The Rest of the Story, Sarah Dessen

« Si tu veux savoir de quelle étoffe quelqu’un est vraiment fait, regarde comment il agit quand personne ne le surveille. C’est là qu’il montrera sa vraie nature. »

Un lac mystérieux, une famille oubliée,
un été magique…

Emma Saylor regarde son père danser sur la piste, un peu désabusée : elle assiste à son mariage avec une femme adorable, qui leur permet d’échapper enfin aux difficultés qui les poursuivent depuis la mort de sa mère, cinq ans plus tôt, d’une overdose. La jeune fille ne sait pas grand-chose de ce qui est vraiment arrivé. Et, pour pouvoir aller de l’avant, elle aussi, elle aimerait bien connaître… la fin de l’histoire. Or elle n’a plus revu sa grand-mère maternelle ou ses cousins depuis un séjour chez eux quand elle était toute petite. Mais le destin va lui donner un coup de pouce : pendant la lune de miel de son père, elle doit justement passer un mois au bord du lac où vit cette énigmatique famille.


Car si, pour son père, elle est Emma, aux yeux de sa mère, de ses cousins et des amis d’autrefois, en revanche, elle était quelqu’un d’autre – elle était la petite Saylor, même si ce ne fut que le temps d’un été. Et c’est ce passé enfoui qu’elle va redécouvrir comme un trésor. Un parquet qui grince sous ses pas, une odeur familière… Elle qui ne se rappelle pas même le visage de sa grand-mère se rend compte qu’elle connaît cet endroit. Elle retrouve sa cousine, qui joue avec le feu comme la mère d’Emma avant elle, et Roo, le garçon dont elle était inséparable enfant. Tel un détective, elle va remonter le temps en arrière, pour découvrir non seulement qui elle est, mais aussi quelle adolescente a été sa mère. Car avant de tomber amoureuse d’un fils de famille privilégié, celle-ci a perdu son meilleur ami dans un étrange accident de bateau à moteur…

Si vous me suivez depuis longtemps (ou non), vous devez savoir à quel point j’aime les romans de Sarah Dessen. Ils ont eu une grande place dans mon adolescence, me faisant réfléchir sur des sujets importants, me remettant en question, m’aidant à me trouver… Je saute donc toujours sur le nouveau venu en France et The Rest of The Story ne fait pas exception. J’ai lu ce livre l’été dernier et, allez savoir pourquoi, je n’ai jamais réussi à en écrire la chronique. Mais un an après, me voilà prête à en parler.

The Rest of The Story raconte l’histoire d’Emma Saylor, jeune fille de dix-sept ans qui vit seule avec son père depuis le décès de sa mère. Celui-ci, tout juste remarié, s’en va en lune de miel et envoie Emma dans la famille de sa mère au bord d’un lac. À partir de là, c’est un véritable retour dans le passé qui s’opère. Emma redécouvre sa mère à travers cet endroit où elle a passé toute sa jeunesse avant de s’en aller pour faire sa vie. Et, à travers la découverte du passé de sa mère, Emma apprend à faire la paix avec le souvenir douloureux de celle-ci et à se redécouvrir elle-même.

J’ai beaucoup aimé cette quête de soi et ce retour aux sources que vit Emma durant son séjour. L’ambiance de ce petit village saisonnier autour d’un lac est agréable et parfaite pour l’été. Il forme un beau décor pour un sujet éprouvant qui ne m’a pas laissé indifférente. J’ai été touché par les personnages, notamment par la relation qu’entretiennent Emma et Roo mais aussi celle qu’elle développe avec tout le reste de la famille. Cette famille est d’ailleurs très particulière, ne s’arrêtant pas aux liens de sang. On a un véritable lien de solidarité, d’entraide et d’amour qui s’est formé autour des habitants au bord de ce lac.

« On peut décider de sa vie, ou la vie peut décider pour vous. Le choix était-il donc vraiment si simple? »

Ce roman aborde donc des sujets profonds comme le deuil, le pardon, le souvenir mais aussi la découverte de soi et l’acceptation. À nouveau, Sarah Dessen ne m’a pas déçue dans la profondeur des sentiments qu’elle transmet dans ses romans à travers des sujets importants et forts.

