrouve donc coincée sur Anima, totalement désœuvrée et ne sachant pas quoi faire jusqu’au moment où Archibald l’aide à s’en échapper. La voici ensuite partie pour Babel toute seule, à la recherche de Thorn. Dans ce tome, elle est totalement livrée à elle-même. Elle est seule dans une arche qu’elle ne connaît pas et qui s’avère totalement différente d’Anima et du Pôle. Mais elle ne baisse pas les bras et continue sa quête.

Elle a eu beau subir des intimidations, des menaces de mort et j’en passe, au Pôle, ce n’est rien comparé à l’ébranlement qu’elle subit en entrant à la Bonne Famille. Durant son séjour à Babel, c’est son identité et ses compétences qui sont remises en question. Tout ce dont elle était certaine se voit ébranler, elle ne sait plus où elle en est, elle ne sait plus ce qui la définit, qui elle est. Elle traverse une réelle et douloureuse crise d’identité qui n’a fait que me rapprocher un peu plus de ce personnage. Mais encore une fois, Ophélie nous surprend en apprenant à nouveau à se regarder dans le miroir et accepter tout ce qu’elle y voit. Mais il faut avouer que Thorn ne lui facilite pas la tâche…

« Votre propension à malmener les statistiques est effrayante. »

Thorn, un personnage qui ébranle toutes les certitudes

« Je suis exigeant, rabat-joie, maniaque, asocial et estropié, énuméra-t-il d’une voix terrible. Vous pouvez me prêter tous les défauts du monde,mais je ne vous autorise pas à me traiter d’égoïste. « 

Thorn m’a complètement chamboulé. La première fois que j’ai lu ce tome, j’ai été tout autant déstabilisée qu’Ophélie en le retrouvant. Si dans la première partie du roman, on n’attend qu’une chose c’est de le retrouver, on ne s’attend clairement pas à ce qui arrive quand le moment vient. Son changement nous rend inquiets à son sujet, nous fait nous poser des questions, nous fait douter. La seconde partie est donc encore plus frustrante que la première car elle suscite encore plus de questions qu’on en avait au début de ce livre. Cela m’a rappelé le premier tome où je trouvais qu’on ne voyait pas assez Thorn et que ses passages étaient bien trop courts à mon goût. L’autrice à nouveau, joue avec cela et nous pousse à dévorer les pages afin de comprendre ce qui se passe.

Arrive donc les derniers chapitres du livre… Ah ces derniers chapitres ! Je retrouve mon Thorn taciturne et entêté et je retombe à nouveau profondément amoureuse de lui. Quel bonheur de le retrouver !

Babel, une nouvelle arche pleine de surprises

« La seule véritable erreur est celle qu’on ne corrige pas. »

J’ai adoré découvrir cette arche. Son fonctionnement si particulier, cet accent légèrement British que j’aime tant, cette culture un peu orientale qui rappelle l’Inde sous l’Empire britannique… C’est nouveau, original et frais ! Vraiment, ce fut un véritable plaisir d’arpenter cette arche en compagnie d’Ophélie et de découvrir de nouveaux personnages tels qu’Ambroise ou Blasius.

J’ai aussi beaucoup aimé l’univers de la Bonne Famille et du Mémorial. Cette quête constante de la connaissance qui se confronte aux problèmes de censure et de contrôle de l’information est vraiment une thématique que j’ai beaucoup aimée et qui est très bien exploitée.

J’ai également trouvé le personnage d’Hélène très intrigant. Elle est encore différente d’Artémis, de Farouk ou même de son frère jumeau, Pollux. Elle semble un peu plus alerte qu’eux et un peu plus consciente de ce qui se passe réellement dans ce monde. Sa tolérance envers les sans pouvoirs et les non-fils de Pollux m’a quelque peu rappelé Helga Poufsouffle dans Harry Potter (qui se trouve être ma maison !). J’espère qu’on la reverra dans le prochain tome.

Ce que j’ai trouvé le plus intéressant sur cette arche, c’est le fait que plusieurs civilisations sont mélangées. On retrouve des habitants de plusieurs autres arches, ce qui permet d’en apprendre plus sur l’univers que l’autrice a créé, sans avoir à voyager sur toutes les arches. C’est un choix ingénieux, qui concorde en plus très bien avec la légende de Babel. Rien n’est laissé au hasard !

« Le Mémorial de Babel, commenta Ambroise. C’est notre plus vieux monument, la moitié date de l’ancien monde. L’adage dit que toute la mémoire de l’humanité y repose. »

Une intrigue à en perdre haleine

« Raconter le passé en refusant de raconter la guerre, c’est mentir. »

Cette intrigue… Mon dieu cette intrigue ! (Oui oui, mon dieu, c’est le cas de le dire). J’ai rarement été autant dévorée par la curiosité qu’à travers ce tome. J’ai dévoré les pages à la recherche du moindre indice pour en apprendre un peu plus, pour mieux comprendre ce mystère que sont Dieu et l’origine des arches. Christelle Dabos nous mène totalement par le bout du nez, elle nous entraîne encore plus profondément dans les méandres de son univers si grandiose… C’est à en avoir le souffle coupé.

J’ai été stupéfiée par les révélations que ce tome apporte et cela a été une véritable torture de me dire la première fois qu’il allait falloir attendre pour avoir la suite… Durant ma relecture, j’ai presque eu l’impression de le lire pour la première fois tellement de petits détails importants m’ont échappé. Là encore, j’en suis ressortie encore plus époustouflée.

« Si violentes que fussent les émotions qui lui mettaient le corps en ébullition, quand arrivait le moment de les exprimer il n’en ressortait toujours qu’un pitoyable goutte-à-goutte. »

La plupart des lecteurs et lectrices trouvent ce tome un peu long et préfèrent les deux premiers. J’avoue avoir du mal à me décider sur celui que je préfère car chacun m’a ébranlé à sa manière. Mais je trouve que la longueur de ce roman fait sa force. Christelle Dabos trouve le moyen d’approfondir son univers et d’accroître notre curiosité, de développer ses personnages et de préparer la fin de cette aventure. Vraiment, je trouve qu’il n’y a rien à raccourcir, rien à accélérer. Tout est à la place qui lui est dû et tout est justifié.

C’est donc toute fébrile et en PLS que j’ai terminé ce troisième tome, bien trop tôt à mon goût au vu de la longue attente qu’il me reste pour l’ultime tome. Tome que je ne suis pas prête à accueillir non plus car il signera la fin d’une aventure que je refuse de terminer.

#disparition #quête #pouvoirs #diversité #souvenir #Mystère #ChristelleDabos

La Passe-Miroir, Les Disparus du Clairdelune, Christelle Dabos

« Quand je vous ai dit que vous aviez une prédisposition surnaturelle aux catastrophes, ce n’était pas une invitation à me donner raison. »

Fraîchement promue vice-conteuse, Ophélie découvre

à ses dépens les haines et les complots qui couvent sous les plafonds dorés de la Citacielle. Dans cette situation toujours plus périlleuse, peut-elle seulement compter sur Thorn, son énigmatique fiancé ? Et que signifient les mystérieuses disparitions de personnalités influentes à la cour ? Ophélie se retrouve impliquée malgré elle dans une enquête qui l’entraînera au-delà des illusions du Pôle, au coeur d’une redoutable vérité.

Sitôt le premier tome terminé, je me suis ruée sur le deuxième. On retourne donc sous la couette, de grosses chaussettes en laine aux pieds, un thé chaud à portée de main et nous revoilà au Pôle !

