All these bodies – Kendare Blake

Résumé éditeur :

Seize corps vidés de leur sang. Deux adolescents. Une explication incroyable.
Été 1958. Une série de meurtres frappe le Midwest américain. Les victimes sont retrouvées dans leur voiture, dans leur maison, et même dans leur lit, le corps exsangue, mais sans aucune trace de sang. Lorsque la famille Carlson est massacrée dans sa ferme du Minnesota, Marie Catherine Hale, 15 ans, est retrouvée sur les lieux. Elle est couverte de sang de la tête aux pieds et, dans un premier temps, on la prend pour une survivante. Mais aucune goutte de ce sang n’est le sien.
Michael Jensen, fils du shérif local et aspirant journaliste n’aurait jamais imaginé que le plus grand fait divers de son époque lui tomberait dessus, ni qu’il serait mêlé à l’enquête lorsque Marie décide qu’il est le seul à qui elle se confessera.
Alors que Marie raconte sa version de l’histoire, il revient à Michael de découvrir la vérité :
que s’est-il réellement passé la nuit où les Carlson ont été tués ?
Et comment cette fille s’est-elle retrouvée au milieu de tous ces cadavres ?

Au salon de Montreuil – oui, ça commence à remonter – on a nos petites habitudes avec Nawal… et passer par le stand de Leah éditions en fait partie. Cela n’a évidemment pas loupé, nous avons acheté toutes les deux de quoi nourrir notre PàL infinie. All These Bodies était joliment mis en avant, et en plus c’est un roman écrit par Kendare Blake, une autrice que j’apprécie tout particulièrement depuis que je suis collégienne… j’ai donc craqué. Et j’ai, encore une fois, bien fait ! (Ne suivez pas ce compte si vous essayez de résister aux achats d’impulsion, on a donné notre porte-monnaie à la cause…)

Avec Kendare Blake, on est tout de suite happée par l’intrigue et par ses personnages. Si elle a des thématiques récurrentes – les femmes meurtrières et les amours impossibles -, elle arrive toujours à les renouveler et à les traiter de manière originale ! Dans All these Bodies, nous suivons donc l’enquête d’un jeune aspirant journaliste, Michael, qui tente d’avoir la version des faits de Marie, seule rescapée d’une tuerie plus qu’étrange. Une tuerie de plus à ajouter à une liste toujours plus dense. Des corps sont exsangues, et la jeune fille soutient que c’est là l’œuvre d’un vampire. Alors oui, mais point d’univers d’urban fantasy ou de réalisme magique ici ; on est dans l’Amérique des années 50. Notre Amérique dans nos années 50. Donc, a priori, sans vampire.

L’autrice installe avec brio une atmosphère fantastique, où le surnaturel flirte sans cesse avec la raison pour expliquer ces meurtres si particuliers. La vérité, les faits, c’est aux lecteurs de tenter de les extirper du témoignage de Marie et de l’enquête menée par Michael. Sauf que rien n’est limpide ; à l’image des personnages, on comprend vite que rien ne sera simple dans cette affaire. Le cheminement vers le dénouement, la vérité peut-être, est tortueux… et nous tient en halène jusqu’à la dernière page.

J’ai beaucoup aimé le traitement des personnages et de leurs intensions, ambitions et velléités. L’accent a été mis sur la psychologie et les motivations propres à chacun, ainsi que sur les interactions et relations qui se tissent face à une victime qui pourrait tout aussi bien être coupable. Personne n’est objectif dans cette affaire, personne n’arrive à préserver une nécessaire neutralité. Tous s’impliquent bien trop pour le bien de l’enquête… Et en même temps, comment ne pas l’être ? Une jeune fille de 16 ans, pleine de sang sur une scène de crime, une jeune fille pâle, frêle, vraisemblablement complètement perdue… mais sans aucun remords ou ne serait-ce qu’une vague émotion face à la tragédie dont elle a été la témoin. Revient alors cette question : victime ou coupable ?

L’originalité de ce roman se trouve dans le traitement de l’affaire : si l’on veut savoir ce qu’il s’est passé, comment, pourquoi, il s’agit en fait de réponses assez triviales. Carrément contre intuitif dans un polar ou un thriller ! Et pourtant… Et pourtant ! Peu importe, au fond, comment les corps ont été exsangues. Non, l’important, c’est Marie, son témoignage, c’est Michael, sa retranscription. C’est savoir si elle sera jugée coupable, innocente, un peu des deux. Si elle sera crue ou non. Si elle mourra ou non. Et de quel côté, nous lecteurs, nous nous situons.

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