Ce fut donc une lecture éprouvante, qui pousse à la réflexion à travers une belle histoire de famille, d’amitié et d’amour.

#LumenEdition #souvenir #deuil #adolescence #SarahDessen #pardon

La Passe-Miroir, La Mémoire de Babel, Christelle Dabos

« Il sera une fois, dans pas si longtemps, un monde qui vivra enfin en paix.

En ce temps-là, il y aura de nouveaux hommes et il y aura de nouvelles femmes.

Ce sera l’ère des miracles. »

Deux ans et sept mois qu’Ophélie se morfond sur son arche d’Anima. Aujourd’hui il lui faut agir, exploiter ce qu’elle a appris à la lecture du Livre de Farouk et les bribes d’informations divulguées par Dieu. Sous une fausse identité, Ophélie rejoint Babel, arche cosmopolite et joyau de modernité. Ses talents de liseuse suffiront-ils à déjouer les pièges d’adversaires toujours plus redoutables ? A-t-elle la moindre chance de retrouver la trace de Thorn ?

Me revoilà donc comme promis pour vous parler du troisième tome de la Passe-Miroir. Ma relecture était censée durer jusqu’à la sortie du quatrième et dernier tome (J-8 à l’heure où je vous parle !!) mais j’ai été tellement emporté par les aventures d’Ophélie que je l’ai finalement dévoré en l’espace de trois jours. Il m’a fallu ensuite trois autres jours pour me remettre de mes émotions et me voici donc pour vous en parler !

Ophélie, un personnage qui se découvre

« Elle se sentit mourir. Elle allait enfin pouvoir vivre »

Si dans les deux premiers tomes j’ai admiré Ophélie pour son courage et sa détermination, ce n’était finalement rien comparé à ce tome-ci. Mon amour pour ce personnage ne cesse de grandir avec le temps et les tomes. On la retrouve donc coincée sur Anima, totalement désœuvrée et ne sachant pas quoi faire jusqu’au moment où Archibald l’aide à s’en échapper. La voici ensuite partie pour Babel toute seule, à la recherche de Thorn. Dans ce tome, elle est totalement livrée à elle-même. Elle est seule dans une arche qu’elle ne connaît pas et qui s’avère totalement différente d’Anima et du Pôle. Mais elle ne baisse pas les bras et continue sa quête.

Elle a eu beau subir des intimidations, des menaces de mort et j’en passe, au Pôle, ce n’est rien comparé à l’ébranlement qu’elle subit en entrant à la Bonne Famille. Durant son séjour à Babel, c’est son identité et ses compétences qui sont remises en question. Tout ce dont elle était certaine se voit ébranler, elle ne sait plus où elle en est, elle ne sait plus ce qui la définit, qui elle est. Elle traverse une réelle et douloureuse crise d’identité qui n’a fait que me rapprocher un peu plus de ce personnage. Mais encore une fois, Ophélie nous surprend en apprenant à nouveau à se regarder dans le miroir et accepter tout ce qu’elle y voit. Mais il faut avouer que Thorn ne lui facilite pas la tâche…

« Votre propension à malmener les statistiques est effrayante. »

Thorn, un personnage qui ébranle toutes les certitudes

« Je suis exigeant, rabat-joie, maniaque, asocial et estropié, énuméra-t-il d’une voix terrible. Vous pouvez me prêter tous les défauts du monde,mais je ne vous autorise pas à me traiter d’égoïste. « 

Thorn m’a complètement chamboulé. La première fois que j’ai lu ce tome, j’ai été tout autant déstabilisée qu’Ophélie en le retrouvant. Si dans la première partie du roman, on n’attend qu’une chose c’est de le retrouver, on ne s’attend clairement pas à ce qui arrive quand le moment vient. Son changement nous rend inquiets à son sujet, nous fait nous poser des questions, nous fait douter. La seconde partie est donc encore plus frustrante que la première car elle suscite encore plus de questions qu’on en avait au début de ce livre. Cela m’a rappelé le premier tome où je trouvais qu’on ne voyait pas assez Thorn et que ses passages étaient bien trop courts à mon goût. L’autrice à nouveau, joue avec cela et nous pousse à dévorer les pages afin de comprendre ce qui se passe.