Ophélie, un personnage courageux à sa manière

« Soyez impressionnante .(…) Je ne vous dit pas cela pour vous angoisser. Je vous le dis parce que vous en êtes capable, j’en ai été témoin plus d’une fois. »

Encore une fois, c’est totalement sous le charme que j’ai suivi Ophélie dans ses aventures au Pôle. Et c’est une nouvelle fois que je me suis émerveillée de son évolution. Dans ce tome, on découvre une Ophélie qui prend des initiatives, qui prend les choses en main plutôt que de se laisser ballotter par les autres. Malheureusement pour elle, tout ne se passe jamais comme prévu, elle perd le contrôle et se retrouve dans des situations totalement alambiquées. Elle se retrouve également à devoir affronter des situations qui lui font véritablement peur. On la voit beaucoup plus effrayée que dans le tome précédent mais aussi beaucoup plus malmenée. Elle est a peur pour ses proches mais surtout, elle a peur pour sa vie. Mais cela ne l’arrête jamais. C’est quelqu’un de débrouillard, qui arrive à s’en sortir avec les cartes qu’elle a, même si elle se retrouve avec un mauvais jeu entre les mains. J’ai admiré sa détermination à continuer envers et contre tout. Sous ses airs doux et naïfs, ce petit bout de femme cache une volonté de fer qu’on avait aperçue au premier tome et qui s’affirme concrètement dans ce celui-ci.

« Pour un couple si mal assorti, vous êtes décidément inséparables. »

C’est d’ailleurs elle qui prend l’ascendant dans le drôle de couple qu’elle forme avec Thorn. Elle l’affronte jusqu’à avoir ce qu’elle veut et remporte presque toutes les batailles. Leur relation se complexifie, notamment du côté de Thorn, dont on a du mal à cerner son attitude et ses sentiments envers Ophélie, ce qui a pour résultat de la troubler plus que jamais. J’ai beaucoup aimé la tournure que prend cette relation, même si cela a eu le don de me frustrer d’être tenue ainsi dans l’incertitude. Mais cela se fait d’une manière si naturelle, si fluide, qu’on ne peut envisager que cela se passe autrement.

Thorn, plus insaisissable que jamais

« Vous m’avez voulu honnête avec vous. Vous apprendrez donc que vous n’êtes pas pour moi qu’une paire de mains. Et je me contrefiche que les gens me trouvent douteux, du moment que je ne le suis pas à vos yeux. »

On a beau voir Thorn plus souvent dans ce deuxième tome, il reste pour moi encore plus insaisissable que dans le premier. On ne sait plus trop si son comportement envers Ophélie est due à son ambition ou s’il s’inquiète sincèrement pour elle. J’ai beaucoup aimé en apprendre plus sur son passé et sur lui en général, cela m’a fait tomber un peu plus sous son charme. Je me suis vraiment prise d’affection pour ce personnage toujours aussi taciturne et implacable. Quelque chose chez lui à réussi à m’atteindre en plein coeur et à m’attendrir. On voit que malgré tout, à sa manière, il tente de faire des efforts sans pour autant renoncer à ce qu’il est.

Farouk, la définition même de « complexe »

« Elle ne lisait dans le regard de Farouk aucun courroux, aucun dédain, rien de ce qui aurait pu se rapprocher un tant soit peu d’une émotion.

Non ce qu’il y avait au fond de ce regard, c’était un désert.

Ophélie se sentit aspirée par cet espace infini. En un battement de cœur elle mesura l’abime qui séparait leurs deux temporalités : un immortel destiné à l’éternité; une humaine condamnée à disparaître. »

La véritable découverte en ce qui concerne les personnages, c’est Farouk. Je suis admirative devant la capacité de l’autrice à créer un personnage aussi complexe et original. Tout comme Ophélie, j’ai ressenti cette pesanteur, cette pression psychique que l’on éprouve en sa présence. Il est totalement imprévisible et cela crée des situations que l’on n’aurait jamais pu imaginer. Une bonne partie de la tension de ce roman repose sur le comportement de Farouk et les décisions qu’il prend. Cet esprit de famille m’a fasciné et effrayé à la fois, créant un mélange de crainte et d’admiration pour ce personnage si particulier.

J’ai aussi beaucoup aimé l’introduction de nouveaux personnages tels que le baron Melchior ou encore sa sœur, mme Cunégonde, qui sont des personnages intéressants. On en apprend un peu plus sur la société du Pôle et sur les différentes familles qui descendent de Farouk. Je n’ai pas trop aimé les sœurs d’Archibald que j’ai trouvées un peu antipathiques. Et on retrouve également certain autre tels que Renard ou la Mère Hildegarde.

Le Pôle, un univers complexe et dangereux

Comme je le disais plus haut, on découvre la société aristocrate de la Citacielle mais également de nouveaux endroits du Pôle. J’ai beaucoup aimé l’approfondissement que fait l’autrice de son univers. On entre réellement au coeur de la Citacielle, au coeur de ses illusions et de ses dangers. On découvre un fonctionnement que j’ai beaucoup aimé décoder et tenter d’appréhender. C’est une arche que j’ai beaucoup aimée, qui contraste totalement avec la chaleur et la légèreté d’Anima.

Une parfaite maîtrise de son intrigue.

« Vous avez le sens de l’inattendu, fiancée de Thorn. »

Mais plus que l’univers lui-même, l’intrigue m’a tenu en haleine tout du long. On entre dans l’engrenage infernal que constitue le mystère du Livre des esprits de famille, de cet univers, de son origine. On passe de petit indice à petit indice, on monte en tension pour arriver à la fin, à l’apothéose qui a fait vibrer ma curiosité et qui a envolé mon imagination dans des hypothèses et des théories à n’en plus finir. Ce deuxième tome m’a totalement embarqué dans une aventure à couper le souffle. Tout comme Ophélie et Thorn, il m’a été impossible de tenir en place, je voulais tout savoir tout de suite. Comme eux, j’étais à la recherche de chaque petit détail qui puisse m’aider à comprendre et à avoir des réponses à toutes mes questions. L’intrigue est si bien menée que même lors de ma relecture, je me suis fait mener par le bout du nez encore une fois ! Ce qui bien sûr, n’a fait qu’augmenter mon plaisir de lecture.

Pour conclure, ce fut une lecture addictive, qui a attisé ma curiosité encore et encore, faisant voler mon imagination. Je suis tombée encore un peu plus amoureuse des personnages et de cet univers si particulier et si cher à mon cœur. Donc un dernier mot : lisez, lisez, lisez ! ♥

#clans #pouvoirs #disparition #contrat #ChristelleDabos

La Passe-Miroir, Les Fiancés de l’Hiver, Christelle Dabos

« C’est ce que je suis avant d’être une paire de mains, conclut Ophélie en sortant ses doigts de la glace. Je suis la Passe-miroir. »

Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Elle vit paisiblement sur l’arche d’Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons. La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la citacielle, capitale flottante du Pôle. A quelle fin a-t-elle été choisie ? Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d’un complot mortel.

Si vous me suivez sur les réseaux sociaux, mon amour pour ce livre ne vous est donc pas étranger. J’ai tellement aimé ce livre que je n’ai pas réussi à vous en parler la première fois que je l’ai lu, c’est pour dire ! Je ne savais pas par quel bout le prendre ni comment exprimer tout ce que ce roman a pu me faire ressentir.

C’est donc à l’occasion de ma relecture que je vais tenter de vous donner mon avis détaillé sur ce livre dont je suis éperdument éprise.

Ophélie, la Passe-Miroir

« Passer les miroirs, ça demande de s’affronter soi-même, avait dit le grand-oncle. Ceux qui se voilent la face, ceux qui se mentent à eux-mêmes, ceux qui se voient mieux qu’ils sont, ils pourront jamais.  »

Je commence donc par Ophélie. Ophélie, ce personnage qui m’a fait l’effet d’un miroir, me renvoyant mon propre reflet à la figure. C’est une femme silencieuse, maladroite, indépendante, qui peut avoir l’air soumise mais qui n’en fait finalement qu’à sa tête. J’ai tout aimé chez elle, de ses silences à ses colères, de ses faux pas à coup de génie… Elle m’a conquise dès les premières pages et mon affection pour elle n’a fait que se renforcer au fil des pages. Ophélie n’est pas parfaite. Elle ne sait pas garder un objet dans les mains sans le faire tomber, s’habille de manière déplorable d’après les autres et ne sait pas se tenir en société. Elle ne correspond à aucun critère de la norme. Mais elle est parfaitement imparfaite. C’est un personnage qui derrière ses lunettes colorées, observe, qui derrière son écharpe animée, ne parle certes pas beaucoup, mais n’est pas stupide. Malgré sa naïveté, elle apprend et évolue dans un monde qui lui est totalement étranger. Quiconque à sa place aurait craqué, se serait enfuie ou serait mort. Mais pas elle. Derrière sa timidité et son renfermement, se cache une femme forte à la volonté de faire qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.

