Diner for Adas – Ichigorat

Résumé :

Se faire maudire et devenir serveuse dans un diner pour Adas n’était pas du tout dans les plans de Bri pour cet été. (Mal)heureusement pour elle, un aimable footballeur semble vouloir lui prêter main forte. Amox a cependant plus de facettes que ce qu’il laisse voir…

Quoi de mieux pour commencer ce mois de la Fantasy qu’un petit webtoon pas piqué des hannetons ?
J’ai découvert Diner for Adas un peu par hasard en me perdant sur l’appli Webtoon… comme quoi il est important d’errer de temps en temps ! Parce que franchement, c’est une série très chouette ! Mais attention, en anglais.

Alors que quelques membres d’une équipe de foot universitaire cherchent un endroit où se poser, Amox, l’un des footballeurs, leur propose de tester le Gallinita Roja. Si personne n’avait remarqué ce diner avant, et si les trois amis d’Amox ne se rendent compte qu’il est plein qu’une fois le blondinet énonçant l’évidence… Bah, c’est juste la fatigue post entraînement. Évidemment. Rien de louche dans cette affaire.

Moui. Voyez-vous, mise à part Bri, la petite serveuse humaine – qui a des plumes ceci dit – et nos 4 tartampions, tous les autres clients sont des Ayakashi, ou Adas. Bref, des créatures surnaturelles ! Caïman parlant, Maneki Neko, Jaguar-garou, poules, vampires, on est servi !

Le cadre de l’intrigue, centrée autour du diner, s’installe rapidement et nous permet de découvrir les personnages principaux aux caractères… bien trempés.

Si Amox est un flirteur sans pareil et a le contact facile, Bri est brute de décoffrage. On découvre cependant dès le début que la jeune femme a un sens aigu des responsabilités et qu’elle a une abnégation certaine : si elle se retrouve serveuse à la Gallinita Roja, c’est parce qu’on lui a fourbement refilé une dette maudite. Sous la forme d’un style cocotte. Elle doit donc soit rembourser les quelques 150 000 sous, soit transmettre la malédiction à une autre victime. Bri décide alors d’éponger la dette plutôt que de condamner quelqu’un d’autre. Elle entre ainsi dans le monde caché des êtres surnaturels… qui veulent régulièrement la croquer pour leur déjeuner.

Heureusement pour elle, Amox ne sait pas du tout gérer ses impulsions. Il décide donc de l’aider à rembourser sa dette en travaillant avec elle. Parce qu’il est gentil. Voilà. Pas parce qu’il a un énorme crush sur elle. Ou qu’il y a un trauma sous-jacent qui expliquerait aussi sa volonté d’aider une personne maudite. Non, évidemment que non.

En plus d’avoir une histoire très chouette, les graphismes sont justes trop beaux et tout mimi. Les couleurs sont très jolies et chatoyantes (foutue lumière bleue des écrans, je vous promets que c’est joli !). J’aime beaucoup le charadesign et la diversité des personnages ! Le trait rend vraiment justice à l’intrigue. Le jeu entre dessins chibi (vous savez, les personnages avec une très grosse tête, des joues très proéminentes et un tout petit corps) afin de représenter les scènes comiques et dessins plus détaillés pour le reste est très bien trouvé et apporte beaucoup.

En parlant d’intrigue, celle-ci est facile à suivre : le cadre et les personnages sont présentés de manière très fluide dès le début, pour ensuite laisser place au fil rouge. Lorsque l’histoire se complexifie et se diversifie, de nouveaux personnages entrent en scène. Chacun a le temps d’être bien mis en avant, avec une sous-intrigue spécifique pour les introduire. C’est très appréciable, parce que cela permet de vraiment s’attacher aux personnages secondaires, tout en ne se perdant pas entre tout le monde. Et du monde, il y en a !

Les Ichigorat – elles sont deux derrière ce webtoon ! – s’inspirent beaucoup du folklore de l’Amérique latine pour ses créatures surnaturelles, tout en expliquant, à la fin de certains chapitres, d’où vient telle ou telle référence. C’est toujours très intéressant à lire, et c’est assez court pour ne pas nous couper dans la lecture tout en nous apprenant des choses ! Voilà, en tant que Lettres Classiques, j’approuve.

De même, puisqu’elles sont toutes deux de nationalités différentes, cela se retrouve beaucoup dans leurs personnages. En effet, Amox est mexicain : il utilise nombre d’interjections en espagnol (et un Pundejo bien placé subtilement traduit par “idiot”) et est de culture latine. Bri elle est issue de parents japonais et brésiliens. Elle glisse surtout vers le japonais à l’oral et, parce qu’elle a grandi au sein d’un quartier japonisant, elle est très influencée par cette partie-là de son héritage. Des fois, Amox et Bri se retrouvent à devoir expliquer un fait culturel qui leur semblait être une évidence, mais que l’autre ne connait pas ; c’est très chouette à lire, d’autant que cela permet d’approfondir les personnages et leurs relations.