Arrive donc les derniers chapitres du livre… Ah ces derniers chapitres ! Je retrouve mon Thorn taciturne et entêté et je retombe à nouveau profondément amoureuse de lui. Quel bonheur de le retrouver !

Babel, une nouvelle arche pleine de surprises

« La seule véritable erreur est celle qu’on ne corrige pas. »

J’ai adoré découvrir cette arche. Son fonctionnement si particulier, cet accent légèrement British que j’aime tant, cette culture un peu orientale qui rappelle l’Inde sous l’Empire britannique… C’est nouveau, original et frais ! Vraiment, ce fut un véritable plaisir d’arpenter cette arche en compagnie d’Ophélie et de découvrir de nouveaux personnages tels qu’Ambroise ou Blasius.

J’ai aussi beaucoup aimé l’univers de la Bonne Famille et du Mémorial. Cette quête constante de la connaissance qui se confronte aux problèmes de censure et de contrôle de l’information est vraiment une thématique que j’ai beaucoup aimée et qui est très bien exploitée.

J’ai également trouvé le personnage d’Hélène très intrigant. Elle est encore différente d’Artémis, de Farouk ou même de son frère jumeau, Pollux. Elle semble un peu plus alerte qu’eux et un peu plus consciente de ce qui se passe réellement dans ce monde. Sa tolérance envers les sans pouvoirs et les non-fils de Pollux m’a quelque peu rappelé Helga Poufsouffle dans Harry Potter (qui se trouve être ma maison !). J’espère qu’on la reverra dans le prochain tome.

Ce que j’ai trouvé le plus intéressant sur cette arche, c’est le fait que plusieurs civilisations sont mélangées. On retrouve des habitants de plusieurs autres arches, ce qui permet d’en apprendre plus sur l’univers que l’autrice a créé, sans avoir à voyager sur toutes les arches. C’est un choix ingénieux, qui concorde en plus très bien avec la légende de Babel. Rien n’est laissé au hasard !

« Le Mémorial de Babel, commenta Ambroise. C’est notre plus vieux monument, la moitié date de l’ancien monde. L’adage dit que toute la mémoire de l’humanité y repose. »

Une intrigue à en perdre haleine

« Raconter le passé en refusant de raconter la guerre, c’est mentir. »

Cette intrigue… Mon dieu cette intrigue ! (Oui oui, mon dieu, c’est le cas de le dire). J’ai rarement été autant dévorée par la curiosité qu’à travers ce tome. J’ai dévoré les pages à la recherche du moindre indice pour en apprendre un peu plus, pour mieux comprendre ce mystère que sont Dieu et l’origine des arches. Christelle Dabos nous mène totalement par le bout du nez, elle nous entraîne encore plus profondément dans les méandres de son univers si grandiose… C’est à en avoir le souffle coupé.

J’ai été stupéfiée par les révélations que ce tome apporte et cela a été une véritable torture de me dire la première fois qu’il allait falloir attendre pour avoir la suite… Durant ma relecture, j’ai presque eu l’impression de le lire pour la première fois tellement de petits détails importants m’ont échappé. Là encore, j’en suis ressortie encore plus époustouflée.

« Si violentes que fussent les émotions qui lui mettaient le corps en ébullition, quand arrivait le moment de les exprimer il n’en ressortait toujours qu’un pitoyable goutte-à-goutte. »

La plupart des lecteurs et lectrices trouvent ce tome un peu long et préfèrent les deux premiers. J’avoue avoir du mal à me décider sur celui que je préfère car chacun m’a ébranlé à sa manière. Mais je trouve que la longueur de ce roman fait sa force. Christelle Dabos trouve le moyen d’approfondir son univers et d’accroître notre curiosité, de développer ses personnages et de préparer la fin de cette aventure. Vraiment, je trouve qu’il n’y a rien à raccourcir, rien à accélérer. Tout est à la place qui lui est dû et tout est justifié.

C’est donc toute fébrile et en PLS que j’ai terminé ce troisième tome, bien trop tôt à mon goût au vu de la longue attente qu’il me reste pour l’ultime tome. Tome que je ne suis pas prête à accueillir non plus car il signera la fin d’une aventure que je refuse de terminer.