Mais ce que j’ai le plus aimé chez ce personnage, c’est le fait qu’elle est parfaitement fidèle à elle-même. Depuis le premier chapitre jusqu’au dernier, rien ne la change. Elle est parfaitement consciente de tout ce qu’elle est, consciente de ses défauts et ses qualités, de ses faiblesses et ses forces et elle en assume chacun d’entre eux. En plus d’avoir le pouvoir de lire et de traverser les miroirs, elle a un autre super pouvoir : celui de réchauffer le cœur.

« Ecoute moi bien, fille… Tu es la personnalité la plus forte de la famille, ma petite. Oublie ce que je t’ai dit la dernière fois. Je te prédis que la volonté de ton mari se brisera sur la tienne. »

Thorn, l’Intendant

Je ne jamais par quoi commencer quand il s’agit de parler de Thorn. C’est un personnage qui m’a tout autant touché qu’Ophélie mais d’une manière différente. Thorn est un personnage aux innombrables défauts : il est taciturne au point d’être désagréable, il n’accorde que peu d’importance à ce que les autres pensent ou ressentent… Et pourtant on s’attache à cet homme bourru. Je me souviens qu’à la première lecture, mon avis était tout aussi mitigé et changeant que celui d’Ophélie à son propos. C’est toujours un peu le cas, trouvant que certaines de ses actions sont répréhensibles, que son insensibilité est blessante. Mais je ne peux m’empêcher d’y voir une personne que j’aurais aimé connaitre et dont je serai sans doute tombée amoureuse contrairement à Ophélie (oui je sais, je suis plus faible qu’elle !). C’est un homme rude mais intransigeant, , qui ne fait confiance à rien ni personne hormis les chiffres. Mais c’est aussi un homme qui tente de faire des efforts envers Ophélie. C’est très peu, c’est subtil mais c’est un immense effort de sa part. C’est également un personnage qui a une volonté de fer, même si Ophélie l’emporte sur ce point à mon avis. C’est un homme qui avance contre vents et marées, et qui fait très bien son travail. C’est un homme de principes, qui n’est pas hypocrite. C’est je pense, le seul de l’arche du Pôle à se montrer sur son vrai jour. Et c’est tout ces défauts et qualités qui font de lui l’un de mes personnages littéraires préférés.

Ophélie et Thorn, un couple qui n’en est pas un

« Ophélie enfonça son doigt dans la glace comme s’il s’agissait d’une eau dense et, soudain, elle les vit tous les deux. Une petite Animiste avalée par son manteau trop grand, l’air maladif et étourdi. Un Dragon, immense, nerveux, le front plissé par une tension cérébrale permanente. Deux univers inconciliables. »

Ophélie et Thorn partent sur de mauvaises bases. Le mariage est pour tous deux leur dernier souhait et pourtant, les voilà forcés de s’unir l’un à l’autre. C’est la première chose qui m’a fait aimé ce duo. Pour la première fois, nous avons deux personnages qui sont forcés de se marier contre leur volonté et qui doivent faire avec. Aucun des deux ne le souhaitent, ils sont sur un rapport d’égalité assez peu commun. Tous deux sont très différents l’un de l’autre et pourtant, je leur ai trouvé une certaine ressemblance qui fait que je trouve qu’ils forment un magnifique duo. Tout d’abord, ils ont tous les deux une volonté implacable. Volontés qui entrent en collision à certains moments, ce qui provoque quelques étincelles. De plus, ils sont tous les deux fidèles à eux-mêmes, qu’importe ce que pensent les autres. Ils sont chacun conscient de ce qu’ils valent et ne se soucient pas de l’opinion des autres. Pour « deux univers inconciliables », j’ai trouvé dans cette relation une force et une beauté rare.

Bérénilde, un personnage plein de surprises

Même après deux lectures, Bérénilde n’a cessé de me surprendre. C’est un personnage complexe qui dévoile ses facettes au fur et à mesure de l’intrigue. Je suis toujours mitigée à son sujet quand je sors de ma lecture du premier tome. C’est une femme qui peut se montrer attachante à un moment puis détestable la minute d’après. On ne sait jamais sur quel pied danser avec elle et c’est ce qui donne à l’intrigue une certaine tension, qui garde le lecteur vigilant quand il est en sa présence. Néanmoins, on ne peut s’empêcher de s’attacher un minimum à elle. Son amour sincère pour Farouk est touchant, et, derrière ce masque de femme de fer, de dragon redoutable, se cache une femme qui a pris de nombreux coups mais qui reste sur ses pieds et qui continue à faire ce qu’il faut pour survivre. Donc malgré tout, j’admire sa force et ce personnage aux multiples facettes.

Tante Roseline, une alliée cachée

« – Vous sentez-vous capable d’endurer cela?

– Si c’est dans l’intérêt de ma nièce, je me sentirai même capable de récurer votre pot de chambre. »

La tante Roseline m’a agréablement surprise et durant ma seconde lecture, cela m’a fait très plaisir de la retrouver. Si elle paraît un peu lourde au départ, elle s’avère être une alliée inestimable pour Ophélie quand elles arrivent au Pôle. Elle joue son rôle de chaperon et de marraine jusqu’au bout et ne laisse jamais tomber sa nièce. Elle est d’ailleurs prête à tout pour l’aider au maximum et j’ai trouvé cette dévotion très touchante. C’est vraiment un très beau personnage.

Archibald, un Chapelier Fou au Clairdelune

Archibald, l’attrape-coeur du Pôle ! Aucune femme ne lui résiste, pas même Bérénilde. Et j’avoue avoir moi aussi été sensible à ce personnage par certains égards. Tout d’abord, j’ai beaucoup aimé son attitude totalement décalée dans ce monde de cour et j’admire le fait qu’il arrive tout de même à s’en faire aimer. J’admire aussi son principe de franchise même si on ne doute pas du fait que cela ne l’empêche pas de jouer un rôle. C’est un personnage que l’on a du mal à cerner. On ne sait pas si Ophélie peut lui faire réellement confiance mais d’un autre côté, il se révèle être d’une aide précieuse tout au long du roman.

Je pourrais continuer encore longtemps sur les différents personnages tels que Renard, Gaëlle, la Mère Hildegarde, Farouk… Tous les personnages sont d’une complexité rare et hors du commun, pourtant si proche de la réalité que cela semble facile à réaliser. Cela donne l’impression que Christelle Dabos n’a pas créée des personnages mais de véritables personnes et je trouve cela incroyable.

Un monde construit et complexe

En plus des personnages, nous avons droit à un univers maîtrisé à la perfection. J’ai adoré découvrir l’arche d’Anima puis celle du Pôle, qui nous a réservés d’incroyables surprises. Le Pôle est une oeuvre d’art architecturale qui est un vrai délice pour l’imagination. La cour est un monde qui est à la fois époustouflant et repoussant. L’autrice ne cesse de jouer avec le beau décor, la beauté des costumes et des personnages pour ensuite retirer l’illusion et dévoiler la misère des lieux et l’âme sombre des personnages de la cour. On en cesse donc de voguer entre émerveillement et répulsion ce qui crée un sentiment assez étrange qui donne envie d’en savoir encore plus mais en redoutant ce qui va se révéler. Le tout est incrusté de détails qui font de cet univers, quelque chose de complexe et de profond. C’est comme plonger dans le livre à la manière d’Ophélie dans un miroir. C’est un sentiment grisant et addictif.

