Frankenstein ou le Prométhée moderne, Mary Shelley

Par une nuit d’orage, Victor Frankenstein parvient à « animer la matière inerte » mais, horrifié par sa créature, il l’abandonne. Livré à lui-même, rejeté par tous, le monstre se révolte contre son créateur.
Entre fantastique et science-fiction, Mary Shelley peint un être aussi effrayant que touchant, qui aspire désespérément à se rapprocher des hommes…


J’ai fais d’une pierre deux coups pour ce roman : c’est tout d’abord une lecture de travail car c’est une œuvre que j’ai choisi d’étudier cette année avec ma classe de 4e en français, et c’est une œuvre parfaite pour la catégorie « Cangjie : Univers antique dans le contemporain » du challenge Nerdae Antiquae. Univers peut vous semblez un peu exagéré mais sachez qu’il y a beaucoup de références mythologiques et antiques dans ce roman. Mais nous en reparlons un peu plus tard.

First thing first : j’ai passé un bon moment de relecture. J’avais déjà très apprécié ma lecture il y a quelques années et c’est toujours le cas aujourd’hui. J’ai éprouvé beaucoup de compassion pour la Créature, qui souffre de la différence et du rejet que cela lui cause. En revanche, Victor Frankenstein m’a exaspéré au plus haut point ! Je n’avais pas souvenir qu’il était si arrogant et égocentrique, bouffi d’orgueil. Il ne cesse de se lamenter du sort qui s’acharne sur lui alors même qu’il est le seul responsable de ce qui lui arrive. Il blâme la Créature qu’il a créée et qui n’a rien demandé. Je n’ai donc pas su m’attacher à ce personnage, contrairement à la Créature, qui, malgré ses crimes, a su m’émouvoir.

La question de qui est le véritable monstre dans cette histoire se pose alors. Une question de moral, d’éthique, qui traverse tout le roman. J’ai beaucoup aimé ce questionnement qui ne trouve finalement pas réellement de réponse et qui laisse le lecteur à sa réflexion personnelle. La plume de l’autrice met en exergue cette dimension rétrospective qui pousse le lecteur à se poser des questions.

Et bien évidement… la dimension antique ! Le titre l’annonce dès le début, ce personnage qu’est Frankenstein s’inspire de la figure mythique de Prométhée, dans son intelligence et le fait de défier le pouvoir divin. En effet, Prométhée vole le feu aux divinités pour favoriser les humains ; Victor Frankenstein crée la vie de manière scientifique, s’arrogeant un pouvoir réservé aux divinités. Mais ce n’est pas la seule référence antique. On peut également y retrouver une réécriture du mythe de Pygmalion et Galatée : Pygmalion, un sculpteur, tombant amoureux de la statue qu’il crée et qui prend vie, là où Frankenstein est pris d’horreur devant sa propre création.
Mais au delà des mythes, Mary Shelley n’hésite pas à montrer son éducation classique en attribuant à Frankenstein des traits typiques des hommes antiques : la réaction de Frankenstein face à la mort de ses proches est typique des héros mythologiques et médiévaux. On retrouve le désespoir, les larmes et l’évanouissement qui sont marqueurs du chagrin des héros et des chevaliers. La référence aux Furies est également évidente sur la fin.

Tout cela pour dire que oui, Mary Shelley n’hésite pas à s’emparer des motifs et des codes de l’Antiquité pour les mêler avec brio à une dimension contemporaine scientifique et nous offrir un questionnement intemporel, qui fait de Frankenstein ou le Prométhée moderne un classique et un fondateur d’un tout nouveau genre à n’en pas douter.

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