#disparition #quête #pouvoirs #diversité #souvenir #Mystère #ChristelleDabos

Le Dieu dans l’Ombre, Megan Lindholm (Robin Hobb)

« Je ne m’enfuis pas de chez moi. Je ne cherche pas à échapper à la vaisselle sale, à la lessive, à une belle-famille aux querelles envahissantes. Je ne fuis rien du tout. Je cours vers un but. Vers la forêt, l’endroit où la solitude n’a jamais pu m’atteindre. Je refuse de me demander si Pan existe vraiment, s’il y a un être vivant qui chuchote cette musique, si je cherche à fuir la réalité, si je ne suis même plus tout à fait saine d’esprit. Les bois se referment sur moi, et la flûte me montre le chemin. »

Evelyn a vingt-cinq ans, un époux, une belle famille et un enfant de cinq ans.

Quand elle était jeune fille, elle avait la compagnie des forêts de l’Alaska, de la poésie de la nature et de Pan, un faune mystique.

Un jour, il disparut.

Elle n’aurait jamais cru que la créature irréelle surgirait à nouveau dans sa vie et agiterait en elle ces émotions fantasmatiques et sensuelles.

A mi-chemin entre la civilisation et la nature, sous le couvert des arbres glacés, Evelyn devra faire face à des choix terribles. Trouvera-t-elle son chemin dans l’ombre ?

Robin Hobb est l’une de mes autrices de Fantasy préférées. Je suis tombée sous le charme de sa plume et de l’univers de l’Assassin Royal dès les premières pages et je n’ai cessé de l’aimer plus encore au fil de mes lectures. J’ai donc été très contente de voir que les éditions ActuSf proposaient un de ses romans fantastiques. C’était pour moi l’occasion de redécouvrir cette autrice sous une autre perspective. Et quelle découverte !

J’ai mis du temps à écrire cette chronique car il m’a fallu un moment pour me retrouver dans toutes les émotions et toutes les réflexions dans lesquels ce roman m’a plongé. J’ai été émerveillée, triste, révoltée, résignée, surprise… Là encore, je ne sais par où commencer quand il s’agit de parler de ce livre qui, même s’il est plus court que ceux que j’ai déjà lus de l’autrice, reste l’un des plus denses selon moi. Je vais donc commencer par ce qui m’a frappé à la sortie de cette lecture.

Un roman sur l’humain

En effet, la chose qui m’a sauté aux yeux en refermant ce livre est le fait que Évelyn est profondément humaine. Une humaine dans toute sa complexité, toutes ses nuances, de la plus foncée, obscure et ténébreuse, à la plus claire, lumineuse et rayonnante.

C’est une femme qui englobe tout ce qui définit être femme : c’est une épouse, une mère, une travailleuse… Mais malgré cela, elle ne se sent à sa place qu’au sein de la forêt. C’est un personnage à la croisée des mondes sauvages et civilisés, qui ne cesse d’osciller entre eux. Elle ne cesse de faire des efforts pour correspondre à l’image qu’on se fait d’une femme parfaite dans les années 60-70 et pour se faire accepter de sa belle-famille. Mais elle ne peut s’empêcher de revenir vers la nature, la forêt, comme si elle était appelée par elle et que cette nature souhaitait lui rappeler qui elle était vraiment. C’est en cela que je me suis retrouvée : l’idée de devoir faire un choix entre correspondre aux attentes de la société ou être soi-même, s’assumer en tant que tel. Ce combat constant est au cœur de ce roman et permet de peindre l’humain sous toutes ces facettes. Evelyn est donc un personnage auquel je me suis attachée malgré le fait qu’elle m’a aussi agacé par moments, m’ait mise en colère, attristé… L’autrice a construit son personnage de sorte à la percevoir non pas comme personnage mais comme personne que l’on côtoie, avec ses qualités et ses défauts.