Un style savoureux

« Un mort, ce n’était pas seulement la perte d’un être cher. C’est une part entière de soi qui disparaissait dans le néant.[…] Oublier les morts, c’était comme les tuer une seconde fois. »

Tout cela est enrobé d’une plume exquise que j’ai savourée avec autant de plaisir d’un chocolat qui fond sur la langue. La poésie qui se dégage de ce roman embellit l’histoire et les personnages. Elle fait voyager le lecteur comme nul autre. Je suis totalement tombée sous le charme.

Pour conclure, c’est un véritable plaisir de découvrir et redécouvrir cet univers, c’est comme se blottir dans sa couverture (ou écharpe !) préférée pendant un jour de pluie, une tasse de thé à la main.

#clans #mariage #pouvoirs #Intrigue #Politique #ChristelleDabos

Six of Crows, Leigh Bardugo

« – Pas de sanglots.

– Pas de tombeaux. »

Les bas-fonds de Katterdam s’organisent en gangs rivaux.

L’homme le plus ambitieux et le plus jeune de la pègre est Kaz Brekker: aussi brillant que mystérieux, aussi charismatique que dangereux, et, surtout, connu pour être un voleur hors pair. Prêt à tout pour de l’argent, il accepte la mission du riche marchand Van Eck: délivrer un savant du plais de Glace, réputé imprenable.

Ce prisonnier est l’inventeur du « jurda parem », une drogue multipliant sans limites les pouvoirs surnaturels de la caste des magiciens: les Grishas. Une drogue qui, tombée dans les mauvaises mains, risque d’engendrer un chaos irréversible.

Six of Crows a beaucoup fait parler de lui. Et généralement, c’est le genre de livre qui me fait un peu peur. On me l’a offert et une de mes amies chroniqueuse me l’a chaudement conseillé alors j’ai fini par me laisser tenter. Voici donc ce que j’en ai pensé.

Une intrigue ficelée au détail près

La première chose qui m’a énormément plus dans ce livre a été la manière dont l’intrigue a été conçue. Rien n’est laissé au hasard, les plans sont méticuleusement élaborés pour magistralement éclater à la tronche des personnages. C’est beau, c’est réaliste et ça tient en haleine. C’est vraiment tout ce que j’aime. Il n’y a pas d’incohérence, pas de grain de sable dans l’engrenage, je n’ai vraiment rien à dire concernant l’intrigue. On ne s’ennuie pas un instant, on n’arrive pas à lâcher le livre, de peur qu’il n’avance sans nous et nous laisse derrière.

On a beau savoir que le plan ne se déroulera pas comme prévu, on cherche les failles et l’adrénaline nous habite tout autant qu’elle habite les personnages. Alors merci a l’autrice pour m’avoir embarqué du début à la fin.

Un rythme aussi précis qu’une montre

Comme je le disais, on ne s’ennuie absolument pas durant toute la durée du roman. La partie que j’ai le plus aimée a été l’opération en elle-même (je en vous en dis pas plus !). Le tout est chronométré à la minute près et cela se sent dans la plume de l’autrice. Il n’y a pas de creux, tout est calculé et on sent la tension monter d’un cran à chaque étape. Une véritable course contre la montre.

Un univers sombre

Le monde dans lequel vivent ces personnages est loin d’être joyeux. Si ne n’était pas de la fantasy Young Adult, je l’aurais rangé dans la catégorie Dark Fantasy. Aucun pays, aucun personnage n’est « gentil ». On est entouré de criminels de tous côtés, de pays ambitieux qui cherchent le pouvoir à tout prix. Même le peuple persécuté est nuancé et j’ai adoré cette touche de réalisme que l’autrice a insufflé à son univers. Rien n’est tout blanc ni tout noir et notre bande ne fait pas exception. C’est une équipe de criminels qui ne le nie pas. Ils s’en vont remplir un contrat qu’ils savent illégal mais cela ne les dérange pas. Ils assument pleinement le fait de ne pas être des héros et j’aime beaucoup ce parti pris.

Le traitement des personnages

Je vous le dis d’emblée, j’ai adoré la personnalité des personnages. Je citerais surtout Kaz pour son intelligence tranchante et son audace, ainsi qu’Inej qui m’a beaucoup fait penser à Lila Bard (Shades of Magic). On s’attache aux personnages tout en essayant de les décoder, de connaitre leur passé. Les personnages sont très bien exploités, ils sont profonds et intéressants.

Mais j’ai trouvé deux petits défauts :

Le premier est que j’ai trouvé les personnages bien trop jeunes. Ils ont une personnalité qui ne colle pas avec leur âge. Cela peut paraître bizarre quand je l’explique comme cela mais j’ai dû faire l’effort à chaque fois de me rappeler qu’ils avaient tous entre 17 et 20 ans. Ils donnent l’impression d’avoir vécu bien trop de choses en si peu d’années, qu’ils n’ont jamais eu d’enfance, jamais eu d’innocence. Cela m’a quelque peu perturbé.

Le second point réside dans les relations amoureuses. Je ne fais pas trop de spoilers en disant que chacun à son amour, ce que je ne trouve pas très réaliste. Les relations sont en soi intéressantes et bien exploitées mais le fait que chaque personne du groupe trouve sa moitié est un peu irréaliste. À voir donc comment cela va évoluer dans le second tome.

Pour conclure, ce fut une très bonne lecture avec quelques petits bémols mais aussi une intrigue à couper le souffle, un jeu contre la montre qui pousse à lire encore et des personnages que l’on a envie de suivre jusqu’au bout du monde.

#Voleur #pouvoirs #Intrigue #magie #pouvoir #contrat

Le Dernier Souffle, tome 1 : Le Don, Fiona McIntoch

« Le coup allait être mortel. Il le sut à la seconde même où il capta la lueur menaçante de la lame à l’entame du mouvement ; et il l’accepta. »

Encore adolescent, Wyl Thirsk doit assumer le rôle pour lequel on le destinait depuis sa naissance : commandant en chef des armées de Morgravia! Une responsabilité qui le conduit à la cour du prince Celimus, un despote sadique. Là, un geste de bonté envers une sorcière condamnée au bûcher vaudra à Wyl un don miraculeux, ainsi que la colère de son seigneur et maître.

Contraint de lui obéir, Wyl est envoyé au Nord où la guerre menace, pour une mission suicidaire à la cour ennemie… avec pour seule arme un mystérieux pouvoir dont il ne soupçonne pas même l’existence. Or, s’il n’embrasse pas le Dernier Souffle, il signera sa perte… et celle du pays qu’il a juré de défendre.

J’ai toujours beaucoup entendu parler de la saga Le Dernier Souffle, que l’on voit un peu comme une incontournable de la Fantasy. L’ayant reçu pour Noël, je me suis plongée dedans à l’occasion du challenge le Mois de la Fantasy. Ce fut malheureusement un gros flop pour moi et je vous explique pourquoi.

Des personnages peu profonds

Si j’ai tout d’abord éprouvé de l’affection pour le personnage principal, Wyl, j’ai tout de même fini par être déçue par son évolution. J’ai trouvé sa personnalité et sa psychologie traitée en surface, sans réelle profondeur, et c’est un défaut que j’ai retrouvé dans de nombreux personnages. Celimus est un méchant car il est… méchant. C’est une vision manichéenne, superficielle qui manque de nuance à mon goût ainsi que de réalisme. Les changements qui s’opèrent chez les personnages, notamment chez Wyl sont trop soudains, l’autrice va un peu vite en besogne selon moi. On ne s’attarde pas assez sur la psychologie des personnages alors que son univers offre de belles occasions de le faire. Le personnage que j’ai vraiment apprécié a été Cailech qui montre bien plus de nuance, un roi bon avec son peuple et ambitieux mais qui se trouve également être intransigeant avec les étrangers, voire impitoyable.

