Aríadnê, Flora Boukri

Résumé éditeur :

Maintes fois, on a raconté que, jeune et naïve, j’offris mon aide au valeureux Theseus contre sa promesse de m’épouser, avant d’être lâchement abandonnée par mon héros. Ceux-la veulent me réduire, moi, Ariádnê, a un simple pion dans le grand échiquier des dieux de l’Olympe. Mais que savent-ils de ce qu’il s’est réellement passé ? Je vais vous confier comment, première fille du roi de Crète, j’ai vu deux frères partir pour la Grèce et un seul revenir, détruit et humilié. Comment mon père Minos, fou de rage, s’est transformé en tyran, exigeant que son ennemi le roi de Grèce le dédommage de la pire manière. Comment, dans les profondeurs d’un labyrinthe monumental, a été enfermée une créature contre-nature, mi-homme, mi-bête, condamnée à une existence de prisonnière. Et comment, nous, Ariádnê, Phaidra, Pasiphaé, les figures de l’ombre, nous avons joué notre rôle… ou choisi notre propre destinée.

Les couvertures de cette collection nous ont tout de suite beaucoup attirées avec Nawal, le sujet aussi, si bien qu’on a chacune acheté un livre de l’autrice ! J’ai préféré prendre la réinterprétation du mythe d’Ariane ; c’est un récit que j’affectionne beaucoup, aussi étais-je ravie d’avoir le point de vue de la jeune fille et d’observer comment l’autrice allait réinterpréter cet univers !

C’est donc pour la catégorie Cangjie – Création d’univers/de Lore, que j’ai lu ce titre !

Quelle n’a pas été ma surprise de découvrir que le roman était en fait constitué de chants, comme les épopées antiques ! Chaque chant porte la voix d’un personnage, qui parle alors à la première personne. Si j’ai trouvé la division entre ces chants et points de vue bien amenée et cohérente avec l’intrigue, je regrette en revanche que le style ne change pas en fonction du personnage servant de focus.

Flora Boukri a fait un énorme travail de recherche culturel et cultuel, et cela se ressent ! J’ai beaucoup apprécié retrouver des termes techniques, toujours expliqués dans le lexique de fin, cela donne un côté très pédagogique à l’ouvrage !

Le travail de mise en perspective est également très intéressant : Aríadnê est minoenne, elle n’appartient donc pas à la même culture que Théseus. D’emblée, ses rites et croyances nous sont décrites et montrées avec révérence, respect. Cependant, dès qu’elles sont observées à travers les yeux du héros grec, elles deviennent barbares, impies, révoltantes. C’est un aspect que j’ai trouvé très intéressant dans ce roman, et qui montre toute la richesse de la Grèce antique, même dans son aspect totalement mythique.

L’autrice, si elle revisite totalement le mythe d’origine, le fait avec brio, et réussit à lui donner une impulsion féminine et féministe très bien rôdée. Il y a eu une réelle réflexion sur le personnage d’Ariane, sur ce qu’impliquait de fournir une sortie à un Grec, d’espérer donc que son demi-frère meurt, de tout quitter. Toute cette réflexion se retrouve par ailleurs expliquée dans une note de fin, ce qui est très original et très apprécié !

Toute l’intrigue a été réfléchie, fait sens, se tient et se soutient : l’intervention des divers protagonistes est tout à fait pertinente dans le déroulé de l’histoire, et permet même d’amener doucement la fin, sans pour autant la dévoiler.

Ainsi, même si le style un peu trop descriptif de l’autrice ne m’a pas tellement convaincue, l’intrigue, le travail de recherche et la réinterprétation du mythe si originales et bien pensées ont su définitivement me faire apprécier ma lecture, au point de la dévorer !

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