« Quelqu’un, qui m’a dit un jour qu’il m’aimait, m’a comparée à un cerf. Compliment étrange, qui ne vous rassure pas sur votre féminité. Mais compliment cependant, que j’ai noté et auquel je tiens. Je me redresse et me regarde dans le miroir en cherchant à retrouver le cerf qu’il avait vu. »

Les autres personnages m’ont en revanche fait ressentir des émotions uniquement négatives. J’ai détesté les beaux parents de son mari, qui méprisent Évelyn pour être différente et qui tentent de lui imposer leur vision du monde. J’ai eu de la peine pour sa belle-sœur qui se laisse utiliser par ses parents sans jamais s’affirmer. Mais par-dessus tout, j’ai détesté le mari d’Évelyn, Tom. C’est un homme qui dit l’aimer pour ce qu’elle est, qu’il l’accepte quand ils sont seuls en Alaska, mais qui change totalement quand il se retrouve chez ses parents. Il ne la soutient à aucun moment, lui impose la vision de ses parents, la fait culpabiliser… C’est un personnage que j’ai vraiment détesté, plus que les autres.

Le seul qui apporte du baume au cœur, c’est le fils d’Évelyn, Teddy. Cette petite bouille innocente fait l’effet d’une petite lumière qui réchauffe le cœur.

Un roman engagé : condition féminine et écologie

Ce que j’ai beaucoup aimé dans ce roman, c’est qu’il aborde énormément de thématiques intéressantes.

« Adieu réalité, bonjour féminité »

La condition des femmes durant les années 60-70 est la première dont je vais vous parler. Je dis des années 60-70 mais malheureusement, j’ai retrouvé certains traits qui sont encore d’actualité.

Le combat que mène Évelyn est autant entre la civilité et la sauvagerie que la femme qu’elle est et celle qu’on veut qu’elle soit. On ne cesse de lui imposer des valeurs qu’elle doit adopter en matière de féminité mais aussi des exigences maternelles et conjugales. Ces exigences ont eu le don de me révolter. C’est une personne qu’on tente de brimer et d’insérer dans une catégorie bien définie, dans une cage et dont elle n’a pas le droit de sortir. Sa belle-famille ne cesse de lui dire ce qu’il convient de faire ou de ne pas faire. Elle est jugée pour chacun de ses gestes, de ses paroles… C’est quelque chose que l’on sent beaucoup peser sur ses épaules.

Le silence d’Évelyn m’a d’abord agacé tout autant. Elle se laisse faire, elle tente de répondre aux exigences de sa belle-famille alors que l’on sent son ennui et sa lassitude à devoir rester tout le temps à la maison pour faire toujours les mêmes choses. Maison dans laquelle elle ne se sent même pas chez elle. Néanmoins, au fur et à mesure, elle s’émancipe jusqu’à reprendre une liberté totale. C’est un message puissant qui inspire de l’admiration pour Évelyn qui arrive à se défaire des convenances mais aussi du courage pour soi, une volonté nouvelle de faire comme elle. Elle finit par assumer ce qu’elle est réellement et le revendique avec fierté et force.

« Ils préfèrent manger les muscles avachis d’un animal élevé jusqu’aux jarrets dans sa propre bouse, castré, vacciné, inspecté, abattu d’une chiquenaude dans le front, réfrigéré dans une grande pièce blanche et découpé en tranches bien nettes par des machines électriques. De la viande « désanimalisée ». »

Le second point important de ce roman, et je pense d’ailleurs que c’est le cœur de celui-ci, c’est l’engagement écologique.

En effet, l’autrice, à travers l’histoire d’Évelyn, montre les dégâts que provoquent la civilisation humaine et son industrialisation sur la nature. La forêt d’enfance d’Évelyn est réduite pour installer des usines et l’entreprise de sa belle-famille est peinte comme matérialiste qui ne pense qu’au profit. Tout ne tourne qu’autour de l’entreprise familiale et on ne se soucie que très peu de la nature environnante.

La manière dont le monde des humains et le monde de la nature sont décrits, montre cela également : en effet, dès qu’on entre dans la forêt, on n’est émerveillé, on s’y sent bien, c’est un monde magique et bienveillant, tandis que le monde des hommes est plein de tensions et d’hostilité.

Pan, le dieu dans l’ombre

« Il joue Pan.