Une vision des femmes décevante

Mais la chose qui m’a le plus déçue a été la vision des femmes qu’offre ce tome. Si j’ai tout d’abord été contente de découvrir le personnage de Valentyna, une princesse au caractère bien trempé et solide, qui ne s’embête pas de choses futiles et qui va droit au but, indépendante et imposante. Malheureusement, elle devient très vite une jeune fille qui se pâme devant le premier bel homme aux allures de bad boy qu’elle rencontre. Ce fut pour moi une énorme déception qui m’a un peu énervé. Quant à la sœur de Wyl, Ylenna, n’a été qu’une demoiselle en détresse qui n’a fait que subir tous les événements, sans jamais être dans l’action. La déception est d’autant plus grande que c’est une femme qui écrit.

Une intrigue difficilement construite

L’intrigue fut pour moi aussi décevante que les personnages. Je l’ai trouvé décousue, un peu brouillon. On ne comprend pas tout à fait toutes les motivations de Wyl, il va à gauche et à droite sans réelle raison. Les événements s’enchaînent bien trop vite et de manière peu réaliste. J’ai donc finit par décrocher vers le milieu du livre, ce qui est fort dommage.

Pour conclure, ce fut une déception sur beaucoup de points et il n’y a pas eu assez de points positifs pour que je continue la série. Je pense donc que ce sera le premier et dernier livre que je lirai de cette trilogie.

#magie #Milady #Bragelonne #pouvoirs #survie #tyranie

Le Songe d’une nuit d’Octobre, Roger Zelazny

« Je suis un chien de garde. Mon nom est Snuff. Je vis avec mon maître Jack dans les faubourg de Londres. J’aime beaucoup Soho la nuit avec ses brumes odorantes et ses rues sombres. Tout y est silencieux et nous faisons de longues promenades. Jack est sous le coup d’une malédiction depuis très longtemps et doit faire l’essentiel de son travail la nuit pour éviter le pire. Je monte la garde pendant qu’il s’active. Si quelqu’un approche, je hurle »

Quand le steampunk rencontre le mythe de Cthulhu.

Octobre. Dans 31 jours, le portail s’ouvrira et les Grands Anciens déferleront sur le monde.

Dracula, Sherlock Holmes, Raspoutine, le docteur Frankenstein… Ils seront tous là. Mais feront-ils partie des ouvreurs avides de pouvoir, ou seront-ils des fermeurs qui s’opposeront aux horreurs indicibles ?

Les familiers de ces personnages seront eux aussi impliqués dans cette murder party ésotérique riche en rebondissements. Tout particulièrement Snuff, un chien dont le maître, Jack, aime se promener la nuit dans Londres avec son grand couteau…

Le Jeu va commencer.

Quel sera votre camp ?

Il a suffi de lire les noms de Sherlock Holmes, de Dracula et du docteur Frankenstein pour que je sois tout de suite intriguée par ce roman que me proposait ActuSF en Service Presse. Le résumé à la fois intriguant et captivant a fait monter en flèche ma curiosité et c’est avec beaucoup de joie (et d’impatience) que j’ai reçu ce livre, que j’ai commencé très vite. Voici sans plus attendre mon avis !

Des personnages connus mais surprenants

La première chose qui m’a frappé dans ce livre a été le narrateur : le chien de Jack l’Éventreur! Malgré le résumé où il était mentionné, je ne m’attendais pas à ce qu’on suive l’histoire de son point de vue et j’ai trouvé l’idée ingénieuse. C’est dépaysant de voir les choses sous l’angle d’un chien et j’ai beaucoup aimé le style de la narration, qui rend le livre très original à mon sens. J’avais déjà lu des romans où les personnages n’étaient des animaux, mais jamais de cette manière.

La seconde chose que j’ai beaucoup appréciée concernant les personnages, est la reprise de personnages maintenant légendaires mais modeler d’une manière très particulière. En effet, on redécouvre sous un nouveau jour des personnages tels que Raspoutine ou Larry Talbot, une petite touche personnelle que l’auteur ajoute à ces personnages qu’on connaît tous.

Une ambiance symbolique et victorienne

Timothée Rey, dans la préface, a parlé du courant du symbolisme pour décrire l’univers de Zelazny. Et je suis totalement d’accord avec tout. Tout dans ce livre se fait dans le subtil, le sous-entendu, le non-dit. On laisse quelques indices, des symboles qui permettent de reconnaître les personnages célèbres sans jamais les nommer vraiment. Chacun vaque à ses occupations, rien ne nous est expliqué et il faut savoir lire entre les lignes tout au long du roman afin de comprendre ce qui se passe réellement. J’ai adoré suivre cette petite enquête que l’auteur pousse le lecteur à faire. Je me suis amusée à essayer de découvrir l’identité de chaque joueur et personnage, certains étant très vite identifiables et d’autres plus difficile à reconnaître. Tout ce symbolisme est mélangé à une bonne dose de style victorien que j’adore. Comment ne pas craquer devant une nouvelle version de Sherlock Holmes et une nouvelle ambiance digne de cette époque victorienne que j’aime tant ? C’est sombre, élégant, mystérieux… Ce livre a vraiment tout pour plaire !

Une structure originale

Le choix de structurer le roman un chapitre par jour était une belle idée. Cela permet de suivre l’évolution des personnages et de ce Jeu si mystérieux au fur et à mesure de l’avancée dans le mois. Chaque jour, de petites informations sont parsemées pour le lecteur, comme les petits cailloux du Petit Poucet, afin de le guider à travers cet univers si particulier. Si au départ on est un peu dépaysé, on finit tout de même par adopter la routine de Snuff et par s’habituer à cet environnement plein de mystères et totalement incompréhensible au premier abord. L’avancée des jours fait également monter une certaine pression, une appréhension de voir comment cela va finir, qui est dedans quel camps, ce qui va arriver aux perdants… Tout plein de questions nous poursuivent jusqu’à la fin et nous poussent à toujours poursuivre la lecture au point de ne plus être capable de le lâcher.

C’est donc avec beaucoup de bonheur et de frissons que j’ai parcouru les pages de ce livre qui aiguise notre curiosité et joue avec nos nerfs, nous pousse à réfléchir et élaborer des théories jusqu’à n’en plus finir. Une très belle découverte et un moment de lecture exquis !

#époquevictorienne #SherlockHolmes #Londres #pouvoirs #Intrigue #Jeu #ActuSF

Perismer, Livre I : La Reine des Noctères

« Que ce soit chez les fayeries ou les humains, il semblait n’exister qu’une seule espèce de mâles. Un simple sourire suffisait à leur faire envisager une conclusion des plus évidentes. Et dans un deuxième temps, sans se préoccuper de votre avis, ils vous considéraient comme leur propriété exclusive. »

Ils sont cinq. Cinq adolescents qui vivent depuis leur plus jeune âge dans un monastère isolé du monde extérieur. Par une nuit tragique, ils échappent de justesse à l’agression de ténébreuses créatures et, pour survivre, doivent se résoudre à l’exil.

Un long périple les attend, au cours duquel ils n’auront pas d’autre choix que d’apprendre à s’entraider et à dépasser leurs différences, car face à eux se dresse la Reine des noctères, un fléau qui les considère déjà comme ses pires ennemis.

Ayant rencontré l’auteur durant le SLPJ de Montreuil, je me suis laissé tenter par cette aventure fantastique d’un groupe d’enfants choisis pour sauver le monde. Et c’est sans regret que j’ai fermé ce livre et que j’attends la suite avec impatience !

Des personnages bien particuliers

La première chose qui m’a frappé dans ce roman c’est la particularité des personnages. En effet, chaque personnage a un trait spécifique, qui le définit. Ce qui rend chaque personnage unique en son genre.