Bref, une chouette petite romance, sans prise de tête, très mims, qui développe également d’autres intrigues et nous fait découvrir son très riche univers magique ! J’adore !!

L’Assassin Royal, Robin Hobb

Résumé éditeur :

Au royaume des Six-Duchés, le prince Chevalerie, de la famille régnante des Loinvoyant, renonce à devenir roi-servant le jour où il apprend l’existence de Fitz, son fils illégitime. Le bâtard grandit à Castelcerf, sous l’autorité de Burrich, le maître d’écurie. Mais le roi Subtil exige que Fitz reçoive une éducation princière. L’enfant découvre bientôt que le dessein du monarque est tout autre : faire de lui un assassin au service du pouvoir. Et tandis que les attaques des Pirates rouges mettent la contrée en péril, Fitz va constater à chaque instant que sa vie ne tient qu’à un fil : celui de sa lame.

Est-ce que Nawal a réussi à trouver le moyen de faire enfin lire l’Assassin Royal ? Oui.

Je cherchais un livre pour rentrer dans la catégorie « topos littéraire antique », et à peine ai-je eu le temps de le dire à la présidente du fan-club de Robin Hobb qu’elle m’exhortair de lire enfin, parce qu’il est temps quand même, le premier tome. Dans sa grande bonté d’âme, elle m’a prêté l’immense pavasse qu’est l’intégrale du premier cycle premier tome et m’a dit de m’arrêter là où elle avait balisé, pour que je puisse avoir le temps de lire le reste de ma PàL. Qu’il soit donc noté que, si je n’ai pas le temps de lire tout ce que j’avais prévu ça ne sera pas de sa faute. (Je dis ça parce que je suis à la ramasse).

Oui, parce que, comme elle me l’avait si bien dit, ce premier tome de Robin Hobb se lit effectivement très vite ! Si la plume de l’autrice est assez classique, elle arrive néanmoins à prendre un rythme ni trop lent ni trop rapide pour nous laissez le temps de découvrir son univers avec ses nombreuses régions, villes et personnalités.

J’ai trouvé par ailleurs très intéressant de suivre l’éducation du petit Fitz, de ses premières années à son adolescence. C’est précisément parce qu’il s’agit, même pour un héros d’épopée, d’une période relativement calme que l’on peut si bien apprendre à connaître le monde de Fitz, commencer à découvrir les trames politiques et militaires et se représenter l’échiquier de ce monde.

Les personnages que l’on rencontre au fil de ce premier tome sont tous extrêmement bien caractérisés et sont très humains. Combien de fois ai-je eu envie de secouer Burrich et de lui dire que Fitz avait besoin d’un câlin ! Comme tout aurait été bien plus facile dans leur relation à tout deux si Burrich et Fitz se rendaient compte que le vieux militaire voit le petit bâtard comme son fils, et que l’impétueux garçon voit le maître d’écurie comme son père !
Fitz est également très particulier et m’a laissé une drôle d’impression. C’est assez difficile à caractériser, probablement parce qu’il invoque exactement ce qu’Aristote recherche dans une tragédie : un personnage qui inspire la pitié et la terreur, de part sa proximité avec nous.
Autre personnage étrange s’il en est, c’est le Fou. Il est vraiment mon favori alors qu’on ne le voit qu’assez peu dans ce premier tome finalement. Figure très éthérée, il est une sorte de Pythie, d’esclave, d’ami, de confident. J’ai vraiment adoré sa caractérisation si particulière, et je trouve que Robin Hobb a véritablement réussi à retranscrire le côté volatile, hors du monde, de ce personnage.

L’intrigue qui se met en place, doucement mais sûrement, est très entraînante. Il y a à mon sens une bonne alternance entre des moments forts, complexes ou très mouvementés, et des moments plus calmes, qui permettent d’assimiler tout ce qu’on a pu lire jusque là. Ce qui me frappe particulièrement, c’est l’adresse avec laquelle l’autrice nous fait apprendre son univers.
Pour le dire clairement, je suis franchement une quiche avec les prénoms, les noms de villes, de royaumes et la géographie. J’adore les cartes mais je ne m’y reporte jamais, donc la plupart du temps les espaces sont plutôt… mouvants dans ma tête. Or là, Robin Hobb arrive vraiment à nous faire visualiser les différents lieux et leur connexion entre eux, ce qui est assez rare pour être souligné !