Il joue un rayon de soleil sur un flanc tavelé dans un bosquet de bouleaux, il joue des yeux marron que le rire fait scintiller de vert, il joue le galop imprudent des sabots fourchus sur la pierre glissante de glace, le souffle repris après la course dans les bois, les doigts serrés sur mon bras quand il réclame le silence, le contacte de son épaule contre la mienne quand nos têtes se penchent ensemble sur la première anémone des bois, il joue le vent dans les boucles brunes et l’eau qui ruisselle sur ses omoplates. Ma gorge se serre de toute la beauté qu’il irradie. »

Pan est l’élément principal qui fait de la forêt et de la nature, un monde magique. Non pas parce que c’est une créature merveilleuse mais de par sa singularité. Pour les lecteurs de la Passe-Miroir, ce personnage m’a fait penser à Farouk, l’esprit de famille du Pôle, de par ses silences, son aura langoureuse… Il y a quelque chose chez ce personnage qui m’a un peu mise mal à l’aise, ne sachant pas comment l’appréhender.

Ce n’est pas un personnage que j’ai réussi à apprécier pleinement. J’ai été touché par sa douceur et son amour pour Évelyn mais un je-ne-sais-quoi fait que e personne n’a pas réussi à m’atteindre. Néanmoins, il apporte une réflexion sur la transmission de la mémoire et l’héritage que je trouve importante et intéressante.

Pour conclure, ce fut un roman à la plume poétique qui aborde beaucoup de thématiques importantes et intemporelles. C’est une lecture qui m’a beaucoup fait réfléchir et remit en question beaucoup de choses. J’en suis sortie songeuse et sans doute changée.

#RobinHobb #souvenir #liberté #surnaturelle #ActuSF

Forget Tomorrow, Pintip Dunn

« Les souvenirs peuvent s’avérer dévastateurs. S’ils donnent un aperçu, vivant et réaliste, du futur, ils ne fournissent ni contexte, ni moyen de les interpréter. De simples faits, voilà avec quoi on se retrouve, sans savoir comment se défendre ou se justifier. »

Imaginez un monde où votre avenir a déjà été fixé… par votre futur moi !

Callie vient d’avoir dix-sept ans et, comme tous ses camarades de classe, attend avec impatience le précieux « souvenir », envoyé par son moi futur, qui l’aidera à se glisser dans la peau de la femme qu’elle est destinée à devenir. Athlète de haut niveau… Scientifique de renom… Politique de premier plan… Ou, dans le cas de Callie, tueuse.

Car dans son rêve, elle se voit assassiner Jessa, sa jeune sœur adorée… qu’elle passe pourtant ses journées à protéger des autorités, car l’enfant a le pouvoir caché de prédire l’avenir proche ! Avant même de comprendre ce qui lui arrive, Callie est arrêtée et internée dans les Limbes – une prison réservée à tous ceux qui sont destinés à enfreindre la loi. Avec l’aide inattendue de Logan, un vieil ami qui a cessé, cinq ans auparavant, de lui parler du jour au lendemain, elle va tenter de déclencher une série d’événements capables d’altérer son destin.

Lorsque l’avenir semble tout tracé, le combat est-il perdu d’avance ? Dans la veine de Minority Report, Forget Tomorrow est le premier tome d’une dystopie haletante, dont l’héroïne va devoir trouver un moyen infaillible de protéger sa sœur de la plus grande des menaces : elle-même…

La première chose qui m’a attiré dans Forget Tomorrow a été sa couverture. Je l’ai trouvé magnifique avec sa couleur vert eau, son oiseau noir et les plumes à chaque début de chapitre. L’idée de destin me tentant bien, j’ai cédé et je l’ai acheté. Eh bien, je ne l’ai pas regretté !

Un univers philosophique

J’ai trouvé l’univers très bien et très complet même s’il était parfois un peu compliqué à comprendre. On nous apprend peu à peu comment fonctionne le système grâce à Callie. L’intrigue de manière générale était intéressante, parfois un peu trop confuse, j’ai eu un peu de mal à suivre à certains moments mais malgré cela, le fil de l’histoire reste logique et cohérent.

La question principale du livre « peut-on aller contre son destin ?» est une bonne idée, j’aime beaucoup le thème. Surtout qu’on n’a pas de véritable réponse non plus, ce qui donne un côté philosophique au livre que j’adore. Chacun se fait sa propre idée du destin, chacun y voit son propre message et je trouve cela très bien. Personnellement, je trouve que Callie a montré que l’on pouvait créer son propre destin même quand cela paraît impossible et que tout nous pousse vers l’inévitable. L’homme est capable de se forger son propre avenir quels que soit les obstacles.