Amonis, l’homme de main

Amonis est un jeune garçon défini par son physique. C’est un jeune homme au tempérament impulsif, qui n’est pas d’une intelligence exceptionnelle mais qui a une résistance physique à la douleur et à la magie qui dépasse de loin celle des autres. C’est un personnage que j’ai beaucoup apprécié, surtout pour son amour pour les jumelles et sa volonté profonde de vouloir les protéger envers et contre tout. Il est comme un grand frère pour elles et il fait passer leur survie avant la sienne, leur bien-être avant la sienne. C’est un personnage très touchant et qui évolue bien.

Pharnis, l’intellectuel

Contrairement à Amonis, la particularité de Pharnis est son intelligence et sa culture. Il est passionné par ses recherches dans lesquelles il se plaît énormément. C’est celui qui a le plus de mal à quitter le monastère, à quitter ses livres. Il a une soif d’apprendre et il est doué à cela. Son savoir dépasse celui des autres malgré son jeune âge. Avec ce savoir, il développe une certaine maturité mais sans pour autant se défaire de son esprit d’enfant. Cet esprit refait surface quand il rencontre la très jolie Farah. J’ai beaucoup apprécié le rappel de son âge à ce moment, qui prouve que, quoiqu’il se passe, ce sont avant tout des adolescents, des enfants. J’ai beaucoup aimé Pharnis pour son amour de la connaissance et du savoir et son lien très fort avec Amonis, qu’il considère pratiquement comme un frère.

Erian, le télépathe

Quant à Erian, c’est un petit garçon craintif, qui est souvent paralysé par la peur. Il n’a pas de réel point fort, c’est un petit garçon comme un autre, au détail près qu’il est télépathe. Même s’il ne maîtrise pas totalement son don, il reste néanmoins quelqu’un qui possède un grand pouvoir. Mais cela reste beaucoup pour ses frêles épaules. C’est un personnage qui m’a beaucoup touché par sa fragilité et qu’on voit grandir et prendre des décisions difficiles au fil du voyage. Il fait preuve de beaucoup de courage pour endurer des évènements qui le dépassent.

Swenn et Colleen, les jumelles dragons

Swenn et Colleen sont deux petites jumelles qui se ressemblent autant physiquement que mentalement. Elles partagent un lien très fort, même pour des jumelles. Elles ne peuvent vivre l’une sans l’autre. Ce sont deux petites filles qui ajoutent une étincelle de joie et de lumière dans cet univers un peu sombre et monotone, une belle touche d’innocence.

Une famille pas comme les autres

Ce que j’ai beaucoup apprécié au sein de ce groupe, c’est qu’ils se voient plus comme une famille que comme des amis.

Amonis, Pharnis et les jumelles ont été élevés ensemble et partagent un lien très fort. Les deux garçons sont comme des frères et les jumelles voient en eux, des grands frères prêts à tout pour les protéger.

Erian est un peu à part, du fait qu’il n’est arrivé que plus tard. Mais il entretient tout de même une relation presque fraternelle, quoique conflictuelle, avec Amonis.

Ce lien très particulier change un peu de ce que l’on a l’habitude de voir. Si on s’attend à un lien d’amitié fort, on ne s’attend tout de même pas une fraternité aussi profonde. Personnellement, je n’ai pas réussi à les voir comme des amis mais plutôt comme une grande famille, comme des frères et sœurs, et je trouve cela très bien. Cela rend leurs relation tout à fait uniques.

Farah, la fayeries téméraire

Si les jumelles sont la touche d’innocence, Farah, elle, est la touche de féminisme de ce livre. C’est un personnage que j’ai beaucoup apprécié, fort et au tempérament de feu. Elle sait ce qu’elle est, ce qu’elle représente et elle en est fière. C’est une combattante, une guerrière qui n’hésite pas à prendre les armes. C’est un personnage que j’ai beaucoup aimé pour sa farouche détermination et son assurance.

Ces six personnages ne sont que des enfants qui se voient attribuer un lourd fardeau pour leurs jeunes épaules. Ce que j’ai le plus apprécié chez eux, c’est le fait qu’ils ne maîtrisent pratiquement pas leurs pouvoirs, qu’ils sont totalement dépassés par les évènements. Cela dénature totalement le cliché des héros aux pouvoirs incroyables capables de sauver le monde. Ce ne sont que des adolescents sur qui le ciel est tombé sur la tête. Ils ne comprennent pas ce qui leur arrive et ils tentent le tout pour le tout afin de survivre. Au final, ce n’est pas leurs pouvoirs qui font d’eux des héros mais c’est leur courage et leur force qui leur permettent de survivre et de continuer leur chemin.

Etan d’Ismaval, le Chevalier plein d’honneur

Heureusement pour cette jeune petite équipe, ils ne sont pas seuls ! Etan d’Ismaval, le héraut royal a pour mission de les escorter en lieu sûr. Si tout ne se passe certes pas comme prévu, le chevalier reste tout de même fidèle à sa parole et suit les enfants pour les protéger coûte que coûte. C’est un personnage qui impose le reste et qui s’attache de plus en plus aux enfants, notamment à Erian. Il agit avec honneur et courage tout au long de cette aventure et c’est un personnage que j’ai beaucoup aimé découvrir.

Un univers imaginaire européen

L’histoire débute dans un monastère comme on en voyait à l’époque dans les pays européens, notamment en France. Les jumelles sont les seules représentantes de la gent féminines et les moines vivent selon un rythme donné. C’est également un paysage boisé, qui rappelle nos paysages et cela m’a fait plaisir, moi qui suis plutôt habituée aux inspirations américaines ou anglaises. C’est d’ailleurs un univers bien développé, on découvre différents peuples, différentes cultures. J’ai beaucoup aimé la tension qui réside entre les fayeries et les hommes, leur divergence d’opinion et leur vision du monde totalement différente.

Autre petit point positif : j’adore l’idée des griffons ! J’en ai rarement trouvé dans mes lectures et c’est une créature que j’aime beaucoup.

Un style vagabond

L’histoire tourne donc autour de ce malheureux groupe d’adolescents qui se retrouve plongé dans une aventure qui les dépasse totalement. On passe d’un point de vue à un autre au sein du groupe et c’est une idée que j’ai beaucoup aimée. On commence par le point de vue d’Amonis pour ensuite vagabonder à travers les différents points de vue des personnages. Cela m’a permis de m’attacher un peu plus à cette petite bande et de découvrir leur manière de voir les choses.

Une intrigue aventurière

Ce que j’ai aimé dans ce livre, c’est l’esprit du voyage. Si l’on passe d’un point de vue à un autre, on passe également d’un lieu à un autre. La bande d’adolescents ne cessent de fuir la menace qui pèse sur eux, essayant de trouver refuge tout d’abord chez (insérer le nom) puis chez les fayeries.

Pour conclure, ce fut un très beau voyage en compagnie d’adolescents attachants et courageux dans un univers original et riche. J’ai hâte de connaître la suite de leurs aventures !

#quête #magie #amitié #pouvoirs #survie #surnaturelle #FranckDive #Naos

Shades of Shadow, V.E. Schwab

« La magie est trouble, alors sois limpide.

La magie est sauvage, alors sois paisible.

La magie est chaos, alors sois sérénité. »

Kell est le dernier des magiciens de sang, des sorciers capables de voyager d’un monde à l’autre. Des mondes, il y en a quatre, dont Londres est, à chaque fois, le cœur et l’âme. Le premier, gris, est le nôtre. Le second, rouge, déborde de magie. Dans le troisième, blanc, elle s’est faite rare, et dans le dernier, noir, elle a tout dévoré. Quatre mois ont passé depuis qu’un talisman maléfique est tombé entre les mains de Kell, depuis que le corps de son ennemi a été expédié dans le Londres noir en compagnie du joyau.

Lila s’en est allée. Sans mot dire, au bout de trois jours d’épreuves inimaginables, elle a abandonné là Kell, sur un quai du Londres rouge, pour partir explorer le monde. Depuis, le jeune homme est assailli de rêves menaçants, dont il ne se réveille que pour penser à elle. La capitale bouillonne de fièvre car dans quelques jours commencent les Jeux des éléments, une compétition qui réunit les meilleurs magiciens de trois royaumes voisins, souvent en guerre par le passé. En prévision de l’événement, un navire à la réputation légendaire se rapproche d’ailleurs de la cité, ramenant de vieux amis à terre. Mais pendant ce temps, un autre Londres se réveille et revient petit à petit à la vie. Or rien ne peut venir bouleverser l’équilibre de la magie : pour qu’une ville prospère, une autre doit forcément décliner…

Après l’énorme coup de coeur que j’ai eu pour le premier tome, comment ne pas résister au second ? Je me suis donc jeté dessus en me disant que, de toute manière, il ne pouvait pas être meilleur que le premier, ce n’était pas possible. Eh bien, figurez-vous que si ! Le pari est relevé !

Lila Bard, la montée en puissance

Si je pensais que Lila était un personnage fort dans le premier tome, j’étais loin de me douter qu’elle ne soit alors qu’un petit oisillon. Dans ce deuxième tome, elle trouve le moyen de gagner encore plus en force, autant au niveau de l’esprit qu’au niveau de ses pouvoirs.

Son intrépidité et son assurance la rendent tout particulièrement redoutable. On pourrait croire qu’elle devient même inconsciente face au danger, mais au final, elle a juste une parfaite confiance en ses capacités. Je pense n’avoir jamais vu un personnage aussi déterminé et confiant. Elle ne doute jamais d’elle, ne fait jamais machine arrière. Elle prend une décision et s’y tient, coûte que coûte. C’est une jeune femme qui sait ce qu’elle veut et se donne les moyens de l’avoir. Je ne peux m’empêcher d’éprouver un profond respect et une grande admiration pour un personnage aussi envoûtant, aussi inspirant.

Trop maligne, trop bruyante, trop imprudente. J’ai tout entendu. C’est un miracle que je sois encore en vie.

Kell, la descente aux enfers

Tout comme Lila, Kell devient de plus en plus fort. Mais contrairement à elle, il n’a pas confiance en lui. Et son manque d’assurance le rend plus faible. Le pouvoir le ronge de l’intérieur, voulant à tout prix sortir de lui, être utilisé. On sent la tension qui l’habite, sa difficulté à garder le contrôle sur quelque chose de trop gros pour lui. Il se sent piégé et de plus en plus dépassé par cette magie qui l’habite. C’est un personnage qui me touche tout particulièrement. Je me suis attachée à lui depuis le début, c’est le genre de personnage que j’aurais aimé rencontrer dans la réalité ou que j’aurais adoré créer.

As-tu trouvé un calme intérieur, Kell ?

As-tu trouvé un calme intérieur, Kell ?

Kell et Rhys, une fraternité qui s’effrite

Plus liés que jamais, Kell et Rhys semblent pourtant s’éloigner l’un de l’autre. Depuis le sacrifice de Kell pour sauver la vie de son frère, un gouffre s’est créé entre ses deux personnages que même leur lien ne peut pas combler. Au contraire, il semblerait qu’il l’agrandit. Tous deux s’aiment profondément mais se sentent piégés l’un dans l’autre. Rhys est rongé par la culpabilité, il ne supporte pas cette situation, qui lui rappelle sans cesse sa faiblesse et la force de son frère dans son sacrifice. Il ne se sent pas méritant. Quant à Kell, il regrette cette situation mais pas son geste. Il est totalement partagé et ne supporte pas la souffrance que ressent son frère. Cela m’a brisé le coeur de les voir aussi déchirés. Leur désespoir les pousse d’ailleurs à développer l’idée la plus stupide du monde. La plus stupide mais également la plus géniale.

Mais incapable de régner, car dépourvu de magie. Il compensait amplement ce manque par ses prouesses militaires et son sens aigu de l’ordre, mais Kell savait que ce fait inquiétait Rhy.

Alucard, le Capitaine

Alucard est un personnage qui m’a agréablement surprise. S’il n’est pas aussi mystérieux que Lila, il reste tout de même quelqu’un de très intéressant, qui a un passé et des secrets qu’on aimerait découvrir. J’espère d’ailleurs le retrouver dans le troisième tome et en apprendre plus sur lui. C’est aussi un bon mentor pour Lila, il lui a appris à développer ses propres pouvoirs. J’ai trouvé leur relation intéressante, un éternel combat silencieux, un combat de voleur: au premier qui démasquera l’autre.

– Attends, c’est une vague, une porte ou une conversation ?

– Ce que tu veux.

– Tu es un professeur minable.

Le Jeu des Éléments

J’ai adoré ce concept. Des Jeux créés pour des magiciens, qui confrontent des pays rivaux. Cela m’a beaucoup fait aux Tournois des Trois Sorciers dans Harry Potter, qui vise à mettre en compétition des camps rivaux mais qui les pousse également au partage. Et puis quoi de mieux quand on s’aperçoit que non seulement Kell mais aussi Lila participent ! De nouveau, on retrouve ces deux jeunes gens embarqués dans la même aventure sans même s’apercevoir que l’autre y est présent également.

– Aux plans ingénieux ! Et aux princes fringants !

– Aux magiciens masqués ! renchérit Rhy, qui lui reprit le vin.

– Aux idées folles !

– À l’Essen Tasch !

Kell et Lila, un amour de duo

De nouveau, les deux sont séparés et vivent leur vie et aventure chacun de leur côté. Mais cette fois, ils ne cessent de penser l’un à l’autre. On sent qu’ils ont chacun marqué la vie de l’autre.

Quand Lila rentre à Londres, on n’attend plus qu’une chose : qu’ils se retrouvent enfin ! L’autrice arrive encore une fois à nous torturer en les faisant se croiser et se louper de peu. C’est tellement frustrant mais cela rend la fameuse rencontre encore meilleure ! Rencontre que j’ai bien évidemment adorée. De nouveau, je ne vous en dis pas plus, sinon ce ne serait pas drôle.

Ce duo est en tout cas un véritable coup de cœur. Leur relation, le lien qui les unis indiscutablement est incroyable. C’est un duo qui m’a totalement envoûté, qui a fait battre mon cœur plus vite. Je pourrais même dire que je suis tombée amoureuse de cet incroyable duo.

– Tu pourrais juste… rester, murmura-t-il.

– Ou tu pourrais partir, répliqua-t-elle. Avec moi.

Une intrigue ensorcelante

Si l’autrice est capable de nous envoûter avec la relation qu’elle tisse entre les personnages, elle est également capable de vous ensorceler avec son intrigue. Je suis en totale admiration sur la manière dont elle construit ses chapitres, la manière dont elle termine un point de vue, nous faisant mourir d’impatience, et d’en commencer un autre, nous faisant mourir de bonheur. J’ai été avide de chaque passage, chaque mot, passant d’un point de vue à un autre, d’une scène à une autre en ne voulant qu’une seule chose : plus, toujours plus.

Je pense avoir été aussi avide de ce livre que Kell de son pouvoir qui monte en lui. Ce livre est capable de vous émouvoir à vous en donner le vertige.

Seul petit bémol : les choses mettent beaucoup de temps à s’installer. Même si j’ai apprécié chaque chapitre de ce livre, la mise en place est assez longue et les Jeux ne débutent qu’assez tard. Mais une fois qu’ils débutent, c’est un véritable régal et il est tout simplement impossible de lâcher ce livre jusqu’à la fin de la dernière page. Et encore. Ce fut un véritable déchirement que de devoir reposer ce livre.

#Londres #magie #voyage #Mystère #LumenEdition #VESchwab #pouvoirs

Shades of Magic, V.E. Schwab

« Gris pour la ville sans magie.