Callie, celle qui défi le Destin

D’ailleurs, j’ai beaucoup aimé le personnage de Callie. Elle est parfois un peu niaise mais elle est tout de même très humaine. C’est une jeune fille tout ce qu’il y a de plus banale qui est en quelque sorte tombée sur un mauvais avenir. Mais elle déborde tellement d’amour pour sa famille qu’elle est prête à tout pour contrer son destin. Un point en particulier qui a fait que je l’ai beaucoup aimé est sa jalousie. Elle est jalouse de sa petite sœur qui nécessite plus d’attention qu’elle et cette touche de jalousie, qui n’entache en rien son amour pour sa sœur et le reste de sa famille, la rend plus profonde que la plupart des personnages principaux que j’ai connus. J’aime la simplicité et les défauts de ce personnage, on dirait une vraie personne et je trouve cela juste génial.

Logan, un être fondamentalement bon

J’ai également adoré Logan ! C’est quelqu’un de fondamentalement bon, qui ne pense qu’au bien-être des autres et qui ne cherche qu’à les aider et les sauver. Pourtant, il n’arrive pas à se pardonner une seule et unique erreur de sa part. Le fait que tous les personnages craignent le futur tandis que lui est tourné vers le passé le rend unique. J’aime aussi beaucoup son côté nageur, c’est assez rare à trouvé dans les livres des gens qui aiment nager et il arrive à nous transmettre sa passion, chose que j’adore. Le fait qu’il soit possessif envers Callie est mignon et entache un peu sa personnalité presque parfaite pour en fait un vrai être humain.

Des personnages bien construits

De manière générale, je trouve que l’auteure a fait un très beau travail avec ses personnages. Ils ont chacun une personnalité qui leur est propre, des défauts et des qualités et surtout, leurs démons propres. Les meilleurs exemples sont Angela et Zed qui ont un cœur d’or mais qui sont torturés par leur souvenir futur qui les empêche de vivre pleinement leur vie. En revanche, je n’ai pas beaucoup aimé Mickey que j’ai trouvé arrogant et égoïste. J’ai aussi eu un peu de mal à apprécier la mère de Callie mais elle se rattrape plutôt bien sur la fin du livre et cela m’a fait plaisir. Elle nous surprend en bien et j’ai hâte d’en apprendre plus sur elle.

Des relations profondes entre les personnages

Un autre beau travail que l’auteure a fait, c’est les différentes relations. On a une relation pleine de dualité au sein de la famille de Callie, qui est partagée entre sa jalousie, son envie de prouver ce qu’elle vaut et son amour infini pour eux, son désir de protéger sa petite sœur qu’elle aime plus que tout. Celle entre Callie et Logan est assez triste et pleine de fatalité. À chaque fois, un gouffre les sépare. Le passé de Logan d’un côté et l’avenir de Callie de l’autre. Cela ne les empêche pourtant pas de s’aimer et cela depuis l’enfance. Je les trouve adorables.

Un autre couple que j’ai trouvé triste, c’est Mickey et Angela. On sait qu’ils s’aiment, qu’ils sont faits l’un pour l’autre mais Angela refuse de se marier à cause de son souvenir futur. Je trouve cela vraiment dommage même si on comprend ses raisons.

Un système malveillant

Un petit point qui m’a dérangé est le fait qu’on oblige les personnages à réaliser leur souvenir futur. Certes, c’est pour préserver le bon fonctionnement du souvenir futur et avoir une raison valable de les emprisonner mais je trouve cela tout de même glauque et malsain.

Par contre, le fait que Callie peut manipuler ses souvenirs, je trouve cela génial ! Je n’avais jamais pensé à cela comme pouvoir et je trouve que c’est vraiment très original (et pour le coup, très efficace pour elle). Mais de manière générale, je n’ai pas trop compris à quoi servent les pouvoirs dans ce système même si je peux comprendre que celui de la petite sœur de Callie est une menace au système des souvenirs futurs.

Je n’ai plus qu’une hâte, c’est d’avoir le second tome pour en apprendre plus sur cet univers !

#destin #tyranie #souvenir #PintipDunn