Rouge pour l’empire prospère.

Blanc pour le monde affamé. »

Un autre monde vous attend, là, de l’autre côté du mur…

Kell est le dernier des magiciens de sang, des sorciers capables de voyager d’un monde à l’autre. Des mondes, il y en a quatre, dont Londres est, à chaque fois, le cœur et l’âme. Le nôtre est gris, sans magie d’aucune sorte. Celui de Kell, rouge – on y respire le merveilleux à chaque bouffée d’air. Le troisième est blanc : là, les sortilèges se font si rares qu’on s’y tranche la gorge pour une simple incantation. Le dernier est noir, noir comme la mort qui l’a envahi quand la magie a dévoré tout ce qui s’y trouvait, obligeant les trois autres à couper tout lien avec lui.

Depuis cette contagion, il est interdit de transporter le moindre objet entre les univers. C’est malgré tout ce que Kell va prendre le risque de faire, histoire de défier la famille royale qui l’a pourtant adopté comme son fils, à commencer par le prince Rhy, son frère, pour qui il donnerait par ailleurs sa vie sans hésiter. Mais, à force de jouer avec le feu, il finit par commettre l’irréparable : il emporte jusque dans le Londres gris une pierre noire comme la nuit, qu’une jeune fille du nom de Lila décide, sur un coup de tête, de lui subtiliser. Pour elle comme pour lui – pour leurs deux mondes, à vrai dire – le compte à rebours est lancé.

Un univers avec plusieurs Londres ? Un monde plein de magie ? Une couverture magnifique ? Ce livre est fait pour me plaire! L’intrigue m’a tout de suite attirée et ce fut un véritable coup de cœur comme prévu.

Kell, l’Antari taciturne

Kell est l’un des derniers magiciens de sang qui existe sur les différents univers qui peuple ce livre. C’est un personnage solitaire, recueilli par la famille royale. S’il est très attaché au prince, qu’il considère comme un frère, il persiste à penser qu’il ne fait pas vraiment partie de la famille et qu’il n’a d’importance pour ses parents adoptifs uniquement à cause de sa nature. C’est un jeune homme assez triste, qui m’a tout particulièrement touché. Il vagabonde de Londres en Londres, sans attache, collectant au passage de petites babioles des différents mondes, qu’il garde jalousement dans une petite chambre d’auberge. C’est un personnage qui a un pouvoir très rare et qui fait de lui une personne puissante mais sa personnalité contraste avec ses capacités. J’ai beaucoup aimé son point de vue.

Lila Bard, la voleuse intrépide

« Je préfère partir à l’aventure, quitte à en mourir. Tout plutôt que de vivre immobile. »

Lila Bard est un personnage qui sort de l’ordinaire. C’est une jeune femme qui profite de sa masculinité pour se protéger. Elle vagabonde et chaparde un semblant de liberté sous l’apparence d’un homme à chaque fois qu’elle en a l’occasion. C’est quelqu’un de tout aussi solitaire que Kell et de très indépendant. On pourrait la représenter comme un chat qui se faufile dans les rues, prête à bondir sur ses proies. C’est un personnage très fort, qui ne faiblit jamais. Elle joue avec le danger, se rapprochant de la mort comme on s’approche du précipice et ne fait marche arrière que quand elle se sent basculer.

Lila et Kell, une relation naturelle

« – C’est en quel honneur ?

– Pour me porter chance. »

Pendant une bonne partie du livre, on n’attend qu’une seule chose : que les deux personnages se rencontrent enfin. L’autrice joue tellement bien sur le suspense qu’on en vient à penser qu’ils ne vont jamais se croiser ! Finalement, quand elle exauce enfin notre prière, c’est au moment où l’on s’y attend le moins et de la manière la plus incongrue qu’il soit.

C’est donc une relation qui commence de manière assez originale. Ils prennent un mauvais départ mais un lien se tisse tout de même entre eux au fur et à mesure de l’histoire, de manière tout à fait naturelle. Ils s’habituent peu à peu à la présence de l’autre au point de développer une certaine complicité, une connexion, qui rend leur relation profonde et intense. J’ai apprécié la manière dont l’autrice les fait évoluer tous les deux, ainsi que la manière dont elle continue à nous surprendre.

En effet, quand on découvre le personnage de Kell et celui de Lila, on s’attend à ce que Kell soit le plus fort des deux, de par ses pouvoirs mais aussi son statut. Mais étonnamment, il s’avère que c’est elle qui a une plus grande force d’esprit. Elle est plus maligne et perspicace, se méfiant du pouvoir par prudence. C’est la plus impulsive et la plus intrépide mais c’est paradoxalement celle qui ne cède pas à l’appel de la magie. J’ai tout particulièrement adoré la dynamique du duo et j’espère que l’autrice continuera à nous en régaler dans le deuxième tome !

Kell et Rhy, une fraternité authentique

Si Kell et Rhy ne partagent pas de liens de sang, cela ne les empêche pas d’éprouver un véritable attachement l’un à l’autre. Ce sont des frères d’armes qui partagent une relation fraternelle très forte. Rhy est la seule famille de Kell, c’est celui qui le connaît le mieux et qui l’aime tel qu’il est. Quant à Kell, il est prêt à sacrifier sa propre vie pour son frère. Ils sont chacun très différents, Rhy aussi rayonnant qu’un soleil, extraverti, sociable, et Kell, l’ombre, le taciturne et réservé. Et pourtant, ils se comprennent et s’aiment profondément. C’est une très belle relation émouvante qui fait rêver.

Une magie vivante

J’ai beaucoup aimé la manière dont la magie est définie dans ce livre. C’est quelque chose de vivant, qui a sa propre indépendance ainsi qu’une grande part de mystère. C’est ce qui coule dans toute forme de vie mais qui se distingue des autres choses qu’elle habite. La magie de cet univers est à la fois fascinante et inquiétante. C’est du pouvoir à l’état pur, palpable, sensible. J’ai beaucoup aimé l’ambiguïté de la magie, à la fois source de toute chose mais aussi un pouvoir dangereux.

Un univers inconnu mais familier

Moi qui suis passionnée par la ville de Londres, j’ai été gâtée de n’avoir non pas une mais trois villes ! En effet, cet univers comporte trois villes différentes du même nom que celle que l’on connaît tous. J’ai trouvé l’idée très intéressante, pouvoir se représenter notre Londres à nous, le gris (couleur qui lui va à ravir !) et imaginer deux autres villes se superposer à celle-ci. Chaque ville représente à merveille trois mondes différents, avec sa propre ambiance, son propre charme.

Le Londres Rouge est fleuri, coloré et poétique, tandis que le Londres Blanc est glacial et le Londres Gris pluvieux et morne. Le peuple reflète également le monde dans lequel il vit. Victoria Schwab montre une très belle maîtrise de ses différents univers qu’elle lie parfaitement à travers les portails des Antari.

Un petit détail qui m’a fait adorer ce livre d’emblée : le manteau de Kell ! Je trouve le concept très ingénieux, qui correspond parfaitement au personnage de Kell.

Une aventure à perdre haleine

Dès le début de ce livre, nous somme happés dans ce monde très particulier qui ne cesse de nous surprendre à chaque chapitre. J’ai dévoré ce roman, écrit de manière très fluide et surtout avec une intrigue captivante. V.E. Schwab joue avec la tension, le suspense, la surprise… C’est à en perdre haleine ! On se languit de la rencontre entre Lila et Kell, puis on est subjugué par leurs aventures à travers les trois Londres. On est plongé dans une ambiance sombre et menaçante et il est impossible de lâcher le livre tant que l’on n’arrive pas à la dernière page.

Pour conclure, c’est une histoire qui m’a transporté, qui m’a fait voyager et découvrir des personnages incroyables. C’est l’un de mes plus grands coups de cœur de cette année et je le conseille vraiment à tout le monde ! Vivement le tome 2 !

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